Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
A+ a-
Chapitre 12 – Un guidage discret
Chapitre 11 – Un détective métaphysicien Menu Chapitre 13 – La terreur de Xio

Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 12 – Un guidage discret

Sans toucher le corps de Zreal, Klein rebroussa chemin.

Soudain, un bruit retentit dans le lointain et se répercuta dans les égouts déserts.

Le jeune homme écouta quelques secondes et se dirigea résolument vers la sortie, empruntant le chemin de béton sale qui longeait les deux côtés du canal d’évacuation des eaux usées.

Inutile de prendre des risques pour des affaires qui ne le concernaient pas.

Sorti des égouts, il remit en place la plaque de fer et s’étant assuré qu’il n’y avait rien d’anormal dans les environs, retourna à l’appartement qu’il louait dans le Quartier Est et ôta son déguisement.

Cela fait, il mit ses lunettes à monture dorée, se dirigea vers une rue voisine où il loua une voiture et, dans le silence et le froid, retourna au Quartier de Cherwood. Il était trois heures du matin. Mais il ne rentra pas directement rue Minsk.

Il fit un large détour et ne retourna chez lui que lorsqu’il fut certain que personne ne le suivait. Là, il dormit jusqu’à l’aube et fut réveillé par la sonnette de la porte d’entrée.

Il se leva aussitôt, enfila sa chemise, boutonna son gilet et descendit précipitamment au rez-de-chaussée pour aller ouvrir.

Mais sa capacité prémonitoire de Clown avait instinctivement formé l’image du visiteur dans son esprit.

Celui-ci portait un vieux manteau, un chapeau rond marron et une sacoche en lambeaux. Il avait des yeux rouge vif, un visage délicat et un tempérament calme. Ce n’était autre que Ian, l’adolescent venu la veille lui confier une mission.

– « Bonjour, détective Moriarty », salua ce dernier en regardant autour de lui. « Du progrès ? Enfin… je passais par là par hasard, aussi je me renseigne. »

Klein hocha gravement la tête :

– « Oui », répondit-il.

Ian, visiblement stupéfait, demeura un bon moment silencieux avant de bafouiller :

– « Vous avez pu savoir dans quel état se trouvait M. Zreal ? »

– « Oui », répondit Klein qui, après une pause, ajouta d’un ton grave : « J’ai trouvé le cadavre de Zreal. »

– « Le cadavre… » Murmura Ian dont les pupilles se rétrécirent.

Il ne paraissait guère surpris, comme s’il s’attendait au pire.

Klein l’observait en silence.

Ian soupira et jeta un regard circonspect sur autour de lui :

– « Vous êtes incroyablement efficace ! Pourriez-vous m’emmener voir le corps de M. Zreal ? »

– « Aucun problème. En fait, j’y comptais bien ». Klein réfléchit un moment : « J’espère que vous ne mentionnerez pas mon nom lorsque vous appellerez la police. Dites simplement que c’est vous qui avez découvert le corps. Vous saurez sans doute trouver un motif. »

Ian n’en fut pas surpris. Tous les détectives n’aimaient pas nécessairement avoir affaire à la police. En effet, à l’exception de détectives très célèbres – qui donnaient souvent des conseils à la police dans le cadre d’une coopération mutuelle – les autres étaient victimes de discrimination, d’ostracisme et d’extorsion.

C’était ainsi qu’allaient les choses au Royaume de Loen.

Ian accepta sans hésiter.

Comme ils devaient se rendre dans les égouts, Klein revêtit une tenue communément portée par la classe ouvrière, mit une casquette de chasseur de cerfs et prit avec lui une lanterne.

Tous deux prirent ensuite les transports publics pour se rendre dans le Quartier Est. Ils marchèrent durant une demi-heure avant d’atteindre la bouche d’égout – qui n’était pas à côté – sous les regards engourdis ou chargés d’intentions malveillantes.

– « Comment l’avez-vous trouvé ? » Demanda Ian, mi- surpris, mi- curieux, en regardant Klein soulever la plaque et descendre.

Les yeux fixés sur les égouts, ce dernier répondit avec désinvolture :

– « Une formation qualifiante incluant de nombreuses techniques de raisonnement, d’enquête, de traque et d’interrogatoire. »

Ian le suivit dans les égouts sans paraître écœuré.

– « … Vous semblez avoir reçu une formation très professionnelle. »

Pour toute réponse, sa lanterne à la main, le détective le conduisit jusqu’à la bifurcation qui menait au fameux coin lugubre.

Alors qu’ils approchaient, il plissa les yeux : le corps de Zreal était encore plus mutilé que la nuit précédente. Il lui manquait un bras et la moitié des côtes.

