– « Maître de Secte, je vais terminer les derniers préparatifs. Après avoir lancé la seconde phase du plan, la Secte du Sabre Lunaire devra rester discrète pendant un certain temps. Après tout, nous ne pouvons affronter le Clan Su directement… Nous allons devoir temporairement quitter les lieux, et abandonner un patrimoine vieux de plusieurs siècles, » affirma le Jeune Maître Hai.
– « Le passé est mort, seul le présent compte. Qu’importe si nous partons quelques temps! » Le Tyran des Mille soldats éclata de rire. « Et puis… Une fois que cette histoire se sera tassée, nous pourrons faire notre grand retour! Bien, je laisse le reste entre vos mains. »
Des bâtiments n’étaient pas aussi importants que de soigner ses blessures dues à la tribulation céleste.
Le Jeune Maître Hai hocha légèrement la tête et quitta le hall principal de la Secte du Sabre Lunaire.
La pointe étrangement enjouée de son regard disparut alors. Un gentilhomme élégant, voilà tout ce que virent les membres de la secte qui le croisèrent.
Une pratiquante l’aperçut de loin et se précipita vers lui. Elle rougit en s’arrêtant à ses côtés. « Doyen Hai, tous les disciples ont déjà terminé les préparatifs. Tout ce que nous pouvons emporter a été mis de côté. Le reste a été dissimulé dans les profondeurs de la zone de stockage secrète. »
– « Excellent. Doyenne Yao Yan, transmettez cet ordre. Tous les disciples doivent se rassembler ici dans une heure. Nous devons absolument partir aujourd’hui pour la Vallée Lan Yuan, et nous y resterons un certain temps, » dit-il d’une voix douce, la main posée sur la longue épée à sa taille.
– « Bien, je m’en occupe, » acquiesça-t-elle.
Bien qu’à contrecœur, elle le laissa pour organiser les troupes selon ces instructions.
Le Jeune Maître Hai se tint à un endroit surélevé, dominant les disciples bien affairés. Ses yeux devinrent à nouveau étrangement rieurs.
Un petit nuage de fumée noire s’agita alors dans sa manche. Un éclat de rire retentit. « Ahah, Doyen Hai, vous êtes vraiment populaire avec la gente féminine. Je pense que cette Doyenne Yao est amoureuse de vous. Si vous le lui demandez, elle pourrait même être disposée à vous sacrifier toute sa cultivation. »
– « Pensez-vous que cela m’intéresse, Monarque Démon Anzhi ? » sourit-il.
Le nuage continua son ricanement maléfique. Cette voix était suffisamment basse pour que seul le bel homme l’entendit.
– « Monarque Démon, j’ai besoin de votre aide, » murmura-t-il. « Votre vrai corps est déjà dans la région de Jiangnan, n’est-ce pas ? Pourriez-vous s’il vous plaît m’aider à capturer Seize du Clan Su ? »
– « Laissez-moi faire, c’est un jeu d’enfant. »
– « Dans ce cas, je compte sur vous. »
– « Je le fais parce que j’en ai envie. » La fumée dans la manche retrouva son calme.
Le Jeune Maître Hai tendit alors sa main vers le ciel et serra son poing, comme s’il était sur le point de devenir un être immortel et de s’envoler à la conquête des cieux. De nombreuses femmes de la secte sentirent leur coeur battre plus vite. Il était tellement beau!
Tout à coup, une mélodie jouée à la cithare retentit. Elle s’accordait parfaitement à la posture du cultivateur.
Il rétracta tranquillement son bras, mit sa main dans sa robe blanche, et en sortit un iPhone du même modèle que le Maître de Secte. Il décrocha.
Une voix féminine en sortit, froide et dépourvue d’émotion. « Doyen Hai, j’ai trouvé Sept du Clan Su. »
– « Bien. Faites tout votre possible pour le retenir le plus longtemps possible. »
– « Oui, Doyen. Même si je dois mettre ma vie en jeu, je remplirai ma mission, » dit-elle, une pointe de résolution perçant derrière son ton distant.
– « Non… Je veux que vous rentriez en vie. Comparé à cette mission, vous êtes beaucoup plus importante pour moi. Soyez sûre et certaine de pouvoir rentrer saine et sauve. » La voix du Jeune Maître était tellement douce…
– « Oui, Doyen Hai, » chevrota son interlocutrice en raccrochant.
– « Hehehe. » Il rangea son téléphone.
Tout était prêt.
Il ne restait plus qu’à remonter le filet!
❄️❄️❄️
Le temps passait.
Il était déjà 13h30.
Song Shuhang fronça les sourcils. L’Aîné Rivière du Nord avait affirmé que l’Aîné Sept arriverait en dix minutes. Mais où était-il ?
