“Il semble qu’une alliance se forme entre les monstres subraciaux sur le plateau de Pamela, au nord de Livadon. Des hommes-lézards et des trolls très intelligents ont formé une grande armée de monstres qui ont commencé à faire des raids dans les villages. D’après ce que nous avons entendu juste avant notre départ de Livadon, l’armée de trolls a même pillé un territoire assez vaste au nord. ”
“Une alliance à grande échelle entre les monstres ? ”
Non seulement les yeux du chevalier s’écarquillèrent, mais ceux de Max aussi à cette nouvelle absurde.
“Admettons que les monstres aient effectivement formé une alliance. Au mieux, elle sera du niveau d’un petit village. De toute ma vie, je n’ai jamais entendu parler de monstres subraciaux formant de grandes armées.”
“Personne n’a jamais essayé de s’enfoncer dans le plateau de Pamela. Il est possible que des monstres très intelligents aient atteint une civilisation à l’échelle d’un royaume, au-delà des petits villages, sans que nous en soyons conscients.”
Max devint pâle et se sentit faible à la narration sérieuse du jeune chevalier. Son corps tremblait d’horreur alors qu’un nombre impressionnant d’armées de monstres pillant les humains se déroulait dans son imagination. Même le visage de Lombardo se durcit, sentant la gravité de la situation.
“Vos informations sont-elles fiables ?”
“C’est une rumeur qui circule, elle n’a pas été confirmée. Ce qui est sûr, c’est qu’une armée de monstres composée d’hommes-lézards, de trolls et de gobelins rouges a commencé à faire des saccages planifiés.”
Gabel réfléchit, en se caressant le menton. “Tu penses que Livadon puisse gérer la situation ?”
Le jeune chevalier secoua anxieusement la tête, ses yeux se plissant, formant des rides sur son visage.
“Je pense qu’il y a une forte probabilité que chaque pays des sept royaumes envoie bientôt des chevaliers.”
“Si on en arrive là, alors c’est Whedon, leur alliance à l’ouest, qui sera le premier appelé en renfort.”
“Vous voulez dire que… les chevaliers R-Remdragon vont partir en expédition sur Livadon ?”
Max, qui écoutait attentivement leur conversation, s’est soudainement interrompue. Elle savait que le sujet était quelque chose sur lequel elle ne devait pas intervenir, mais elle se sentait impatiente et n’a pas pu s’empêcher de demander. Ce n’est qu’à ce moment-là que Gabel remarqua à quel point son teint était pâle et secoua rapidement la tête.
“Les Chevaliers Remdragon sont à peine revenus l’année dernière après une expédition de trois ans. Même s’il y a un appel à des renforts, l’ampleur de ceux-ci ne dépendra que des Chevaliers Royaux, ce sont eux qui seront envoyés.”
“Il n’y a aucune garantie à ce sujet. Selon les sorciers, ce phénomène de migration de monstres à grande échelle s’est produit à cause de l’armée maléfique tapie sur le plateau de Pamela, qui a balayé la zone nord. C’est un problème sérieux qui concerne le continent occidental. De toute évidence, même Anatol sera appelé en renfort. Nous devons nous préparer.”
“Nous en discuterons quand le capitaine reviendra.”
Sir Gabel lança un regard furieux au jeune chevalier qui n’était pas capable de lire dans la scène. Max comprit qu’il essayait de mettre fin à la conversation pour son bien et se leva précipitamment.
“Il a l’air d’aller bien maintenant… Je dois me lever et y aller avant.”
“Je vais vous accompagner jusqu’à votre chambre.”
“C’est bon. Je peux y aller toute seul.”
“J’insiste. Vous avez besoin d’une escorte même à l’intérieur du château.”
Sir Gabel a répondu fermement et s’est dirigé rapidement vers la porte. Max demanda à Sir Lombardo de dire à Ruth de vérifier à nouveau le patient à son retour, car il était possible qu’il reste du venin dans son corps, puis elle quitta les quartiers des chevaliers. Le soleil s’était couché et le ciel était teinté d’une nuance écarlate-orange.
“J’ai entendu dire que ma Dame a souffert d’une utilisation excessive de mana l’autre jour. Votre état est-il mauvais ?”
“Ce n’est rien. Vous n’avez pas à vous inquiéter… Je ne m’évanouirai pas à nouveau.”
Gabel s’est penché et a soigneusement examiné son visage. Ce n’est que lorsqu’il a vu que son teint était encore rose qu’il a fait un signe de tête rassurant et a continué à marcher.
