Le Chevalier des Elfes
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L’écriture de Merlin n’était pas la plus lisible du monde, au contraire elle était même franchement difficile à déchiffrer. Mais cela ne dérangeait pas outre mesure Arthur, il avait l’habitude des langues complexes, avec des renseignements compliqués à comprendre. En effet sa passion pour l’histoire le poussa à se pencher sur des œuvres écrites par des professeurs intéressants, mais par moment avec une écriture dure à décrypter. Aussi il s’acquitta plutôt bien de ses obligations de classer des bocaux contenant des herbes séchées. Quand vint le soir Merlin examina les résultats du rangement.

Merlin : Tu n’es pas tout à fait nul, il y a peut-être de l’espoir pour toi.

Arthur : Merci seigneur Merlin.

Merlin : Je vais t’apprendre un sort pour faire tomber les cheveux, rendre complètement chauve quelqu’un.

Arthur : Pardon ?

Merlin : Avant de lancer des boules de feu, il faut commencer par du petit. Et l’enchantement de calvitie est utile pour attenter au moral des militaires. Dans la majorité des royaumes humains, un officier complètement chauve est vu comme un mauvais présage par les soldats.

Le ton de Merlin s’avérait très grinçant comme s’il s’adressait à un débile vraiment bête. Alors Arthur eut un nouvel élan d’orgueil de la part de sa partie sanguinaire. Cette dernière lui souffla une nouvelle fois des pensées violentes. Elle lui suggéra que même s’il se montrait exemplaire pendant tout son apprentissage, il ne connaîtrait que des secrets magiques mineurs. Qu’il ne parviendrait à atteindre le sommet en matière de savoir mystique que s’il s’adonnait à un meurtre sur son maître.

Elle joua cette fois sur la carte de l’altruisme, elle émettait l’idée que les elfes auraient beaucoup à gagner si certaines arcanes surnaturelles majeures de Merlin étaient diffusées gratuitement. Elle stipula que le mentor était une personne qui tenait vraiment à conserver le maximum de secrets. Qu’il était une sorte d’avare de l’information. Quand bien même Arthur se débrouillerait magistralement, travaillerait comme l’élève le plus performant du maître, il ne récolterait qu’un savoir parcellaire. Donc il était normal d’assassiner Merlin pour diffuser à grande échelle ses connaissances, et surtout sauver un maximum d’elfes. Elle présentait le mentor comme un être haïssable qui ne méritait aucune pitié. Il n’aimait réellement que la gloire et l’or, par conséquent il valait encore moins que de la boue toxique. Le tuer serait débarrasser les elfes d’un individu méprisable.

Merlin savait très bien que ses semblables livraient des guerres difficiles contre des menaces variées, plusieurs rois humains mais aussi les forces de la destruction. Pourtant il se complaisait dans l’accumulation de biens magiques, selon la tendance sanguinaire. Il avait une grande collection d’artefacts mystiques, qui ne servaient absolument pas dans la lutte pour la survie des elfes mais uniquement pour son profit personnel.

Arthur avait du mal à contrecarrer sa soif de sang. Il ne travaillait que depuis peu pour son maître, toutefois il faisait face à un élan préoccupant de haine. Il admettait que le palmarès mystique de son maître était impressionnant, toutefois le vampire subissait quand même une envie mémorable de lui ôter la vie ou du moins de lui donner des coups. Il sentait qu’il faudrait faire un compromis sinon il n’arriverait pas à empêcher une tragédie funeste.

Il y avait aussi une raison qui expliquait l’acharnement de la partie violente à intervenir, Merlin avait une manière de s’exprimer et de mépriser les gens qui rappelaient à Arthur le temps où il était un esclave. Il avait l’impression de replonger dans la période difficile et traumatisante où il œuvrait auprès des contremaîtres.

Mais Arthur parvint une nouvelle fois à maîtriser son élan meurtrier, il pensa à l’affection de Lancelot et de Thérésa, et à leur horreur si tous deux apprenaient la nouvelle de l’assassinat de Merlin. Le fait de puiser dans des sentiments positifs comme l’amitié produisit des effets assez apaisants sur l’esprit d’Arthur.

Le vampire bataillait souvent pour garder son calme face à Merlin, mais il vainquait ses crises de violence.

Environ cinq années passèrent selon un quotidien bien établi, Arthur se dévouait à la tâche pour progresser en tant que magicien. Il n’était pratiquement jamais félicité, il obtint en tout et pour tout trois fois de vagues encouragements. Pourtant il se dévouait avec énergie pour rendre la plus agréable possible la vie de Merlin, et il étudiait avec assiduité et dévotion. Toutefois l’exigeant s’avérait peu accommodant et souvent hautain.

Arthur recevait toujours des nouvelles des activités illégales dans laquelle il trempait, ainsi qu’une rémunération. Mais il choisit de déléguer à un elfe de confiance le temps de son apprentissage chez Merlin. Il se contentait d’organiser de façon lointaine ses trafics, de recevoir et d’écrire de temps en temps des lettres et parfois de compter sur la visite d’un subordonné hors-la-loi.

