Les augures elfes, des voyants chargés de prédire l’avenir annoncèrent que les présages étaient très néfastes pour le camp d’Arthur. Aussi le vampire hésitait à promettre une victoire possible pour ses subordonnés guerriers. Il savait que l’espoir donnait des forces supplémentaires et que ses troupes étaient au bord de la crise de panique. Qu’elles se disperseraient probablement comme une nuée de moineaux face à un aigle, si elles ne bénéficiaient pas de quelque chose à se raccrocher, une donnée capable de les inciter à croire que la victoire s’avérait possible.
Mais Arthur connaissait aussi les effets d’un mensonge qui ne paraissait pas assez crédible quand la situation était grave, cela amenait un désordre préjudiciable. Le haut-roi estimait d’ailleurs que raconter des fables alors que la fin menaçait de l’engloutir, que son temps dans le monde matériel touchait bientôt à terme, serait peu honorable, et lui vaudrait sans doute un traitement plus rude de la part des dieux. Cependant le vampire voulait quand même mener un baroud d’honneur contre ses ennemis. Et il se voyait mal y arriver seul. Mais surtout il déploya des troupes pour faciliter le repli des réfugiés, s’il ne livrait pas bataille avec une vaste armée, il faillirait d’une certaine façon à son peuple. Alors tant pis pour les conséquences dans l’au-delà, il choisit l’option embellissement de la vérité.
Arthur : Je ne cache pas que la situation semble effrayante, mais nous disposons d’atouts puissants pour tenir tête au Néant. Les mages elfes ont mis au point un sort spécial qui aura pour effet de mettre en pièces les néantistes. La bataille sera rude mais nous pouvons l’emporter. De plus nos ennemis sont sans honneur et sans courage, quand nous montrerons que nous ne sommes pas des proies faciles le doute et la peur envahiront nos adversaires.
Les serviteurs du Néant s’attendaient à une victoire quasi instantanée, que leur apparence horrible et leurs pouvoirs terrifiants provoquent un effroi qui inciterait les elfes et leurs alliés à s’enfuir à toute vitesse. Cependant Arthur et ses subordonnés savaient que s’ils flanchaient leurs proches seraient immanquablement condamnés à finir comme nourriture, sacrifice religieux ou esclave.
Alors les soldats d’Arthur se battirent de toutes leurs forces, ils éprouvaient souvent une peur monumentale, mais ils refusaient d’abandonner le champ de bataille. Certes certains éléments généraient beaucoup de peur, notamment la vue d’anciens semblables qui mutèrent, développèrent des caractéristiques physiques hideuses comme des tentacules au niveau des cheveux, ou une gueule ressemblant à celle d’un dragon, et la puissance surnaturelle extraordinaire des ennemis. Mais très peu de subalternes d’Arthur optèrent pour la fuite, même si la bataille s’annonçait titanesque pour les elfes qui devraient déployer des ressources miraculeuses pour obtenir la victoire.