Alors qu’ils marchaient silencieusement côte à côte, Max regardait anxieusement la montagne au loin. Après avoir entendu les nouvelles d’une armée composée de monstres faisant des ravages, elle ne pouvait plus se permettre de rester coincée dans le passé alors qu’il y avait tant d’incertitudes dans le futur. Elle a fortement ressenti le besoin de s’y préparer. Comme aujourd’hui, quelqu’un pouvait soudainement être empoisonné ou mortellement blessé, et dans de tels cas, c’était elle qui pouvait répondre aux appels à l’aide. Ce sont ses compétences en magie qui ont sauvé le jeune chevalier de la malédiction de perdre son bras pour toujours.
Riftan avait dit qu’il n’avait pas besoin de son aide, mais ce n’était pas le cas aujourd’hui. Il y a aussi quelque chose que je peux faire. Max s’accroche désespérément à cette pensée. Son père lui a inculqué d’innombrables fois l’idée qu’elle était un être humain inutile, mais elle lui a prouvé qu’il avait tort aujourd’hui. ( Bien dit, une chaise dans la tronche du daron )
Non. Ce n’était pas seulement ce jour-là. Depuis qu’elle est arrivée à Anatol, elle a désespérément appris beaucoup de choses et s’est améliorée. Si elle abandonnait tout cela maintenant, elle n’échapperait jamais à son sentiment d’infériorité. Elle ne serait qu’une ratée incompétente pour le reste de sa vie, comme l’avait dit son père. Max, qui faisait ses pas avec un visage pensif, avait une lueur résolue dans les yeux.
***
Riftan n’est rentré dans leur chambre que tard. Il semblait qu’ils aient discuté toute la nuit des nouvelles apportées par le jeune chevalier lors de leur expédition à Livadon. Elle avait décidé d’attendre son retour pour demander à Riftan quels étaient ses projets pour l’avenir, mais après de longues heures d’attente, parce qu’elle avait utiliser son mana et ne put supporter la fatigue qu’elle ressentait. Max, qui s’est allongée sur le lit, s’est à un moment donné endormie comme si elle s’était évanouie.
Lorsqu’elle a ouvert les yeux, le soleil était haut dans le ciel. Ses épaules se sont affaissées en voyant les draps vides à côté d’elle.
La garde du territoire, la construction de routes, et même les monstres… pourquoi le monde ne peut-il pas laisser mon mari tranquille de ses soucis pour un moment ? Elle a poussé un profond soupir en saisissant de sa main droite ses cheveux qui étaient aussi doux qu’un nuage.
“Ma Dame, êtes-vous réveillée ?”
“Rudis…”
Comme toujours, la servante, qui était en parfaite forme et n’avait pas un seul cheveu de travers, entra dans la pièce avec un plateau de nourriture. Max rit maladroitement, gênée d’avoir trop dormi jusqu’à midi.
“C’est trop tard pour que je vous dise bonjour, non ?”
“Le Seigneur m’avait demandé d’être prévenante et de laisser ma Dame dormir aussi longtemps qu’elle en avait besoin. Il a dit que ma dame était fatiguée…” Rudis a posé le plateau sur l’étagère à côté du lit avec un doux sourire.
Tout à coup, Max s’inquiète de la réaction de Riftan s’il apprend qu’elle a utilisé sa magie pour soigner le jeune chevalier la veille. Serait-il contre comme il l’a été jusqu’à présent, ou admettrait-il à contrecœur que sa magie a aidé ? Alors qu’elle était perdue dans ses pensées, Rudis lui présenta un thé à l’odeur unique.
“Le sorcier m’a tendu des feuilles d’herbes et a dit que cela aiderait à reconstituer le mana de ma dame.”
Max prit la tasse de thé et ses yeux s’agrandirent. “Ruth est revenue ?”
“Il m’a donné la pochette contenant le thé la nuit dernière, en me demandant de la faire bouillir à votre réveil.”
Rudis ouvrit une pochette en cuir, montrant des feuilles séchées et des racines bien soignées à l’intérieur. Max a pu se familiariser avec les herbes médicinales et a immédiatement su de quoi était fait le thé. C’était un mélange de racines de Mandragora et d’herbes séchées.
Max roula les yeux. Il semble que tout le monde était au courant de sa performance magique de la veille, ils ont dû en discuter ensemble. Quel genre de choses le magicien racontait-il à son insu ?
“Je devrais lui dire m-merci. Peut-être est-il encore dans le château ?”
“Le sorcier ?” Rudis inclina la tête, posant une main sur sa joue, comme si elle essayait de scanner sa mémoire. “Je l’ai vu descendre à la cuisine ce matin pour manger, mais après ça… Dois-je aller vérifier à la bibliothèque ?”
