Après qu’Hermie expliqua les activités de la secte, on pouvait voir de légères veines bleues apparaître sur le front de Wilhelm.
“Quels salauds de fous. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi vous avez fait appel à moi. Vous devez savoir que je ne suis pas le seul à venir sauver Millie, non ?” demanda Wilhelm ravalant sa colère.
Pourquoi l’appeler spécifiquement, alors qu’appeler Shin ou Schnee pouvait tout résoudre plus rapidement ?
“Je suis conscient que d’autres personnes tentent de sauver Millie. Mais ma capacité m’a permis de ne voir que vous et la femelle elfe. Et à son sujet, tout ce que j’ai pu voir était très rude et incertain. Une fois, je vous ai vu sauver une femme appelée Rashia, et il y avait un homme aux cheveux noirs avec vous… mais je n’ai vu que lui cette fois-là. Mon pouvoir a ses limites, après tout.”
Hermie avouait ainsi son incapacité à voir Shin, Schnee ou Shibaid.
Wilhelm savait à quel point ces trois-là étaient hors norme, il n’eut donc pas de mal à accepter une telle raison. Différence de niveau et de statut, qualité des armes et des armures, supériorité des espèces… il y avait trop de raisons possibles.
” Je vois. En pensant à ces types, il n’est pas étrange que je sois le seul que vous puissiez voir. Assez parlé d’eux cependant.”
C’était tout ce que Wilhelm pouvait dire à ce moment-là.
Lui aussi était semblable à eux pour ce qui était d’être hors norme, mais comparé à Shin et aux autres, il pâlissait encore.
“Pour en revenir au sujet, que comptez-vous faire maintenant ? Même si Millie est en sécurité, vous serez toujours sacrifié, n’est-ce pas ?”
Pensant que ce n’était pas quelque chose dont il fallait parler sur le moment, Wilhelm revint au sujet qui l’intéressait.
“Je… je ne peux pas m’échapper.” dit timidement Hernie en regardant le sol.
La résignation était palpable dans ses paroles.
Cherchant la source de ce sentiment, Wilhelm parla : “L’objet qui force l’obéissance de ceux qui l’équipent, hein.”
“Vous le saviez ?”
“Je l’ai appris d’un informateur. On dirait que c’est ce collier ?”
“Exactement. Je n’ai reçu que des ordres qui m’empêchent de faire certaines actions pour le moment, donc je peux me déplacer librement jusqu’à un certain point… mais si je reçois l’ordre, je peux faire les choses les plus cruelles sans hésiter.”
Les pupilles d’Hermie tremblaient pendant qu’elle parlait, ses doigts frôlant le col. Wilhelm ne pouvait pas savoir quelles horribles choses elle fut forcée de faire jusqu’à présent.
Mais à en juger par l’expression douloureuse d’Hermie, cela ne pouvait pas être quelque chose d’agréable.
“Êtes-vous consciente après avoir reçu un ordre ?”
“Je suis… vaguement consciente. Je suppose que je pourrais dire que j’ai l’impression d’être dans un rêve.” expliqua Hernie.
Wilhelm pensait que si elle l’était, son état émotionnel actuel pouvait très bien être pire.
“…Je ne peux rien faire pour cette chose autour de votre cou. Désolé, mais je repars avec Millie.”
“Frère Will !?” dit incrédule Millie en haussant la voix.
Elle était sur le point de demander à Wilhelm de sauver la Sainte, mais ses yeux rencontrèrent alors l’expression de regret réprimée de Wilhelm.
“C’est très bien. Ce n’est pas pour cela que je vous ai fait venir ici, après tout.” acquiesça Hernie.
Hermie comprenait les sentiments de chacun. Le sourire qui apparaissait sur ses lèvres naquit du fait qu’elle était sincèrement heureuse que Millie soit en sécurité.
En sentant le regard de Millie, Wilhelm savait qu’il se sentait irrité. Il y avait quelque chose qu’il n’aimait pas dans l’expression d’Hermie.
“Que signifie ce sourire ?” demanda Wilhelm
“Eh ?”
Cette question soudaine rendit Hernie confuse.
Hermie pensait que la libération de Millie pouvait être considérée comme suspecte par Wilhelm.
Elle s’attendait à ce qu’on lui demande si elle était manipulée et si elle essayait simplement de leur faire baisser leur garde.
Heureusement, cela ne s’était pas produit : Wilhelm acceptait de reprendre Millie sans hésiter.
Peut-être parce qu’elle y trouva un certain réconfort, Hermie ne pouvait pas comprendre immédiatement les paroles de Wilhelm.
“C’est le sourire de quelqu’un qui ne se soucie plus de lui-même.” dit Wilhelm.