En effet le Néant envoya une armée plus que considérable, il sortit le grand jeu. Aux côtés de l’adepte de base se trouvaient des myriades de démons, et d’autres créatures effrayantes. Erèbe s’attendait à gagner la bataille en quelques secondes, tellement ses forces se révélaient formidables. Mais Erèbe fut profondément déçu, les elfes résistaient magnifiquement. Il faudrait peut-être dix minutes voire même une heure pour écraser complètement toutes les troupes d’Arthur qui répondirent présents pour le jour de la bataille. Les mages, les lanciers et les épéistes du côté des elfes puisaient à fond dans les flux de Proélium le dieu de la guerre afin de maximiser leur résistance face à l’ennemi. Et la majorité d’entre eux recouraient à des objets magiques et des sorts qui brûlaient de manière spectaculaire leur vitalité en échange d’un surcroît de puissance. Donc même si par miracle certains guerriers affiliés à Arthur survivaient à la bataille en cours, ils devraient affronter un autre adversaire, la dégénérescence rapide en quelques mois de leur corps. Pour ce qui ressemblait au crépuscule des elfes et de leurs alliés, il y aurait un magnifique chant du cygne. Ainsi les camarades d’Arthur essentiellement des épéistes et des manieurs de lances qui privilégiaient davantage l’agilité en portant des armures de cuir, ou même en s’exhibant torse nu offraient un spectacle épique. Même une dizaine de blessures graves sur le corps n’arrivait pas à empêcher beaucoup d’elfes de continuer à livrer combat. Le vampire avait envie de pleurer car il était entouré de braves, qui n’arrêtaient de s’acharner à batailler fréquemment que lorsqu’ils avaient emporté dans la tombe une bonne vingtaine d’ennemis. La protection de Proélium allié au courage désespéré des elfes signifiaient une capacité à encaisser ahurissante, et une capacité à trancher étonnante. Même les armures maudites des démons majeurs ne résistaient pas très bien à la dévotion des elfes. Quant à l’arsenal offensif parmi les adeptes du Néant qui comprenaient des gaz toxiques générés par la magie noire, les frappes à mains nues avec une force prodigieuse qui vous réduisaient en lambeaux un bras, les enchantements de terreur, et les éclairs ou les boules de feu noir, tout cela avait une efficacité nettement moins mortelle que prévu. Proélium donnait beaucoup de sa personne afin d’offrir une magnifique résistance chez les elfes. Et les soldats œuvrant avec Arthur étaient tellement déterminés qu’ils déployaient une puissance insoupçonnée en terme de résolution, mais aussi de prouesses guerrières.
Les dragons crachaient la mort avec leur souffle enflammé sur les néantistes, mais ils avaient beaucoup de travail contre les démons ailés qui les blessaient lentement mais sûrement à coup de marteaux de guerre de vingt à trente kilos.
Et les dix elfes possesseurs de reliques du Néant purifiées, faisaient des ravages sur l’ennemi, mais l’unité des dix épéistes choisis connut un instant très dramatique, deux d’entre eux finirent par tourner leurs armes contre leurs compagnons. Le Néant profita des restes de son essence dans leurs armes pour altérer leur esprit. Toutefois les huit survivants rachetèrent leur honneur en faisant une charge suicidaire qui emporta un bon millier de démons.
Erèbe eut une idée pour désorganiser ses ennemis, il allait transformer en un élément incontrôlable le haut-roi avec un sort de soif fanatique. Ainsi il contraindrait le vampire à se gaver de sang et sèmerait probablement un carnage sur plusieurs officiers adverses très gradés. Il se mit à incanter une formule magique, en appela à de sombres forces et provoqua une soif démesurée chez le haut-roi. Même si le sort néfaste était moins puissant que prévu grâce aux protections mystiques préservant Arthur, ce dernier connaissait quand même ce qui ressemblait à un accès de pure démence.
Il avait beau en appeler à toute sa volonté, il était en train de perdre petit à petit du terrain, à se transformer en un être obsédé par le sang. Thérésa recrutée non en tant que soldat mais milicienne, remarqua la lueur de folie chez le vampire qui enleva son casque endommagé par un coup d’épée ennemi.
Thérésa plaida pour être aux côtés du haut-roi afin de le protéger lors d’une bataille épique. Elle voulut démontrer sa fidélité afin de racheter ses fautes passées. Arthur touché par la marque dévotion à son encontre et croyant les dires de son amie, l’autorisa donc à combattre près de lui. Cependant elle hésitait à s’interposer, elle subissait un élan de manque qui ralentissait ses réactions. Les énergies maléfiques qui assaillaient le vampire produisaient aussi des effets sur son entourage. Ajouté à cela que le Néant murmurait par télépathie des paroles tentatrices à Thérésa, lui promettant une montagne de lotus noir, de quoi assouvir pendant des siècles une triste dépendance en échange d’une trahison, et elle était plongée dans un état d’hébétude. Elle voulait venir en aide à Arthur mais elle subissait dans le même temps une envie de renifler les fumées d’une drogue qui apportait une jouissance qualifiée de merveilleuse.
