Marlon évoluait maintenant dans les catacombes de Delia, et il s’habituait doucement à l’odeur nauséabonde mêlant putréfaction et déchets humains en tous genres. Il prenait soin à marcher sur le chemin de pierre évoluant au-dessus de la masse stagnante d’eau présente partout autour de lui.
Par chance, les torches s’allumaient toujours au fur et à mesure de ses pas, aussi n’était-il pas obligé de recourir à une rune pour s’éclairer, n’ayant plus du tout de sang disponible pour en créer, autre que le sien.
Les crânes ornant les murs l’observaient toujours au fil de son avancée et il eut beaucoup plus de mal à se faire à cette sensation, les orbites vides semblant suivre chacun de ses pas.
Plus il s’enfonçait dans les catacombes, plus les bruits de crissement se faisaient intenses, comme des dents grignotant quelque chose. Il n’avait pas encore croisé d’hommes-rats mais son épée était déjà au clair et sa main serrait fermement la garde alors que ses yeux faisaient des aller-retours entre les recoins sombres du couloir où il se trouvait.
Il regardait régulièrement l’onglet carte qui dévoilait au fil de ses pas le couloir dans lequel il évoluait, voulant être certain de ne pas louper une intersection à cause de l’obscurité.
Cela faisait déjà dix minutes qu’il marchait dans les souterrains de la ville, et bien qu’ayant un rythme de marche plutôt lent, il était régulier.
« Un peu plus loin, sur ta droite, il y a un couloir. Méfie-toi. »
L’avertissement de Loki arriva à point, l’IA s’étant tenue silencieuse depuis leur entrée dans les catacombes.
Luna, qui le suivait de très près, fit le dos rond et se mit à feuler doucement en fixant la direction que Loki venait d’indiquer à Marlon.
Le stress envahit l’esprit du jeune homme pendant quelques secondes, mais il laissa vite la place à l’excitation du combat et à l’adrénaline qui se mit à parcourir ses veines.
Son regard se fit froid et il retrouva ce sourire glacial qui annonçait généralement un épisode très sanglant de folie meurtrière. Sa victime ne serait malheureusement pas humaine, se dit-il dans un soupir de regret avant d’avancer avec détermination vers l’intersection maintenant visible pour le jeune homme.
Les crissements se faisaient plus intenses, et Marlon put voir sur le sol des tâches de ce qui semblait être du sang séché. L’odeur de putréfaction se fit plus forte et une nouvelle note parvint aux narines du jeune Runiste. Une senteur animale, musquée, prenant la gorge malgré les autres relents puissants présent dans l’air.
Marlon fit signe à Luna de se taire et de rester derrière lui, ce qu’elle fit immédiatement, les poils toujours hérissés mais plus aucun son ne sortant de son museau retroussé.
Cela ne faisait pas longtemps qu’il possédait Luna, mais il trouvait qu’elle avait déjà grandie énormément depuis le premier jour. Elle pouvait rentrer dans la paume de sa main lorsque Drevos lui avait offert. Maintenant, elle faisait presque la longueur de son avant-bras, sans la queue, et arrivait à hauteur de genoux.
Son poil, à la base discret et tacheté en noir et blanc, présentait maintenant de plus en plus d’éclats jaune vif, comme le pelage d’un lion, et semblait encore plus soyeux qu’au premier jour.
Quant à ses crocs, il avait remarqué la veille qu’une deuxième rangée poussait derrière celle déjà présente, uniquement composée de dents pointus comme des aiguilles et paraissant aiguisées comme des lames de rasoir.
Lui qui riait aux premiers jours quand elle lui mordillait la main par affection, ne se risquerait peut-être plus à le faire par peur de perdre un doigt ou deux au passage.
Il avait hâte de voir jusqu’où sa croissance l’emmènerait, pressé de voir les points d’interrogation accolés à son statut se dévoiler.
Il se reconcentra sur le couloir qui s’ouvrait à droite du croisement et les torches magiques s’allumèrent, dévoilant un spectacle surprenant au jeune homme.
La première chose qui attira son attention, ce fut la créature qui lui faisait face.