“…si c’est ce que vous pensez, pourriez-vous s’il vous plaît entendre ma requête ?” demanda la Sainte.
En comprenant les mots de Wilhelm, une pensée se forma en Hermie.
Peut-être allait-elle être en mesure d’accomplir l’autre objectif de la convocation de Wilhelm.
“Laquelle ?”
“S’il vous plaît, tuez-moi.”
“Dame Hermie ! ?”
“Soeur Hermie !?”
Les mots d’Hermie furent suivis d’exclamations choquées de la part du guide et de Millie.
Le véritable objectif de l’homme qui amena Wilhelm à reprendre Millie était de sauver Hermie.
Entendre la même Hermie demander à Wilhelm de la tuer allait évidemment le pousser à élever la voix.
“Vous êtes sérieuse ?”
“Même si je continue à vivre comme ça, je ne ferais que causer des problèmes à beaucoup de gens. Si je meurs et que Millie disparaît d’ici, le complot de Bulk échouera aussi. À cause de ce collier, je ne peux pas le faire de mes propres mains, alors… je vous en supplie.”
“Cela ne peut pas arriver ! Voulez-vous que les efforts sincères de tous ceux qui essaient de vous sauver soient vains ! ?”
“Il sera trop tard si les choses continuent ainsi.” dit-elle avec un regard résolu.
“Qu’avez-vous vu ?”
“Je …gwah !”
Hermie était sur le point de commencer à parler, quand son visage se tordit en une grimace de douleur. A travers ses doigts serrant son cou, Wilhelm remarqua que les mots gravés sur le collier s’illuminaient.
“Mes… excuses. Le collier m’empêche d’en dire plus. Mais si les choses continuent comme ça… le continent d’Eltnia tombera en ruine.”
“….le Démon, huh ?”
Wilhelm devinait ce que Hermie voulait dire à travers ses paroles fragmentées.
Il rassemblait des informations sur Bulk à sa manière aussi ; ses sources d’information ne se limitaient pas à Jai.
Parmi les informations que Wilhelm recueillit, il y avait des liens entre Bulk et le Démon, bien que non confirmés.
“Il est également très puissant. Si vous me comprenez, s’il vous plaît…”
“Désolé, mais je ne peux pas faire ça.” coupa Wilhelm en tapotant la tête de Millie, qui le regardait en silence.
‘Je ne suis pas habituellement du genre à compter sur les autres, mais…’ pensa-t-il.
Wilhelm était aussi un guerrier expérimenté. La chose dont parlait Hermie, quelque chose qui pouvait détruire tout le continent… Il en ressentait, très légèrement, des traces depuis son arrivée à Sigurd.
Ce n’était pas à l’intérieur de Sigurd même, mais pas très loin d’elle, quelque chose d’une nature inconnue commençait à bouger.
De cette chose supposée dangereuse, cependant, Wilhelm ne pouvait sentir aucune présence mortelle.
La raison en était que jusqu’à ce qu’il entende les mots d’Hermie, il ne perçut pas ce sentiment d’irritation comme quelque chose de concret.
Mais maintenant, il en comprenait la raison. Il sentait que quelque chose d’encore plus grand que la menace dont parlait Hermie le bloquait.
Il n’y avait qu’une seule chose à laquelle il pouvait penser.
“Même si je ne vous tue pas ici, cet ennemi ou autre ne va rien accomplir, vous savez.”
“Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? Ce n’est pas quelque chose auquel de simples humains peuvent se comparer !”
Intriguée par le manque de sens du danger de Wilhelm, Hermie laissa bruyamment échapper ses sentiments.
Elle ne pouvait pas l’exprimer avec des mots, mais Hermie le vit grâce à sa capacité de ‘Lectrice d’étoiles’. L’ombre massive émergeant du site du rituel, et la destruction dans son sillage.
Hermie savait que même si elle suppliait les personnes qui essayaient de l’aider – comme l’homme qui guidait Wilhelm – de la tuer, jamais ils n’allaient consentir.
Elle fit venir Wilhelm non seulement pour lui confier Millie, mais aussi pour lui demander de la tuer.
“S’il n’y avait eu que moi à Sigurd, ça aurait marché, peut-être.”
L’absence d’inquiétude dans les paroles de Wilhelm assombrit davantage l’expression d’Hermie.
Il y avait une nette différence entre les réactions de Wilhelm et d’Hermie face au danger à venir.
La cause de cette différence était une chose simple. Connaître ou non une certaine personne.
Qui pouvait jamais le prédire ?
Que la race dont on parlait dans les mythes était maintenant ici, dans cette ville ?
Qui pouvait le prédire ?
Que lui et ses camarades étaient déjà en mouvement ?