Arthur le fort progressait rapidement sous la férule de Merlin l’exigeant dans son apprentissage de la magie, toutefois il lui était de plus en plus difficile de supporter son maître. En effet l’exigeant était un professeur de qualité, il savait donner envie d’apprendre, il connaissait une quantité impressionnante de sorts, et son niveau de puissance magique était considérable. Cependant d’un autre côté il fallait beaucoup de patience pour supporter Merlin. L’exigeant avait un caractère épouvantable, la moindre remarque franche à son égard déclenchait une punition, quand bien même la critique s’avérait justifiée et polie.

De plus Merlin considérait comme des larbins corvéables à merci ses apprentis. Ainsi Arthur certains jours devait passer dix heures à faire le ménage, la vaisselle, la lessive et d’autres tâches pour l’exigeant. En outre Merlin donnait beaucoup de choses à étudier, en général le temps d’étude était d’au moins huit heures par jour, quand on était un de ses élèves.

Merlin ne félicitait pratiquement jamais ses apprentis, quand un élève se débrouillait bien, l’exigeant se contentait généralement de marmonner. Quand un étudiant avait le malheur de ne pas réussir un exercice, ou réalisait un sort qui ne correspondait pas aux critères de Merlin, dans ce cas l’apprenti était sévèrement réprimandé. Le fort n’avait droit qu’à un jour de repos par mois, et il ne dormait qu’entre cinq et six heures par nuit. Il avait parfois envie de se doper avec une drogue comme l’ombre vive.

Mais il se disait que le résultat même s’il pouvait être temporairement satisfaisant, risquait d’engendrer sur le long terme des conséquences tragiques.

Arthur ressentait aussi des envies de meurtre à l’égard de l’exigeant, et il avait plusieurs fois rêvé qu’il mettait le feu à la bibliothèque de Merlin. Il aimait pourtant les livres, et en temps normal il était plutôt un protecteur des trésors littéraires plutôt qu’une personne souhaitant en détruire.

Problème l’exigeant mettait par moment dans un état proche de la fureur le fort. Il l’incitait à se comporter de façon dévastatrice. D’ailleurs la partie sombre d’Arthur était progressivement renforcée par sa cohabitation avec Merlin. Elle se nourrissait de sa rancœur et de sa colère pour le pousser à commettre des actions répréhensibles, du type tuer l’exigeant ou au moins l’atteindre de façon à générer chez lui un profond désespoir.

Or les livres de Merlin comptaient souvent énormément pour lui. Il s’agissait de trésors qu’il chérissait particulièrement pour deux raisons, parce que ses grimoires recelaient des connaissances très utiles, et aussi parce qu’ils contribuaient à la grandeur des royaumes elfes. Les sorts et les autres arcanes surnaturels de la bibliothèque contribuèrent à sauver les elfes à diverses reprises. Ils apportèrent des éléments magiques qui renversèrent des situations à priori désespérées pour les elfes. Néanmoins l’appétit de revanche d’Arthur commençait à le consumer lentement, à lui faire perdre son sens commun. Encore quelques mois de vexation, et le fort risquait d’entamer un bûcher sur des grimoires. Il reconnaissait que ce serait un vrai gâchis de détruire des trésors littéraires pour un motif de vengeance, mais il éprouvait un ressentiment qui étouffait petit à petit son bon sens.

Ce qui dérangeait le plus le fort, était l’obligation de se comporter souvent comme une carpette vis-à-vis de Merlin. Il avait été contraint plusieurs fois de s’incliner respectueusement pour présenter des excuses, alors qu’il n’était pas fautif. Arthur avait du mal à accepter l’autorité de quelqu’un qu’il ne respectait pas. Or son sentiment dominant à l’égard de l’exigeant était une profonde antipathie.

Actuellement Merlin s’avérait en train d’inspecter la pièce dévolue aux repas qu’il prenait avec Arthur. Il s’agissait d’un endroit avec une table imposante capable d’accueillir une vingtaine de convives, et des chaises en bois. Ce lieu était rempli d’armoires avec des casseroles, des couverts et d’autres ustensiles faits en divers métaux, du fer à l’argent. Pour l’instant l’exigeant vérifiait en présence d’Arthur le travail de traque de la saleté opéré sur le sol.

Merlin : Arthur je trouve que tu n’as pas assez bien nettoyé le sol de la salle à manger, je t’ordonne de recommencer.

Arthur : J’ai passé plus de trois heures à récurer le sol dans cette partie de la maison, même s’il n’est pas totalement impeccable, je le trouve très propre.

Merlin : Nous sommes dans ma maison, donc c’est à moi de décider quand le sol est suffisamment nettoyé.

Arthur : Pfff très bien je recommencerai demain à récurer.

Merlin : Non je veux que tu t’y mettes tout de suite, nous sommes en été, le soleil ne se couche que dans quatre heures, tu peux donc nettoyer le sol sans allumer de bougie.

Arthur : J’ai autre chose à faire, je dois étudier pour apprendre le sort de paralysie que vous m’avez enseigné.

Merlin : Je m’en fiche, laves d’abord le sol. De plus si tu n’exécutes pas d’ici demain parfaitement le sort de paralysie, tu seras privé d’un repas.

Arthur (pense) : Heureusement que l’enseignement de Merlin est efficace, et que je progresse bien grâce à mon maître, sinon il y aura belle lurette que j’aurais abandonné.

Soudain Arthur décela un son angoissant, indicateur de l’arrivée d’une bête de grosse masse qui voyageait par la voie des airs.

Arthur (pense) : Mais que se passe t-il ? J’entends un bruit d’ailes qui bougent.

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