Le célèbre clan Shentu vivait en fait dans un village appelé Yu-Lin, entre montagnes et rivières, tranquille comme une image dans leur maison de tuiles vertes et de murs blancs. Xia Lei n’aurait pas cru qu’ils vivraient dans un village s’il n’était pas venu ici. Il avait imaginé le clan Shentu se trouvant dans le meilleur quartier de la ville, ou dans une villa, ou dans un immeuble entier. Mais la maison Shentu se trouvait dans un simple village et avait un aspect certes particulièrement élégant, mais rien d’ostentatoire. C’était assez incroyable.
La maison Shentu, cependant, était très grande, s’étendant sur dix acres. L’avant et l’arrière de la résidence comportaient trois couloirs, plus des jardins avant et arrière avec des pavillons dans un paysage de style Suzhou.
Fu Ming-Mei arrêta la voiture à l’entrée et Shentu Tian-Yin et Xia Lei en descendirent. Shentu Tian-Yin le fit entrer, en parlant pendant qu’elle s’éloignait.
« La plupart des membres du clan Shentu vivent ici. Mon père est un homme très traditionnel. Il a acheté un terrain et fait construire cette résidence, puis a invité tout le clan Shentu à s’y installer après avoir construit le Groupe Vientaine à partir de rien. Le clan Shentu travaille également dans le groupe Vientaine. Mon père n’aimant pas tenir des réunions dans les salles de réunion de la société, il réunit donc parfois le clan ici, dans la résidence, pour discuter. Avant l’attaque, cet endroit était en fait harmonieux et animé – il a changé après l’attaque. »
Shentu Tian-Yin avait l’air triste.
« Une chose a tout gâché : l’argent. Ton père a construit le Groupe Vientaine à partir de rien et le clan l’a traité comme leur phare lumineux quand il était bien portant. Ils ont commencé à avoir d’autres pensées après qu’il fut tombé de son piédestal et pensent que le Groupe Vientaine leur appartient. Au bout du compte, tout est une question d’argent », déclara Xia Lei.
« Ils s’en prennent à moi parce qu’il n’y a pas d’homme dans ma famille. Oseraient-ils encore m’intimider extérieurement si j’ai un homme aussi impressionnant que toi à mes côtés ? », dit Shentu Tian-Yin en soupirant.
« Qu’est-ce qui est si impressionnant chez moi ? », dit Xia Lei en riant
« Liang Si-Yao est devenue ta petite amie du jour au lendemain – n’est-ce pas impressionnant ? », dit Shentu Tian-Yin.
Xia Lei sourit d’un air penaud et ne dit rien.
Shentu Yi et une femme étaient sorties de la pièce centrale. La femme avait l’air d’avoir une cinquantaine d’années. Sa peau était bien soignée, blanche et ronde, donnant une impression de richesse.
Shentu Tian-Yin baissa la voix : « La femme à côté de mon deuxième oncle est son épouse, Wang Fang. Ne te laisse pas tromper par ce qu’elle te montre – elle est étroite d’esprit et pleine d’idées terribles. Mon deuxième oncle a peur d’elle et écoute tout ce qu’elle dit. »
« Mm. » Xia Lei lui fit savoir qu’il l’avait entendu.
Shentu Yi parla avec insatisfaction : « Tian-Yin, pourquoi es-tu si en retard ? Les aînés s’impatientent. »
Shentu Yi utilisait les grands-parents de Shentu Tian-Yin pour faire pression sur elle juste après son retour à la maison.
Avant qu’elle ne puisse répondre, Wang Fang l’interrompit pour dire : « J’ai bien peur que ce monsieur ne soit le centre de toutes les attentions de notre Tian-Yin. Quel est votre nom, cher monsieur ? »
Elle connaissait certainement le nom de Xia Lei et faisait cela délibérément. Elle semblait utiliser cette méthode pour afficher son attitude envers Xia Lei – qui êtes-vous pour oser entrer dans le clan Shentu !
Xia Lei fronça les sourcils. Il avait envisagé que cette visite serait difficile mais ne s’attendait pas à ce que ce couple Shentu lui lance le gant immédiatement.
« Tian-Yin, pourquoi ton petit ami ne dit-il rien ? », dit Wang Fang.
« Qu’est-ce que tu veux dire, ma tante ? », dit Shentu Tian-Yin calmement.
« Est-ce qu’il est vraiment mu… » Elle n’a pas dit la fin en “et” mais rit à la place.
« Ce monsieur ici doit être timide. »
Xia Lei ne parla qu’à ce moment-là : « Je m’appelle Xia Lei. Bonjour, ma tante. »
Il voulait lui donner un coup de pied au visage, mais elle était quand même la tante de Shentu Tian-Yin et une aînée. En tant que ‘fillancé’, il ne devait pas se mettre en travers de son chemin dès la première rencontre.
