Un jour, je pourrai faire pareil ! pensa Song Shuhang.
A cet instant, la femme aux cheveux courts écarta les bras et attrapa le chaudron par un côté. Elle fit plusieurs pas avant de froncer les sourcils.
* Dong !*
Elle posa sa charge et tourna la tête vers le jeune homme.
« Es-tu Song Shuhang ? » Elle haussa les sourcils et ajouta : « Peux-tu m’aider à porter ça ? C’est le devoir d’un homme d’aider une belle dame en difficulté, non ? »
« Vous me connaissez ? » demanda-t-il en s’approchant pour l’assister.
Le four à pilule n’était pas vraiment lourd, juste un peu encombrant. Une personne seule pouvait avoir des difficultés pour le déplacer, mais il n’y avait aucun problème à deux.
« Ne pose pas de question aussi stupide. Tu devrais être capable de deviner la relation entre le Maître Praticien et moi d’un seul coup d’œil. Alors tu dois pouvoir en déduire que c’est lui qui m’a parlé de toi » rétorqua-t-elle, le visage totalement dénué d’expression.
Personne ne peut dire que tu as une relation personnelle avec le Maître Praticien d’un seul regard, ok ?!
Song Shuhang se plaignit intérieurement, puis essaya de demander, « Une relation intime ? Êtes-vous le compagnon-Dao de l’Aîné ? »
« Non… Je ne suis que son disciple pour le moment. Brume Pourpre Fluviale, c’est le nom que j’utilise, et je ne le changerai probablement pas avant au moins trente ans. » Elle semblait ravie d’avoir été prise pour le “compagnon-Dao” du Maître Praticien. « Il a dit devoir se rendre à Jiangnan pour faire des recherches, alors je suis venu ici pour lui apporter son four à pilules. Tu sais, il se contente d’ignorer tout le reste quand il se concentre sur ses expériences. Il a besoin que quelqu’un prenne soin de lui… pour s’occuper de ses cheveux, ranger ses vêtements, et lui rappeler de cultiver ou de manger régulièrement. »
Ils discutaient toujours en atteignant le troisième étage servant de salle de raffinage temporaire.
Dès que la porte s’ouvrit, l’étudiant découvrit une pièce totalement réaménagée.
Et… il vit un tout nouveau Maître Praticien.
Il n’avait plus sa coupe “explosive”. Mais, comment décrire son apparence actuelle ?
Ses longs cheveux avaient été soigneusement peignés. Ils étaient alors attachés en de nombreuses petites tresses, toutes… dressées vers le ciel !
Il avait au moins vingt d’entre elles sur la tête, donnant à celle-ci l’apparence d’une forêt. Beaucoup étaient même décorées avec de jolis décorations.
Pour tout dire, cette coiffure est encore pire que l a précédente ! se dit Song Shuhang.
Ses yeux noirs étaient toujours là, mais à ce moment-là… ils étaient vraiment recouverts par du maquillage !
Il pouvait voir que lorsque le Maître Praticien clignait des yeux, ceux-ci brillaient de temps en temps à cause de l’ombre à paupières.
Il sentit son estomac se tordre et eut envie de vomir.
Pour lui, l’Aîné semblait encore pire qu’avant. Le Maître version “Shamate” était bien plus beau. Cette femme avait juste essayé de le rendre vraiment laid.
Brume Pourpre Fluviale avait-elle peur qu’il pût être enlevé par d’autres femmes ?
Elle pouvait être tranquille. Aucune fille ne tomberait amoureuse du Maître Praticien à la coupe explosée.
Voyant Song Shuhang, le pratiquant sourit. « Yo, Jeune ami Shuhang, tu es venu. Oui, c’est normal que tu arrives maintenant. »
« Pourquoi, Aîné ? Comment saviez-vous que je viendrais ce matin ? » demanda-t-il.
« Quelque chose t’es bien évidemment arrivé la nuit dernière, n’est-ce pas ? » déclara-t-il d’un air impénétrable.
Bien sûr. C’était lui qui l’avait protégé la nuit précédente.
Rassuré, Song Shuhang répondit : « Oui, quelqu’un s’est faufilé dans ma chambre tard cette nuit. Il a laissé tomber ce couteau sans manche. »
Puisqu’il en parlait, il sortit l’arme fine et la lui tendit.