Ce n’est pas là l’œuvre d’un rat… Pensa-t-il. Mais il se garda bien d’en informer Ian. 

A la lumière de la lanterne, ce dernier aperçut le cadavre et s’accroupissant brusquement, il se mit à vomir pour finir par rendre de la bile de couleur jaune-verdâtre.

Klein sortit alors l’huile de Quelaag qu’il avait préparée, dévissa le bouchon et plaça l’ouverture du flacon tout contre le nez de Ian.

Les yeux de Ian retrouvèrent de la lumière et il s’apaisa. Une vingtaine de secondes plus tard, il murmure faiblement :

– « Merci… ».

Se relevant lentement, il examina soigneusement le cadavre mutilé.

– « Je vous confirme qu’il s’agit bien du détective Zreal. »

– « Toutes mes condoléances », répondit poliment Klein. « Je vous suggère d’appeler la police. »

– « Ok », fit Ian avec un imperceptible signe de tête en le suivant à l’air libre.

Soudain, Klein frappa dans ses mains :

– « Ma mission s’arrête là. Pour le reste, à vous de voir. »

– « Je vous dois encore trois services. Vous pouvez m’en parler maintenant », répondit Ian après un court silence.

– « Pour tout vous dire, un seul me vient à l’esprit pour le moment », répondit franchement notre détective. « Je voudrais savoir où me procurer une arme et des balles sans avoir à présenter un permis tous types d’armes. »

– « Allez au Bar des Cœurs Vaillants, rue de la Porte de Fer dans le Quartier du Pont de Backlund. Demandez Kaspars Kalinin et dites-lui que c’est Vieux Croûton qui vous envoie. »

– « Très bien, nous verrons le reste plus tard. J’ai le sentiment que nous nous reverrons », répondit Klein en hochant sciemment la tête d’un air désinvolte.

Ian lui a jeté un regard silencieux.

Les deux hommes se séparent et prirent deux directions différentes. Le silence revint sur les lieux.

Après avoir marché un moment, Klein revint brusquement sur ses pas et, dissimulé dans un coin, scruta la bouche d’égout.

Au bout de deux ou trois minutes, il vit revenir Ian qui regardait autour de lui, l’air méfiant.

Klein détourna le regard à temps, s’adossa au mur et écouta.

Il entendit le bruit de la plaque d’égout que l’on retirait, puis quelqu’un qui descendait. Il avança prudemment la tête et constata que Ian était redescendu dans les égouts.

Y avait-il un indice ou autre sur le corps de Zreal ? Cette affaire est, en effet, plus sérieuse qu’il n’y paraît… Se dit-il, pensif.

Sa curiosité satisfaite, Klein quitta les lieux pour de bon et décida qu’il irait, dès le surlendemain, trouver Kaspars.

C’était l’heure du thé chez le Vicomte Glaint, Quartier de l’Impératrice.

La porte du bureau, fermée à clé, isolait les quatre personnes qui se trouvaient à l’intérieur des invités présents dans le salon.

Vêtue d’une robe en dentelle jaune pâle, Audrey déposa une volumineuse enveloppe sur le bureau et la poussa vers les deux dames assises face à elle.

– « Xio, Fors, voici la récompense que vous avez méritée. »

Xio aurait voulu dire quelque chose de poli mais sa main avait été plus rapide que sa bouche. Au poids de l’enveloppe, elle répondit sincèrement :

– « Merci pour votre générosité, Mlle Audrey. Votre honnêteté vous embellit encore davantage. »

Tout en parlant, elle détacha la mince ficelle qui maintenait l’enveloppe et en examina le contenu.

C’était du papier-monnaie d’un gris uniforme avec des rayures noires. Épaisse, la liasse dégageait une odeur d’encre bien particulière, une odeur qui revigorait.

10 livres… Xio prit un billet et en vérifia la valeur. Xio, visiblement paresseuse et peu soucieuse de l’argent, se pencha cependant, tentant, à l’épaisseur de l’enveloppe, d’évaluer combien de billets elle contenait.

Cela fait au moins…

Les deux femmes échangèrent un regard surpris : de toute évidence, c’était beaucoup plus qu’elles ne l’auraient imaginé !

Audrey eut un léger sourire :

– « Il y a huit cents Livres au total. A vous de voir comment vous souhaitez vous partager cet argent. Je suis vraiment désolée que cette affaire vous ait mise en danger. »

Huit cents livres… Il n’y a vraiment pas lieu de vous excuser. Si c’était à refaire et que je connaisse les éventuelles conséquences, j’accepterais quand même… Même divisée en parts égales, avec mes économies, cette somme est suffisante pour acheter la formule de la potion de Shériff…

Xio, qui mesurait un peu plus d’un mètre cinquante, regardait fixement les billets dans l’enveloppe. Elle aurait bien voulu les sortir, les compter et les recompter.