Wang Fang regarda Xia Lei de plus près et dit : « Un bel homme en effet, mais quel dommage… »
Xia Lei retint sa colère : « Dommage ? »
Wang Fang rit : « J’ai entendu dire que vous n’êtes qu’un diplômé du lycée. Je pense que ce serait mieux si vous aviez un niveau d’éducation plus élevé – je ne voulais rien dire d’autre. »
Le visage de Shentu Tian-Yin s’assombrit, elle semblait prête à exploser.
Shentu Yi suivit en disant : « Ma chère femme, tu es merveilleuse en tout, sauf pour le contrôle de ta bouche. Dis-en moins si tu n’as rien de bon à dire. Regarde, tu as contrarié Tian-Yin. »
« Je ne vais pas compter pour beaucoup, mais il aura besoin de l’approbation de Père. Ce n’est pas n’importe quel Tom, Dick ou Harry qui peut franchir les portes du clan Shentu. Le statut de Tian-Yin est celui de président du groupe Vientaine, choisir son partenaire n’est pas une mince affaire. Étant sa tante, ne puis-je pas l’aider à éliminer les mauvais. », déclara Wang Fang.
Xia Lei pouvait clairement le voir maintenant. Le couple Shentu travaillait ensemble dans le but de le chasser et de faire en sorte que Shentu Tian-Yin reste célibataire – c’était très avantageux pour eux. Ils n’avaient pas osé en faire autant devant Shentu Tian-Yin, mais un étranger comme lui était une proie facile. Ils pouvaient alors utiliser la méthode qu’ils voudraient.
Honnêtement, Xia Lei voulait simplement faire demi-tour et partir sur-le-champ parce que la vue de Shentu Yi et de Wang Fang le dégoûtait. Il devait encore rencontrer d’autres membres du clan Shentu dans peu de temps. Cependant, son cœur s’était adouci lorsqu’il vit Shentu Tian-Yin se tenir seule à côté de lui. Il était venu ici pour l’aider jusqu’à la fin !
« Ma Tante, ce n’est pas vous qui cherchez un gendre, alors pourquoi faut-il être pointilleux sur le niveau d’études ? Je suis en effet sorti du cursus après le lycée, mais Tian-Yin préfère cela. Je lui ai demandé pourquoi et elle m’a répondu qu’il y avait tout un tas de diplômés universitaires et de titulaires de doctorats dans son entreprise, mais qu’elle m’aimait bien. C’est ce qu’on appelle le « destin » – vous comprenez ? », dit Xia Lei en souriant.
« Bonté divine ! Vous… »
Wang Fang ne s’attendit pas à ce que Xia Lei ose lui répondre. Ses joues pâlirent de colère.
Shentu Tian-Yin lança un rire méprisant.
« Allons-y, chérie. Emmène-moi chez ton grand-père. »
Xia Lei lui tendit la main : « Donne-moi le cadeau, je vais le porter. »
« Mm. »
Shentu Tian-Yin acquiesça et remit deux grands cadeaux emballés à Xia Lei. Elle se tenait intimement à son bras pendant qu’il portait les sacs de cadeaux.
Le duo n’avait plus fait attention à Shentu Yi et Wang Fang, les dépassant même pour atteindre la salle centrale.
Shentu Yi et Wang Fang échangèrent des regards, leurs expressions étaient laides.
« Quel est l’atout de ce plouc ? C’est une épine dans le pied de la société », dit Wang Fang.
« Ce n’est pas un simple plouc. Huang Yi-Hu est mort entre ses mains. C’est un homme puissant », dit Shentu Yi à voix basse.
Wang Fang parla avec colère : « Je me fiche de qui il est. Je ne laisserai jamais quelqu’un comme lui franchir les portes de notre clan Shentu ! Comment ose-t-il me parler ainsi lors de notre première rencontre – quel part nous restera-t-il si cette femme l’épouse ? Nous devons faire en sorte que tout le monde chasse ce voyou plus tard. Il va tremper son riz dans ses propres larmes ! »
Cette Wang Fang avait un bon œil et une grande intuition. En se basant sur la personnalité, les méthodes et les capacités de Xia Lei, laisserait-il le clan Shentu intimider sa femme s’il épousait Shentu Tian-Yin ? Il les réduirait en miettes !
La pièce centrale étant vide, Shentu Tian-Yin conduisit Xia Lei par la porte latérale vers une cour intérieure.
