“… Je pense que la saison des pluies est sur le point de commencer.” Riftan, qui était sur le point d’attacher les chevaux, a dit, en regardant le ciel.

Le ciel ondulait avec un motif sinistre d’écailles de poisson comme s’il était devenu la mer. Riftan hocha à nouveau la tête, sachant qu’il avait raison, et le chevalier qui avait légèrement jeté une bûche dans le feu était d’accord avec lui.

“Je suis déprimé rien que d’y penser. C’est affreux d’errer dans ces montagnes sous la pluie. Mon armure est si lourde et inutile, et le sol est trempé.”

Les autres chevaliers ont tous retiré leurs armures, grognant en se réchauffant les mains près du feu.

“Nous devrions être arrivés à Anatol maintenant.”

“Quelle différence cela ferait-il ? Avez-vous oublié ? Dès que nous arrivons à Anatol, nous devons partir pour un autre royaume dans quelques jours à peine.” lança un autre chevalier.

L’homme renfrogné jeta un coup d’œil furtif à Max, qui fixait le feu. “Cela a pris beaucoup plus de temps à cause de ce vent horrible… Ne serait-il pas amusant de mettre le roi Ruben encore plus en colère en retardant davantage le départ ?”

“Eh bien, la saison des pluies est sur le point de commencer. Qu’est-ce qu’on peut y faire ?” Riftan a attaché les rênes de son cheval au poteau et s’est assis à côté de Max. Le chevalier blond Rikaïdo était assis tranquillement à côté de son cheval avec un regard indubitablement déprimé sur son visage. ( Ricardo deviens Rikaïdo )

“Le guerrier qui a vaincu le dragon rouge refuse maintenant de répondre à l’appel du roi à cause de quelques pluies ? Tu ne peux pas faire attendre Sa Majesté plus longtemps ! Nous avons déjà perdu assez de temps avec ce travail inutile !”

La voix de l’homme le transperça comme un fouet dans le dos. Le visage de Max pâlit et celui de Riftan devient rouge de colère.

“Uslin Rikaïdo… Fais attention à ce que tu me dis.” Riftan ajoute alors : “Qui a dit que je désobéirais au roi ? J’ai juste été un peu retardé.”

L’homme se pinça les lèvres comme s’il allait se remettre à crier, puis il tourna soudainement le dos et un silence pesant s’installa tout autour. Le seul son que l’on pouvait entendre était le crépitement du bois de chauffage. L’un des chevaliers, connu pour ses actions impertinentes et parfois irréfléchies, prit soudainement la parole.

“Je suis d’accord avec notre chef. Je n’ai pas envie de me mouiller sous la pluie comme un chien galeux. Ça fait trois ans qu’on vit ça, et je suis prêt à retourner à nos anciennes vies.”

“Espèce de bâtard pathétique ! Avec ce vent… !”

“Lord Rikaïdo et Sir Nirta ont tous deux raison. Nous devrions instiller le pouvoir des Chevaliers Remdragon sur la capitale dès que nous le pourrons.” argumenta Ruth, qui était jusqu’alors assise tranquillement dans un coin. C’est alors qu’un chevalier appelé Hebaron s’est triomphalement levé.

“Regardez-moi ça. Même le magicien dit que j’ai raison.”

“Il pleut juste un peu. Il y a peut-être du temps avant que la saison des pluies ne commence vraiment.”

Rikaïdo avait l’air contrarié mais Ruth semblait heureux. Il avait senti une libération palpable dans l’atmosphère tendue et avait secrètement poussé un soupir de soulagement. Avec cet argument, ils n’avaient toujours pas décidé de la date de leur départ pour Anatol et le territoire de Croix.

Max se souvint d’une carte du continent de Roviden qu’elle avait vue un jour dans la bibliothèque du château. Le domaine de Riftan à Anatol, était situé sur une petite péninsule, qui s’étendait comme une tête de serpent vers l’extrémité sud-ouest de la mer du Sud. On lui a dit qu’il était entouré de montagnes escarpées et de vastes champs ouverts au sud.

La capitale de Whedon, Drakium, était située à l’extrême nord-ouest, loin au-dessus d’Anatol. La route la plus rapide depuis Aranthal, où la bataille contre le dragon avait commencé, jusqu’à la capitale royale était de remonter directement la rivière Wiserium. Elle n’avait que de maigres connaissances en géographie, mais il semblait évident qu’ils prenaient le chemin le plus long.

C’est de ma faute… J’ai attiré la colère du roi sur nous ! Max se confesse intérieurement. ( Non, c’est celle de ton père pour ne pas t’avoir envoyé au château de Riftan )

Max comprend vaguement pourquoi Uslin Rikaïdo est si nerveux. Riftan avait refusé la proposition du roi d’épouser sa fille. Plus elle réfléchissait à ce problème, plus son estomac se tordait en nœuds.

Non, ce n’est pas à cause de moi… il doit y avoir une autre raison. Quel autre chevalier dans ce monde repousserait l’appel d’un roi afin de ramener sa femme à la maison ? Mais elle s’est vite débarrassée de ses idées noires. Cela n’avait aucun sens de tout rejeter sur elle-même.

Lorsque les pouvoirs centraux sont faibles, un homme possédant une grande étendue de terre avec la puissance militaire nécessaire pour l’entretenir et la protéger était bien plus puissant que le roi. Après tout, Whedon était plus stable que les six autres nations.

De plus, Ruben III est un roi qui était un leader fort et qui, de manière cruciale, avait l’allégeance de centaines de chevaliers respectés. Une telle personne ne pouvait pas être mise sur la touche aussi facilement.