Sous le Chêne | Under the Oak Tree
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“La dame est familière avec cette poudre. Cette poudre qui peut arrêter les saignements est faite à partir du broyage des feuilles et des racines de concombre séché, mélangé à un peu de farine et à une variété d’herbes. J’en ai fait plus qu’il n’en faut, mais s’il en manque, vous pouvez en fabriquer en utilisant cette recette. Vous devez être précis en les mélangeant, alors utilisez une balance. J’ai également écrit d’autres recettes pour des médicaments simples, lisez-les de temps en temps.”

Ruth a posé sur le bureau un parchemin dense, une petite balance, et un petit mortier et un pilon utilisés pour moudre les herbes. Max, qui se démenait pour noter ses instructions avec une plume encrée, lui jeta un regard inquiet.

“Alors… on a besoin d’autant de médicaments ?”

“On ne sait jamais. Comme vous l’avez déjà expérimenté, la magie de guérison ne peut être utilisée que jusqu’à une certaine limite. Il est sage de se préparer à tout à l’avance.”

Ruth haussa légèrement les épaules et commença à lui apprendre à utiliser la balance. Max essaya d’écrire son explication sur le parchemin avec le plus de détails possible. Elle savait que les responsabilités de Ruth étaient vastes, mais cela dépassait ses attentes. La pression pour combler son poste vacant pesait lourdement sur ses épaules.

“Je pense que j’ai tout expliqué. Maintenant, je te laisse les clés de la tour.” Ruth, dont les bras étaient croisés sur sa poitrine, leva les yeux au plafond et sortit la clé de sa poche. “Il n’y a rien de particulièrement dangereux, mais si possible, évitez de toucher autre chose que les herbes et les livres.”

“Je… Je ferai attention…”

Max lui a pris la clé avec précaution, puis il y a eu un étrange silence pendant un moment. Ruth se gratta l’arrière de sa tête touffue et fit une expression maladroite.

“S’il vous plaît, prenez bien soin de Sir Riftan et des autres chevaliers. Ils pensent tous qu’ils sont immortels, alors ils n’hésitent pas à faire des choses imprudentes. Je suis anxieux à l’idée de les laisser derrière moi, mais je ne m’inquiéterai moins puisque vous êtes là.”

Max sourit doucement. Elle sait très bien tout ce que Ruth fait pour Riftan et les chevaliers. Il prenait un temps précieux pour lui enseigner divers sorts magiques en raison de son dévouement à Anatol et à son peuple. Elle a répondu de la voix la plus brillante qu’elle avait, pour essayer d’apaiser ses inquiétudes.

“Ne vous inquiéter pas pour nous… Prenez soin de vous et revenez sain et sauf. Je travaillerai dur et ferai de mon mieux… R-ruth.”

“Oui, vous devrez.”

C’est alors que les épaules de Ruth se sont affaissées, comme s’il se souvenait soudainement de sa situation. “Je ne pourrai pas dormir dans un lit pendant un moment à partir de demain.” ( Ça doit être ça qui l’inquiète le plus XD )

“Vous ne dormez jamais dans un lit pour commencer.” Max secoua la tête d’une manière curieuse.

“Au moins… dormez dans un lit chaud aujourd’hui. Aussi, pour le dîner… J’ai dit au chef de préparer un grand et spécial festin alors ne le ratez pas… assurez-vous de descendre manger dans le réfectoire.”

“Je pensais à le faire de toute façon. Je ne serai pas en mesure de prendre un repas correct pendant un certain temps, alors j’ai besoin de manger quand je peux et de graisser mon estomac. Maintenant, allons-y, nous devons partir.”

Ruth a répondu de manière étourdie et s’est tournée vers la porte. Max ramassa son parchemin et regarda piteusement son dos en quittant la pièce. Elle se sentait désolée pour Ruth qui s’embarquait dans un voyage difficile. De plus, il allait être difficile de se sortir seule de diverses mésaventures à l’avenir. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle réalisa à quel point elle dépendait du sorcier fouineur. Max a parlé sur le ton le plus doux possible.

“Je vous remercie sincèrement… pour tout. Grâce à l’aide de Ruth… plusieurs crises…”

“A-Attendez, attendez ! Arrêtez de dire des mots aussi sinistres.” Ruth la regarde fixement et saute en l’air comme s’il venait d’entendre Max prononcer un mauvais présage. “C’est comme si vous me reverrez jamais.”

“C-c… ce que j’essaie juste de dire…”

“De toute façon, c’est tellement gênant, alors arrêtez. Dire un simple au revoir sera suffisant.”

Elle s’est mordue les lèvres. Elle essayait juste d’exprimer sa véritable gratitude, mais l’attitude de Ruth ne le permettait pas.