Le Néant riait devant ce dénouement, bientôt Arthur serait abattu par ses propres troupes et un vent de conversions sans précédent en l’honneur des ténèbres se lèverait. Tout ce qu’avait à faire Thérésa pour obtenir sa dose de substance se limitait à rester statique à l’égard des malheurs d’Arthur. Et elle était puissamment réceptive à la proposition de traîtrise.
Le lotus noir lui manquait affreusement, elle eut des rêves et des hallucinations qu’elle qualifia d’exquis grâce à la substance. Même si en retour il était très difficile d’espacer la consommation sous peine de souffrir en retour d’élans de démence cauchemardesque. Mais Thérésa avait encore de l’honneur et le fait de penser à sa honte passée produisit chez elle une volonté de se rebeller contre ce qu’elle considérait comme une déchéance. Arthur aurait pu la briser, mais il se retint de la détruire, mieux il continua à lui témoigner de la gentillesse après son procès fallacieux à son encontre. Donc elle pensa qu’elle devait rembourser avant tout sa dette d’honneur.
Néanmoins elle ne voyait pas quoi faire pour tirer son haut-roi de l’influence terrible rongeant progressivement sa lucidité. Puis elle eut une idée, elle donna un coup de poing de toutes ses forces sur Arthur. Cette action ne suffit pas à éliminer le trouble chez le vampire, au contraire il ne pensait qu’à tourner son agressivité sur Thérésa.
Mais voir le visage apeuré de celle qu’il aimait encore d’une solide affection produisit chez lui un regain momentané de conscience. Aussi il arrêta momentanément son attaque, mais il était toujours puissamment harcelé par des pulsions bestiales. Il tenta par conséquent une manœuvre vraiment risquée pour combattre sa frénésie sanguinaire. Il s’enfonça son épée dans le ventre en priant pour que les énergies magiques baignant la lame soigne sa folie.
Ce fut une action qui sema la confusion dans le camp d’Arthur mais le vampire fut sauvé de sa démence par son geste, son épée soigna à grande vitesse sa plaie et lui insuffla des forces car elle était touchée par la résolution du haut-roi qui choisit un pari très dangereux plutôt que de blesser un être cher. Thérésa put continuer à œuvrer près d’Arthur car le haut-roi plaida en sa faveur.
Erèbe remarqua l’échec de sa précédente manigance, et il décida de nouveau d’accélérer les choses, il tenta une manœuvre franchement audacieuse, invoquer le Néant. Pas un avatar mineur ou majeur mais le dévoreur de mondes en personne. Il ordonna à certains de ses hommes de se sacrifier, de se suicider pour mener une invocation monstrueuse. Il recourut à la contrainte surnaturelle, il puisa dans les liens mentaux instaurés sur certains subordonnés pour les forcer à obéir. Puis il se mit à chanter, et à parler dans un vieux langage à la complexité démente, une langue si difficile que même les plus grands érudits avaient tendance à n’en maîtriser que quelques bribes. Le noir commençait à envahir le monde, le soleil se voilait, le ciel devenait sombre, le sol adoptait une couleur de ténèbres. Et surtout une terrible oppression se faisait sentir, la haine, l’envie et le désespoir s’installaient de façon frappante chez les ennemis d’Erèbe.
Arthur sentait qu’il était urgent d’intervenir mais il était pétrifié par les émotions négatives l’assaillant, il souffrait d’une perte d’autonomie, il avait envie de se rouler en boule et de gémir. Il cessait de se battre, il peinait à rester debout. Il eut toutefois la présence d’esprit de se donner un coup de poing retentissant pour retrouver ses esprits, cela chassa momentanément son doute. Il se dépêcha alors d’entamer un dialogue télépathique avec Erèbe.
Erèbe (pense) : Tu veux te rendre ? Même si tu me supplies, il est trop tard.
Arthur (pense) : Non je suis juste là pour te remercier, tu contribues à la victoire de mon camp.
Erèbe (p) : Pardon ?
Arthur (p) : Personne n’a jamais réussi à invoquer sans dommage terrible pour sa faction le dévoreur.
Erèbe (p) : Je suis différent de mes prédécesseurs.
