“Alors, et toi ?” Riftan questionna légèrement, sans remarquer sa détresse.

Max dissimula rapidement ses émotions en essayant de paraître nonchalant. “J’aime juste… le genre de choses que les autres personnes aiment aussi.” répondit-elle simplement.

“Ce n’est pas juste. Je veux une réponse correcte.” lui a demandé Riftan. Sur son ton incitatif, Max réfléchit encore un peu afin d’élaborer ses mots pour donner à Riftan une réponse satisfaisante.

Après s’être décidée sur ce qu’elle devait dire, Max ouvre à nouveau la bouche.

“Comme je l’ai déjà dit… j’aime les animaux. Les chiens, les chats, les ch-chevaux… J’aime aussi les poussins et les ra-lapins.”

“Et ?”

“J’aime lire les livres. Quand j’étais à au Château de Croix, j’étais tout le temps à la bi-bliothèque.” annonce Max et Riftan lui fait un signe de tête.

“En effet, le majordome m’a dit que tu passais le plus clair de ton temps à la bibliothèque.” Riftan lui a dit et Max lui a souri faiblement.

“C’est vrai. Il y a beaucoup de livres rares et précieux dans la bi-bliothèque du château de Ca-calypse. Bien que Ruth s’accroche à la plupart d’entre eux…” Max a ajouté la dernière phrase comme si c’était une réflexion après coup.

Riftan lui a jeté un regard presque surpris, il a baissé la tête vers lui et a demandé d’un ton plutôt conspirateur : “Dois-je le virer de la bibliothèque ?”

“Si tu fais ça, il ne me laissera pas l’oublier pour le reste de ma vie.” Max l’a averti avec une légère panique.

Riftan a pris une expression incertaine devant sa protestation rapide. Il lui fit un petit froncement de sourcils et la fixa dans les yeux avant de finalement dire ce qu’il pensait.

“On dirait que vous devenez très proches tous les deux.” Riftan a dit d’une voix basse et Max a senti que même s’il essayait de le masquer, le premier n’était pas à l’aise avec le fait qu’elle passe du temps avec Ruth. ( Un peu de jalousie ? N’est-ce pas mignon ? )

“Quand on a décoré le château… il m’a donné beaucoup de conseils. Il est tatillon et il râle beaucoup… mais il semble être une bonne personne.” Max a expliqué, mais d’une certaine manière, il semblait que ses mots le mettaient de mauvaise humeur au lieu de le réconforter.

Riftan est resté silencieux pendant un moment, comme s’il essayait de choisir ses mots, quand il a semblé assez calme pour parler à nouveau, il s’est tourné vers Max, et a dit, “C’est vrai. Il est tatillon et a trop de choses à dire, mais c’est un homme honnête.”

Honnête. Max réalisa qu’il avait dit ça comme s’il n’y avait rien de plus important que la confiance.

“Et les choses que tu détestes ?” Riftan ouvrit à nouveau la bouche après avoir chevauché tranquillement pendant un moment, perdu dans ses pensées. “Tu dois répondre à ça aussi, pour que ce soit juste.”

Des coups de fouet, des cris, des jurons et des coups lui venaient à l’esprit, mais elle ne pouvait pas lui donner une réponse aussi honnête.

Pourtant, elle ne voulait pas non plus lui mentir. Riftan détestait les mensonges plus que tout. Elle a hésité et a choisi une réponse honnête à lui donner.

“M-moi-même.”

Riftan a cligné des yeux, confus, comme s’il ne comprenait pas pourquoi elle disait cela. Elle l’a dit à la légère, comme si ce n’était pas grand chose.

“Je… je me déteste.” Max répéta cette fois-ci avec plus de conviction.

Au moment même où elle disait cela, le chemin qu’ils empruntaient se termina et une grande prairie apparut devant eux, ils étaient enfin arrivés.

Avant qu’il ne puisse lui demander davantage d’explication ce qu’elle voulait dire, elle galopa au-delà de la colline, laissant Riftan fixer sa silhouette en retrait.

Contrairement à ses attentes, elle a découvert qu’elle était capable d’apprécier pleinement l’équitation.

