Le Chevalier des Elfes
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Arthur le fort était assez tenté d’arrêter son nettoyage afin de découvrir la nature du bruit l’intrigant. Mais il connaissait suffisamment le tempérament de son maître pour savoir qu’en agissant ainsi il mettrait en colère Merlin. Alors il se força à continuer, deux minutes plus tard il décela des sons de lutte. Cette fois il décida de ne pas suivre les instructions et de se précipiter dehors à l’extérieur du manoir, et il resta bouche bée devant le spectacle qui s’offrait à lui au sein du jardin.

Il voyait un dragon, une créature de légende, qui émettait une aura de puissance franchement développée. En regardant un peu mieux Arthur remarqua aussi que Merlin gisait sur le sol avec des vêtements déchirés, signe d’une âpre lutte. Le dragon était en train de soigner avec un sort de guérison, les trous dans ses ailes. Arthur le vampire fut très tenté de prendre les jambes à son cou, mais il voyait que son maître Merlin l’exigeant était dans une situation problématique. Il avait l’air vivant, et ne semblait pas souffrir de blessure grave à première vue. Néanmoins il y avait une expression de détresse sur son visage, et il subissait ce qui ressemblait à une paralysie surnaturelle, un sort d’immobilisation.

De plus le fort se dit que s’il vainquait la créature et sauvait l’exigeant, il ferait d’une pierre deux coups. Arthur réaliserait un exploit qui serait chanté par les bardes pendant des années voire des décennies, et il pourrait espérer une amélioration sensible de la façon dont Merlin le traitait. Le fort savait que les dragons étaient très résistants, ainsi ils pouvaient encaisser sans broncher un tir de catapulte sur la tête. Mais ils avaient aussi quelques points faibles, par exemple en haut du talon leurs écailles étaient beaucoup plus tendres, une épée de bonne qualité pouvait les lacérer.

Arthur pénétra dans le laboratoire d’études des toxines de l’exigeant, et enduisit son épée préférée avec un poison anti-dragon foudroyant. Puis il s’approcha le plus silencieusement possible de la créature. Le fort décida d’accélérer, il lui restait encore quelques centaines de mètres à parcourir, et les ailes du dragon semblaient presque complètement régénérées. Arthur se disait que s’il ne se dépêchait pas, Merlin risquait d’être emporté par la créature vers une destination inconnue. Malheureusement en se hâtant le fort heurta un caillou, résultat il alarma le dragon. La créature se retourna vers le vampire, et le regarda d’un air amusé.

La peur d’être brûlé vif par le souffle de feu du dragon causait différentes émotions chez le fort. Sa partie héroïque l’invitait à charger de façon impétueuse sur la créature, de se moquer de la stratégie. Toutefois sa tendance sombre l’incitait à négocier, à faire un marché. Après tout si le dragon réservait un traitement funeste à Merlin, ce serait très bête de ne pas en profiter, de perdre une superbe occasion de se débarrasser d’une personne vue comme un vieux bougon arrogant, sans avoir à se salir les mains. Et il y avait peut-être même d’excellentes choses à gagner en coopérant avec la créature, comme la possibilité de se lier de façon positive avec elle, et de pouvoir profiter un jour d’un don de sang de dragon.

Arthur entendit divers récits et histoires sur les propriétés du sang de dragon. D’après la majorité d’entre eux ce type de liquide conférait d’excellents avantages, notamment un renforcement considérable et permanent des talents physiques et des aptitudes magiques. Donc il serait judicieux au nom du profit de ne pas chercher de noises à la créature, de se montrer gentil et déférent à son égard afin de profiter plus tard de faveurs de sa part.

Et puis trahir Merlin sans le secourir pourrait être un excellent moyen d’acquérir un savoir magique exceptionnel pour les royaumes elfes. Le vampire reconnaissait beaucoup apprendre sous la férule de son maître. Mais il savait aussi que l’exigeant n’enseignait pas ses meilleurs sorts. Toutefois si Merlin connaissait un destin funeste, il ne pourrait plus garder pour lui certains enchantements, ce qui conférerait un avantage stratégique aux armées elfes, permettraient la diffusion à grande échelle de sorts redoutables. Les pouvoirs de fertilité agricole de Merlin permettraient aux elfes d’avoir un ravitaillement suffisant pour lancer des opérations défensives ou de riposte sur les territoires humains même en plein hiver.

