Voyageurs du lointain | 天涯客
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Chapitre 68 – Lâcher prise (bis)
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Lorsque le Seigneur Septième et le Grand Chamane revinrent, les bras chargés de plantes médicinales, ils trouvèrent Zhou Zishu assis dans la cour, en train de tailler une flûte. Il n’était pas particulièrement habile, et utilisant ce qu’il trouvait sur place, il avait déjà raté plusieurs flûtes dont les sons étaient soit étouffés, soit faux, ce qui avait laissé des copeaux de bois éparpillés partout. En s’approchant, le Seigneur Septième remarqua que la dernière flûte semblait avoir pris forme.
Le Grand Chamane hocha la tête en direction de Zhou Zishu mais n’ayant rien à dire, il retourna directement dans sa chambre.
Le Seigneur Septième, lui, s’assit à côté de Zhou Zishu et lui demanda: «Que fais-tu là?»

Zhou Zishu répondit paresseusement: « Je cultive la paix intérieure.»

Il porta la flûte à sa bouche, et cette fois, un son en sortit enfin, bien que loin d’être harmonieux. Si d’autres personnes jouaient de la flûte en produisant des sons célestes, ceux de Zhou Zishu étaient perçants et rauques, aucun d’eux n’était juste. Ce qu’il jouait n’était pas un exercice de patience pour lui, mais bien pour ceux qui l’écoutaient.

Le Seigneur Septième se boucha les oreilles, prit la petite lame et le morceau de bois des mains de Zhou Zishu, et avec quelques gestes agiles, tailla une flûte en un rien de temps. Extérieurement, elle ne semblait pas différente de celles que Zhou Zishu avait fabriquées. Mais lorsqu’il la porta à ses lèvres pour en tester le son, la différence devint évidente. Il enchaîna ensuite sur un petit air populaire qui, cette fois, avait du charme.

À la fin, Zhou Zishu déposa la flûte et s’exclama en riant: « Seigneur Septième, tu n’es pas surnommé le premier libertin de la capitale pour rien! Que ce soit la poésie, le chant, la boisson ou le jeu, tu excelles dans tout!»

Le Seigneur Septième sourit et demanda: «Il est parti?»

Zhou Zishu acquiesça.

Intrigué, le Seigneur Septième poursuivit: «Et toi, tu ne le suis pas?»

Zhou Zishu répondit: «Je le ferai bien sûr, mais les choses sont trop chaotiques de leur côté. Une mante religieuse chasse une cigale en ayant derrière elle une centaine de loriots. J’attendrai un peu, pour observer, et au bon moment, je viendrai le récupérer.»

Le Seigneur Septième lui jeta un coup d’œil et dit: «Tu veux seulement le récupérer, rien de plus? Si c’était Jiuxiao, tu ne serais pas aussi serein.»

Zhou Zishu secoua la tête en souriant: « Comment pourrais-je le comparer à Jiuxiao? Jiuxiao n’était qu’un enfant. Quant à lui, il sait ce qu’il veut accomplir. Ce n’est pas une affaire dans laquelle je peux intervenir ; il doit la régler lui-même.»

Tout en parlant, il se leva pour s’étirer, accrochant à sa ceinture la flûte et la gourde de vin que le Seigneur Septième avait taillées. Il se détourna. « Merci beaucoup pour la flûte. Si je ne me trompe pas, le Scorpion sera le premier loriot. Je vais sortir, prendre une bouteille de vin gravée de fleurs et me préparer à le suivre.»

Le Seigneur Septième leva les yeux pour l’observer. Zhou Zishu, dos à la lumière, avait son visage à demi dans l’ombre, mais ses joues semblaient bordées d’une lueur dorée. Avec un sourire, il dit: «Reviens vite, et n’oublie pas de veiller à ta guérison.»

Zhou Zishu lui fit un signe de la main avant de s’éloigner à grands pas.