Elle était certaine que la belle et généreuse Miss Audrey n’avait pas l’intention de les sous-payer mais… si jamais elle s’était trompée en comptant ?

Tout le monde fait des erreurs de temps en temps ! Xio leva la main droite, marqua une pause de quelques secondes puis la laissa retomber sans un mot.

Fors esquissa un sourire :

– « C’est même plus que les droits d’auteur que j’ai perçus jusqu’ici pour ma Villa de la Montagne aux Tempêtes  », dit-elle avec nostalgie.

Devrais-je louer Miss Audrey ou rire de ma pauvreté d’auteur ? Ajouta-t-elle mentalement.

Assis sur le canapé, le Vicomte Glaint éprouvait un peu d’envie. Mais non vis-à-vis de Xio ou de Fors car au vu de sa situation, 800 Livres ne représentaient pas une grosse somme.

Ce qu’il enviait, c’était la capacité d’Audrey à distribuer de l’argent sans en éprouver le moindre tourment.

Il s’éclaircit la voix :

– « Si vous pouvez m’obtenir la formule de l’Apothicaire, je vous règlerai moi-aussi une somme substantielle. »

– « Nous ferons notre possible ! » Répondit sans hésiter Xio. Puis, regardant Audrey, elle ajouta : « Récemment, nous sommes entrées en contact avec quelqu’un que nous soupçonnons d’appartenir aux Alchimistes en Psychologie et nous aurons bientôt des indices concernant la potion de Spectateur que vous recherchez. »

Xio, je suis bien plus forte que vous, je suis déjà à la Séquence 8… Pensa Audrey qui répondit avec un sourire réservé :

– « J’ai hâte d’y être. »

Sur ce, tous les quatre se mirent à discuter des diverses rumeurs qui couraient dans les cercles Transcendants tout en suivant l’exemple d’Audrey qui cherchait des livres qu’ils souhaitaient lire.

Soudain, les yeux de Xio s’illuminèrent à la vue de deux ouvrages à couverture rigide :

Histoire de l’aristocratie du Royaume de Loen et Étude sur les Armoiries .

Fors, elle-aussi, avait trouvé des livres qui l’intéressaient :

Géographie et population de l’Empire Feysac et Voyage sur le Continent Nord .

– « Honorable Vicomte Glaint, puis-je vous emprunter ces deux livres ? Je vous les rendrai au plus vite », demanda Xio au propriétaire avec un regard suppliant.

Glaint, qui ne s’en souciait guère, hocha la tête :

– « Aucun problème. »

Suite à sa réponse, Fors s’empressa également de lui faire une demande qui fut acceptée elle-aussi.

Les coins de la bouche d’Audrey, qui assistait à la scène, esquissèrent un léger sourire. Tournant avec retenue la tête sur le côté, elle feignit de chercher un livre.

Spectatrice qualifiée qui venait d’évoluer et ayant plusieurs fois rencontre Xio et Fors, elle avait très bien saisi les préférences de chacune pour certains domaines et pris, à l’insu de tous, des dispositions en ce sens.

L’une des compétences d’un Spectateur, en effet, était de guider une personne de manière à ce qu’elle s’imagine que c’était l’effet de sa propre volonté.

Le soir même, pelotonnée sur le canapé devant la cheminée, Xio était plongée dans l’ Histoire de l’Aristocratie du Royaume de Loen tandis que Fors assistait à une réunion destinée aux écrivains.

Au bout d’un moment, la jeune femme eut une étrange impression au sujet de la couverture cartonnée. Elle l’examina attentivement et découvrit, sous une couche intermédiaire, un vieux morceau de papier.

Le recto était couvert des symboles particuliers créés par l’Empereur Roselle et au verso, on pouvait lire un paragraphe écrit en Hermès ancien.

Les ancêtres du Vicomte Glaint auraient-ils déchiffré certains des symboles spéciaux de l’Empereur Roselle ? Se demanda-t-elle avec enthousiasme.

Elle s’efforça alors de déchiffrer le message qui disait :

Le Fou qui n’appartient pas à cette époque.

Mystérieux Souverain élevé au-dessus du brouillard gris.

Roi du Jaune et du Noir qui confère la chance.

🏆 Top tipeurs
  • 🥇1. Meifumado
  • 🥈2. matsu 1
🎗 Tipeurs récents
  • matsu 1
  • Meifumado


Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 11 – Un détective métaphysicien Menu Chapitre 13 – La terreur de Xio