Le Chevalier des Elfes
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Arthur le vampire n’aimait pas la relative autonomie des rois elfes à son égard, alors il eut l’idée d’obliger les monarques à prêter un hommage-lige, un serment de fidélité très contraignant. Surtout qu’Arthur s’arrangea pour que les personnes lui témoignant un hommage-lige jure sur leur fonction. Autrement dit un monarque ou une personne influente qui ne respectait pas scrupuleusement son hommage à l’égard d’Arthur pouvait être destitué en toute légalité sur une réclamation du vampire. En effet Arthur truffa de clauses contraignantes la dernière version de l’hommage-lige qu’il mit au point. Ainsi un individu qui lui jurait fidélité mais qui plus tard changeait d’avis encourait de grands risques.

Bien sûr Arthur avait aussi des devoirs, toutefois il bénéficiait de beaucoup plus de marges de manœuvre que ses vassaux. À moins de se comporter comme le dernier des imbéciles, et de manquer cruellement de discrétion, un non-respect de serment ne créerait pas d’ennuis pour le vampire. Arthur pouvait être condamné pour manquement grave aux devoirs royaux, mais il fallait que plus des trois quarts des membres du Haut-Parlement votent une procédure judiciaire, avec l’appui unanime d’un concile religieux, et d’un conseil aristocratique. Vu le nombre de faveurs qu’Arthur distribua auprès du clergé et de la noblesse, et la tendance particulière à la division des aristocrates, trouver une vaste assemblée de nobles qui votent tous le même verdict contre le vampire relevait presque de l’impossibilité notoire.

Arthur était en train de se rendre presque impossible à destituer. Néanmoins il s’agissait d’une situation temporaire, une fois qu’il serait sûr que les agents du Néant et des dieux de la destruction ne gangrèneraient plus les royaumes elfiques de manière inquiétante, le vampire avait l’intention de redevenir un politique plus conciliant. Par exemple il libérerait ceux qu’il considérerait comme honnêtes de leur hommage-lige. Toutefois Hertio le roi elfe menait la contestation contre les manœuvres d’Arthur. Il rencontra le vampire dans la tente des complots.

Arthur : Pourquoi ne voulez-vous pas prêter un hommage lige, vous ne me faites pas confiance ?

Hertio : Votre haute-majesté vous êtes un haut-roi en qui l’on peut avoir confiance, mais ce ne sera pas forcément le cas de vos successeurs. Si les descendants des souverains elfes actuels sont confrontés à un haut-roi tyrannique, l’hommage lige les obligera à le soutenir.

Arthur : Le Haut-Parlement est un rempart efficace contre les penchants dictatoriaux des rois et du haut-roi. En plus l’hommage lige envers le haut-roi est un moyen de garantir la paix, il permet d’éviter un déchirement du pouvoir haut-royal entre des factions rivales.

Hertio : Le peuple préfère suivre un chef charismatique plutôt que des parlementaires au crédit limité. Plusieurs peuples humains ont limogé leurs parlementaires pour suivre Erèbe l’autoritaire.

Arthur : Vous avez des propos étonnants pour un elfe votre majesté, vous citez l’exemple d’un chef humain pour justifier vos craintes.

Hertio : Ben, euh.

Arthur : Quelles garanties désirez-vous pour changer d’avis ?

Hertio : Je veux bien prêter l’hommage lige, si en échange vous créez le conseil des Pairs, une instance contenant des chevaliers, des barons, des marquis, des comtes, des vicomtes et des ducs. Le conseil sera indépendant des parlements, y compris du Haut-Parlement, et aura pour fonction de juger le haut-roi, les rois elfes, et les nobles importants. Les membres du conseil des Pairs seront tous choisis par des nobles.

Arthur : Je ne peux pas cautionner votre idée, mais j’ai quand même une proposition à vous faire, acceptez l’hommage lige, et je ne divulguerai pas le fait que vous avez vendu mille épées à Erèbe.

Hertio : Comment savez-vous ?

Arthur : Je ne savais pas, j’avais juste entendu des rumeurs, mais vous vous êtes trahi devant moi votre majesté. Je suis prêt à oublier ce que j’ai entendu, en échange de votre hommage.

Hertio : Tout ce dont vous disposez contre moi, c’est votre témoignage, c’est bien mince pour obtenir une condamnation de trahison envers l’ennemi.