Bien sûr l’exigeant connaissait aussi des sorts de mort et de destruction très spectaculaires, cependant il s’agissait de pouvoirs interdits sur un champ de bataille d’après les lois elfiques. Merlin ne répugnait pas à aider les rois elfes avec sa magie de temps à autre, mais il monnayait ses services un prix très élevé. Il était loin de travailler pour un prix modique, chacune de ses interventions obligeaient à réduire le nombre de soldats ou la qualité du matériel employé.

De plus l’exigeant avait été formel, il consignait chacune des formules de ses sorts dans des grimoires. Donc sa mort ne signifierait pas la disparition de son savoir surnaturel. Par conséquent faire cadeau aux armées elfes de l’héritage magique de Merlin était une occasion formidable pour Arthur de se créer une promotion chez les militaires. D’ailleurs le vampire ressentait un immense plaisir à l’idée de jouer un tour de cochon à son maître en le laissant se débrouiller seul face au dragon.

Néanmoins le fort possédait encore assez de sens de l’honneur pour tenter d’intercéder le cas de Merlin. Il avait l’impression de commettre une belle bêtise, de se priver de la perspective de gains superbes. Mais il n’était pas encore assez impitoyable pour condamner l’exigeant à un destin peu enviable. Alors il surmonta sa frayeur, et avança de manière résolue.

Véruza le dragon mâle : Tu es courageux de chercher à m’affronter, mais à ta place je renoncerai à la lutte contre moi.

Arthur : Laissez mon maître en paix, sinon vous en paierez les conséquences, dragon.

Véruza : Que comptes-tu faire ? J’ai neutralisé ton maître qui est beaucoup plus fort que toi.

Arthur : Peut-être mais vous me semblez très épuisé, j’ai une chance de vous vaincre, si j’y vais à fond. Par le paralysus soyez immobilisé.

Malheureusement Véruza le dragon conserva toute sa capacité de mouvement, le sort employé contre lui ne marcha pas du tout, la créature se déplaça tout de suite de quelques pas une fois l’incantation magique d’Arthur terminée.

Véruza : Ton sort était d’un bon niveau, mais tu es loin d’être une menace pour moi. Je te conseille de laisser tomber, je n’ai pas envie de te tuer.

Arthur : Pourquoi en voulez-vous à mon maître ? Il est un ami des dragons.

Véruza : Je le croyais aussi, mais il a commis plusieurs actes de traîtrise à l’égard de ceux de ma race.

Arthur : Vous pouvez détailler s’il vous plaît ? Il doit s’agir d’un malentendu.

Véruza : Je n’ai pas le désir de m’étendre sur le sujet, il est temps que je parte, adieu apprenti-magicien. Quoique.

Merlin faillit jeter un regard implorant à Arthur et l’appeler à l’aide, mais il avait trop de fierté pour concrétiser cette action. Il pensait que ce serait illogique que lui le maître sollicite l’appui d’un élève pour régler un problème. Peu importe le niveau de compétences de la personne lui servant de disciple, ce serait bizarre que lui Merlin s’appuie sur quelqu’un avec un statut très inférieur au sien dans le domaine de la magie.

Il faillit ajouter à l’intention du vampire de ne pas chercher à le sauver car il craignait que son apprenti connaisse un destin funeste en tentant de l’épauler. Si lui Merlin était face à un complot trop bien conçu pour être contrecarré, il ne faisait aucun doute dans son esprit qu’Arthur n’était absolument pas de taille pour résoudre la conspiration.

Cependant la partie raisonnable de Merlin lui souffla qu’il n’avait pas de meilleure opportunité que son élève. S’il se privait du seul témoin amical de son arrestation, il serait sans doute confronté à une procédure de sauvetage nettement plus épineuse.

