« Nom d’un chien ! Je m’échappe du territoire des loups pour me retrouver dans le royaume des chevaux ? » Han Sen était morose en regardant les chevaux ailés – les pégases – s’approcher. Il avait envie de se gifler en pensant : « Pourquoi suis-je venu ici en premier lieu ? J’aurais dû m’en tenir à la recherche de super créatures solitaires ! »

« Essayer de profiter des autres me fera tuer » soupira Han Sen.

Heureusement, il semblait y avoir un no man’s land entre la meute de loups et les pégases en plein vol. Ils n’arrivèrent pas jusqu’à lui, ce qui lui permit de se reposer un court instant.

Han Sen n’osait pas voler dans le ciel. Il n’y aurait aucun avantage là-haut, étant donné que les pégases étaient des créatures volantes.

Il se posa sur l’herbe et jeta un coup d’œil autour de lui. L’endroit n’avait rien de remarquable, ce n’était qu’un champ d’herbe. À des dizaines de kilomètres à la ronde, il n’y avait aucune trace des pégases ou des loups.

Après qu’Han Sen eut regardé de plus près, l’herbe était plus courte qu’ailleurs. Une partie de l’herbe avait même une couleur jaunâtre. C’était très différent de l’herbe fraîche, longue et verte qui se trouvait dans les champs à gauche et à droite de celui où il se trouvait.

À part cela, il n’y avait rien de spécial. Il n’y avait même pas de lac ou d’étang, juste un champ herbeux.

Les loups et les chevaux le regardaient mais gardaient leurs distances. Ils ne partaient pas, alors Han Sen décida de rester sur place tant qu’il était en sécurité. Il ne pensait pas que les loups et les chevaux pourraient s’ennuyer à le regarder comme ça pendant longtemps.

Mais Han Sen réalisa rapidement que quelque chose n’allait pas. Les chevaux et les loups étaient vraiment restés là, se relayant avec d’autres dans leurs propres groupes pour observer Han Sen.

Heureusement, Han Sen avait apporté de nombreuses provisions, y compris des solutions nutritives. Il pourrait rester dans ce champ pendant deux mois, si nécessaire.

Mais même s’il restait là où il était pendant les deux prochains mois, à quoi bon ? Les loups et les chevaux ne voulaient pas partir. Deux semaines passèrent et ils restèrent toujours à l’extérieur du champ, observant Han Sen, ne lui permettant pas de partir.

« Renard argenté, il va falloir que tu fasses quelque chose et que tu m’aides à trouver un moyen de me sortir de ce pétrin. Tu ne vas pas attendre que je sois mort pour t’enfuir, n’est-ce pas ? » Han Sen mit le renard argenté devant son visage et dit : « Ce n’est pas juste ! Il n’y a pas beaucoup de différence entre un renard et un loup, n’est-ce pas ? Tu ne peux pas aller parler au roi des loups en mon nom, et lui dire que ce n’était qu’un gros malentendu ? »

Han Sen le posa à terre et le renard argenté resta allongé sur le sol, clignant des yeux à Han Sen.

Han Sen avait l’impression qu’il ferait mieux de parler à un rocher. Il fit donc plusieurs fois le tour du champ, évaluant les possibilités de fuite, mais ne découvrit rien de viable.

« Si s’échapper ne fonctionne pas, alors qu’il en soit ainsi. Je vais devoir me battre pour sortir ! Je ne peux certainement pas partir par le côté des pégases, car leur nombre semble plus important que celui des loups. Ils peuvent aussi voler. C’est sûrement le chemin le plus dangereux. » Han Sen regarda alors du côté des loups. Il observa le vent souffler dans l’herbe, qui révélait le dos gris des loups cachés. Dieu sait combien d’entre eux se cachaient dans les hautes herbes, attendant Han Sen.

Han Sen ne pouvait qu’observer leurs mouvements, attendant le bon moment pour se frayer un chemin à travers les hordes et s’échapper de façon audacieuse. Il serait préférable qu’il puisse confirmer l’emplacement du roi-loup, afin d’avoir au moins une chance de lui tirer dessus. Mais hélas, il n’arrivait pas à le repérer et un tel mouvement n’était pas envisageable à l’heure actuelle.

Au bout d’un moment, Han Sen vit les chevaux dans un état de légère agitation. Dans le groupe de chevaux, un poney rouge apparut. Ils se séparèrent et lui formèrent un chemin, n’osant pas le toucher.