Arthur : C’est vrai, mais vous oubliez que j’ai le pouvoir de vous obliger à jurer devant un juge et des jurés. Etes-vous prêt à faire un faux serment pour essayer de vous tirer d’embarras ?

Hertio : Rah très bien vous avez gagné.

Hertio était de plus en plus mécontent d’Arthur, mais il n’était pas au bout de ses peines. Karak le haut-roi nain et Hertio le roi elfe convoitaient tous deux une mine d’argent appelée Forcia. Arthur avait été nommé négociateur dans le conflit entre les deux monarques. Il ne cachait pas sa volonté d’obliger l’elfe à se montrer repentant, à contraindre son interlocuteur à faire preuve de contrition pour éviter un conflit diplomatique voire une guerre.

Arthur était prêt à gravement piétiner la fierté d’Hertio, si cela permettait d’empêcher une guerre. Il en avait plus qu’assez de l’elfe, il songeait de plus en plus souvent à le faire assassiner. Ce qui le retenait d’agir était le serment selon lequel il se promit de tout faire en œuvre pour préserver les royaumes elfes, et faire le maximum pour protéger la vie de leur souverain.

Le vampire estimait par conséquent qu’ôter la vie d’Hertio serait une faute grave vis-à-vis de sa promesse. En outre si l’elfe mourrait cela signifierait qu’il ne serait plus possible de l’humilier et de profiter du spectacle de sa déconfiture chaque fois qu’il subissait un revers grave.

De plus Arthur travaillait sur un projet qui devrait d’ici un à deux ans lui permettre de confisquer la fortune d’Hertio, et contraindre son ennemi à abdiquer sa position de roi. Alors le vampire se forçait à patienter car s’il supprimait la vie de l’elfe, il craignait de se priver du spectacle savoureux de la déchéance sociale d’Hertio.

Il admettait que se gausser du malheur d’autrui avait un côté pervers, mais il n’arrivait pas à lutter contre la jouissance procurée par la perspective d’anéantir le statut d’un ennemi. Mais avant de s’amuser à dépouiller Hertio, il fallait d’abord régler le contentieux avec Karak.

Karak : Je suis prêt à oublier les affronts de sa majesté le roi Hertio, s’il fait des excuses publiques devant le Haut-Conseil nain en mettant un genou à terre, et s’il verse une indemnité de cent mille zénis.

Hertio : Sale nabot, c’est plutôt à vous de vous excuser.

Arthur : Roi Hertio taisez-vous ! Votre haute-majesté Karak que diriez-vous de partager en deux les bénéfices de Forcia ? Sans les géologues elfes, les nains ne connaîtraient pas l’existence de cette mine.

Hertio : Votre haute-majesté Arthur, vous n’allez pas m’obliger à me mortifier devant des nains quand même ?

Arthur : Roi Hertio, vous vous êtes arrangé pour que le sang soit versé dans le seul but d’accroître vos revenus. Ce genre de comportement est indigne, il mérite une punition, alors oui vous allez vous agenouiller. Si vous n’obtempérez pas, vous irez en prison.

Hertio (énervé) : Très bien j’obéis.

Karak : Pour que le partage soit moitié, moitié pour la mine de Forcia, je mets une condition, il faut qu’Hertio me baise le derrière.

Arthur : Marché conclu.

Hertio : Alors là vous rêvez si vous croyez que je vais m’humilier autant.

Arthur : Je peux saisir l’ensemble de votre fortune pour vous contraindre à obtempérer.

Merlin le conseiller ne comprenait pas l’obstination d’Arthur le vampire à chercher à s’acharner sur le roi elfe Hertio. Il en fut en partie déçu, il comprenait que certaines personnes ne s’aiment pas, et s’ingénient à enchaîner des coups fourrés et d’autres embêtements l’un contre l’autre.

Cependant Merlin jugeait le comportement d’Arthur plutôt puéril et dangereux. Il admettait qu’Hertio était une personne antipathique qui méritait de se faire rabattre le caquet. Toutefois le conseiller considérait que la réalité obligeait à supporter des choses déplaisantes, à faire des compromis parfois douloureux. Il voyait comme une preuve de maturité de se forcer à accepter les jérémiades et les gesticulations immatures de certains hauts personnages afin de préserver la paix entre les royaumes elfiques.