“B-bien. Alors… adieu et revenez vite. C’est suffisant ?”

“Oui, ça le fera. J’espère que la dame restera en bonne santé.”

Ruth marmonna quelques trucs en descendant les escaliers et soupira de manière étouffée, quand il envoya soudain un regard malicieux à Max par-dessus son épaule.

“Aussi, à mon retour, j’ai hâte d’entendre les bonnes nouvelles.”

“N..nouvelles ?

“Je dis juste que ça ne devrais pas être long avant que nous entendions des nouvelles de la naissance de Calypse II.”

Le visage de Max est devenu rouge comme une fraise. Voyant son visage rougi, Ruth gloussa et finit par éclater de rire. Max lui a jeté un regard indigné et a descendu les escaliers à grands pas.

Vraiment, il est très difficile de faire des adieux sincères avec cet énergumènes !

***

Ce soir-là, le dîner servi était le plus grandiose qu’ils aient jamais eu. Des cygnes rôtis et des porcelets entiers s’alignaient gracieusement au centre des tables, des dizaines de plats abondamment assaisonnés de clous de girofle, de noix de muscade, de cumin et de poivre étaient servis à profusion. Les chevaliers ont échangé leurs adieux tout en dégustant une nourriture somptueuse et un vin de qualité préparés avec soin par les serviteurs. Aucun d’entre eux ne reflétait sur son visage la moindre grimace ou anxiété.

Alors que Max regardait les chevaliers échanger des plaisanteries et des médisances espiègles comme s’ils allaient se revoir le lendemain, elle se demandait si un jour elle devrait aussi envoyer Riftan pour un long voyage avec le sourire. Pour l’instant, cela lui semblait inimaginable. Rien qu’à l’idée d’échanger des adieux avec lui, elle avait l’impression que son corps allait se fendre en deux.

Elle lève les yeux vers son visage enveloppé dans la douce lueur des bougies et pense à l’importance de Riftan dans son existence. Elle ne pourrait pas le supporter, s’il était loin d’elle pendant une demi-année. Les choses se seraient bien passées si Riftan avait été un simple seigneur d’une terre à la campagne plutôt qu’un chevalier, mais si les circonstances avaient été telles, elle ne se serait pas mariée avec lui en premier lieu.

Elle sirotait du vin et apaisait secrètement son cœur troublé. Elle voulait prononcer des mots d’encouragement plausibles aux chevaliers qui partaient, mais elle ne parvenait pas à dire un mot, comme si elle était muette.

Le lendemain, les chevaliers se mirent en route pour l’expédition avant l’aube. Des dizaines de chevaux de guerre géants avec des fournitures chargées attachées à leurs hanches et des chevaliers armés sur des selles, franchirent les portes en une rangée organisée. Max escalada le mur et regarda les chevaliers traverser les douves. Sir Rikaido ouvrait la voie, conduisant son cheval sur la route qui scintillait d’un bleu sombre dans la lumière de l’aube, suivi de près par Ruth et Sir Caron. Le martèlement rythmique des fers à cheval contre la terre a continué pendant un long moment.

Elle agita son mouchoir dans la brise humide et fraîche du matin jusqu’à ce qu’ils soient hors de vue. Riftan, qui se tenait devant en renvoyant les chevaliers avec une expression durcie, tourna la tête vers elle.

“Tu peux retourner à l’intérieur maintenant. Le vent souffle bizarrement, la pluie risque de tomber d’ici peu.”

Max suivait anxieusement les chevaliers du regard en observant leurs silhouettes de départ qui avaient maintenant la taille de fourmis.

“Ils vont s’en sortir ?”

“Ils vont s’en sortir. Lorsqu’il pleut, les chances de rencontrer des monstres diminuent donc cela les favorisera. Mais… j’espère que ça s’arrêtera avant le soir…” Riftan fronça les sourcils et leva les yeux vers le ciel sombre. Un soupir agacé s’échappe de ses lèvres. “Il y a une expédition en l’état, mais je suis plus préoccupé par la construction de la route. Je dois quitter le château avant qu’il ne pleuve.”

Il rapprocha doucement son visage du sien et planta un baiser sur son front froid avec un doux sourire. Récemment, elle a pu voir Riftan afficher souvent des sourires comme ça. Quand il affichait ce sourire enfantin, le pli de son visage s’estompait et il paraissait dix fois plus attirant et beau.

“Ton visage est froid. Ne te promène pas et retourne dans notre chambre pour te reposer.”

Il a frotté les lobes de ses oreilles et a murmuré sur un ton que quelqu’un utiliserait à un jeune enfant. Max rougit et grommela avec une expression de mécontentement.

“Je… je ne suis pas un petit enfant…”

“Sois gentil et écoute-moi.”