Si personne n’avertissait les autorités elfes dans un délai raisonnable, Merlin estimait que son sort pourrait être définitivement fixé de manière funeste. Alors finalement il trouva la force intérieure de ne pas chercher à lancer une interdiction d’intervenir afin de le sauver.

Puis il songea qu’il faudrait peut-être qu’il distribue un ou deux conseils dans le but d’orienter Arthur, comme par exemple l’identité du dragon. Mais il n’arriva pas à prononcer un seul mot, il se rappela que son ennemi ailé avait lancé un sort pour l’empêcher de parler. Il se retrouvait donc dans la totale incapacité à promulguer des suggestions utiles. Ce constat énerva profondément Merlin qui eut envie de taper du poing sur les écailles du dragon.

Toutefois il se retint d’aller jusqu’au bout, il risquait une fracture des os de la main, s’il tapait sur une structure aussi solide qu’un blindage. Merlin fut à deux doigts de faire des gestes de la main pour demander une faveur au dragon. Ce dernier attendait un peu, car il n’avait aucun grief contre Arthur. Donc il était prêt à patienter un peu si Merlin voulait transmettre un message au vampire.

Il restait comme moyen de communication le code secret des mages, un véritable langage avec plusieurs milliers de significations, exécutables en bougeant les mains de diverses façons. Toutefois il nécessitait pour les phrases complexes d’avoir deux mains de libre, or Merlin avait un bras entravé par son ennemi. Il restait encore l’option avec une seule main d’user de termes comme s’il vous plaît, pour solliciter le droit à recourir à tout le code. Problème Merlin ne voulait vraiment pas se montre poli avec le dragon. Ainsi par fierté il se priva de moyens d’avertir d’Arthur.

Véruza emporta Merlin en le tenant délicatement dans une de ses pattes, il s’envola malgré les efforts du vampire. Le fort ne chercha pas à insister pour défendre son maître, voyant qu’il n’était absolument pas de taille dans un duel de magie contre le dragon. Il n’abandonnait pas, mais il était conscient qu’il avait besoin d’informations. Aussi il se mit à chercher des renseignements sur le dragon de couleur rouge, qu’il avait croisé. Il bénéficiait d’un indice pour ses recherches, la créature avait un énorme tatouage en forme de couronne jaune sur le front.

Les chances de survie de Merlin l’exigeant s’amenuisaient au fur et à mesure qu’Arthur poursuivait ses recherches. En effet il s’avérait que Véruza le dragon rouge était non seulement le plus puissant de sa race, mais qu’il avait une solide garde rapprochée composée de dix semblables, de cinquante vampires, mille elfes et deux mille nains. De plus même avec l’aide d’une puissante magie il semblait impossible de libérer l’exigeant. Véruza habitait dans une forteresse où les intrus avaient un mal fou à user de sorts.

Après la bibliothèque, le fort décida de chercher dans la chambre de Merlin, il savait qu’il prenait des risques, mais il se disait que cela pouvait en valoir la peine. Malheureusement à peine Arthur était entré dans la chambre, qu’une statue de deux mètres de haut représentant un elfe masculin nu se mit à essayer de le tuer avec une longue épée. Les réflexes et la force de la sculpture s’avéraient impressionnants, le fort fut contraint de battre en retraite. Il trouva un imposant marteau de guerre en métal et engagea la lutte contre la statue.

Malgré les efforts d’Arthur, l’œuvre d’art semblait indestructible, elle était animée par de puissants enchantements. Le fort la frappa de toutes ses forces plus de cinquante fois, pourtant la sculpture n’avait pas la moindre éraflure. Arthur décida de changer de tactique et de s’enfuir vers une forêt abritant surtout des chênes. La statue le suivait, elle ne perdait pas son adversaire de vue que parce que le fort le voulait bien. Au bout d’un moment la sculpture n’aperçut plus son ennemi, Arthur accéléra pour courir plus vite qu’un cheval, et se mit à tendre une embuscade en se planquant derrière un gros rocher de couleur grise au sommet d’une colline. La statue avait de la force mais ne semblait pouvoir compter que sur une vue et une ouïe un peu déficiente. Le fort remarqua qu’elle se fit charger par un sanglier et qu’elle réagit trop tard.

