Le Chevalier des Elfes
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Ainsi Arthur demeurait fidèle à son cap, il prônait toujours une justice sévère, mais il ne bradait quand même pas les procès. Les procédures d’accusation contre certains individus demeuraient cohérentes. En général il fallait être coupable pour être condamné par la justice dans les royaumes elfiques. Même si de temps à autre une erreur grave se déroulait lors d’un procès, qu’un innocent pouvait subir la prison ou pire à cause d’apparences trompeuses.

Merlin le haut-mage jugeait un peu désolante ce qu’il appelait la retenue gentille de son haut-roi. Aussi il plancha sur un moyen de remédier à une situation vue comme problématique, il mena diverses recherches pour éclairer la lanterne de son souverain. Il trouva un livre qui sembla lui donner satisfaction, il semblait que les vampires buvant du génium, connaissait un surcroît de leur intelligence.

Certes Merlin entendit que ce liquide entraînait aussi quelques effets secondaires désagréables comme des troubles mineurs du sommeil. Mais il estimait que permettre à son haut-roi d’atteindre un niveau intellectuel se rapprochant du sien serait franchement utile pour les royaumes elfiques.

Puis Merlin eut un accès de moralité, il se demandait s’il ne pouvait pas trop loin le bouchon. Il ne voulait pas empoisonner Arthur, mais il complotait quand même pour faire boire à l’insu de son haut-roi une substance liquide. Et puis son souverain s’entourait de telles mesures de sécurité que le simple fait d’espérer lui faire boire en douce du génium passerait pour un sacré défi.

Cependant Merlin se consacra quand même à concevoir ce qu’il appelait de la potion d’intelligence pour vampire. Mais ses manœuvres ne passèrent pas inaperçues pour Morgane, qui vint rendre une visite pas très amicale dans un des laboratoires de Merlin.

Morgane (hostile) : Merlin, je suis au courant de ce que tu trames avec le génium, donc je te conseille d’abandonner tes projets.

Merlin : Tu m’espionnes ?

Morgane : Exactement, je ne suis pas idiote, un orgueilleux notoire comme toi, c’est une personne à surveiller de près.

Merlin : J’ai d’excellentes compétences en magie.

Morgane : Et une arrogance proportionnelle à ton talent. Si tu renonces au génium et à d’autres plans consistant à faire boire, ingérer, sentir des substances à sa haute-majesté sans la prévenir, je suis disposée à ne pas te dénoncer.

Merlin : Très bien tu as ma parole.

Morgane (radoucie) : Merci, je te trouve arrogant, mais je t’aime bien et je reconnais ta grande utilité, cela aurait été dommage de devoir te punir.

Merlin ne savait pas comment réagir, d’un côté il était très en colère contre Morgane qui le considérait avec suspicion. Cependant le haut-mage se sentait assez seul, à force de traiter les gens avec condescendance il réduisit à un nombre très restreint les gens désireux de devenir ami avec lui. Et s’il était vu comme très utile et respecté pour son savoir, peu lui témoignait de réels gages d’affection.

Et surtout au fond de lui Merlin était un cœur sensible. Il avait une épaisse couche d’orgueil professionnel qui l’empêchait d’agir avec chaleur et gentillesse, mais il appréciait hautement les démonstrations d’amitié à son égard. Alors même s’il songea un moment à jeter des sorts néfastes sur Morgane, il retint finalement son ressentiment. Il ne rendrait pas complètement chauve sa cible avec un enchantement.

Il y avait plus impressionnante comme malédiction, mais le haut-mage savait que sa victime potentielle tirait une grande vanité de sa chevelure belle et soyeuse, qu’elle passait plusieurs heures certains jours à entretenir son système capillaire. Donc Merlin savait qu’il frapperait un grand coup sur le moral de Morgane s’il réussissait à la rendre chauve à vie.

Cependant il ne chercha pas finalement à concrétiser jusqu’au bout son envie de faire du mal à une camarade. Le haut-mage espérait secrètement que Morgane ou une autre personne continuerait à lui donner parfois un compliment affectueux. Or il savait qu’en choisissant la voie des représailles magiques, il s’isolerait probablement davantage. Mais il n’en avait pas fini avec les potions magiques, en effet Lancelot vint le voir afin de faire boire un breuvage à Arthur.

Lancelot : Merlin pourrais-tu fabriquer du génium ?

Merlin : Pourquoi faire et pour qui ?

