« Si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? » répéta William à voix haute en essayant d’en trouver la signification.
Piro venait de raconter la bref péripétie qu’il avait vécu à son arrivée dans le monde des bêtes.
Tout le monde dans la pièce avait écouté sa brève histoire avec attention, pour cause elle paraissait tellement invraisemblable.
Antonin regardait avec admiration son grand-père. Il semblait que la curiosité de l’enfant n’était pas moins grande que celle de Piro.
« Et tu dis que lorsque tu t’es réveillé, tu étais de retour au sommet de la montagne, mais il n’y avait plus de grotte derrière toi ? » demanda William
« Oui, il est malheureux que j’aie perdu connaissance au moment où cette phrase est apparue dans mon esprit. » répondit Piro avec une expression quelque peu triste.
« C’est très étrange, si une grande puissance souhaitait transmettre son héritage, alors elle devrait faire passer des épreuves physiques et mentales à ses potentiels successeur non ? Tu es sûr qu’il n’y a rien eu d’autre ? » continua de demander William.
« J’ai également un nouveau titre dans ma page de statistiques. » dit avec hésitation Piro.
Les personnes présentes à l’intérieur de la pièce furent surprises à l’exception d’Antonin qui venait d’acquérir le système.
En effet, personne n’avait pu obtenir de titre, à l’exception du titre [Briseur de limite] qui rajoutait 10% sur toutes les statistiques si l’on réussissait à vaincre une bête ou un squelette d’un rang supérieur. Si c’était de deux rangs supérieur alors le bonus était de 50%.
Tous les généraux suprêmes avaient réussi à obtenir ce titre, mais William était le seul à avoir le bonus de 50%.
À part ce titre, les généraux suprêmes n’avait qu’un seul autre titre, celui de [Général Suprême] et il leurs avait été donné par William.
D’où leur surprise que Piro acquiert un titre durant sa première journée dans un monde parallèle, alors qu’ils avaient eux-mêmes avaient passé plus d’une vingtaine de jours sans avoir le moindre indice pour obtenir un titre.
« Peux-tu le partager avec nous ? » dit William en regardant vers Piro.
Tout le monde le regardait également.
Piro ne répondit pas instantanément.
« Je confierais ma vie à ces gens-là sur le champ de bataille, ce n’est pas la peine de leur cacher quelque chose à ce stade. Je suis également sûr que William pouvait consulter ma page de statistique sans avoir besoin de mon autorisation, tandis que les généraux suprêmes pouvaient peut-être également le faire. Cependant si je leur montre mon titre volontairement alors cela leur montre que je leur fais confiance, et ce sera donc plus facile à l’avenir de nouer des liens plus fermes entre nous. » analysa silencieusement Piro.
Les capacités d’un rang (C+) ne se résumaient pas seulement à un renforcement physique, cela lui permettait également d’obtenir des capacités mentales exceptionnelles comparée à un être humain ordinaire.
Donc Piro pouvait analyser les avantages et inconvénients des deux choix qui s’offraient à lui en un instant.
Ainsi dans la paume de sa main, une nouvelle fenêtre bleu translucide s’afficha.
[Disciple d’Afram, le Dieu de la Destruction (Permet d’améliorer l’efficacité de l’absorption des éléments de feu dans le monde des bêtes par deux. Toute magie utilisant uniquement les éléments du feu voit sa puissance multipliée par cinq. La compréhension de la magie du feu est multiplié par dix.)]
« Incroyable, c’est trop fort ! » s’exclama Antonin d’une voix forte.
Cependant ses paroles reflètent la pensée de tout le monde.
« Mais c’est étrange, les dessins que tu as vu sur la porte décrivaient une ère de paix alors que tu es le disciple du dieu de la destruction. » intervint Charles alors qu’il avait quelques doutes.
« Non, Piro nous a seulement dit que les enfants jouaient ensemble tandis que des bêtes plus âgées les regardaient dans les hauteurs avec un sourire. Cependant le corps des bêtes est bien plus fort que celui des humains, ainsi pourquoi y avait-il besoin de les surveiller ? » analysa Frédéric.
Un petit silence s’installa.
Edward réfléchissa pendant un court laps de temps et répondit.
« Naturellement c’était parce qu’il y avait quelque chose qui pouvait les menacer pendant qu’ils jouaient. Cependant l’image montrait différentes espèces jouant ensemble. Donc les seules possibilité étaient qu’il y avait plusieurs nations de bêtes ou… »
Alors qu’Edward allait finir sa phrase, Arthur l’interrompit :
« Il y avait des extraterrestres susceptibles de les menacer. »
Cette fois, c’était un silence gênant qui s’installa dans la pièce car ils avaient vite deviné qui pouvaient être les extraterrestres.
Finalement William prit la parole :
« Selon cette analyse, il ne fait aucun doute qu’ils se protégeaient de mes prédécesseurs. »
Le calme prit possession des lieux.
« Mais, cette analyse ne prend pas un élément en compte. En effet, nous avons toujours considéré que le monde des bêtes ne se résumait qu’à une seule planète. Mais le monde parallèle se nomme « le monde des bêtes » et non « la planète des bêtes »
« Une planète peut constituer ce monde mais on ne peut pas exclure la possibilité que ce monde peut également constituer un univers comme l’enfer. »
« Dès lors, la menace n’aurait pas été mes prédécesseurs mais plutôt des bêtes venant d’autres planètes. »
Après que William ait fini de parler, Charles prit la parole.
