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Lune fut vraiment soulagée en entendant la voix d’Amy, mais alors qu’elle baissait les yeux pour la regarder, elle fut très surprise.
La petite fille portait une belle robe violette ce jour-là, avec une fleur exquise brodée de rouge et d’or sur l’avant. Elle avait deux petites tresses adorables, et son visage était plein de joie.
Elle avait d’habitude de vieux vêtements de lin et s’accroupissait dans un coin, toute seule, avec ses cheveux en désordres. Elle faisait beaucoup de peine à ceux qui la voyaient. Cependant, elle était alors devenue une charmante princesse. Lune était à la fois étonnée et rassurée.
Ce qui l’abasourdit encore plus, c’était son père. Aussi loin qu’elle s’en souvint, il avait toujours été gravement malade. Une fois où elle les vit de loin, il portait de vieux vêtements de coton minables, il vacillait sur ses pieds. Le visage à moitié couvert par ses moustaches, il ressemblait à un très vieil homme.
Lune ne savait pas quels changements drastiques leurs étaient arrivés en si peu de temps. Elle hocha néanmoins la tête avec courtoisie. « Enchanté. Je suis Lune Deschamps qui a enseigné les mathématiques à Amy auparavant. Je ne l’ai pas vue à l’école depuis quelques jours, alors je passais la voir avant d’aller travailler » dit-elle d’un air affable.
Il acquiesça, montrant la même expression. « Ravi de vous rencontrer, Mlle Deschamps. Je suis Mag, le père d’Amy. Merci pour tout ce que vous avez fait pour ma fille. » Il pouvait sentir de la prudence chez la jeune femme maintenant une certaine distance, et il aimait ça, lui aussi.
Elle était la maîtresse que son enfant avait souvent mentionné. Elle l’avait bien traitée dans cette ville. Elle lui avait enseignée les mathématiques, la laissait entrer dans la salle de classe, lui brossait les cheveux et lui donnait souvent de la nourriture, qu’elle emportait chez elle et partageait avec lui.
On pouvait dire qu’elle avait réchauffé le coeur d’Amy et protégé son innocence alors qu’ils étaient au plus bas dans leur vie. Mag ne l’oublierait jamais, à n’en pas douter.
Son prédécesseur n’avait peut-être pas parlé directement à Lune, mais il avait fait des recherches sur les personnes qui entraient en contact avec Amy. Il n’était pas allé très loin en profondeur, mais suffisamment pour savoir qui était dangereux ou non.
Lune devait être de noble naissance dans l’Empire du Rat. D’une manière ou d’une autre, elle s’était retrouvée à la Cité du Chaos et était devenue professeur de mathématiques à l’école sous la direction du Temple Gris.
« De rien. Je suis contente que Amy aille bien. » Lune sourit et caressa les cheveux d’argent. Sa réserve avait complètement disparu en regardant Amy, son sourire sincère et doux étant comme celui d’une mère.
« Professeur Lune, ne vous inquiétez pas. Je vais bien. Père a fait apparaître une grande maison et a fait à Amy un délicieux riz frit arc-en-ciel et du roujiamo » dit la fillette avec un sourire. Puis elle tendit sa petite main et attrapa un des doigts de Lune. « Père, tu peux faire une assiette de riz frit arc-en-ciel pour le professeur Lune, s’il te plaît ? » le supplia-t-elle en le regardant.
Mag hocha la tête en relevant le coin de ses lèvres. « Bien sûr. » Il se tourna vers l’enseignante et lui proposa : « Mademoiselle Deschamps, n’hésitez pas à entrer si vous n’avez pas pris votre petit déjeuner. »
« Eh bien… » Elle hésita. Il était vrai qu’elle n’avait pas encore mangé, mais elle ne venait que voir Amy, et il lui fallait plus de 20 minutes pour se rendre à l’école. Elle serait peut-être en retard si elle mangeait là.
« Professeur Lune, venez s’il vous plaît. Le riz frit arc-en-ciel de Père est vraiment formidable » supplia l’enfant en balançant le doigt qu’elle tenait toujours.