Riftan embrassa une fois ses paupières et s’amusa à pincer ses joues avec ses doigts. La rugosité de ses doigts et la douce chaleur de ses lèvres étaient agréables. Elle leva les yeux vers lui avec impatience. Elle souhaitait qu’il lui donne plus de caresses et de baisers, mais il semblait se contenter de ce léger baiser et la ramena doucement au château en lui disant de se dépêcher. Max ne put rien faire d’autre que de ravaler sa déception et de retourner dans sa chambre.

***

Comme Riftan l’avait prédit, la pluie s’est mise à tomber régulièrement vers midi. Max regarda avec morosité les gouttes de pluie scintillantes se déverser comme de la brume sur le jardin luxuriant. Les fleurs colorées semblaient avoir perdu leur éclat en tombant et même les feuilles d’un bleu profond semblaient être teintées de noir en se ternissant et en s’imbibant de l’eau de la pluie.

Le vent fort et glacial secouait les fenêtres, renforçant son inquiétude pour les chevaliers. Elle se sentait désolée car ce n’était que leur premier jour d’expédition, mais ils devaient déjà parcourir le chemin montagneux accidenté par ce temps.

“On dirait que ça ne va pas s’arrêter de sitôt.” Même Rudis, qui était assis près des fenêtres tout en cousant tranquillement, soupira.

“C’est ce qu’on dirait…”

“Je ne peux pas croire qu’il ait plu juste au moment où les chevaliers sont partis pour l’expédition….”

Rudis se frotta la joue léthargiquement et posa ce qu’elle cousait pour se lever de son siège et allumer le foyer. Max regardait par la grande fenêtre, écoutant les gouttes de pluie tapoter contre les vitres.

La construction de la route se fera-t-elle bien ?

Quand il pleut, il y a moins de monstres qui apparaissent, donc peu de chances que des accidents se produisent. Pendant un moment, sa tête a sauté d’un souci à l’autre. Max a secoué la tête.

Ce n’est pas le moment de perdre son temps à s’inquiéter pour rien. Au lieu de cela, je devrais améliorer mes compétences pour prendre la place de Ruth dès que possible.

Max a commencé par prendre la pile de parchemins que Ruth lui avait remis et les a triés. Il n’y avait pas d’ordre, c’était un désordre complet, comme s’il avait été arrangé par une personne sans espoir et sans talent d’organisation. Les informations sur les herbes, la magie, la guérison et les recettes de médicaments étaient toutes mélangées. Il y avait aussi des phrases incomplètes, comme si certaines informations manquaient. Elle soupçonnait que quelques parchemins avaient été laissés dans la tour.

Je ne sais pas si c’est méticuleux… ou si c’est chaotique.

Elle décida de visiter la tour plus tard, d’abord pour étudier ce qu’elle avait compris et ensuite pour trouver les informations manquantes. Max prit de nouveaux morceaux de parchemin propre et simplifia ses formules magiques. Il y avait deux types de magie que Ruth avait arrangé pour elle. L’une consistait à accélérer la vitesse de son flux de mana pour augmenter sa puissance magique et l’autre à doubler la quantité de mana qu’elle exerçait.

Max s’attendait secrètement à ce qu’il y ait un puissant sort magique écrit sur les parchemins, comme la magie de flamme de la princesse royale, mais ses épaules ne firent que s’enfoncer dans la déception. Même si elle apprenait une magie aussi puissante, elle serait seulement capable de faire une flamme de la taille d’une bougie avec sa réserve de mana actuelle. Tout ce qu’elle savait faire était de lancer des magies de guérison, de désintoxication et de récupération. En dehors de cela, sa magie était limitée et stagnante. Si elle essayait d’apprendre un nouveau type de magie, cela ne se passerait évidemment pas comme elle le souhaitait.

Il serait préférable de se concentrer sur le travail et le renforcement de la magie qu’elle pouvait lancer. Max commença à étudier la structure des formules magiques en se convainquant du jugement qu’elle avait émis. Une fois ses pensées fixées, elle commença à mémoriser les formules magiques. Heureusement, Ruth lui a laissé des explications détaillées pour qu’elle puisse facilement comprendre comment cela fonctionne.

Le problème, c’est la pratique…

Elle s’inquiétait de savoir comment elle pourrait apprendre à appliquer une nouvelle formule magique par elle-même sans l’aide de Ruth, mais elle n’avait pas d’autre choix que d’essayer. Elle se concentra avec ardeur et mémorisa les structures complexes de la formule magique.

Pendant un long moment, elle était plongée dans ses études, quand elle sentit soudain une lourde douleur dans son bas-ventre. Max, qui trempait sa courtepointe dans l’encre, sentit quelque chose couler entre ses jambes, et son visage se raidit.



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