Le Seigneur Septième baissa la tête et tailla à nouveau une flûte courte. Après avoir soufflé sur les copeaux de bois pour nettoyer un peu, il la porta à ses lèvres, comme s’il jouait pour accompagner le départ de quelqu’un. Le son clair et mélodieux de la flûte résonna, envoûtant le vent, la note finale légèrement plus aiguë. Même une flûte grossièrement fabriquée pouvait produire sous ses doigts une mélodie pleine de grâce et de noblesse, digne des plus grandes époques.
Mais hélas, avant même que la mélodie ne prenne fin, le son de la flûte devint rauque, et Zhou Zishu avait déjà disparu.

Le Seigneur Septième baissa les yeux, sourit doucement, et jeta la flûte sur le côté. Il se leva, ajusta ses manches, puis retourna dans sa chambre.

Il y a bien longtemps, alors qu’ils vivaient encore à la capitale, il avait pensé qu’ils étaient pareils, lui en tant que Prince Nanning, acclamé par tous, et Zhou Zishu en tant que chef de Tian Chuang, la redoutable organisation secrète.

Mais aujourd’hui, il réalisait qu’ils étaient en réalité différents. Il n’avait jamais eu, comme Zhou Zishu, cette insouciance propre au monde des arts martiaux, cette capacité à tout prendre et tout lâcher sans regret. Lui-même n’avait jamais vécu de façon aussi transparente. En voyant Zhou Zishu vivre aussi librement, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe d’envie.

*

Zhou Zishu resta deux jours sur un toit de la rue des Fleurs, buvant dix gourdes de vin, jusqu’à ce que le Scorpion sorte enfin de son antre, accompagné de ses hommes.
Comme prévu, les traîtres n’ont pas de cœur. On devinait qu’il avait envoyé ce démon estropié, qui avait tenté de tuer Zhang Chengling, séduire Wen Kexing pour qu’il s’occupe de Zhao Jing. Il avait même pris soin d’emmener cet estropié pour provoquer Zhang Chengling, comme s’il craignait que ce dernier ne se souvienne pas, ou que Wen Kexing ne sache pas qui se cachait derrière ce traître à la langue de vipère.

Le Scorpion jouait sur tous les tableaux, vendant des informations aux deux camps, espérant qu’ils s’entretueraient, et qu’il pourrait ensuite les éliminer d’un coup. Une stratégie des plus astucieuses.

Zhou Zishu n’était pas pressé. Il sortit une peau humaine de son vêtement, et d’un geste, fit disparaître son visage séduisant, se fondant dans la foule, ni trop près ni trop loin derrière eux.

Après trois ou quatre jours à les suivre, Zhou Zishu remarqua qu’ils ne se dirigeaient pas directement vers la montagne Fengya, mais prenaient un détour, comme pour régler une affaire en cours. Il comprit rapidement que ce «problème» était Yu Qiufeng.

Yu Qiufeng avait échappé une première fois grâce à la Renarde verte, mais cette fois-ci, il n’aurait pas autant de chance. Un groupe de Scorpions venimeux le poursuivait comme un chat jouerait avec une souris, ne lui laissant d’autre choix que de fuir sans répit. Il était encore plus misérable que Zhang Chengling; personne n’était là pour le protéger. Peut-être qu’autrefois, une femme l’aurait fait, mais elle était morte depuis longtemps.

Yu Qiufeng, vêtu de haillons, ressemblait encore moins à un mendiant que Zhou Zishu lors de son entrée dans le monde des arts martiaux. Il ne restait plus aucune trace de l’élégant maître de la secte Huashan, l’éventail à la main.
La secte Huashan avait déjà désigné un nouveau chef, et ne le reconnaissait plus. Il errait désormais tel un chien sans maître.

Finalement, la fuite de Yu Qiufeng prit fin lorsqu’il fut capturé vivant et conduit devant le Scorpion.

 

Traduction: Darkia1030

Check: Hent-du



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