Mag apporta d’abord deux roujiamo pour Harrison. Il avait mis le pain dans le four à intervalles réguliers, les clients ne pouvaient donc pas être servis tous en même temps.
De plus, un roujiamo se servait chaud, lorsque la savoureuse sauce n’avait pas encore totalement imbibée le pain et ne nuisait pas à sa texture douce et croquante. Ainsi, même si quelqu’un en voulait plusieurs, Mag ne les lui apportait pas d’un seul coup, et les clients étaient servis dans l’ordre de leurs commandes.
« Bon appétit » dit-il en souriant avant de retourner en cuisine.
« Ça sent vachement bon ! » L’homme habillé en rouge observait le sandwich en reniflant la puissante odeur. « Harrison, laisse-moi goûter un morceau ! » dit-il avec empressement tandis que ce dernier en tenait un dans chaque main.
« Ouais, partage ! » renchérit celui en bleu, penché en avant. La viande dans le pain bai ji était très appétissante.
La cible de leur envie secoua la tête sans hésiter. Il aurait partagé bien volontiers d’autres aliments avec eux, mais pas ce roujiamo.
Il n’avait pas pu en avoir pour le petit déjeuner, et avait attendu toute une matinée. Honnêtement, il trouvait le riz frit Yangzhou excellent, mais bien inférieur dans les sensations qu’il lui procurait. « Soyez patient. Je vais littéralement plonger dedans maintenant » répondit-il devant leurs yeux écarquillés, ses lèvres retroussées jusqu’à ses oreilles, affichant un désir irrésistible.
Est – ce vraiment si bon? se demandaient-ils.
Harrison avait toujours été une personne simple et agréable. En temps normal, il partageait sa nourriture avec plaisir. Mais là, il ne les laissait même pas en prendre une simple bouchée pour goûter. Ce comportement inhabituel augmenta leur attente impatiente.
L’obèse leva sa main droite pour déchirer un gros morceau entre ses dents. Ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes tandis qu’il sentait la nourriture fondre sur sa langue. Cette sensation de plaisir le fit sourire.
Ses amis ne pouvaient détourner leur regard. Malgré eux, ils avalèrent leur salive en même temps que lui les aliments, nageant visiblement dans le bonheur.
Ils ne pouvaient pas lire dans son coeur, mais son sourire satisfait alors qu’habituellement critique leur disait tout ce qu’ils avaient besoin de savoir.
C’était comme s’il avait été frappé par la foudre. La graisse de son corps commença à trembler légèrement à cause du sang battant dans ses veines. Une goutte de sueur apparut sur son visage, mais il avait vraiment l’air de l’apprécier. Il prit une autre bouchée, et il vibra de tout son être.
C’est comme ça que ça aide à perdre du poids ? se demandèrent-ils à cette vue. Ils ne l’avaient pas cru lorsqu’il le leur avait affirmé, mais ils comprirent s’être fourvoyés.
D’autres clients avaient également remarqué l’état inhabituel d’Harrison. Avec étonnement, ils jetèrent un coup d’œil au roujiamo dans leur main, puis au sien, mais ne virent rien de différent. Ils pouvaient sentir leur sang circuler rapidement dans leur corps, mais ils ne comprenaient pas d’où venait un effet aussi particulier chez lui.
Ses amis l’observèrent alors qu’il finissait son premier roujiamo, et perdirent le compte du nombre de fois où ils avaient dégluti. Finalement, Mag sortit avec cinq roujiamo et en servit un à chacun d’eux. Ils étaient venus là ensemble et étaient de très bons amis, ils se moquaient donc de savoir qui avait été servi le premier.
« Vilain Petit Canard, regarde attentivement. Tu ne peux pas manquer ça. » Amy leva le chaton plus haut contre sa poitrine en écarquillant les yeux.
Mag s’arrêta également au comptoir et se retourna. Six obèses mangent des roujiamo tous ensemble. On ne voit pas ça tous les jours.
Ces clients étudièrent les sandwichs dans leurs mains et virent le pain blanc, la tranche de viande et la sauce. Ils se vantaient toujours d’avoir tout essayé dans toute la ville, mais c’était la première fois qu’ils voyaient ce genre de pain. Leur appétit était si chatouillé par les agréables effluves et par Harrison avalant bruyamment qu’ils se jetèrent sur leur roujiamo.
Celui-ci leurs sourit. Ils vont adorer ce goût . Sur ce, il attaqua son second kebab.
« Ah… »
Ils laissèrent s’exprimer leur satisfaction presque en même temps. Leur voix n’était pas très forte, mais ils étaient si synchronisés que d’autres clients les regardèrent avec surprise.
Tous ceux qui en avaient mangé savaient que ce cri était une réaction spontanée du corps, naturelle et sincère, signe d’un plaisir tel que cette réaction en était hors de contrôle.
Leurs voisins ne s’en offusquèrent donc pas. Au contraire, ils s’en amusaient, ayant été exactement dans la même situation embarrassante.
Mais leur divertissement devint rapidement source de stupéfaction.
La graisse des six obèses commença à trembler. La peau de leurs mollets, leurs jambes, leur ventre et leur cou dansait comme les vagues de la mer. Ils gigotaient assis tous ensemble sur leurs chaises !
D’aucuns étaient tentés de rire, mais jugèrent l’abstention préférable. Incapable de détourner leur regard devant les jolies vaguelettes, ils se retenaient de leur mieux.
Le visage de l’homme aux petits yeux tourna au rouge, essayant de contenir son hilarité. Il se serait même esclaffé s’il n’avait pas su se tenir.
« C’est trop drôle ! » Amy tapa joyeusement dans ses petites mains. Jamais elle n’avait vu une réaction aussi amusante. Ces gros ne peuvent pas contrôler leur graisse !
« Miaou… » Vilain Petit Canard leva ses pattes roses pour couvrir ses yeux, transi de peur.
Quelle vision magnifique … Mag ne put s’empêcher de rire et se réfugia immédiatement dans sa cuisine. De toute évidence, le roujiamo a un excellent effet sur les gens trop gros. Je peux peut-être en faire un argument commercial.
Les six comparses s’étaient complètement perdus dans la délice des saveurs, et ne prêtaient pas la moindre attention à ce que les autres pensaient. Ils se délectaient de ce plat sans précédent en sentant leur corps remuer.
Gjergj posa le sac lentement, bien que pas encore rassasié. « C’est si bon. Et ça peut faire perdre du poids ! Peut-être que seul Dieu est capable de concevoir quelque chose d’aussi incroyable. »
Harrison acquiesça. « Mag est vraiment un génie. » Après deux roujiamo, il lui restait encore de la place. Un de plus lui suffirait.
Ce roujiamo peut aider à maigrir ? Le visage des autres clients s’illumina à ces mots. Ils avaient tous un ou deux amis en surpoids amateur de bonne chère. Si c’est vrai, j’amènerai mes amis dans la même situation la prochaine fois.