Le lieu de rendez-vous était le même qu’avant.
Même les sièges choisis n’avaient pas beaucoup changé.
Valkries entra dans le café et remarqua immédiatement Roland assis près des fenêtres. Il semblait que la ville humaine florissante était formée tel une extension sous lui, comme son ombre. Cette vue lui donnait l’illusion qu’il était divin et inabordable.
Valkries secoua la tête et laissa ses pensées derrière elle.
«Je suis là. »
Elle s’assit en face de Roland.
«Que voulez-vous manger? » demanda le Roi cependant Valkries secoua rapidement la tête
Roland attira quand même l’attention du serveur. «Si c’est le cas, alors nous aurons un peu de tout. »
Du café et des pâtisseries furent servis rapidement. Valkries ne manifesta aucun signe de rejet et prit aussitôt un petit morceau de gâteau qu’elle mit dans sa bouche. Elle goûta soigneusement la douceur et la texture du gâteau, comme si cette réunion n’était pas une négociation entre ennemis, mais simplement un goûter entre amis.
«Il y a quelque chose de différent chez vous», commença Roland en la regardant.
«J’y ai pensé: manger et parler en même temps n’est pas si mal finalement. » répondit Valkries avec désinvolture. Elle avait été trop passive lors de leur première rencontre et avait été pratiquement menée par le nez. Elle se disait que cela ne se reproduirait plus. Elle pouvait très bien imaginer le regard heureux sur son visage à chaque fois qu’il envoyait les messages texte, mais elle l’avait enduré assez longtemps et ne pouvait pas le laisser continuer.
«Très bien. » Roland sourit. «Vous m’avez enfin répondu, alors êtes-vous parvenue à une décision? »
Valkries hocha la tête.
«Quelle est votre réponse? »
«Je refuse. »
Elle vit un soupçon de surprise et d’étonnement sur le visage de Roland. Il semblait qu’il ne s’attendait pas à un refus aussi direct et son expression calme et désinvolte finit par craquer. L’atmosphère entre les deux se refroidit instantanément. Figé dans la même position, la tasse à la main, Roland prit un bon moment avant de la porter à sa bouche, froncer les sourcils puis continuer .
«… Quelle est la raison de votre refus? »
«Les cinquante pour cent de chance de gagner me semblent suffisants. Comparé à une nouvelle évolution, l’armée en première ligne n’est rien. Nous ne pouvons éviter des pertes afin d’éviter notre éradication. Mais pour être honnête, vous m’avez presque convaincue. » Valkries prit une autre pâtisserie et la mit dans sa bouche puis finit par: «C’est dommage… tout ce que vous avez dit avait l’apparence de la vérité. »
«Je vous dis la vérité! » répondit le Roi brusquement. C’était la première fois que son ton changeait.
« je suis cepandant incapable de vérifier votre vérité. »
«…» Roland se tut soudainement.
«Vous le savez aussi, n’est-ce pas? Je suis coincée dans ce monde et toutes les informations concernant le monde extérieur viennent de vous. Que ce soit la retraite de la ligne de front ou la soi-disant ‘Gloire du Soleil’. Je ne peux même pas vérifier ces informations, donc je ne peux pas prendre une décision basée sur ces informations. »
«Je pensais que vous seriez plus maligne que cela. Après être restée dans ce monde et avoir pu juger le potentiel de guerre des humains à travers les documents historiques, vous ne pouvez douter du résultat… »
«Le potentiel ne représente pas la force», rétorqua Valkries. «C’est vrai, l’humanité a fait preuve d’une grande puissance. Autrement, Ursrook ne vous aurait jamais vu comme des égaux! Mais la majorité de nos forces sont rassemblées au front contre le royaume Ciel-Mer. Si quelqu’un comprend que nous devons abandonner un front, l’humanité ne pourra peut-être pas résister à la pleine puissance de ma race! »
Elle marqua une pause. «Après avoir regardé vos livres d’histoire, j’ai réalisé que l’amélioration que l’humanité a obtenue n’est pas celle d’une civilisation. Je ne peux pas porter de jugement, donc vous n’avez plus besoin de m’envoyer de vos nouvelles à partir de maintenant. »
Roland voulut dire quelque chose, mais retint ses mots au dernier moment.