C’était un rat, cela il s’y attendait, mais il était bipède, se tenant exactement comme un humain, debout sur de longues jambes musclées qui se terminaient par des pattes griffues. Le haut de son corps semblait également très humain, tout en gardant le pelage gris sale caractéristique des rongeurs. Les muscles étaient secs, tressés, et légèrement visibles sous l’épaisseur de poils rêches.
Quant à la tête, rien de spécial, si ce n’était sa taille qui équivalait à celle d’un humain, le long museau et les incisives tranchantes apparentes en plus. Les yeux de la bête humanoïde étaient rouges, brillant comme si une lumière avait été placé derrière ses globes oculaires. Elle dégageait une impression dérangeante, une folie latente dans le regard, qui fit frissonner le jeune homme, toujours d’excitation et d’anticipation.
Aux pieds de la créature se trouvait un cadavre humain en état avancé de décomposition, le jeune homme ne s’attardant pas trop sur l’aspect bouffi et vérolé du corps pour ne pas rendre le peu de nourriture qu’il avait dans l’estomac. Ce n’est pas qu’il était sensible, mais quelque part un instinct grégaire faisait qu’il voulait rendre le contenu de son estomac devant pareil spectacle, du moins s’il se concentrait dessus.
La tête avait été arrachée du corps et le monstre la tenait à deux mains, mâchouillant ce qui restait de chair sur la boite crânienne. Le crissement qu’avait entendu le jeune homme provenait des incisives du rat glissant sur l’os alors qu’il se nourrissait.
Une flaque au sol, sang et autres fluides corporels mélangés, luisait encore légèrement, pas totalement sèche, et un essaim d’insectes volait autour de la masse gonflée dans un vrombissement à peine perceptible de là où il se tenait.
Toute cette observation ne dura qu’un court instant, à peine une seconde, et l’homme-rat, surpris par les torches qui s’allumèrent et l’éblouirent, poussa un cri aigu empli de colère et de folie.
Instantanément, il lâcha sa subsistance et se jeta d’un bond sur Marlon, qui avait heureusement monté sa garde haute. En un clignement de yeux, il fut sur le jeune homme qui pivota sur le côté afin de laisser passer la créature tout en bloquant une des griffes sanguinolentes qui tenta de le transpercer.
Les mouvements de Marlon étaient précis, assurés, et rendus plus rapides par l’armure de vent qu’il portait. A ce moment précis, il se rendit compte des progrès fulgurants qu’il avait fait, ne trouvant pas insurmontable la force de l’homme-rat ni sa rapidité, incomparable à celle de Jacob ou même des autres guerriers qu’il avait dû affronter pendant des semaines.
Le rat bipède perdit légèrement l’équilibre alors que sa cible l’avait laissé passer en ne parant que le coup porté par sa patte droite.
Profitant de cette confusion, Marlon, pivota sa lame en accompagnant le mouvement de son adversaire, et quand le tranchant fut contre ce qui faisait office de poignet pour le rat, il mit sa force dans un mouvement vertical de l’épée.
Ce mouvement n’était pas très puissant, mais avec la vitesse de la créature, il fut suffisant pour trancher la patte de son adversaire.
Le sang gicla et Marlon laissa échapper un petit rire joyeux alors qu’un cri strident était poussé par son ennemi, la patte tranchée prise de convulsions sur le sol.
Le monstre fit demi-tour en ignorant la blessure qui venait de lui être infligée et se jeta à nouveau sur l’épéiste, abattant sa main gauche vers son visage.
Cette fois-ci, Marlon ne chercha pas à parer le coup, il l’esquiva en se précipitant sur le côté de la créature emportée par son élan. Elle vit sa cible passer à côté d’elle mais ne fut pas assez rapide pour éviter l’épée qui s’abattit à l’horizontal dans son dos, coupant profondément la chair et mettant à nu l’os de sa colonne vertébrale.
L’homme-rat s’écroula sur le sol, paralysé alors que sa moëlle épinière avait été sectionnée et le Runiste planta son épée dans son crâne, transperçant la boîte crânienne et mettant fin à son existence alors qu’une gerbe de sang jaillissait de la blessure.