Or Arthur opta pour différents choix qui heurtèrent sans l’ombre d’un doute l’orgueil de Hertio. Certes Merlin comprenait la volonté du vampire d’aider Karak, mais il ne voyait pas comme une politique habile de s’arranger pour qu’un roi elfe devienne la risée du monde entier.

Baiser le derrière de quelqu’un était un acte de contrition extrême, même si les torts de Hertio s’avéraient indéniables. Il aurait été nettement plus diplomatique de choisir une autre alternative. Pourtant Arthur ne fléchit pas, il avait la ferme intention d’obliger le roi à jouer les embrasseurs de fesse. Il ne voulait absolument pas transiger avec ce point. Merlin soupçonnait d’ailleurs le vampire d’œuvrer plus par plaisir d’imposer une humiliation, que par devoir envers les nombreuses victimes de Hertio. En effet le conseiller connaissait bien la haine profonde du vampire pour le roi elfe.

Merlin : Pourquoi avoir exigé que Hertio s’humilie ? Je ne vois pas l’intérêt de se faire comme ennemi, un roi elfe.

Arthur : Les forces de la déchéance menacent les royaumes elfiques, or le haut-roi Karak possède une armée bien plus considérable que celle de Hertio. En outre si nous nous mettions à dos les nains, nous risquions aussi de perdre l’appui des dragons et des hobbits. Bref les elfes n’auraient plus eu comme alliés que les vampires et peut-être certains humains.

D’après la tradition elfique, baiser les fesses de quelqu’un publiquement constituait l’acte de contrition par excellence. Ce genre d’acte signifiait que l’on reconnaissait être un raté absolu, et apportait souvent une réputation de personne pitoyable. Hertio, par désir de conserver sa fortune, accepta de se soumettre à cette punition, mais il jura aussi de se venger cruellement. Il fit le serment solennel de rejoindre la cause d’Erèbe et de livrer l’âme d’Arthur au Néant. Il s’enfuit des royaumes elfiques et rejoignit les rangs d’une armée de cultistes des puissances de la ruine.

Pour monter plus vite dans la hiérarchie, il s’appuya sur plusieurs objets magiques très précieux, notamment le sabre de la démence. Cette arme conférait des pouvoirs redoutables, mais instillait progressivement la folie chez son propriétaire. Cependant Hertio résista bien aux effets de son outil de mort, il surmonta les affres de l’aliénation grâce à sa haine et son ressentiment. Il démontra une force de caractère impressionnante, il assista sans broncher à des spectacles capables de perturber des blasés notoires comme par exemple la confrontation à des démons exaltants une aura de terreur. Il était tellement haineux, qu’il se moquait de l’apparence et des pouvoirs magiques de ses adversaires, il ne vivait plus que pour écraser ses rivaux et ses ennemis. Il ne ressentait du plaisir de moins en moins souvent, sauf quand une personne qu’il n’aimait pas souffrait atrocement.

Une nouvelle guerre contre le Néant éclata, cette fois la situation des elfes et de leurs alliés était clairement désespérée, les néantistes étaient épaulés par des millions de démons. Le lieu de la rencontre entre les deux armées sera le pré des héros, un endroit symbolique, car d’après la légende ce serait là que le premier haut-roi des elfes aurait banni le Néant du monde matériel.

Cette fois Arthur pouvait compter sur des alliés en pagaille, les monarques elfes furent d’accord pour concentrer l’essentiel de leurs efforts sur le champ de bataille actuel. Les royaumes nains et hobbits envoyèrent pratiquement toutes leurs forces armées, et la majorité des dragons du monde se trouvait aux côtés du vampire, mais rien ne garantissait une victoire facile. Bien qu’Arthur soit assez pessimiste sur les chances de victoire de son armée, il opta comme Erèbe pour un discours optimiste.

Erèbe le chef suprême de l’armée du Néant : Mes frères notre victoire est certaine, le Néant a vu les choses en très grand pour écraser les minables qui osent se dresser sur sa route. Notre armée compte plus de dix-rois démons et cinquante mille démons majeurs. Or un seul démon majeur a la capacité de tenir tête à un bataillon de magiciens elfes. Nos adversaires vont connaître un écrasement sans précédent. De plus ils ont engagé la quasi-totalité de leurs forces dans la bataille, si nous triomphons, nous ne rencontrerons quasiment plus de résistance sur notre chemin. Vive le Néant !

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