La cour intérieure était pavée sur une grande surface de dalles noir-verdâtre, un vieil homme aux cheveux blancs se prélassait au soleil sur une chaise. Un groupe de personnes bavardait à côté de lui. Shentu Tian-Feng faisait partie de ce groupe et à côté de lui se trouvait une jeune femme d’une vingtaine d’années. La femme était très jolie et dans un stade avancé de la grossesse – elle semblait devoir accoucher bientôt.
« La femme à côté de Shentu Tian-Feng est Tan Jing-Jing, son épouse. Elle est enceinte de huit mois et attend un garçon. Mon grand-père en est très heureux et attend la naissance de son arrière-petit-fils », déclara Shentu Tian-Yin à Xia Lei.
Xia Lei sourit avec ironie : « La génération de ton grand-père s’obstine à vouloir un héritier mâle. Il faut voir les choses autrement – certaines choses ne peuvent pas être corrigées. »
Shentu Tian-Yin fit un signe de tête : « Viens, je t’emmène voir mon grand-père. »
Ils marchèrent vers Shentu Wei-Ye et tous les yeux du clan Shentu se posèrent sur Xia Lei. Aucun de leurs regards n’était amical – ils voyaient déjà Xia Lei comme un impact négatif sur leur noble mode de vie actuel.
Shentu Wei-Ye regarda Xia Lei, avec une trace de colère dans les yeux.
Shentu Tian-Yin se prépara et dit : « Je suis de retour, grand-père. Laisse-moi te présenter – voici Xia Lei, mon petit ami. »
Xia Lei dit aussitôt : « Bonjour, grand-père. Je vous ai apporté quelques présents… »
Avant de pouvoir finir, Shentu Wei-Ye s’était mis à renifler.
« Qui appelles-tu « grand-père » ? Nous ne sommes pas parents. Ne crois pas que je serai ton « grand-père ». »
Le groupe de Shentu derrière Shentu Wei-Ye afficha des sourires pleins de malice, en particulier Shentu Tian-Feng. Son sourire n’était pas le plus évident mais le plus joyeux.
Xia Lei n’était pas perturbé pour autant.
« Me suis-je mal exprimé ? Comment devrais-je vous appeler alors ? Est-ce que “grand-papa” conviendrait ? », dit-il en souriant
La femme de Shentu Tian-Feng, Tan Jing-Jing, murmura : « Quelle peau épaisse. »
Shentu Tian-Yin la regarda et Tan Jing-Jing détourna les yeux. Elle se tut.
Xia Lei plaça les cadeaux à côté de la chaise de Shentu Wei-Ye, mais il ne lui épargna même pas un regard.
« Tian-Yin, depuis quand êtes-vous ensemble ? »
Shentu Wei-Ye lorgnait sur Shentu Tian-Yin sans pour autant masquer son mécontentement.
« On sort ensemble depuis des mois. Je n’étais pas sûr avant, mais je suis maintenant sûr qu’il est mon autre moitié, alors je l’ai ramené pour te rencontrer, toi, les oncles et les tantes. Nous formerons une seule famille à l’avenir, il vous rencontrera tous tôt ou tard. »
« Une seule famille ? »
Shentu Wei-Ye plissa ses sourcils.
Shentu Tian-Yin s’était préparée : « Oui. Nous prévoyons de nous marier au printemps. »
« Bah ! Je ne suis pas encore mort. »
Le ton de Shentu Wei-Ye était accusateur : « Pourquoi n’as-tu pas demandé ma permission pour une affaire aussi importante ? Ou celle de tes oncles et tes tantes ? Ton mariage est une chose énorme pour notre clan Shentu – comment peux-tu prendre cette décision par toi-même ? »
Shentu Tian-Yin s’était mordu la lèvre. Son cœur avait dû être brisé, mais c’était une femme forte. Elle s’était mise à l’abri et n’avait pas laissé échapper de larmes.
Xia Lei vit son combat et s’était sentie triste pour elle.
Shentu Yi et Wang Fang sortirent de la salle centrale à ce moment-là.
« Père, ce plouc a osé me répondre dès le début. Je le faisais pour le bien de Tian-Yin, en disant qu’il n’est que diplômé du lycée et il me répond que ce n’était pas moi qui cherchait un gendre. Père, tu vois, comment une personne comme ça peut être compatible avec notre Tian-Yin ? », se plaignit Wang Fang dès qu’elle s’approcha.
Le clan Shentu répondit en bourdonnant.
« Comment peut-il se comporter ainsi ? »
« Oui, pourquoi Tian-Yin a-t-elle choisi un homme comme ça ? Quel manque de classe. »
« Aurons-nous encore nos positions dans le groupe Vientaine si Tian-Yin épouse cet homme qui ne montre aucun respect pour ses aînés ? »
Toutes leurs craintes et leurs répliques pouvaient se résumer en une seule : «Le pognon ! »