Elle se sentait incroyable de pouvoir courir librement sur les vastes collines sans aucune restriction. Il n’y avait pas d’autre endroit où elle se sentait plus à l’aise et plus agréable que de parcourir les sentiers sinueux des montagnes.

Elle galopait à travers les prairies, qui étaient légèrement dorées par la chaude lumière du soleil d’hiver. Elle chevauchait librement comme si rien ne la retenait.

Max remarqua que sa posture s’améliorait petit à petit au fur et à mesure qu’elle chevauchait, et au moment où il suggéra qu’ils se reposent un peu en haut de la colline, elle était déjà capable de chevaucher avec le dos droit sans même y penser.

“J’ai apporté du vin.” Riftan lui a dit en sautant de son cheval et en les conduisant sous le grand arbre en haut de la colline et en l’aidant à descendre du sien.

“Tu t’es essoufflé. Je peux sentir ton cœur battre aussi vite que celui d’un colibri.” dit-il en plaçant ses mains sur ses côtés et en la soulevant facilement.

Max a régularisé sa respiration, rendue difficile par l’équitation, et a essuyé les perles de sueur sur son front. Comme il l’avait dit, son coeur battait dans ses oreilles.

“J’ai vraiment… l’impression d’avoir un tambour qui bat à l’intérieur de moi.” Elle lui a dit en touchant sa poitrine. Elle pouvait sentir une légère vibration de là.

“C’est une jolie analogie.” Riftan lui a dit avant de se baisser pour presser ses lèvres sur sa joue rougissante et finalement la déposer sur le sol.

Riftan a ensuite étendu sa cape sur l’herbe sous l’arbre et s’est assis dessus. Max se laissa tomber à côté de lui.

La brise froide a rapidement rafraîchi leurs corps chauds. Max a remarqué la silhouette d’une ville au bas de la colline.

Elle ajusta sa cape en regardant le paysage en dessous d’eux. Le vent lissait les champs dorés alors qu’il les balayait avec une apparente hâte.

“C’est un endroit tellement beau.” Max a chuchoté en se prélassant dans l’ambiance chaleureuse qui les entourait.

“C’est plus beau au printemps. Les champs sont alors verts et débordent de fleurs sauvages.” lui dit Riftan avec un sourire.

Elle sentit sa poitrine se gonfler d’impatience à l’évocation du printemps.

L’anticipation… Elle n’aurait jamais pu imaginer qu’un jour dans sa vie, elle ressentirait de l’anticipation et de l’envie pour quelque chose. Tout était nouveau, et joyeux, et un peu effrayant aussi.

“Viens ici. Tu vas vite avoir froid puisque tu as transpiré.” Riftan l’appela en appuyant son dos contre l’épais tronc d’arbre, et en la rapprochant pour partager son manteau.

Max sirotait la petite bouteille de vin en s’asseyant légèrement sur ses genoux. Contrairement à ce qui se passait lorsqu’il la taquinait, elle ne se sentait pas gênée ou embarrassée d’être si proche de lui maintenant. Être enveloppée dans ses bras forts semblait si naturel.

“Donne-m’en aussi.” Riftan lui chuchota en mettant ses mains autour de sa taille et en penchant sa tête sur son épaule pour prendre une gorgée.

Max a placé la bouteille de vin sur ses lèvres et l’a inclinée avec précaution pour qu’elle ne se renverse pas. Il a pris quelques gorgées et a retiré ses lèvres quand il a eu fini. Il a ensuite fixé ses yeux dans les siens avec intensité.

“Pourquoi te détestes-tu ?” demanda Riftan.

Il semblait que Riftan n’avait pas l’intention de passer légèrement sur ce qu’elle avait dit plus tôt.

Max détourna les yeux, embarrassé par ce qu’elle lui avait dit, il ne voulait pas qu’il la regarde avec pitié. Il était évident qu’elle n’avait qu’une seule réponse : elle avait l’air de la personne la plus stupide du monde quand elle parlait. D’une certaine manière, le fait qu’il continue à éviter ce sujet était un peu drôle.

Max demanda nonchalamment, “Est-ce que tu n’as… jamais eu un moment où tu t’es détesté, Ri-Riftan ?”

“J’en ai eu beaucoup.”