Non seulement il avait fait exploser ses vêtements, mais son corps était lui-aussi en flammes. La lave rouge à l’intérieur des craquelures sur sa peau avait fait grandement et brutalement augmenter la température ambiante.

Mag était un peu surpris en regardant Sargeras. Et si une succube mangeait ce roujiamo… Il ne voulait pas imaginer ce qui allait se passer. Il ressentit soudain le besoin d’ajouter quelques avertissements au menu.

Heureusement, les vêtements de ce démon étaient faits d’un matériau spécial. Puisqu’ils n’étaient pas affectés par le feu, il n’avait pas à subir l’embarras de se retrouver totalement dévêtu.

Deux clients sur le point d’entrer étaient également effrayés par cette scène. Le puissant arôme de viande les poussa à avaler leur salive, mais le démon de lave apparemment déchaîné leur fit refermer la porte et reculer prudemment de la façade du restaurant.

Qu’est – ce que Mag a fait à ce démon de lave ? Pourquoi est – il en position de combat ? Ils firent quelques pas, mais ne purent sortir de leur esprit l’odeur agréable de la nourriture, bien que surpris et inquiets.

Ces êtres étaient très puissants, même parmi les démons. Ils avaient un réel pouvoir destructeur et étaient capables de faire flamber une maison en quelques boules de feu.

Le propriétaire es t normalement très gentil et imperturbable, comment a-t-il pu irriter ce démon ? Si ce gros machin se déchaîn e , il va démolir ce restaurant ! pensèrent-ils.

Si l’homme avait été quelqu’un de puissant ou possédant un soutien important, il n’aurait pas eu à s’inquiéter que certains causassent des problèmes.

Mais Mag et Amy sont seuls, il s ne font pas le poids face à ce puissant démon. Ils étaient plutôt déçus à l’idée de ne plus pouvoir manger quelque chose d’aussi délicieux que le riz frit Yangzhou. En fait, ils étaient même venus tôt ce jour-là pour essayer le nouveau plat.

Les clients dans le restaurant savaient que Sargeras était dans cet état à cause du roujiamo. Ils avaient senti leur sang brûler eux-aussi après en avoir mangé, mais l’effet n’était pas aussi dramatique, et ils se sentaient même très bien.

Cependant, ils n’auraient jamais pensé que ce démon réagirait aussi violemment. Il s’était mis directement en position de combat ! Ils se demandaient même ce que Mag avait mis dans la nourriture.

Sargeras se leva et recula de quelques pas. Il ne voulait pas brûler la table. Son sang et la lave sur son corps s’agitaient sauvagement. Il sentit que les chaînes qui l’avaient brimé pendant tant d’années commençait enfin à se briser. Son cœur battait d’excitation.

Il avait essayé d’innombrables méthodes pour devenir plus fort depuis qu’il avait cessé de progresser 50 ans plus tôt. Ses empreintes de pas pouvaient alors couvrir plus de la moitié du continent, mais il n’avait toujours pas trouvé la moindre solution.

Il n’aurait jamais pensé qu’une bouchée de roujiamo pût faire s’emballer autant son sang, ni lui faire sentir qu’il était capable d’atteindre un niveau supérieur. Il sentit des étincelles crépiter brusquement autour de lui.

Il compris que s’il continuait à manger, ces dernières se transformeraient lentement en un grand feu, et qu’en lui il dépasserait ses limites pour devenir le premier démon de lave à atteindre tel niveau depuis une centaine d’années.

Ensuite, il pourrait mettre à exécution le plan qu’il avait conçu 50 ans en arrière, et cette chose sous le lac sacré pourrait alors refaire surface. Il se sentit encore plus excité.

Tandis que les autres retenaient leur souffle en le regardant, se demandant s’il y aurait d’autres changements, Amy pointa du doigt les cendres sur le sol et dit : « Père, il a brûlé notre chaise. » Puis elle leva les yeux pour regarder Sargeras, son visage affichant une expression sérieuse. « Tu dois payer pour ça, Grosse Tête Chauve ! Tu es peut-être un démon, mais je suis vraiment de mauvaise humeur. Paye, ou je te réduis en cendre ! »

« Miaou ! » Vilain Petit Canard se mit lui-aussi en colère. Il gronda en direction de Sargeras, mais il était vraiment trop mignon.