Plus que neuf créatures à tuer, après il pourrait aller rendre sa quête.
« On dirait vraiment que tu y prends plaisir, n’est-ce pas ? »
Marlon hocha la tête avec son sourire toujours figé, le cœur battant sous l’effet de l’adrénaline. Il avait bien sûr adoré ce combat, mais il l’avait trouvé un peu trop facile à son goût.
Bien entendu, il avait d’énormes progrès dans le maniement de son arme, et il s’en rendait encore plus compte après cet affrontement. Il ne lui suffisait pas d’apprendre avec un maître pendant quelques semaines pour achever une créature d’un simple geste. Il lui fallait pratiquer, encore et encore, jusqu’à ce que les gestes deviennent des réflexes, et que son arme devienne une extension de son corps.
Les spasmes finirent par s’arrêter sur le corps de l’homme-rat, et Luna le reniflât avant de s’éloigner avec un air dégouté, sûrement à cause de l’odeur de musc et de putréfaction concentrée qui s’en dégageait.
Le jeune homme ne s’attarda pas et continua sur le même chemin, non sans avoir récolté trois fioles de sang sur la créature. Il ne pensait pas que c’était un catalyseur surpuissant, mais cela lui permettrait tout de même de pouvoir se battre avec quelques outils supplémentaires. Il lui manquait le support, n’ayant pas pu récupérer de peau sur le monstre à cause des effets de son attaque enflammée.
Quelques dizaines de mètres plus loin, une nouvelle intersection se présenta et des crissements se firent entendre dans l’un des couloirs desservis par ce croisement.
Avançant prudemment, Marlon se concentra sur le couloir qui s’alluma progressivement alors que ses pas le menaient plus avant. Et cette fois-ci, c’était non pas un, mais deux monstres qui se repaissaient sur ce qui avait un jour été un être humain.
Celui-ci était moins avancé dans l’état de décomposition, mais il s’en dégageait tout de même une odeur très forte à laquelle l’épéiste commençait à s’habituer.
Les deux homme-rats étaient identiques à celui qu’il avait affronté quelques minutes auparavant, aussi n’était-il pas plus inquiet que cela. Le duo interrompit son repas lorsque les torches s’illuminèrent et cherchèrent l’origine de ce changement impromptu.
Ils repérèrent l’ennemi, mais celui-ci n’était pas resté immobile en attendant de se faire attaquer.
Effectuant un sprint dont la vitesse fut démultipliée par l’armure de vent qu’il portait, il se retrouva presque nez-à-nez avec les deux monstres en moins d’une demi-seconde. Heureusement, il s’était habitué depuis un moment à la vitesse procurée par son équipement et son épée était dressée.
Le coup qu’il porta à la créature de gauche toucha sa cible, tranchant diagonalement son adversaire en partant de la nuque.
Il sentit les os céder sous la puissance du coup, dans lequel il avait toute sa force et qui avait été décuplée par l’élan fourni par son sprint. Coupé en deux, le premier homme-rat mourut sans comprendre ce qui lui était arrivé.
Il sentit les griffes du deuxième se planter dans son armure de cuir, le protégeant de ce qui aurait été une blessure grave s’il n’en avait pas été équipé. Il se retourna, tirant par la même occasion son épée du ventre de sa première victime, juste à temps pour parer une deuxième attaque du rat survivant.
Ce dernier semblait être encore plus agressif après la mort de son semblable, ses yeux rouges lançant des flashs plus intenses par moment, comme devenu berserk.
Le jeune homme para les deux attaques suivantes, appréciant le combat et le rythme effréné de celui-ci, une simple erreur pouvant lui coûter la vie.
Ses bras tremblaient des impacts puissants qu’il avait paré, mais il ne fatiguait pas. Il avait connu bien pire pendant le dernier mois, et il avait l’impression de ne faire qu’un échauffement comparé à ce qu’il avait subi avec Jacob.
Il para encore une attaque, puis relevant sa lame sur laquelle étaient venues se bloquer les deux pattes griffues de l’homme-rat, il donna un coup de pied violent dans ce qui devait être le plexus de son adversaire.
