Livre 2, Chapitre 54 – Capacités d’Oddball
« La famille Umbra n’est pas très connue à Skycloud, mais elle possède des capacités très rares. Tu as tué l’un des leurs. Je ne pense pas qu’ils te pardonneront. » Elle fronça les sourcils une fois qu’elle apprit ce qui s’était passé. « Tu as vu ce qu’Atlas peut faire. Les Umbras ne sont pas une famille avec laquelle il faut se moquer. »
Raith était une petite pomme de terre – un chasseur de démons mais un faible. Cloudhawk ne pensait pas que traiter avec lui causerait autant de problèmes sur toute la ligne. D’abord, il s’était fait prendre en chasse par Claudia, qui essayait de se venger. Maintenant, il devait s’occuper d’Atlas à cause de ce qui était arrivé à son frère. Toute sa famille en fait. Ce n’était certainement pas une bonne nouvelle.
« J’ai une solution ! » Avec un air espiègle sur son visage, tapotant sa poitrine ample. « Jure-moi allégeance et je ferai de toi ma garde personnelle. Tu seras avec moi tous les jours. De cette façon, nous pouvons te protéger ! »
« La dame fait des blagues. » La méfiance était claire sur son visage. « J’ai failli mourir et t’étais à deux mètres. »
Elle ne pouvait pas arrêter quelqu’un comme Atlas, qui pouvait sortir de l’ombre à tout moment et disparaître aussi rapidement. Et comment pouvait-il accepter d’être le fidèle serviteur de qui que ce soit ? C’était impensable !
Plus important encore, la famille Polaris se préparait à l’envoyer à ce camp d’entraînement. Il préférait tenter sa chance là-bas plutôt que d’être le chien de poche de cette fille.
« Que veux-tu dire ? Je ne l’ai pas vu au début, mais je l’ai tout de suite combattu. Si je n’étais pas là, rien ne l’aurait empêché de terminer le travail. Serais-tu toujours debout devant moi pour te plaindre ? Elle renifla d’irritation. « Atlas doit de toute façon me montrer du respect. Si t’étais mon homme, il n’oserait plus t’attaquer négligemment. Je suis la seule personne de la ville à pouvoir te protéger. Je suis la seule à te le proposer. »
Alors qu’il écoutait ses promesses, son serment de protection de sacrifice et les implications de ses paroles, il se sentit profondément touché. Les mots lui montaient à la gorge et il énonçait soigneusement chaque syllabe.
« Pas. Une. Chance. »
Aurore Polaris devenait folle. « as-tu la moindre idée de combien de personne m’adorent dans cette ville ?! Tu n’en as aucune idée. Tu ne sais pas non plus ce que tu fais en refusant mon offre. Tu le regretteras le reste de ta vie ! »
« Si tu me disais qu’il y avait un groupe de personnes qui adoraient Sélène, je pourrais te croire. Toi, cependant… » Il lui lança un regard. « Je ne sais pas si tu peux trouver autant de masochistes en un seul endroit. »
Tout à coup, il disparut dans les airs.
Aurore se figea, réfléchit un instant, puis se dégonfla comme un ballon en colère. « Personne ne peut se comparer à moi, sauf peut-être Sélène, cette salope. Elle a toujours eu des fans depuis qu’elle est petite. Est-ce vrai que personne ne m’aime ? Non… ils sont juste aveugles ! »
« Hé, sors. Je ne vais pas te couper la tête. »
« J’ai trouvé un indice, je vais trouver mes amis marchands. C’est trop important pour moi, pour me défouler avec toi. Nous nous retrouverons plus tard. »
Sa voix lui parvint du bout du tunnel. Son tempérament bouillonnait juste sous la surface, mais elle réussit à le maintenir réprimé.
Il avait en effet trouvé un indice, celui qui lui disait que les survivants de la compagnie Bloomnettle étaient probablement avec Majjhima. Dans ces circonstances, il n’était pas judicieux de faire venir Aurore puisque Majjhima et Squall étaient tous deux considérés comme des criminels, le genre qu’ils étaient censés tuer à vue.
Les choses s’amélioraient entre Aurore et Cloudhawk, et il ne voulait pas la mettre dans une situation difficile. Il était plus logique qu’il parte seul à leurs recherches. Du moins, c’était ainsi qu’elle voyait les choses, et cette pensée la satisfaisait. Ce type avait une attitude terrible mais au moins il pensait à elle.