Arthur (p) : Oui tu es beaucoup plus bordélique et nettement moins préparé.
Erèbe le chef énervé mit fin à la conversation par la pensée avec Arthur. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser que son interlocuteur avait peut-être raison. Erèbe agit sur un coup de tête, et de nombreux mages très réputés qui passèrent des siècles à organiser le rituel d’invocation du dévoreur échouèrent lamentablement. Alors le chef connut un doute très bref, mais qui fut suffisant pour faire capoter ses plans. Il bafouilla légèrement en reprenant son sort, il répéta deux fois la même syllabe, ce faisant il fit une erreur qui ne pardonna pas.
Ainsi une violente explosion d’énergie balaya le champ de bataille, une sorte de magma sombre noir se déversa sur les partisans du Néant, les transformant en des statues inertes à la consistance de granit. Erèbe ferma en urgence son portail d’invocation, mais il fit quand même beaucoup de mal à son camp, et offrit un temps de répit pour ses adversaires.
Morgane la haute-princesse et Merlin le haut-prince restés en arrière, eurent une discussion au moment où les deux armées ennemies s’affrontaient. Ils voyaient d’une haute colline les deux armées se livrer à une confrontation féroce.
Morgane : C’est vrai cette histoire de sort dévastateur pour les néantistes ?
Merlin : Il s’agit d’une poudre aux yeux.
Morgane : Pourquoi sa haute-majesté Arthur a menti alors ?
Merlin : Pour rendre plus facile la tâche des réfugiés des royaumes elfiques, et ainsi augmenter le nombre de survivants.
Morgane : Sa haute-majesté n’a offert qu’un court répit.
Merlin : Il y a peut-être un moyen de transformer le répit en victoire pour notre camp. J’ai bricolé la Larme de Jéhavah, résultat elle est de nouveau active, le hic c’est qu’elle prend la vie de celui qui formule un souhait.
Morgane : Je te propose de jouer à pile ou face pour savoir qui se sacrifie. Je choisis pile.
Merlin : Je prends face alors.
Merlin durant le lancer de pièce, s’imagina que si Morgane se sacrifiait, elle risquait de mourir pour rien. Il reconnaissait son intelligence, mais pas sa détermination. Or pour implorer avec succès les dieux, il fallait une résolution terrible, il doutait qu’elle parvienne à démontrer un cœur assez vaillant pour impressionner Jéhavah, donc il fallait prendre des mesures pour éviter une mort inutile. Il recourut donc à un sort de sommeil pour neutraliser en douceur Morgane, pendant qu’elle fixe la pièce.
Merlin : Et puis non, par l’endormus dors.
Morgane : Merlin espèce de zzz.
Merlin : Sa haute-majesté t’aime plus que moi, si tu meurs il aura le cœur brisé. Larme de Jéhavah je t’implore que tous les néantistes qui veulent la mort des soldats d’Arthur décèdent.
Merlin n’appréciait pas beaucoup certains aspects d’Arthur, il n’était pas très emballé à l’idée de sacrifier pour lui. Mais il se voyait comme le seul capable d’activer de façon certaine la larme de Jéhavah, il estimait que seule une personne de son génie pouvait garantir un usage optimal de cet artefact, alors il jugeait nécessaire de se sacrifier. Il pensait que c’était aussi vital pour lui de donner sa vie, afin de protéger sa mère défunte d’une incursion du Néant. D’après ses études le monde où il vivait contenaient des passages vers l’au-delà. Donc le Néant en gagnant la bataille actuelle aurait une bonne occasion de tourmenter les morts qui refusaient son joug. Or cette perspective effrayait plus que tout Merlin. C’était sa pire peur, que le Néant s’en prenne un jour à sa chère maman. Par conséquent Merlin oblitéra avec énergie les appels de son instinct de survie, pour se consacrer à la défense de la personne la plus chère à son cœur.
Pendant quelques minutes rien de positif ne sembla se passer pour le camp d’Arthur. Au contraire les soldats du haut-roi se faisaient battre à plate couture par les démons du Néant. Ils opposaient des trésors de résolution et de dévouement, mais ils ne parvenaient pas à grand-chose d’efficace. Par exemple Hertio trouva Arthur puis s’amusa à commencer à le torturer sous les yeux de ses subordonnés.