“C’est bon. Je vais y aller toute seule. Il y a quelque chose que je veux lui demander…”
Elle murmura vaguement en sirotant et soufflant sur son thé. Après avoir terminé le thé légèrement amer, Max a simplement rempli son estomac avec le repas apporté par Rudis et s’est lavé le visage. Elle s’est ensuite dirigée directement vers la bibliothèque après avoir arrangé ses cheveux et porté une robe en soie bleu marine de la couturière.
Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas vu Ruth, ce qui la mettait un peu mal à l’aise. Elle ouvrit légèrement la porte avec un visage nerveux, s’attendant à entendre un commentaire sarcastique sur le fait qu’elle l’interrompait, mais le sorcier n’était nulle part.
Elle a cherché dans tous les coins, même derrière l’étagère la plus éloignée, pour voir s’il ne se cachait pas quelque part en train de dormir. Quand elle ne vit aucun signe de lui, même les livres étaient soigneusement empilés, elle soupira, il semblait qu’il était parti sur le chantier de construction de la route. C’était un projet énorme, traversant une chaîne de montagnes accidentée, alors il ne faisait aucun doute qu’ils auraient besoin d’un sorcier pour faire plus qu’une chose ou deux.
Elle regarda la fenêtre d’un air renfrogné, puis réorganisa ses pensées. Même si Ruth n’était pas là, elle pouvait toujours faire des recherches par elle-même. Elle a regardé dans l’étagère et a pris un atlas lourd, se rappelant les mots du jeune chevalier.
“Plateau de Pamela…”
Elle posa un épais livre sur le dessus du bureau et tourna les pages, trouvant le nom dans la région du nord-ouest. Max passa ensuite le bout de ses doigts sur une carte grossière. Le plateau de Pamela était situé à l’extrémité de Livadon, dans la région nord adjacente à Balto. Elle plisse les yeux sur les lettres ondulées écrites sur le côté de la carte, qui sont difficiles à reconnaître. La brève description de ladite région était qu’il s’agissait d’un terrain vague inhabité, en raison de son climat rude et de son environnement désolé.
Son front se plissa tandis qu’elle scrutait la page suivante du livre à la recherche d’une quelconque explication, mais en vain, elle se résigna et referma le recoin. En premier lieu, les jeunes chevaliers ont dit qu’il n’y avait pas beaucoup de connaissances sur cet endroit, expliquant la raison pour laquelle il n’y avait pas de description détaillée dans un si vieux livre.
Max s’est rapidement débarrassée de sa déception et a recommencé à chercher dans les étagères. Bientôt, elle a pu trouver plusieurs livres sur les monstres dans un coin. Elle les sortit, regarda à l’intérieur et choisit une encyclopédie avec des dessins détaillés et s’assit à nouveau près du bureau. Alors qu’elle dépliait le lourd livre à la couverture de cuir élaborée, une odeur nauséabonde lui vint au nez. Max parcourut les feuilles de papier défraîchies, le nez froncé. Elle a pu trouver les noms des monstres qu’elle avait entendus et vu.
“Troll…”
C’était le nom du monstre cannibale que l’on entendait souvent dans les histoires de bardes héroïques. Elle a baissé les yeux sur l’illustration détaillée en fronçant les sourcils. Le troll semblait terrifiant avec sa peau rugueuse rappelant celle d’un crapaud, son nez arqué géant, ses oreilles pointues, ses membres lourds et musclés, et son ventre gonflé. Le monstre, quant à lui, la fixait avec des yeux enfoncés, pliés sous des paupières gonflées. Max, qui regardait comme si l’image était vivante, a lu la description juste en dessous.
L’épaule de Max s’est inconsciemment tendue en lisant les mots griffonnés. Imaginer une armée composée de géants forts et cannibales, assez intelligents pour fabriquer des outils, lui donnait des frissons.
C’est bon, la distance entre le Plateau de Pamela et Anatol est grande, presque jusqu’aux limites du continent…
Cependant, le fait que l’armée de monstres déchaînés soit loin d’Anatol ne la réconfortait pas. Après tout, c’était une situation qui pouvait demander à son mari de partir en expédition dans un endroit éloigné.
Max se mordit anxieusement les lèvres avant de passer à la page suivante. Des dessins de gobelins et d’ogres apparaissent les uns après les autres. Elle était concentrée sur la lecture des descriptions écrites en dessous d’eux quand quelqu’un lui tapota soudainement l’épaule, la faisant sursauter de sa chaise, prise par surprise. ( … Qui est l’emmerdeur qui ose embêter la Dame pendant qu’elle lis )