– « Aîné, dites-moi ce que je dois faire pour survivre. » Le Maître d’Autel rassembla son courage et l’implora.

– « Prenez l’une des attaques de notre Personne. Bien sûr, nous ne vous attaquerons pas de toutes nos forces. Tant que vous pourrez tenir face à un seul de nos gestes, nous vous laisserons vivre. » Song Shuhang tendit alors un doigt en avant.

Lorsque le sentiment de honte atteignait un point critique, il disparaissait complètement, en même temps que le bon sens, la morale, et les principes.

Après avoir répété autant de fois le nous de majesté, il ne se sentit plus aussi gêné. Au contraire, il en arriva à s’exprimer de plus en plus fluidement.

Le Maître d’Autel était à la fois pâle et sombre. L’attaque de l’Aîné… même s’il y allait doucement, une épée volante pouvait le couper en deux!

Cependant, il n’avait pas d’autre choix.

S’il l’encaissait… La probabilité qu’il y laissât la vie était élevée, mais il avait toujours une faible chance de s’en sortir.

S’il refusait de se prêter au jeu, l’Aîné n’avait besoin que de lui jeter son arme, et sa tête volerait dans l’instant, bonne pour être utilisée comme pot de chambre.

En plus… il avait lui aussi un tour dans sa manche. En tant que cultivateur de fantômes maléfiques, il maîtrisait une étrange technique permettant de goûter à la mort pour résister à une attaque.

Cette dernière idée en tête, le Maître d’Autel serra les dents et dit : « Aîné, est-ce vrai ? »

– « Nous avons une certaine réputation dans le monde de la cultivation, comment pourrions-nous mentir à un cadet tel que vous ? » répondit-il d’un air indifférent en continuant à le regarder comme s’il contemplait une fourmi.

Une certaine réputation. Shuhang ne mentait pas. Un être humain normal avait un nom et inspirait des sentiments aux autres, et ce où qu’il fût.

– « Dans ce cas, Aîné, je m’en remets à votre miséricorde. » L’homme sourit si amèrement que sa détresse se propageait autour de lui.

Secrètement, au plus profond de son être, un fantôme vertueux brisa son sceau et enveloppa silencieusement le corps de son hôte.

Le fantôme vertueux n’était pas un esprit rempli de ressentiment, il ne craignait donc pas les techniques normales de protection du mal.

Bien sûr, la naissance d’un tel être n’était pas chose aisée. En effet, les fantômes apparaissaient souvent en réponse au regret et à la haine. Un fantôme vertueux devait provenir d’une bonne personne, droite du plus profond de son être, et pourtant mourant d’une injustice. L’individu ayant été un vrai saint, il ne se souciait pas d’un tel tort, et avait donc une chance de devenir un fantôme vertueux…

– « Alors, essayez de survivre à cela! » Song Shuhang maintint son expression distante. D’une torsion de ses doigts, il fit apparaître un talisman.

Le Talisman d’Épée offert par le Maître du Palais au Talisman des Sept Vies était utilisé à des fins offensives. Pour l’activer, il suffisait de prononcer le mot “épée”. Une fois cela fait, l’objet se transformerait en une attaque de Qi d’épée du niveau d’un Roi Guerrier, d’un homme au Troisième Rang capable de fendre en deux des montagnes. Un simple pratiquant de Deuxième Rang sans aucune technique de défense spéciale serait gravement blessé, voire en mourrait.

Quand le Maître d’Autel vit le talisman, il grinça tellement des dents qu’il faillit se les déchausser… En tant que cultivateur solitaire extrêmement pauvre, il détestait ces riches tyrans qui jetaient leurs trésors par la fenêtre!

– « En position, cadet. Priez pour votre survie. » Song Shuhang pinça le morceau de papier. Ses manières imposantes ne purent davantage retenir son excitation. « Épée! »

Indistincte, une silhouette apparut derrière lui.

Celle-ci utilisa ses doigts comme une épée, et frappa vers sa cible.

Un rayon acéré sortit de l’intérieur du talisman. Rien d’autre dans le train n’existait plus, comme s’il remplissait l’espace entre le ciel et la terre!

Il déployait toute l’exquise maîtrise d’une technique d’épée!

En un instant, le Maître d’Autel fut oppressé, incapable de bouger d’un pouce.

Même esquiver n’était qu’un souhait irréaliste. Il ne pouvait que rester les bras croisés, regardant l’épée frapper son corps!

L’humiliation ? La haine ? La peur ?

Ses sentiments étaient comme si quelqu’un avait renversé et mélangé en lui toutes sortes d’épices : l’arrière-goût était indescriptible.

La lumière le traversa, mais elle n’émit qu’un léger chuintement à son contact.

Comme du tofu, il fut facilement coupé en deux, et tomba lourdement sur le sol.

Pas une goutte de sang ne coula…

Le moine occidental siffla. C ’est tout ? Un pratiquant du Deuxième Rang est mort aussi simplement ?

Le wagon était plongé dans le silence.

Song Shuhang, cependant, ne baissa pas sa garde, sa main gauche se tenait sur un Talisman d’Armure et son autre main tenait deux Talismans d’Epée. Il fixait le corps du Maître d’Autel, étendu sur le sol.