Celui-ci nageait toujours dans son enthousiasme. Il se figea un instant, regarda les cendres de l’assise de la chaise et se gratta le crâne, embarrassé.

Il était de bonne humeur, alors il ne se souciait pas de rembourser un élément du mobilier. Il contint son feu, et la température ambiante chuta beaucoup, mais on pouvait encore voir la lave rouge doré couler à l’intérieur de ses fissures. « Je vais payer pour ça. Mais, patron, j’aimerais encore 10 roujiamo » demanda-t-il d’un geste de la main.

Amy hocha la tête. « Rappelle-toi ce que tu viens de dire. » Un soupçon d’avertissement brilla dans ses yeux.

L’homme aux petits yeux posa le sac et se leva de table. « Petite propriétaire, puis-je avoir la note, s’il te plaît ? » dit-il en sortant sa bourse. Il se sentait tellement revigoré après un roujiamo si tôt le matin. Cette sensation est tellement agréable.

La petite fille acquiesça. « Un roujiamo, trois pièces d’or. »

L’homme sortit l’argent de son sac et les mit dans la main d’Amy. « Voilà, trois pièces d’or. » Puis il salua Mag, fit un détour pour rester à distance de Sargeras et sortit.

« Trois… Patron, ce sandwich vaut trois pièces d’or ?! Alors combien vous dois-je pour cette chaise ? » demanda ce dernier en regardant le cuisinier, les yeux écarquillés. Il toucha inconsciemment son sac. D’après lui, trois pièces d’or n’étaient rien pour un produit aux effets aussi puissants, mais il n’avait qu’une douzaine de pièces d’or sur lui, il ne pouvait donc pas se permettre d’acheter 10 roujiamo même en oubliant l’affaire du mobilier endommagé.

D’autres clients regardèrent dans leur direction, se demandant combien il avait à payer. Le style de décoration du restaurant les mettaient à l’aise. Les tables et les chaises étaient simples sans être fades, d’un style classique.

Mag hocha la tête en souriant. « Oui, pour les roujiamo, c’est trois pièces d’or chacun. » Puis il jeta un regard sur les cendres et demanda dans son esprit : « Combien coûte cette chaise ? »

« Une chaise sur mesure, 10 pièces d’or » répondit lentement le système.

La bouche de Mag se recroquevilla. « 10 ? Tu veux lui faire les poches ? » s’exclama-t-il. Bien que la chaise soit de haute qualité, le prix est un peu trop élevé.

« Toutes les tables et les chaises sont faites du bois d’un même arbre, âgé de centaines d’années et ayant grandi dans la Forêt du Vent. Les anneaux de croissance et la couleur sont complètement identiques, ce qui en fait un véritable régal pour les yeux. Maintenant, il ne reste plus que cinq de ces chaises. Vous feriez mieux de commander maintenant avant épuisement des stocks » expliqua calmement la voix.

« Tu utilises la source sacrée des elfes pour arroser ton riz, et tu utilises leur arbre vieux de plusieurs centaines d’années pour faire des tables et des chaises. Tu veux vraiment ma mort, n’est-ce pas ? » Mag n’était pas du tout à l’aise avec cette façon de faire.

Quoi qu’il en fût, le système avait vraiment mis d’énormes moyens pour améliorer le style du restaurant. Il était peut-être le seul de toute la Cité du Chaos à utiliser des tables et des chaises faites à partir d’arbres de la Forêt du Vent.

« J’ai tout sous contrôle. Ne vous inquiétez pas, et ne me sous-estimez pas » rétorqua-t-il avec une pointe d’agacement.

Mag ne lui prêta pas plus d’attention. Il regarda Sargeras et dit avec un sourire. « Cette chaise vaut dix pièces d’or. »

« Alors ça fait treize… treize pièces d’or ? » Le démon regarda le peu d’argent dans sa main.

Amy se tint sur la pointe des pieds et le regarda. « Treize pièces d’or, Grosse Tête Chauve » dit-elle en hochant la tête.