Lancelot : C’est pour rendre plus clairvoyante une personne chère, qui emprunte une fausse voie, celle de la répression presque aveugle.

Merlin : Tu veux sans doute parler d’Arthur.

Lancelot : Oui mais j’ai de quoi te payer très largement. Pas seulement de l’argent mais aussi un ouvrage qui t’aidera de manière très efficace à rendre la vie à ta mère.

Merlin quand il entendit la proposition de Lancelot subit un véritable dilemme. Il était prêt à beaucoup de choses pour ressusciter sa chère maman, réduite à l’état de cadavre par la faute de la malédiction d’une puissante entité. Mais le haut-mage devait aussi respecter un serment contraignant. S’il enfreignait son engagement devant Morgane, il aura l’impression d’être un vaurien pathétique. Et puis il ne tenait pas à permettre à un rival comme Lancelot de marquer des points à sa place sur la politique des elfes. Ainsi Merlin vivait une véritable épreuve, il était tiraillé entre son amour familial, et sa fierté d’être quasi irréprochable en matière de serments.

En effet il pouvait se vanter d’avoir toujours honorer à la lettre ses promesses, ne jamais avoir commis de transgressions mêmes mineures à un engagement formel. Néanmoins il s’avérait prêt à de sacrées extrémités pour avoir la chance de revoir sa mère. Le fait de bénéficier peut-être un jour prochain du sourire de sa maman remplissait de joie le cœur du haut-mage. Même si ce dernier n’était pas très désireux de violer un serment, qu’il fit il y avait quelques heures à peine.

Il voyait la situation comme terriblement inconfortable. Il n’arrivait pas à prendre une décision valable. Il sentait vraiment tiraillé entre le marteau et l’enclume. Son indécision s’annonçait suffisamment vive pour qu’un vieux tic se manifeste. Merlin croyait être débarrassé définitivement de l’habitude de secouer son genou quand il était angoissé, mais il constata qu’il replongea dans ce tic. Puis il eut une illumination, il dénicha un argument capable de sauver la face.

Merlin : Morgane me surveille avec ardeur, mais on pourrait peut-être trouver un arrangement pour le livre de magie lié à la résurrection des gens.

Lancelot : Non, pas de génium, pas de livre.

Lancelot se sentait un peu coupable d’envoyer paître Merlin, de lui opposer un ton sec et sans appel. Cependant il éprouvait dans le même temps un bien fou. Il n’avait pas oublié le temps où il servait de larbin pour le haut-mage dans le cadre d’un apprentissage des sorts. Il était une personne qui n’oubliait pas les rancunes violentes, même si une large fourchette de temps vieille de plusieurs décennies s’écoula depuis. Lancelot ne digéra pas en particulier les cinq coups de fouet infligé par Merlin, parce qu’il cassa sans le faire exprès une fiole destinée à conserver des ingrédients surnaturels.

Et ce n’était qu’un motif de ressentiment parmi beaucoup d’autres, les fesses de Lancelot et d’autres parties de son corps conservaient de nombreux souvenirs douloureux des punitions exercées par le haut-mage. De son côté Merlin dénonça Lancelot à Morgane, ainsi ce dernier fut contraint lui aussi par Morgane à renoncer au projet d’utiliser du génium. Il tenta le pari de raisonner son interlocutrice.

Lancelot : Morgane tu ne pourrais pas s’il te plaît fermer les yeux sur l’affaire du génium. La popularité d’Arthur en dépend.

Morgane : Déjà l’opinion publique apprécie la fermeté de notre haut-roi, même si je n’aime pas du tout sa répression.

Lancelot : Dans ce cas pourquoi me fais-tu obstacle ? Le génium n’est qu’un moyen doux d’ouvrir les yeux d’Arthur.

Morgane : Pas sûr que cela marche, et si tu te fais attraper la paranoïa de notre haut-roi sera bien renforcée. Il n’écoutera plus pendant un bon bout de temps nos conseils modérateurs.

Lancelot : Le jeu en vaut quand même la chandelle.

Morgane : Et moi je crois que tu as tort, en fait j’ai peur que le génium ne donne à Arthur de nouvelles idées pour réprimer des gens très durement.

Lancelot : Pardon ?

Morgane : Ton fameux liquide rend plus intelligent, mais pas plus vertueux. De toute façon la discussion est close pour moi, ou tu m’obéis ou je m’arrange pour apporter le discrédit sur toi.