Cela ne sembla pas très efficace, mais cette attaque avait eu le mérite de repousser la créature et de donner assez de marge à Marlon pour attaquer avec un coup d’estoc dans lequel il mit toute sa force.
Il l’embrocha donc et un hurlement comblé de rage sortit de sa bouche alors que la créature couinait piteusement en sentant son cœur transpercé par le métal froid.
Marlon était tellement plongé dans sa transe meurtrière, dans le sentiment de jouissance qu’il ressentait après avoir tué ses deux adversaires, qu’il ne remarqua pas qu’il restait une légère étincelle de vie dans le regard du rat.
Celui-ci mit tout ce qui lui restait de vitalité dans une dernière attaque, enserrant Marlon de ses bras et plantant ses dents profondément dans l’épaule du jeune homme. L’armure de cuir bloqua une grande partie de l’attaque, mais les incisives aiguisées comme des rasoirs réussirent à traverser et Marlon ressentit une douleur aigue dans l’épaule alors que sa chair se déchirait sous la pression.
L’étincelle de vie s’éteignit alors dans les yeux de l’homme-rat et ses bras tombèrent le long du corps de Marlon, restant debout uniquement grâce à ses crocs plantés dans l’épaule du jeune homme.
Il dégagea le cadavre en le soulevant brutalement, délogeant les dents plantées dans sa chair, puis le jeta sur le deuxième corps de monstre quasiment tranché en deux.
L’épéiste serra les dents alors que la douleur dans son épaule se faisait plus violente, l’adrénaline refluant doucement de son corps et laissant la souffrance réapparaître au premier plan. Il lut les trois notifications et jura alors qu’il contemplait le contenu des messages.
Ding
Vous avez tué un Homme-rat. 2/10
Ding
Vous avez été empoisonné par la morsure d’une créature sombre. -10 points vie par minute. Un antidote ou un soigneur sont nécessaires pour retirer le poison de votre organisme.
Ding
Vous avez tué un Homme-rat. 3/10
« Tu dois remonter à la surface, gamin. Tu n’as aucun moyen de te soigner et si tu meurs ici tout cela n’aura servi à rien. »
« Merci pour le réconfort mais ça va aller, je vais me dépêcher. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Marlon ne marchait plus, il courait. Il ne prêta plus attention au décor alentour, se concentrant uniquement aux intersections pour entendre les crissements révélateurs de la présence de ses cibles.
Il eut beaucoup chance et ne tomba plus sur aucun groupe d’homme-rat, uniquement des individus isolés qui comme les autres se repaissaient sur divers cadavres animaux ou humains.
Sa rapidité augmentée lui permit d’achever très rapidement, et presque sans aucune réaction adverse, les trois créatures suivantes.
Seulement, même en courant, ça prenait du temps. Il avait maintenant été empoisonné depuis plus de trente minutes, et ses PV étaient passés sous la barre symbolique des cinquante pour cent. La douleur se faisait plus intense, et sa vision se troublait légèrement. Une nausée omniprésente lui donnait envie de vider son estomac à tout moment mais il réussit à se retenir.
Il se concentrait sur son objectif en faisant de son mieux pour ignorer les divers symptômes qui s’accentuaient à chaque minute qui passait.
Il arrivait à une nouvelle intersection, le regard fiévreux, quand soudain il entendit un cri. Un cri humain, il en était certain.
Ignorant la sueur aigre qui coulait de son visage à grosses gouttes, il se précipita dans l’embranchement de gauche, d’où était venu le son.
Marlon vit que les torches de ce chemin étaient déjà allumées, il put donc voir très rapidement ce qui se passait un peu plus loin le long du passage.
Un homme était accroupi, résistant à l’assaut d’un homme-rat avec seulement une dague. Une sorte de bouclier de lumière verte semblait retenir également la créature, mais l’humain ne semblait vraiment pas avoir la main haute dans cet affrontement.
Marlon décida de l’aider, non pas par correction ou charité, mais uniquement parce qu’il détestait ces créatures qui avaient réussi à l’empoisonner bien plus que ce qu’il détestait les autres humains à ce moment précis.