« Est-ce l’enfant d’une super créature ? » Han Sen jeta un coup d’œil et fut surpris. Le poney roux ne semblait pas être né depuis très longtemps. Il avait l’air plutôt curieux, et même les pégases de sang sacré évitaient de l’approcher.

« Si je kidnappe le poney rouge, pourrais-je l’utiliser pour échapper à la foule de chevaux ? » Le cœur de Han Sen nourrissait cette mauvaise pensée, se demandant s’il pouvait mettre un couteau sous le cou du poney rouge et négocier un accord avec le roi des chevaux.

Mais Han Sen abandonna rapidement cette idée. Les créatures n’étaient pas des humains, et si elles voyaient Han Sen menacer le poney rouge, elles choisiraient probablement de tuer Han Sen plutôt que de négocier.

Bien que le poney rouge soit petit, c’était une super créature. Han Sen n’était pas tout à fait sûr de pouvoir l’affronter seul de toute façon.

Le poney roux semblait curieux de tout. Il ouvrit grand les yeux et regarda Han Sen et le renard argenté avec beaucoup d’intérêt.

Le poney rouge tenta à plusieurs reprises d’entrer dans le champ de Han Sen, mais à chaque fois, le roi des chevaux l’arrêta et le renvoya.

Avant que le poney rouge ne soit emmené, il se retourna et sembla presque contrarié.

« C’est dommage. Si ce poney rouge était venu ici de lui-même, je pourrais peut-être le kidnapper ! » pensa Han Sen, déçu.

Cette nuit-là, Han Sen s’allongea sur l’herbe pour observer le ciel nocturne. Il comptait les étoiles qui scintillaient au-dessus de lui. C’était assez ennuyeux, alors il convoqua l’ange et la princesse YinYang pour parler.

Alors qu’ils parlaient, ils entendirent des bruits provenant de la foule des chevaux. En regardant par là, Han Sen vit le poney rouge se faufiler vers lui, les yeux fixés sur lui.

Han Sen fut heureux de le voir, mais cela provoqua une certaine agitation dans la foule des chevaux. Ils hennirent à plusieurs reprises, comme s’ils essayaient de convaincre le poney rouge de revenir vers eux.

Mais ils avaient beau faire du bruit, ils n’osaient pas entrer dans la zone comme l’avait fait le poney rouge.

Cependant, le roi des chevaux était introuvable, et Han Sen ne savait pas pourquoi.

Le poney rouge ignora ses frères et continua à s’approcher d’Han Sen. Il regarda à gauche et à droite jusqu’à ce qu’il soit à une vingtaine de mètres. Ensuite, il resta sur place et observa Han Sen et ses compagnons.

« Viens ici, petit enfant. Viens ici. » Le visage de Han Sen était couronné d’un étrange sourire. Il tendit les deux bras vers le poney roux, comme s’il appelait un bébé à ramper jusqu’à lui.

Mais le poney roux recula de quelques pas, et ses yeux étaient en alerte. Il ne faisait pas confiance à Han Sen.

Han Sen remarqua que son comportement ressemblait à celui de n’importe quel vieil oncle effrayant souhaitant kidnapper un enfant. Rapidement, il se débarrassa de son visage grimaçant et reprit son air innocent, comme s’il changeait de masque. Ce faisant, il réfléchit à la façon dont il pourrait attirer le poney roux vers lui.

Han Sen jeta de la viande séchée sur le sol et demanda au poney de la manger, mais il n’en tint pas compte.

« Les chevaux n’aiment-ils manger que de l’herbe ? » Han Sen se sentit mal à l’aise. Il regarda dans ses poches et il n’y avait rien qu’il puisse utiliser pour attirer le poney rouge, alors il ne savait pas trop quoi faire.

Mais le poney roux, après avoir regardé plus longtemps, sembla perdre un peu de son appréhension. Lentement, il commença à se rapprocher de Han Sen.

La foule de chevaux était en ébullition, et d’innombrables chevaux entouraient la zone, pleurant à plusieurs reprises. On aurait dit qu’ils suppliaient Han Sen de ne pas blesser le poney rouge et de le faire revenir.

Han Sen pensa soudain que quelque chose ne tournait pas rond. Si les loups et les chevaux s’évitaient, c’était peut-être pour cela qu’ils ne s’approchaient pas ? Mais maintenant que le poney roux était à l’intérieur, pourquoi les autres chevaux ne venaient-ils pas ?