Son adversaire était un pratiquant actif du temps du Temple de la Lampe Fantôme, cinquante ou soixante ans en arrière. Il devait avoir au moins une ou deux méthodes pour sauver sa vie.

Ainsi, Song Shuhang fit la grimace et dit à voix basse : « Il semble que vous n’êtes pas si mauvais. Puisque vous avez enduré notre courroux, nous allons vous laisser vivre. Debout, et hors de notre vue! Souvenez-vous, n’apparaissez plus jamais devant nous! Jamais! »

Tromper les autres. Voilà bien quelque chose que Song Shuhang connaissait.

Le moine le regarda d’un air absent. Après un coup d’épée aussi terrifiant, ce cultivateur de Deuxième Rang était encore en vie ?

Mais comment ? Après une attaque aussi effrayante!

Le jeune homme ayant terminé de prononcer cette dernière menace, le corps du Maître d’Autel divisé en deux se transforma graduellement en fumée noire, se rassemblant dans les airs.

Son visage d’outre-tombe y apparut, et une profonde entaille sur le front. Au moment critique, sa technique l’avait maintenu en vie, mais le coup d’épée était trop puissant et l’avait blessé.

– « Merci, Aîné, de ne pas m’avoir tué. » Il endura la douleur et ajouta : « Je pars immédiatement. »

Puisque son incroyable adversaire avait déjà découvert qu’il n’était pas mort, il n’avait plus de raison de se cacher.

Il semblait effectivement tenir sa promesse de le laisser vivre. S’il continuait à faire mort et l’offensait, il lui donnerait une raison de frapper à nouveau, et il mordrait vraiment la poussière.

Le Général Fantôme Ku You, également grièvement blessé, flotta vers le Maître d’Autel depuis son dos tout en portant une valise noire.

Celle-ci contenait les affaires de son maître. Certaines choses étaient trop précieuses, il n’avait pas osé les laisser dans le quartier Luo Xin, il les avait donc emportées avec lui.

– « Il est vraiment toujours en vie ? » Le moine n’en revenait pas.

En regardant ce visage terriblement blanc, Song Shuhang soupira dans le secret de son coeur. Il était encore en vie.

Afin de continuer à vivre, il avait tout misé sur cet échange.

S’il avait réellement été un aîné soucieux de sa réputation et fidèle à sa parole, il aurait pu le laisser partir.

Mais malheureusement pour vous, nous ne nous souci ons pas de l’honneur ! Tout ce que nous voulons , c’est votre mort !

Si vous ne mourrez pas, nous ne pourrons manger ou dormir en paix. Vivre nous sera impossible !

Le Maître de l’Autel ramassa la valise noire et se retourna difficilement… Et Song Shuhang frappa à nouveau!

– « Épée! Épée! » Il tenait un talisman dans chaque main, et il les activa en même temps.

Qui savait si son ennemi avait d’autres techniques pour s’en sortir ? Il utilisa donc deux talismans d’un coup! Si les humains avaient plus de mains, il n’aurait pas hésité à vider instantanément tout son stock!

La lumière jaillit à nouveau, et deux épées formèrent une croix qui frappa le corps du Maître d’Autel.

Il n’avait pourtant pas baissé sa garde, mais ce fut inutile.

Les deux traits brillants étaient trop rapides, et une fois verrouillés sur une cible, ils étaient dotés de la capacité d’en sceller les mouvements.

Ainsi, le corps de cet homme fut coupé en quatre parties, qui tombèrent à nouveau violemment sur le sol. Cependant, cette fois-ci, il ne lui restait plus aucun atout dans sa manche.

Un pratiquant du Deuxième Rang était extrêmement robuste. Même en morceaux, il ne passa pas aussitôt de l’autre côté. Ses yeux fixaient Song Shuhang. Dans son cœur, il proféra d’innombrables malédictions. Toutefois, il ne put que siffler sa rancune d’un malheureux mot : « In… fâme! »

Bien qu’il sût que cet Aîné était un utilisateur de poison, et que sa personnalité devait être pervertie, il ne s’attendait pas à ce qu’il fût sans vergogne.

– « Hehe, dites ce que vous voulez. » L’étudiant prit alors un autre papier, un Talisman de Protection du Mal.

Le Maître d’Autel était peut-être vaincu, mais son fantôme rancunier nommé Ku You était encore debout.

Les mauvaises herbes doivent être arrachées par la racine pour éviter tout problème futur!

Si Song Shuhang avait été vraiment seul, il n’aurait pas eu à s’en inquiéter. Mais voilà, tel n’était pas le cas.

– « Libération! » L’ouragan d’énergie fit à nouveau rage, balayant deux cabines.

* Zhh… * gémit le Général Fantôme Ku You. Incroyablement affaibli, il n’eut aucune chance de fuir, et fut directement purifié.

* Dong ~~ * la valise noire tomba à terre.

Juste avant sa mort, le corps du Maître d’Autel subit le même sort. Il perdit alors la possibilité de riposter.

Une fois qu’il sentît sa mort être imminente, son esprit se vida. Il cria d’une voix haché : « Mau… Maudit… ! Réputation… mon cul! »