Celui-ci la prit, l’observa et la lui rendit. Puis, plissant les yeux, il demanda : « D’après toi, qu’est-ce que le gars qui s’est faufilé chez toi hier voulait faire ? »
Son interlocuteur lui répondit : « Je pense qu’il y a beaucoup de possibilités, mais la plus probable est que… qu’il essayait de me tuer. »
La femme se mit à rire. « Il semble que tu ne sois pas désespérément insipide. »
« Ouais, tu as raison. Ce couteau exhale l’intense odeur du sang et du ressentiment des morts. Le propriétaire du couteau doit donc avoir tué pas mal de gens. Pour être honnête, je ne voulais pas que tu sois exposé au côté cruel du monde des pratiquants si tôt, mais voilà à quoi il ressemble réellement. Comment tu te sens après cette tentative d’assassinat à ton encontre ? » poursuivit le Maître Praticien en souriant.
Comment je me sens ?
Je ressens beaucoup de choses. C’est assez compliqué ! Au – delà des mots !
Après avoir réfléchi un moment, Song Shuhang répondit : « Pour être honnête, j’ai eu un peu peur au début. C’est-à-dire que je me suis rendu compte que je n’étais vraiment pas sur mes gardes. Du coup, je n’ai rien senti lorsque l’ennemi s’est introduit dans ma chambre, ni lorsqu’il s’est approché de mon lit. C’est une des raisons pour lesquelles je suis venu vous voir aujourd’hui. Je veux être plus vigilant. »
Hésitant pendant un moment, il ajouta d’un air embarrassé : « À ce moment-là, je me suis senti un peu … excité. »
« Excité ? Ahahah ! » le Maître Praticien éclata de rire. « Jeune ami Shuhang, tu es un gars si étrange. »
C’était vraiment étrange qu’il se sente excité à l’idée d’être assassiné.
« Un gars étrange » répéta en écho Brume Pourpre Fluviale.
L’Aîné continua à se fendre la poire avant de commencer son explication.
« Hier, j’ai secrètement installé une mini-formation sur ton corps. Je suis désolé, je l’ai fait sans ton consentement, mais elle devait te protéger en réagissant à l’attaque d’un cultivateur. Elle contenait un poison que j’ai préparé moi-même. C’est ma préférée… Ahem… » Il était plutôt embarrassé. Après tout, il était impoli de mettre secrètement une formation sur le corps de quelqu’un, même en ayant eu l’intention de le protéger.
« Et puis, tard dans la nuit, cette formation a été activée par quelqu’un, et le produit a été libéré. »
Seul un pratiquant sur le point de l’attaquer pouvait la mettre en branle.
« Pour être honnête, je pensais que tu n’en aurais pas besoin. Je n’imaginais pas que les gars qui me suivent puissent être aussi fous. Il semble que je les ai surestimés. Je suis désolé de t’avoir causé des problèmes. »
Le Maître Praticien pensait que l’homme qui avait tenté de l’assassiner était l’un de ceux le suivant lui. Après tout, il ne connaissait aucun pratiquant avec une raison de s’en prendre à Song Shuhang, un pur débutant dans le monde de la cultivation.
« Mais peu importe. Tu ne croiseras plus jamais le type qui s’est faufilé dans ta chambre. »
Est-ce que le tueur d’hier es t mort ?
« Tu penses que c’est cruel, Jeune ami Shuhang ? C’est pourtant à quoi ressemble vraiment le monde des cultivateurs. Je sais que tu es un homme mign… un mec bien. Mais ne donne jamais ta miséricorde et ta bonté à tes ennemis. C’est l’avertissement que je te donne en tant que aîné » le prévint-il sincèrement.
Ce jeune était un homme bon, il l’avait vu au travers des Écrits d’introspection méditative. Le Maître Praticien s’inquiétait qu’il fût trop tendre envers ses adversaires, ce qui le conduirait au désastre.
Être bon était bien, mais une attitude trop sentimentale était dangereuse dans leur univers.
Song Shuhang réfléchit un moment avant de répondre avec conviction. « Soyez tranquille, Aîné. Je suis peut-être sympa, mais je ne suis certainement pas un saint désirant sauver le monde. Un bon ennemi est un ennemi mort. »
Brume Pourpre Fluviale se répéta : « Tu es vraiment un type étrange. »
Le Maître Praticien hocha la tête avec un sourire. Quelqu’un avec une personnalité au cœur tendre pouvait lui donner de sacrés maux de tête, mais un homme bon avec ses propres principes était génial.
« Et puis, je pense que je dois vous remercier. Si vous n’aviez pas été là, je serais peut-être mort maintenant » ajouta Song Shuhang. « En fait, hormis les pratiquants qui vous poursuivent, la personne qui a essayé de me tuer hier est peut-être venue pour ça. »
Il sortit son pendentif et leur montra la perle de glace.
« C’est ce que j’ai obtenu lorsque j’ai aidé Douce Plume… un esprit fantôme. »