Il prit une grande inspiration et se mit à courir, couvrant la centaine de mètre qui le séparait des deux combattants en à peine quelques secondes.
Profitant de son élan, il percuta l’homme-rat d’un coup d’épaule et il sentit quelques os se briser sous l’impact alors que la créature était éjectée à plusieurs mètres de là.
Sa vision se troubla encore, mais il resta concentré et se rua de nouveau sur le monstre en abattant son épée violemment de haut en bas, ouvrant le crâne du rongeur bipède en deux et mettant fin à son existence.
Il ignora le message de l’interface et utilisa son épée pour tenir debout, les vertiges se faisant de plus en plus pressant. Jetant un coup d’œil à son statut, il vit que ses points de vie approchaient la barre fatidique des trente pour cent.
Il se retourna et regarda la personne qu’il venait de sauver. Ce dernier s’était redressé et parlait à Marlon, mais celui-ci n’entendait plus qu’un sifflement aigu dans ses oreilles alors que le poison semblait atteindre maintenant son cerveau.
Il n’arriva même pas à bouger pour se mettre en garde alors que l’inconnu posait une main sur son épaule. Il ne voyait plus que des contours flous et sa respiration se faisait de plus en plus courte, quand il sentit quelque chose.
L’homme sortit d’un petit sac une fiole contenant un liquide rouge brillant et le versa directement dans la bouche du jeune homme. Marlon eut alors l’impression qu’on versait de l’eau tiède directement dans ses veines. C’était une sensation étrange, mais qui restait agréable.
Il ferma les yeux, sentant que cette vague d’énergie tiède balayait le poison qui avait envahi tout son organisme, profitant de la sensation bienfaisante qu’il éprouvait en son cœur.
Au bout de quelques minutes, la vision de Marlon revint à la normale et il put enfin voir plus nettement la personne qui était en train de le sauver.
L’homme était plutôt petit, 1m70 à tout casser, et son visage fin le rendait presque féminin. Des cheveux noirs et longs rassemblés en une queue de cheval n’arrangeaient rien à cette impression qu’il dégageait de féminité. Ses yeux légèrement bridés indiquaient des ancêtres asiatiques, pour peu qu’il y ait des humains de ce type sur ce continent.
Sur son visage se lisait une inquiétude sincère et quand il sentit enfin les dernières traces de douleurs disparaître, Marlon put enfin s’exprimer et remercier l’homme.
« Merci, je n’aurais pas survécu très longtemps avec ce poison dans les veines ! »
« Je t’en prie, si tu n’étais pas arrivé, j’aurais sûrement fini en repas pour homme-rat ! Je m’appelle Xin ! »
« Tu peux m’appeler Revenge… »
Ils discutèrent pendant quelques minutes et Marlon apprit que Xin possédait une classe de Druide, mais il s’était fait surprendre par le dernier homme-rat et n’avait pas pu lancer de sorts offensifs à temps. Les points forts de cette classe étaient les buffs en tous genres ainsi que des transformations partielles en animaux permettant d’augmenter la puissance de frappe.
Le jeune homme en apprit beaucoup sur cette classe car Xin était un vrai moulin à paroles. Marlon le trouvait gentil, mais le fait d’entendre sa voix constamment depuis plus de quinze minutes lui mettait les nerfs en pelote, et il se surprit à titiller le pommeau de son épée alors que Xin lui racontait sa balade dans les catacombes.
« Xin, écoute, il me reste trois hommes-rats à tuer avant d’accomplir la quête. Je pense finir et remonter le plus rapidement possible. Ça te va ? »
« Oui, bien sûr ! Le dernier homme-rat que tu as tué a validé ma quête, je vais t’accompagner jusqu’à ce que tu aies fini ! Comme ça si tu fais encore empoisonner, je pourrais t’aider. »
Quelque chose dans les mots de Xin titilla Marlon, mais il ne mit pas la main dessus à ce moment-là.
Il accepta donc sa proposition, n’y voyant que des avantages, si ce n’était justement le débit de paroles intarissable de Xin.
Ils chassèrent donc encore deux autres créatures humanoïdes, et Marlon regarda son écran de statut alors qu’ils s’approchaient de crissements de plus en plus audibles.