« Mais de toute façon ça n’a rien avec nous puisque nous sommes immortels dans les mondes parallèles tout comme nos bêtes. Au contraire, plus de bêtes signifie des talents plus puissants et nombreux de disponibles, ainsi que plus de puissance militaire potentielle. » dit-il d’un ton léger.
William fronça les sourcils car il ne pensait pas qu’une véritable immortalité pourrait être atteinte. Utiliser le système pour devenir plus fort était une chose, lui confier totalement sa vie en était une autre.
Qui pourrait savoir s’il y avait des effets secondaires sur la résurrection dans l’enfer ? De plus, le système n’était pas tout puissant car à chaque rang franchi, le temps nécessaire à la reconstruction du corps devenait de plus en plus long dans la salle de résurrection.
Il n’était donc pas exclu qu’une fois un rang très élevé atteint, le temps passé dans la salle de résurrection soit tellement long, que ce ne soit pas différent de mourir.
Après tout, personne ne pouvait dire ce qu’il se passait après la mort, il était possible que la mort était la même chose que ce qu’il se passait dans la salle de réincarnation.
Puisque l’âme devenait plus puissante à travers la montée dans les rangs, il était plus difficile de la “ramener” dans le monde réel, d’où le temps qui s’allonge à chaque fois.
«En soit, le temps qui s’allonge à chaque fois montre la faiblesse du système. Un jour il est possible que nous devenons tellement puissant que le système sera dans l’incapacité de nous faire revenir car il n’en aura pas la force. Ce ne sera donc pas différent de la mort, et ce serait même pire. » pensa William.
« Qu’en penses-tu système ? Ai-je raison ? » transmit-il mentalement.
[…]
Soudainement un général rentra dans la pièce dans la précipitation, il se serait cogné contre Piro et Antonin s’ ils n’avaient pas esquivé rapidement.
Pourtant vu le visage paniqué de celui-ci, cela ne rentrait absolument pas dans ses préoccupations.
« Votre Majesté, pardonnez mon interruption mais j’ai une nouvelle urgente à rapporter ! » dit-il rapidement au point que c’était difficilement audible.
« Général Kio, prenez une profonde inspiration et faites votre rapport. » ordonna Arthur d’un ton ferme.
Celui-ci s’exécuta immédiatement en réponse.
Cela le calma légèrement.
« À 8h30, Des groupes d’assaut zaranes ont attaqué simultanément plusieurs de nos escouades qui escortaient les esclaves jusqu’à notre village ! » rapporta-t-il brièvement.
« Des pertes ? » demanda William
« Seulement quelques blessés dans notre armée, cependant des centaines d’esclaves ont été tués à cause des conséquences des batailles, et leurs chiffres continuent d’augmenter. »
« Avez-vous les informations sur le commandant en chef des zarans ainsi que le nombre d’experts ennemis avec leur niveau de force détaillé ? »
« Il semblerait que ce soit le commandant Joker, un expert de rang (B-) ou supérieur. Il vient de la famille Moriam, ils sont connus pour élever leurs enfants comme des machines de guerre. Cela fait déjà 1000 ans qu’il est présent sur les champs de bataille, et il est particulièrement célèbre pour sa force surnaturelle. De nombreux experts et généraux de l’empire Victorien sont tombés sous sa main dans le passé dont des experts de rang (B+). »
« D’accord merci pour le rapport, vous pouvez maintenant revenir à votre poste général Kio, de prochaines instructions vous seront données rapidement. »
La réaction imperturbable de William, fit naître un sentiment de respect dans l’esprit du général Kio. Normalement la réaction normale face à un tel ennemi était la peur ainsi que la panique. Encore plus pour un simple rang (D+).
« À vos ordres ! » répondit-il en faisant un salut militaire et partit bien plus calme que lorsqu’il était rentré.
« Ne perdons pas de temps, Antonin, Piro, vous serez sous les ordres d’Arthur, vous devrez faire vos preuves pour mériter votre place parmi les généraux suprêmes ! »
« À vos ordres ! » répondirent-ils en faisant un salut militaire, bien qu’ils paraissaient encore un peu maladroits, particulièrement celui d’Antonin.
« Frédéric, tu diras à Victoria qu’elle a totale interdiction d’apparaître sur les champs de bataille. »
« Peut-on savoir pourquoi ? » demanda curieusement Piro.
Tout le monde le regarda avec des yeux brûlants comme s’ils voulaient le déchirer en mille morceaux.
William intervint rapidement.
« C’est bon, il n’est pas au courant que dans l’armée les subordonnées n’ont pas le droit d’interroger leur supérieur au sujet des décisions prises. »
Immédiatement, les généraux suprêmes arrêtèrent leur regard, bien qu’ils parussent encore mécontents.
« Je vais faire une exception pour toi, Arthur te racontera plus tard la situation particulière de Victoria, ainsi que des conséquences inattendues qui pourraient suivre suite à son apparition. »
Piro hocha la tête en réponse.
« Arthur tu prendras le contrôle total de l’armée, donc tous les généraux suprêmes devront écouter tes ordres. »
« J’ai aussi un petit désir égoïste, j’espère que vous pourrez y répondre. » s’exprima William avec un petit sourire.
« Vos désirs sont nos désirs. Veuillez nous le transmettre et on s’exécutera immédiatement. » répondit Arthur.
« Je veux que vous préleviez un œil de chacune de vos victimes lorsque la situation le permet. » dit William avec un ton devenu soudainement très froid.
Tout le monde se tendit immédiatement en réponse, et la phrase suivante de William les fit encore plus frissonner : « De préférence lorsqu’ils sont encore en vie. »