Des centaines d’elfes tentèrent de voler au secours de leur haut-roi mais ils ne récoltèrent que la mort, et l’impuissance. Ils virent leur souverain se faire broyer les jambes.
De son côté Erèbe menait un véritable carnage, il tuait plus de cent ennemis à la seconde, il décimait à très grande vitesse les rangs de ses antagonistes. Encore un peu de temps et les armées adverses seraient totalement écrasées. Erèbe s’appuyait d’ailleurs sur une épée générant l’effroi. Son arme adoptait une apparence terrifiante, elle mesurait une taille de trois mètres de long, et avalait les adversaires du Néant avec sa gueule remplie de crocs longs comme des poignards.
Les troupes du Néant étaient d’une efficacité écrasante. Elles connaissaient quelques pertes, mais elles infligeaient aussi de sacrés dégâts. Même le souffle enflammé d’un dragon adulte faisait par moment pâle figure comparé aux boules de feu de certains sorciers travaillant pour Erèbe.
Le régiment de créatures volantes d’Erèbe était assez indiscipliné, certains de ses membres allèrent jusqu’à s’entretuer. Il n’y avait pas que leur apparence qui était très variable mais aussi leur obéissance aux supérieurs hiérarchiques. Ainsi le régiment respectait vraiment de façon très aléatoire les ordres. Dans un premier temps au lieu de chercher à contenir les dragons, il se mit à harceler l’infanterie ennemie.
Il fallut qu’Erèbe abatte à coups de sorts un bon millier de contestataires volants pour que l’attaque contre les dragons commence à se dérouler comme prévu. Que des créatures rappelant des loups avec des ailes géantes de chauve-souris et surtout les avatars du Néant qui pour l’occasion adoptèrent l’aspect d’une sorte de boule noire organique de la taille d’un éléphant à un dragon suivent le programme choisi par Erèbe.
De temps à autre un néantiste tombait, mais il arrivait fréquemment qu’il arrive à décimer à coup de marteau une centaine d’ennemis. Aussi bien du point de vue du nombre que de la capacité à tuer, les alliés du Néant triomphaient largement. Ils étaient faciles à reconnaître, la plupart d’entre eux maniaient une arme caractéristique le marteau de guerre, un outil de mort avec fréquemment un manche de métal, et une tête lourde en acier trempé d’un poids souvent supérieur à dix kilos, assez grosse pour prendre autant de place que deux têtes humaines côté à côte.
Erèbe disposait aussi d’une cavalerie constituée de chevaux monstrueux déformés par le pouvoir du Néant, certains avaient plusieurs têtes, d’autres des tentacules. La plupart des destriers de guerre du côté des néantistes ne nourrissait pas d’herbe mais de chair d’humains ou d’elfes. Cependant Erèbe destinait un rôle particulier à sa cavalerie, il limitait leur intervention à la traque des fuyards, et à la collecte de sacrifices. Il chargea ses unités de cavalerie de se contenter d’attraper les gens qui détalaient à coup de lasso, et de filet.
Les archers elfes tiraient avec l’énergie du désespoir mais ils s’apercevaient que leurs traits ne tuaient pas grand-monde. L’endurance surnaturelle alliée à des armures spéciales d’une résistance effrayante apportaient aux néantistes une capacité effarante à encaisser les projectiles. Ainsi certains adeptes du Néant sans protection arrivait à continuer à avancer malgré la présence de quatre à six flèches dans le corps. Des chevaliers du Néant subirent dix à vingt volées de projectiles, et tout ce que leur armure présentait comme dégâts se limitaient à des éraflures. Mais les archers étaient quand même déterminés à tirer car tel était leur devoir.