Valkries regarda par la fenêtre et aperçut la glorieuse cité humaine. On pouvait même dire que cette réunion était une opportunité pour elle d’exprimer son ressentiment et finalement de faire disparaître le sourire de l’autre et de le remplacer par une expression déçue.
Mais elle ne sentit pas la joie qu’elle s’était attendue. La menace venant de Dieu existait toujours et l’avertissement d’Heathtalese n’avait pas été résolu. Si Roland avait raison, rejeter sa proposition n’était pas la meilleure solution.
Mais elle était incapable de prendre la décision d’aller à l’encontre de sa race juste sur la base d’informations qu’elle ne pouvait vérifier. Cela pourrait être considéré comme encore plus négligent. En comparant le tout, elle considérait avoir pris la bonne décision.
Même si sa décision était très dangereuse.
Valkries avala la dernière tranche de gâteau et feignit un état de détente. «Merci pour votre hospitalité, ce goût me manquera à l’avenir. »
«Si vous le souhaitez, nous pouvons organiser une autre rencontre plus tard. » Roland secoua la tête. «Vous n’avez pas à donner l’impression que c’est le dernier dîner. »
«…» Valkries était surprise, elle avait pensé à toutes les réactions possibles de la déception de Roland : du ressentiment et de l’hostilité, du dédain ou du sarcasme. Mais elle n’avait pas prévu cette invitation. Comme elle avait décliné la proposition, il n’aurait pas été surprenant que Roland recherche une opportunité pour la tuer. Après tout, elle était toujours un seigneur principal et faisait partie de la race qui était le plus grand ennemi de l’humanité.
«Je vais vous quitter. » dit Roland après une profonde inspiration puis il se leva et se dirigea vers la sortie du café. «Je vais continuer à vous envoyer des nouvelles. Même si vous n’y croyez pas, ces nouvelles sont la vérité. »
Ce type… avait-t-il même entendu ce qu’elle avait dit?
Valkries ne put s’empêcher de demander: «Quels sont vos plans maintenant? »
«Mes plans? » Sans même tourner la tête, il répondit: «Mes plans n’ont jamais changé: découvrir les secrets de l’Origine de la Magie et mettre fin à la Bataille de la Divine Volonté, peu importe ce que vous choisissez de faire. »
Est-il encore en train de faire semblant?
La scène de leur précédente réunion apparut dans l’esprit de Valkries, alors que Roland lui avait posée une dernière question.
« Pensez-vous que transformateur, il y a mille ans, se soit trompée? »
…
«Que pensez-vous de l’Association Martial? » Demanda Fei Yuhan.
Après avoir franchi une bretelle d’autoroute, elles montèrent sur un pont. Il n’y avait que quelques véhicules sur le pont et la rivière sous eux semblait s’étendre à l’infini.
Ce pont était la ligne de démarcation entre la ville et la banlieue. Elles devaient traverser le pont pour se rendre du Sanatorium Le Pré Vert aux appartements.
«Hmmm… Ce n’est pas ce que je pensais. » répondit Cléo qui semblait être plus intéressée par l’intérieur du véhicule que par la vue extérieure. Elle pinçait les sièges moelleux de la voiture ou jouait avec le volume de la radio. Ses yeux rubis se déplaçaient sans cesse d’un côté à l’autre.
«Oh, à quoi pensiez-vous que l’Association ressemblerait? »
«Plus… plus mystérieux, et pas comme un hôtel juste à côté de la route», répondit honnêtement Cléo.
