“Euh… Madame, si vous me permettez de demander…”

Le serviteur laissa échapper quelques toux sèches avant de poursuivre maladroitement.

“Pourriez-vous dire au seigneur que le repas est prêt ? J’ai pensé qu’il devait manger avant de partir en voyage, on le prépare dans la cuisine depuis tôt le matin.”

“Je vais lui dire !”

Elle répondit d’une voix forte et exaltée. Le visage du vieil homme, qui était plein d’anxiété pour avoir posé une question peut-être présomptueuse, montrait maintenant du soulagement. Il s’empresse d’exprimer sa gratitude.

“Mer-merci madame, alors… uhm, je vais vous laisser faire.”

Elle était juste heureuse d’avoir une excuse pour aller le voir et s’est précipitée vers la porte sans une réponse appropriée. La délicate brise d’automne balayait doucement son frêle corps. Elle prit un moment pour lever les yeux vers le ciel, le pâle soleil d’automne illuminait progressivement la journée et se reflétait sur les flaques d’eau brillantes formées dans le jardin. Avec de petits sauts et sautillements, elle a traversé les flaques d’eau et s’est dirigée vers les escaliers.

En traversant le vaste jardin, elle s’est approchée de la porte intérieure. Tenant soigneusement sa jupe pour ne pas la mouiller, elle descendit agilement les huit marches de l’escalier. Elle passa devant un garde qui inclina la tête en précipitation devant l’arrivée inattendue de leur madame.

Elle se rapproche de plus en plus des portes de la salle. Entouré d’un haut et épais mur extérieur et soutenu par un solide pilier, ce grand hall offrait une image altière dans la faible lueur du soleil matinal. Les chevaliers en armure d’argent, alignés en bon ordre devant l’imposant Riftan, offraient une vue à couper le souffle.

En entrant dans le hall, Max s’est arrêtée dans ses pas. Sans un bruit, elle a lentement pris connaissance de son environnement. Il semblait parler de quelque chose de sérieux, Max a donc estimé qu’il n’était pas approprié de l’approcher pour le moment. Elle décida d’attendre le moment opportun tandis que les voix dans le hall augmentaient régulièrement.

“Chef, si vous êtes si inquiet pour Anatol, je vais rester.”

Gabel, un jeune chevalier qui avait montré sa brillante rhétorique lors du dîner, fit un pas en avant et dit : “Vous n’auriez pas à vous inquiéter si un seul chevalier Remdragon restait sur place, n’est-ce pas ?”

“Ce n’est pas possible. Chaque chevalier ayant participé à la bataille doit assister à la célébration. La reconnaissance des services rendus doit être divisée équitablement entre nous tous.”

“Je ne suis pas intéressé par les titres ou les récompenses du roi. Ma réputation de chevalier est assez bonne, et j’ai déjà reçu plus qu’assez d’éloges. Il vaut mieux rester au château et m’entraîner avec mon épée que de perdre mon temps à assister à une fête ennuyeuse.” ( Moi je dis bravo, mais Riri veux rester lui-même mdr )

“Tu es sérieux ?”

Les bras croisés sur sa poitrine, Hebaron secoua la tête avec incrédulité. Il semblait penser que son compagnon, Gabel, ne pensait pas ce qu’il disait et avait décidé de l’interpeller.

“Ce n’est pas comme si tu étais un moine. Si toutes les dames de la Cité impériale s’entassaient à tes pieds, vas-tu refuser ? Avec ton flair pour les mots, tu pourrais faire pâlir n’importe quelle dame, aussi hautaine soit-elle !”

“Tu es un homme superficiel ! C’est tout ce à quoi tu peux penser avec ta grosse tête ?”

“Qu’est-ce que tu as dit ? !”

En regardant Hebaron et Gabel se lancer des regards de poignard, Ruth, qui se tenait aux côtés de Riftan, a laissé échapper un profond soupir.

“Vous deux devez être sous le coup d’une malédiction où si vous ne vous grognez pas dessus pendant une journée, vous attraperez une infection mortelle.”

Il fit claquer sa langue, comme s’il était fatigué de toutes ces disputes, et poursuivit ses propos.

“Comme l’a dit Sir Calypse, tous les chevaliers qui ont participé à la bataille doivent se rendre au château royal. Sir Ovaron, Sir Sebrick, et les gardes sont suffisants pour protéger Anatol. D’ailleurs, je pense aussi à rester en arrière.”

“De quoi tu parles ? Tu dois partir ! Tu as joué un rôle énorme dans la bataille.”

“Je ne suis pas quelqu’un qui se soucie de la gloire ou de l’honneur. De plus, si je pars, il y aura forcément des frictions avec les sorciers du palais. En gros, je suis traité comme un traître par les sorciers parce que j’ai quitté la Tour du Monde sans permission.”

Alors que le sorcier haussait les épaules comme si ce n’était pas grave, les chevaliers roulaient des yeux. Riftan, qui était resté silencieux pendant un long moment, décida d’ouvrir la bouche.

“… je me sentirais aussi soulagé si tu restait.”

“C’est ce que j’avais prévu depuis le début.” Ruth a haussé les épaules comme si ce n’était pas grave.

Sur ce, Riftan a fait un pas en avant, plongeant la salle dans un silence de plomb. Il a posé un regard autoritaire sur la file d’attente devant lui et a parlé solennellement.

“Alors c’est décidé. Nous partons dès que nous sommes prêts. L’itinéraire sera le même que celui que j’ai expliqué auparavant.”

Les chevaliers serrèrent leurs poings sur leurs poitrines et les posèrent vivement. Cela semblait être leur propre façon d’être courtois.

Max, qui traînait depuis longtemps à l’arrière, s’est approché furtivement de Riftan alors que le briefing touchait à sa fin. Il se retourna et prit un air perplexe en voyant sa visite.

“Je te l’ai dit, tu devrais prendre un peu plus de repos. Il y a un problème ?”

“Oh, non… Eh bien, j’ai senti que je devais me lever, moi aussi.”

Elle a ignoré les regards des chevaliers alors qu’elle s’approchait de lui. Riftan la regardait avec des yeux inquiets. Sentant son cœur se serrer à son regard, elle continua timidement.

“Ils m’ont dit que les repas sont prêts, donc… je suis ici pour te le dire…”

Il regarda le ciel, mesura l’inclinaison du soleil, et dit aux chevaliers.

“Remplissons d’abord nos estomacs.”

Les chevaliers se sont rapidement dispersés. Riftan marchait avec un bras autour des épaules de Max, le tenant comme s’il la protégeait. Max a jeté un coup d’œil à sa silhouette fringante sous la lumière vive du soleil. Vêtu d’une armure argentée et d’une épaisse tunique bleue, il était aussi resplendissant que s’il sortait d’un temple. Elle pouvait sentir pourquoi les roturiers le regardaient et criaient.

“Le sage d’Uigru !” … le chevalier légendaire qui s’est élevé jusqu’aux cieux.