Erèbe comptait globalement peu sur des troupes spécialisées dans le tir, mais ils déployaient quand même des machines de guerre. Et même s’il n’avait qu’une centaine de canonniers, il disposait de quoi semer la terreur. Il positionna seulement dix canons, mais c’était suffisant pour décimer un grand nombre de gens. En effet ces machines de tir paraissaient peu esthétiques dans le sens qu’elles arboraient un mélange de diverses couleurs criardes, du vert, du bleu, du rouge et du jaune. Mais elles comportaient quand même une sacrée puissance de feu. Elles déchargeaient des éclairs d’énergie aux couleurs changeantes capables de pulvériser un bataillon complet par coup. Elles se rechargeaient lentement par contre, elles ne tiraient qu’une fois toutes les dix minutes.
Les dragons étaient littéralement submergés par les démons volants, la cavalerie des elfes s’avérait complètement défaite, la majorité des mages hostiles au Néant n’arrivait plus à jeter de sort à cause d’une fatigue extrême. Il ne restait pratiquement plus que des bataillons d’infanterie isolés les uns des autres qui luttaient désespérément contre l’anéantissement.
Puis un démon mineur se mit à arrêter de frapper, ensuite un autre de ses semblables se plaignit à son tour de douleur. Le phénomène s’amplifia peu à peu, les démons d’abord légèrement gênés, se mirent à souffrir plus intensément. Ils perdaient petit à petit tous leurs moyens. Ils arrêtaient progressivement de combattre. Ensuite ils finirent par se tordre de douleur et à succomber. Après eux ce fut aux humains adeptes du Néant de ressentir des troubles physiques et mentaux. Les seuls à résister s’avéraient Erèbe et Hertio. Cependant ils connurent eux aussi de graves déboires.
Hertio distrait pas la débâcle de ses confrères, ne vit pas l’épée lancée par Arthur, résultat l’arme se planta en plein milieu de son torse, et causa un cri d’agonie. Le vampire mu par un réflexe de cruauté voulut voir la vie s’échapper de son ennemi, il se rapprocha assez près de lui. Mais Hertio ne resta pas sans réagir, il sacrifia sa vie et son âme pour se transformer en un avatar du Néant, évoluer d’elfe à un magma noir et froid qui emportait aussi bien les alliés que les ennemis, se déplaçant très lentement, à la vitesse d’un escargot ordinaire, mais diffusant autour de lui des gaz aux propriétés néfastes pour le mental et capable de projeter des petits bouts de magma autour de lui.
Arthur fut touché par la substance sombre, et il connut un désir de ne pas réagir, de sombrer dans la mort sans se débattre. Des soldats essayèrent de venir en aide au vampire, mais dès qu’ils s’approchaient de trop près, ils tombaient dans un état d’hébétude mêlé à un profond abattement, ils sombraient dans une sorte d’apathie.
Heureusement Thérésa s’interposa, elle essaya de sauver son haut-roi, même si cela signifiait être contaminée à son tour. Elle se fit toucher aussi par l’entité noire, mais elle se comporta héroïquement, elle traîna péniblement Arthur, mais elle parvint à le mettre dans une situation de relative sécurité.
Elle surmonta ses émotions négatives difficilement mais elle parvint à lutter efficacement contre l’hébétude. Grâce à sa période passée de serviteur des forces de la ruine, elle développa une certaine résistance aux effets mentaux de l’avatar du Néant. Mais elle n’était pas protégée des contrecoups physiques, elle n’avait vraisemblablement plus que quelques minutes à vivre.
Elle travaillait presque gratuitement, tout ce qu’elle voulait en participant au conflit actuel se résumait à trouver l’estime d’Arthur. Elle jugeait primordial de retrouver la confiance de son haut-roi. Alors elle se précipita vers lui quand elle comprit que ce dernier était victime d’une sorte de malédiction.
Elle n’avait pas de grandes compétences en médecine ou en sorcellerie, mais elle désirait quand même préserver son souverain de la mort. Et la présence de Thérésa donna un coup de fouet au vampire, ce dernier se brûla les bras avec des flammes surnaturelles pour se libérer du magma. Il retrouva de l’énergie et l’envie de se battre en voyant une amie connaître un triste sort pour tenter de le sauver. Il parvint à s’extraire de la substance, mais Thérésa était irrémédiablement souillée.