Lancelot fulminait intérieurement devant la tournure que prenait le dialogue, cependant il était contraint de considérer l’affaire comme close. Toutefois même s’il subissait de la colère, il devait reconnaître que les arguments de Morgane n’étaient pas totalement incohérents. Lancelot risquait gros pour pas forcément un gain valable. Le génium ressemblait presque à une solution bête. Certes il apportait d’après de nombreuses personnes un accroissement de l’intelligence. Mais cet élixir ne pouvait pas résoudre à lui seul un épineux problème politique lié à la justice. Et puis si l’on ajoutait les effets secondaires en rapports avec un sommeil moins réparateur, les gains potentiels pouvaient être complètement annulés.

La clémence et la bonne humeur dépendaient en partie de la façon où on dormait. Une personne gentille à l’origine pouvait s’adonner plus facilement à des actes agressifs si son sommeil était perturbé. Et puis Lancelot devait admettre qu’avec la surveillance vigilante de Morgane, il risquait de perdre prodigieusement son temps et son crédit politique s’il s’obstinait.

Donc même s’il ressentait un vif déplaisir, il considérait que le fait de faire boire du génium à son haut-roi comme une option sur laquelle il serait idiot de compter. Ainsi Lancelot accepta de mauvaise grâce que son souverain s’adonne à une politique très répressive contre des gens pas forcément dangereux. Il y avait des fous agressifs parmi les adorateurs des dieux de la destruction, mais aussi des personnes manipulées, et des individus un peu désespérés vis-à-vis duquel il suffirait de tendre une main généreuse pour que cessent leurs divagations. Tous les cultistes des forces de la ruine n’étaient pas des criminels endurcis, parfois un mot gentil était assez pour qu’ils changent de bord.

Arthur le haut-roi fit le ménage dans les rangs des adeptes de l’entité baptisée Néant, toutefois il restait encore de nombreux néantistes qui œuvraient dans les royaumes elfiques. Les pays dominés par les humains abritaient le plus d’adorateurs de l’entité, mais le Néant avait beaucoup d’autres pions ailleurs.

Les néantistes n’agissaient pas que dans les tribunaux, ils disposaient aussi de pions politiques. Un de leurs plus fidèles laquais était le haut-parlementaire Orunaé. Il eut l’idée de proposer l’interdiction de la magie dans les royaumes elfiques. Cette initiative promettait d’avoir des résultats dévastateurs si elle aboutissait, les elfes finiraient balayés en quelques mois par les forces de la ruine. Orunaé trouva quand même des partisans au sein du Haut-Parlement elfique pour défendre ses idées.

Orunaé : La magie est une arme extrêmement dangereuse, certes certains magiciens rendent des services. Mais il a suffi qu’une poignée de mages perdent la tête pour que toute vie faille disparaître sur ce monde. Pour empêcher la catastrophe de l’année 1086 de se reproduire, il faut que la magie soit prohibée.

Arthur : Oui, le monde a failli disparaître une fois à cause de sorciers. Mais d’un autre côté il a été sauvé à plusieurs reprises grâce à des magiciens, qui ont empêché des serviteurs des puissances de la déchéance de mener à bien leurs plans.

Orunaé : Les manigances des adeptes des forces de la ruine il faut noter qu’elles s’appuient beaucoup sur des mages.

Arthur : Justement, c’est pourquoi les magiciens doivent être autorisés à utiliser légalement leur art, car seule la magie peut combattre efficacement la magie.

Orunaé : Combattre le feu par le feu, n’est pas toujours la meilleure solution. On ne guérit pas la victime d’un empoisonnement au cyanure en lui injectant plus de cyanure.

Arthur : Mais c’est en étudiant le cyanure, que les médecins ont pu mettre au point un antidote contre ce poison. En parlant de médecins, en privant ceux qui maîtrisent la magie du droit de l’utiliser, cela fera à terme des millions de victimes. Dans de nombreux cas, la magie s’avère d’une efficacité plus forte que les remèdes non mystiques. Pour guérir complètement d’une forte fièvre sans l’aide de la magie il faut souvent au moins une semaine de convalescence. Avec l’aide d’un sort de soin adapté le malade se remet totalement après un jour de repos.

Orunaé : Si on prend en compte les morts des épidémies magiques, les mages assassinent plus de personnes qu’ils n’en soignent.

Arthur : C’est faux, et surtout il y a bien plus de mages travaillant pour le bien commun que le contraire.

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