Sa supposition était plus ou moins la bonne.
Son but était de sauver la famille de marchands et de prévenir Majjhima de ce qui allait arriver. C’était le mieux qu’il pouvait faire. Qu’ils échappent ou non à leurs chasseurs dépendrait d’eux et des caprices du destin. Après tout, Majjhima n’était pas un ami. Le prévenir des dangers qui se cachaient dans les tunnels était plus que ce que l’on pouvait attendre.
De toute façon, le groupe d’Aurore était trop visible. Si Atlas décidait de causer plus de problèmes ou s’ils tombaient sur Frost de Winter pendant leurs recherches, il se retrouverait dans une position plutôt inconfortable. Faire cavalier seul était plus intelligent. Il faisait une plus petite cible et était plus difficile à coincer.
Il n’avait fait qu’un petit bout de chemin dans le tunnel avant d’être englouti dans l’obscurité totale. Il ne pouvait pas voir sa main devant son visage.
Troublant. Il avait oublié d’apporter une sorte de lumière avec lui.
Il s’était lentement arrêté. Cela faisait si longtemps que personne n’était venu ici que l’on se sentait claustrophobe. L’air était étouffant, et le sol était couvert de boue. Trouver Majjhima comme ça n’allait pas être facile. Mais, alors qu’il réfléchissait au problème, son petit compagnon oiseau se réveilla. Oddball s’était envolé de son épaule, et là, l’inattendu s’était produit.
Ses plumes dorées s’étaient mises à briller et il ressemblait soudainement à une énorme luciole. Il n’y avait pas assez de lumière pour remplir le tunnel, mais c’était suffisant pour qu’il puisse voir où il allait. Il sourit à son petit ami. « Intéressant. Tu es ta propre petite torche, hein ? »
Que restait-il à découvrir de cette petite créature pour prouver son caractère inestimable ? Il pouvait lire dans ses pensées, partir en éclaireur, le prévenir du danger et éclairer le chemin – c’était le meilleur animal de compagnie qu’il pouvait demander. Quelle arme relique mortelle pourrait tenir tête à ce petit bonhomme ? Littéralement.
Il était déterminé à faire de son mieux et à s’assurer que cette étrange petite boule de poils grandisse bien. Il n’avait pas d’amis qui le connaissaient vraiment, et un compagnon comme celui-ci aidait vraiment à dissiper la solitude qu’il ressentait.
Cependant, la lumière n’était pas inépuisable. Après environ quinze secondes, la lumière d’Oddball commença à diminuer.
La créature en pleine croissance était déjà à court d’énergie, et elle avait donc demandé à Cloudhawk de lui prêter un peu d’énergie. Sans hésiter, ce dernier lui transmit son énergie psychique, comme il l’avait fait lorsqu’il n’était qu’un œuf. Les deux avaient commencé à résonner, et son énergie psychique s’était lentement épuisée tandis que celle d’Oddball se rétablissait. La lumière était revenue, un peu plus forte qu’avant.
Les créatures divines étaient en fait des reliques spéciales, et il pouvait communiquer avec elle de la même manière qu’avec sa cape ou son livre. Son énergie psychique activait les pouvoirs d’Oddball de la même manière, mais la différence avec les reliques classiques était qu’elle grandissait et développait ses propres capacités.
Les deux étaient étroitement liés. Il devait devenir plus fort si Oddball devait grandir, et il était déterminé à le faire rapidement. Au fur et à mesure qu’il grandissait, il était certain qu’il allait faire des choses encore plus étonnantes ! Pendant que l’énergie psychique de Cloudhawk circulait, le petit oiseau gazouillait joyeusement et volait dans tous les sens. Heureusement, cela ne demandait pas beaucoup d’énergie, ils pouvaient donc continuer ainsi pendant plusieurs heures avant que cela ne devienne fatiguant.
Mais le temps n’attendait personne.
Il devait trouver Majjhima. Il devait trouver Squall !
Majjhima avait laissé des indices le long des tunnels, mais un groupe d’une centaine de survivants avait également laissé des traces de leur passage. Il les avait repérés et en avait rassemblé assez pour savoir où ils allaient. Alors qu’il se frayait un chemin dans les tunnels, il prenait soin d’effacer tous les indices qu’il trouvait. Il devait faire tout ce qu’il pouvait pour mettre Atlas et Frost sur une fausse piste.