Contrairement à lui, Seize avait l’air plutôt heureuse à espérer qu’il ne viendrait jamais.
Après s’être reposée sur le canapé pendant une demi-heure, elle allait mieux, et son petit visage avait retrouvé des couleurs.
– « Au fait, Shuhang, vous avez dit pouvoir découvrir l’identité de l’assassin ? » Elle le regarda, impatiente.
– « J’ai une piste, et je devrais être capable de remonter jusqu’à son organisation, mais… J’ai encore des choses à faire. Laissons cela à plus tard, d’accord ? » répondit-il.
Sept n’était toujours pas là, mais il ne pouvait plus attendre. Il devait absolument signer sa feuille de présence à l’auto-école à 14h, puis accompagner Zhao Yaya à la gare.
Il se reconnecta au Groupe des Neuf Provinces #1, et envoya un message à l’intention du Cultivateur Solitaire Rivière du Nord.
Message qui resta sans réponse.
– « Qu’est-ce que vous allez faire ? » Elle se leva, et ajouta : « Puisque Sept n’est toujours pas là, commençons par nous en occuper. Après tout, vous pouvez utiliser le chat pour le contacter quand vous voulez! »
– « Pas question. Contentez-vous d’attendre ici que l’Aîné Sept arrive, je peux m’occuper de mes affaires tout seul! » refusa-t-il aussi sec.
Et puis quoi encore ? Si Seize l’accompagnait alors qu’il allait à la rencontre de sa cousine, Dieu seul savait quelle influence cela aurait eu sur sa vie!
❄️❄️❄️
14h.
Song Shuhang signa la feuille de présence avec amertume.
Puis il tourna la tête et jeta un coup d’œil derrière lui.
Dix mètres plus loin, son regard et celui de Seize se croisèrent. Elle se contenta d’un “peuh!” glacial, puis détourna le visage.
Le jeune homme sourit, vaincu.
Qu’aurait-il pu faire ? Elle avait des jambes et elle marchait. Si elle voulait le suivre, il ne pouvait pas l’en empêcher.
❄️❄️❄️
14h17.
Song Shuhang retourna à l’hôpital pour conduire sa cousine à la station ferroviaire.
Il se retourna. Seize était derrière lui, à une dizaine de mètres.
Leurs regards se croisèrent à nouveau. Nouvelle onomatopée d’indifférence, après quoi elle détourna le regard.
Mais qu’est-ce que ça voulait dire ?
À sa grande surprise, Zhao Yaya ne l’inonda pas de questions. Elle le laissa porter deux petits sacs, puis ils partirent vers la gare.
Elle prendrait d’abord le métro, puis un autre train vers 15 heures pour rentrer chez elle.
– « Est-ce que la fille derrière nous est ta petite-amie ? » demanda-t-elle enfin à voix basse.
– « Non, c’est la cadette d’un ami. Je viens juste d’apprendre à la connaître, » répondit-il sur le même volume.
– « Je vois. » Elle hocha la tête, puis replongea dans le silence.
Lorsqu’il arrivèrent à destination, elle posa sa main sur son épaule. « Je ne veux pas savoir pourquoi tu l’as fait sortir de l’hôpital. Mais… elle n’a plus beaucoup de temps à vivre. Si tu as un peu de temps, passe-le avec elle et rends la heureuse. Exauce ses derniers souhaits. Après tout, tu es plutôt doué pour ça. »
– « Eh ? » Il ne sut que dire.
– « J’ai l’impression que vous n’êtes pas parfaitement à l’aise l’un avec l’autre. Fais juste ce qu’elle veut. Après tout, c’est encore une gamine. À son âge, on manque encore de recul, » le conseilla-t-elle, l’air grave.
Elle lui adressa alors un signe de la main et monta dans le train.
Encore une gamine ? À son âge ? Song Shuhang regarda Seize.
Bon… C’était sans doute dû à sa petite silhouette. Il était presque sûr qu’elle était plus âgée que lui.
Mais dans un sens, sa cousine avait raison… La demoiselle n’avait sans doute plus beaucoup de temps devant elle.
Il poussa un soupir, puis acheta deux glaces dans un stand à proximité.
Après quoi, il la rejoignit et lui en tendit une.
– « Est-ce que vous pouvez en manger ? Je veux dire, par rapport à vos blessures ? »
Seize l’accepta sans rien dire et commença à la lécher.
– « Retournons à l’auto-école. Je dois passer l’examen théorique pour le permis de conduire, ce qui devrait prendre moins d’une vingtaine de minutes. Ensuite… nous enquêterons sur l’identité de l’assassin. »
– « Ok. » Elle hocha la tête et le suivit en silence.