Elle jeta un coup d’œil au petit visage débordant d’espoir et vit sur celui-ci qu’elle voulait vraiment la voir essayer ce fameux plat. Son cœur s’adoucit, et elle hocha la tête en souriant. « D’accord. Je prendrai donc une assiette de ce riz frit arc-en-ciel. »
« Entrez s’il vous plaît. » Mag lui ouvrit la porte et se décala sur le côté pour la laisser passer.
Lune acquiesça doucement. « Merci. » Elle prit la main d’Amy et pénétra dans le restaurant, se sentant l’aise, l’homme ayant fait preuve de galanterie, avec son sourire aimable et en gardant ses distances. Elle n’avait pas vu un homme aussi agréable depuis bien longtemps.
Celui-ci jeta un coup d’œil à la forge de Mobai en retournant la pancarte à l’entrée, un peu surpris qu’il ne fût pas venu prendre son petit déjeuner. Puis il revint à l’intérieur.
Lune regarda autour d’elle en tenant la petite main. Le restaurant était décoré de brun et de gris, elle s’en trouva détendue. Les peintures sur le mur était d’un bon goût surprenant, les tables et les chaises étaient placées de manière régulière. Il ne débordait pas de monde. Les magnifiques lustres et le restaurant lumineux étaient impressionnants, mais ne la mettaient pas mal à l’aise.
Elle n’avait jamais été dans un tel établissement jusque-là. Quelque chose d’aussi agréable était introuvable dans toute la capitale. Elle prit un siège près de la fenêtre. « Je voudrais une assiette du riz frit arc-en-ciel que Amy m’a recommandée. Merci » dit-elle en levant les yeux vers Mag.
Il hocha la tête aimablement. « D’accord. S’il vous plaît, patientez un instant. » Il jeta un œil à sa fille, déjà assise en face de Lune, puis se dirigea vers la cuisine en souriant.
« Professeur Lune, c’est vraiment très bon » affirma cette dernière en la regardant, le menton dans les mains et le visage sérieux.
La femme hocha la tête en souriant. « Je te crois, Amy. » Elle vit le menu sur la table et le prit par curiosité. La couverture en peau de bison était douce au toucher. Elle l’ouvrit et se figea un instant.
Il n’y avait qu’un seul plat sur un menu aussi grand.
« Du riz frit Yangzhou ? » lit-elle à voix basse. Ce doit être le riz frit arc – en – ciel dont Amy a parlé. Mais qu’est – ce que c’est que Yangzhou ? Est – ce une sorte d’ingrédient ? Ou un endroit ?
Puis elle vit le prix et fronça les sourcils. 600 pièces de cuivre par assiette ?
Elle ne savait pas ce qu’était ce riz frit de Yangzhou, ou bien arc-en-ciel, mais il vraiment cher. Ce montant pouvait faire vivre une famille normale pendant des jours.
Elle ne recevait que 30 pièces d’or par mois à l’Ecole du Chaos. Elle pouvait en recevoir des centaines de plus de sa Maison, mais normalement, elle ne dépensait pas cet argent pour elle-même. Beaucoup d’enfants dans cette ville n’avaient même pas assez pour manger.
C’était vraiment extravagant pour elle de dépenser 600 pièces de cuivre pour un seul repas. Cependant, en regardant le visage rempli d’attentes d’Amy et le dos de Mag, elle ferma le menu avec un sourire.
Puisqu’il n’y avait qu’un seul plat sur le menu, et avec un prix aussi élevé, elle se dit que leur restaurant avait dû ouvrir très récemment. Peut – être que je suis leur premier client. Ils essaient de commencer une nouvelle vie, alors je vais leur prendre une assiette et les aider à prendre ce nouveau départ , pensa-t-elle.
Bien sûr, c’était un écart qu’elle ne pouvait se permettre qu’une fois de temps en temps.
Au bout d’un moment, le cuisinier sortit, tenant une assiette. Il la plaça doucement devant Lune. « Votre riz frit arc-en-ciel, aussi connu sous le nom de riz frit Yangzhou. Bon appétit. »