Alors qu’il se rapprochait de ses cibles, un sifflement s’était élevé dans l’obscurité. La flèche d’un soldat se dirigeait droit sur lui !
Il se renfrogna. Avait-il rencontré un autre groupe de chasseurs ? Il se déporta sur le côté juste à temps pour que la flèche passe et se loge dans le mur. La moitié de la flèche était enfouie dans la pierre, tandis que l’autre moitié tremblait.
Il n’avait même pas eu le temps de se stabiliser avant qu’une deuxième, puis une troisième flèche ne suivent. Elles étaient toutes deux arrivées juste après celle qui les avait précédées, sortant de l’obscurité des tunnels. Il se jeta dans tous les sens, esquivant sauvagement les attaques et finit par voir qui lui tirait dessus.
Ce n’était pas des soldats.
Environ six ou sept personnes étaient arrivées sur lui, aucune d’entre elles n’était faible. Ce devait être des condamnés qui s’étaient échappés de prison. Ils avaient probablement volé les arcs des soldats ou les avaient pris sur leurs cadavres.
« Attendez, attendez ! » siffla-t-il. « Je suis Cloudhawk. C’est moi qui vous ai fait sortir de prison. Je ne cours pas après vous. »
Sa réponse fut une autre volée de flèches.
Ces gars n’étaient pas sourds, juste déterminés à s’assurer qu’il meurt. Ici-bas, il n’y avait pas de provisions. Ils n’avaient pas de nourriture, pas d’eau, rien à part ce qu’ils pouvaient prendre aux autres. Ces hommes étaient des criminels – compter sur eux pour apprécier ce qu’il faisait dans les prisons était comme compter sur une vache pour grimper aux arbres.
Splash ! Sans prévenir, un jet de sang avait peint les murs du tunnel.
L’un des condamnés était resté bouche bée alors que sa gorge s’ouvrait sans bruit. Il était tombé sur le sol et s’était mis à trembler tandis que la vie le quittait. « C’est quoi ce bordel ? ! Comment ça se fait qu’il n’y ait aucun son ? »
Les autres n’eurent qu’un instant pour réfléchir à la question avant qu’une lame sombre ne les poursuive à travers les ombres. Une lame sans pitié s’enfonça dans le dos d’un condamné et perça son cœur, l’achevant instantanément. Il avait libéré son épée, et une fontaine de sang avait commencé à jaillir, mais il n’y avait toujours pas de son. Il n’y avait pas de son lorsqu’elle avait déchiré le tissu et la peau et pas de son lorsqu’elle avait glissé vers l’extérieur. Les autres ne le remarquèrent que lorsqu’ils entendirent le bruit du sang et le bruit sourd de leur compagnon heurtant le sol.
« Sort ! Montre-toi ! »
Les condamnés survivants étaient secoués. Ils agitaient leurs armes dans l’air pour repousser les ténèbres, mais le monstre dans l’ombre ne leur laissait pas de place pour respirer. La lame noire se déplaçait à nouveau, et d’autres vies étaient perdues. Bientôt, il n’en resta plus qu’une.
« Un fantôme ! Il y a des fantômes ici ! »
Ses compagnons étaient morts sans bruit les uns après les autres, en l’espace de quelques secondes. Quelle que soit l’arme terrifiante, les autres ne l’avaient pas entendue passer, même lorsqu’elle était enfouie dans leur corps.
Le dernier n’avait fait que quelques pas avant que l’ombre ne vienne le chercher. L’acier froid pressé contre sa gorge, la lame était apparue soudainement et sans bruit devant lui. Il était devenu aussi raide qu’une planche.
« Où est Majjhima ? »
« Ils sont devant. J’ai répondu à ta question, épargne… »
Le condamné s’écroula sur le sol, les yeux écarquillés et béants dans l’obscurité des tunnels.
Il avait doucement agité carnage silencieux dans l’air. Elle était effroyablement tranchante, se dit-il. Il l’avait à peine sentie quand il avait tué ces prisonniers. Ces hommes étaient condamnés dès qu’ils avaient décidé de l’attaquer.