«La base de Prism City correspond exactement à ce que vous avez décrit, mais il y a eu des problèmes récemment, c’est pourquoi nous avons temporairement déménagé ici. » dit Fei Yuhan en gloussant. Devant la jeune fille, elle n’avait pas à faire semblant d’être indifférente et à maintenir sa distance. «Ma prochaine question porte sur un sujet différent, à propos de votre expérience personnelle lors de votre précédente visite du parc. Comme vous avez demandé à maîtriser la Force de la nature, vous devrez rester au sanatorium un long moment. Si vous avez des demandes concernant votre style de vie, n’hésitez pas à demander à votre Maître. »
«D’accord et est-ce que oncle Roland travaille aussi ici? »
«Oui, mais il n’a peut-être pas le temps de vous accompagner tous les jours. »
«Je le sais», dit Cléo en faisant la moue. «Il a beaucoup de sœurs à prendre en charge, il travaille constamment tard le soir sans s’arrêter. »
La voiture bondit brusquement en avant.
Fei Yuhan rétracta rapidement son pied droit qui avait appuyé sur la mauvaise pédale et se comporta comme si de rien n’était. Cependant elle toussa deux fois à cause de cette nouvelle choquante! En dépit de ses soupçons que ces filles incroyablement belles pourraient appartenir à un autre monde, elle s’aperçut soudain qu’elle avait peut-être négligé de se renseigner sur elles. Après tout, c’était elles qui l’appelaient “Sa Majesté”!
C’est vrai, en tant que roi, avoir un harem n’était pas incompréhensible. Elle fit une autre supposition. Était-ce à cause de leur relation étroite avec le créateur du monde, Roland, qu’elles avaient la capacité d’entrer dans ce monde?
Prendre l’initiative d’accepter Cléo comme disciple avait été le bon choix. Elle croyait qu’avec Valkries et Cléo, elle découvrirait lentement les secrets de l’autre monde.
Attendez… en pensant ainsi, si je veux visiter la ‘réalité’, est-ce que je vais devoir…
«Maître, Maître… Vous allez bien? »
Cléo dut se répéter plusieurs fois avant de faire sortir Fei Yuhan de ses pensées. «Non, ce n’est rien, veuillez continuer. »
«C’est pourquoi j’ai choisi d’être un artiste martial! En agissant ainsi j’aurai plus de temps pour voir Oncle Roland. » Cléo conclut «Alors peu importe la nature de l’Association Martialiste, je vais persévérer! »
Fei Yuhan se mit à rire malgré elle.
C’était vraiment une raison naïve.
Elle était naïve, mais persévérante.
Fei Yuhan pensait au départ que la jeune fille aurait besoin de beaucoup de temps pour s’adapter après avoir quitté sa demeure familière, mais elle réalisa qu’elle avait trop réfléchi.
Elle est beaucoup plus mature que je ne le pensais.
«Détendez-vous, le transfert et l’inscription prendront au moins une semaine de plus. L’Association autorise aussi des vacances. Vous ne devez pas penser que l’association est contraignante. Quand nous reviendrons, assurez-vous de dire au revoir à vos amis. » Soudain, elle remarqua quelque chose de particulier sur la route.
Un camion de marchandises sur la voie opposée se pencha soudainement à sa gauche, entra en collision avec la cloison au milieu et se renversa.
Elle appuya instantanément sur les freins et tourna vers la droite.
Mais dans la seconde qui suivit, le camion géant frappa la cloison de droite, formant un grand mur. La route fut instantanément bloquée et les véhicules qui suivaient s’écrasèrent dessus et furent en même temps emboutis par les véhicules qui suivaient, ce qui les mit en pièces. Il était impossible pour les survivants de s’échapper.
Tout se passa si vite, que personne ne put réagir.
Après le grand bruit, le véhicule de Fei Yuhan entra en collision avec le carambolage!
Le véhicule étant brusquement tourné vers la droite fit que le corps de la voiture fut projeté à l’horizontale et l’impact violent déchira instantanément le véhicule tandis que les airbags éclataient.