Alors il en profita pour s’approcher furtivement, et concevoir un plan néfaste pour son ennemie. Soudainement la sculpture eut l’air de bouger la tête, Arthur décida de se planquer en urgence derrière un arbre. Mais c’était une fausse alerte, il n’était pas détecté, la statue ne faisait que réagir à cause de la présence d’une mouche insistante.

Le fort se déplaça suffisamment pour être presque à portée de main de son adversaire, puis il souleva la sculpture et la jeta en avant. La statue fronça les sourcils et se mit à exprimer ce qui ressemblait à de la colère. Elle atterrit sur un sol mou, très mou, plus elle bougeait plus elle s’enfonçait dans les sables mouvants.

Après s’être débarrassé de la sculpture faisant office de gardien, le fort retourna dans la chambre, mais il ne décela pas d’indices probants à l’intérieur. Par contre il eut un sourire en découvrant le doudou de Merlin, une poupée de chiffon.

Arthur en désespoir de cause décida d’informer le général Lancelot, des événements sombres qui s’étaient passés chez Merlin. Il avait besoin d’un plan très solide pour espérer sauver l’exigeant. Mais il souffrait d’un manque d’informations cruciales pour arriver à concevoir quelque chose de valable.

Il se trouvait que Lancelot était un elfe proche de certains dragons, il rendit au cours de sa carrière de grands services à quelques-unes de ces créatures. Bien sûr le fort ne se faisait pas d’illusion, le général ne suffirait pas pour obtenir la libération de Merlin. Toutefois il disposait sans doute de renseignements essentiels pour augmenter les chances de survie de l’exigeant.

La partie sombre d’Arthur trouvait franchement risibles les efforts tentés pour sauver Merlin, elle invitait le fort à laisser tomber, à chercher un nouveau maître en matière de magie. Elle voyait comme une perte de temps monumental le désir d’Arthur de préserver la vie et la liberté de l’exigeant.

Elle était d’ailleurs prête à parier que Merlin ne témoignerait pas beaucoup de reconnaissance, même en cas de sauvetage réussi. Cependant le fort s’obstina à persévérer, car il jugeait que si Merlin était trop malmené par les dragons, cela pourrait avoir des conséquences néfastes pour les elfes.

L’exigeant était une figure pour de nombreux mages, sa mort ou son emprisonnement pourrait susciter un vaste mouvement d’hostilité contre les dragons. Résultat dans le futur nouer une alliance entre ces créatures et les royaumes elfes deviendrait une affaire particulièrement délicate. Les efforts de certains diplomates elfes pour se rapprocher des dragons tourneraient en échec assuré.

Lancelot le général était dans sa tente en train d’ajouter une grosse hache à sa collection, quand il reçut la visite d’Arthur.

Lancelot : Qu’est-ce qui me vaut le plaisir de ta venue Arthur ?

Arthur : De mauvaises nouvelles, j’ai vu mon maître être capturé par Véruza, le chef des dragons, qui accuse Merlin de félonie.

Lancelot : Diable cela constitue un casus belli, une déclaration de guerre à l’égard des elfes. Si la nouvelle se répand, des centaines de mages elfes vont se mettre à affronter les dragons.

Arthur : Justement pour éviter un conflit meurtrier, j’aurais besoin que vous m’épauliez, en m’accordant des moyens afin de prouver l’innocence de Merlin.

Lancelot : Je crois qu’il est trop tard pour enquêter, Véruza en s’en prenant à Merlin a commis un acte sans retour. Merlin est un vieux bougon mais il est aussi une icône pour les mages elfes.

Arthur : Si une guerre éclate entre les dragons et les elfes, les conséquences seront dramatiques pour les royaumes elfiques, je vous demande juste un peu de temps, accordez moi un mois.

Lancelot : Je ne peux te donner que deux semaines tout au plus. Si je fais trop traîner les choses, ma carrière sera brisée.

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