Luna avait pris 4 niveaux et était maintenant niveau 5, mais pas d’autres révélations incroyables. Sa force et son agilité avaient chacun pris un point, ce qui était déjà très bien vu qu’il n’avait fait que chasser les hommes-rats dans les catacombes.
Le dernier homme-rat fut très simple à chasser, et ce fut d’ailleurs une formalité pour Marlon qui esquiva juste sa première charge avant de lui infliger un coup d’épée puissant à l’horizontal, décapitant la créature par la même occasion.
Une fois fini, ils s’assirent tous deux et le jeune homme se délassa en s’étirant rapidement avant de proposer à Xin de remonter à la surface pour récupérer leur paiement.
« Ha, oui, allons-y ! Puis on pourrait faire équipe ensuite ? Je pense que ce jeu est beaucoup plus sympa si on est en groupe ! »
Le cœur de Marlon loupa un battement alors que le Druide faisait allusion au jeu.
« Haha, elle est bonne celle-là ! Ce type est un joueur ! »
Vu que Loki ne l’avait pas reconnu, il devait faire partie des joueurs ne faisant pas partie du pari entre les êtres suprêmes de l’Empire. Et le jeune Runiste n’avait strictement rien vu venir.
Il pensait juste être tombé sur un autre aventurier qui faisait une quête identique à la sienne, ce qui n’aurait rien eu d’étonnant avec le fonctionnement de la Guilde des Aventuriers.
Un joueur voulait dire une rune, et l’esprit de Marlon se fit beaucoup plus calculateur alors qu’il suivait Xin vers une sortie. Il savait que le joueur lui avait sauvé la vie, mais la partie folle de sa conscience ne pensait plus qu’à une chose : le tuer.
Elle lui soufflait des mots doux tels que renforcement, objectif, puissance. Lui, d’un autre côté, savait qu’il était encore en vie uniquement grâce à lui. Devait-il réellement tuer cette personne ? Devait-il continuer sur sa voie meurtrière ?
Oui, sans aucun doute. Mais d’un autre côté, peut-être qu’un peu de bont…
Non, il devait être froid, continuer à attiser sa colère, continuer à avancer dans le sang et la douleur pour finalement tous les dominer.
Il devait le préve…
Non, il devait agir. Et ne pas attendre. Il ne devait en aucun cas se laisser aller à la pitié et à la complaisance. Seule la mort l’attendait s’il faisait cela.
Le combat intérieur du jeune homme continua encore comme cela pendant de longues minutes, gardant le silence que Xin meublait aisément en racontant toutes sortes d’anecdotes lui étant arrivé.
Il ne s’était pas retourné, le cas échéant il aurait compris que quelque chose ne tournait pas rond. Il continua à parler avec nonchalance et légèreté.
« N’empêche, tu n’as pas été très prévoyant ! Tu te balades dans des catacombes pour chasser des hommes-rats sans aucune potion ou aucun sort de soin. Je n’aurais pas été là, tu serais certainement mort, haha ! »
Les pensées de Marlon se déchiraient, et ils arrivèrent finalement au bas des escaliers menant à la surface.
TUE-LE
MAINTENANT
L’épée avait été sortie de son fourreau sans qu’il en prenne conscience, et Xin choisit ce moment pour se retourner. La seule chose qu’il vit, c’est un visage tordu par une grimace de souffrance, un sourire diabolique plaqué sur les lèvres et des larmes coulant abondamment sur les joues de celui qu’il avait sauvé.
Puis une lame froide s’enfonça dans son plexus, coupant toute respiration, et en quelques secondes la vie quitta ses yeux dans une lueur d’incompréhension.
« HAHAHA, dé…désolé, Xin. Haha, Haha ! »
L’hystérie s’était emparée de Marlon alors que celui lui ayant sauvé la vie s’écroulait mollement sur le sol. Une forme s’éleva du sang qui coulait de la blessure, et dans cette alternance de rire et pleurs que le jeune homme ne contrôlait absolument pas, un message apparut sur l’interface du système.
Ding
Vous avez découvert la rune Vie