Des onze jeunes restants, aucun ne réussit finalement à passer l’épreuve. Outre Wang Lin, une jeune fille était également parvenue à avancer jusqu’à 3 mètres de la porte, mais son sort ne fut guère différent.

Le même jour, après la fin des tests, les adolescents furent renvoyés en bas de la montagne. Les disciples de la secte Hengyue se chargèrent de les reconduire, un par un, à leurs familles respectives. Wang Lin fut ramené par le même disciple Zhang qui les avait amenés en premier lieu. À ses côtés se trouvaient Wang Zhuo et Wang Hao.

– Frère disciple Wang Zhuo, toutes mes félicitations ! Devenir l’élève de l’immortel Daoxu est un honneur inégalé. Ton avenir est promis à de grandes choses, déclara le jeune homme avec un sourire, tout en s’inclinant légèrement pour saluer.

L’intéressé affichait une expression de suffisance, son visage empreint d’une arrogance incontestée :

— Ça va de soi, répondit-il avec un air de suffisance. Mon maître m’a dit que dès que j’aurai réglé mes affaires familiales, il commencerait à m’enseigner les arts de la cultivation.

Wang Hao, qui se tenait à côté, roula des yeux avant de rétorquer avec dédain :  

— Depuis tout petit, je supporte pas ta tête de vantard. Qu’est-ce qu’il y a de si extraordinaire à avoir un maître ? Moi, au moins, je vais apprendre à concocter des élixirs.  

Wang Zhuo jeta sur Wang Hao un regard méprisant, puis détourna son attention vers Wang Lin, qui restait silencieux. Un sourire moqueur sur les lèvres :  

— Alors, Tiezhu ? Je te l’avais bien dit que t’étais pas fait pour ça. Mais toi et ton père, vous vouliez pas me croire. Maintenant, tu vois bien la vérité, non ?  

Wang Lin leva les yeux et lui lança un regard indifférent avant de se tourner vers le disciple de la secte Hengyue:  

— Maître immortel, mes parents m’attendent. Pourriez-vous, je vous prie, me ramener rapidement auprès d’eux ?

Voyant que Wang Lin l’ignorait royalement, Wang Zhuo éclata de rire.  

— Tu n’es qu’un plouc. Reste donc dans ton village et deviens charpentier comme ton père.  

Le jeune disciple de la secte Hengyue observa les trois garçons avec un sourire énigmatique, mais ne dit rien. D’un simple geste de sa manche, il emporta les trois jeunes avec lui, disparaissant du sommet de la montagne.

Sur le chemin du retour, le vent violent soufflait toujours, mais l’état d’esprit de Wang Lin avait radicalement changé. Lui qui était parti plein d’espoir, revenait désormais l’âme brisée, envahi par un profond désespoir.

Le trajet ne fut pas long, et bientôt, la grande demeure ancestrale de la famille Wang apparut à l’horizon. Wang Lin ouvrit les yeux pour découvrir une scène d’effervescence : la cour était bondée de monde, des tables somptueusement dressées recouvraient tout l’espace. L’ampleur de la réception dépassait largement celle organisée par son père quelques jours auparavant pour accueillir les proches.

Toute la famille Wang, y compris ceux qui travaillaient loin pour l’approvisionnement en bois, s’était rassemblée. Les membres du clan, grands et petits, s’échangeaient félicitations et compliments. Les rires et les toasts se croisaient dans un brouhaha joyeux.  

Cette fois, les trois frères Wang, le père de Wang Lin et ses deux oncles, étaient les véritables vedettes de la fête. Les invités faisaient cercle autour d’eux, les félicitant chaleureusement.  

— Deuxième frère, avec ton fils sélectionné par la secte Hengyue, tu n’auras plus besoin de travailler comme charpentier ! lança l’un des invités avec un grand sourire. Bientôt, tout le monde ici devra t’appeler Seigneur Wang.  

— Je l’ai toujours dit, ajouta un autre. T’as jamais été quelqu’un d’ordinaire. Regarde aujourd’hui, ton destin repose sur Tiezhu. Avec un fils immortel, tu es destiné à une vie de gloire.  

Un autre membre du clan leva son verre :  

— Deuxième frère, avec nos deux fils admis dans la secte Hengyue, on n’a pas bu ensemble depuis dix ans. Ce soir, on va fêter ça comme il se doit !

Le père de Wang Lin, entouré de ces parents qui l’avaient longtemps méprisé, goûtait enfin à une revanche savoureuse. La satisfaction et la fierté se lisaient sur son visage, dissipant des années de frustrations. Pourtant, au fond de lui, un poids lourd restait suspendu.

— Tiezhu, tu dois absolument être choisi ! lança un voisin, le regard brillant d’espoir.

— Chère belle-sœur, tu as épousé le deuxième frère, et te voilà promise à une vie de bonheur, ajouta une femme. Avec un garçon comme Tiezhu, bientôt tout le monde dans un rayon de dix villages connaîtra ton nom.

— C’est vrai, continua une autre. Votre garçon est bien plus prometteur que le mien. Tiezhu est brillant depuis qu’il est petit, c’est un enfant exceptionnel.

— Belle-sœur, bien qu’on soit de la même famille, aujourd’hui les mariages entre clans ne sont plus rares. Ma fille est en âge de se marier, et j’ai toujours apprécié Tiezhu. Il est beau garçon, distingué… Pourquoi ne pas les allier par mariage ? proposa une voisine, tout sourire.

Autour de la mère de Tiezhu, un cercle de femmes échangeait avec chaleur des nouvelles du village et des louanges à l’adresse de son fils.  

De son côté, l’aîné observait la scène d’un regard froid. « Attendez un peu, pensa-t-il, quand les immortels ramèneront ce garçon, on saura bien ce qu’il en est. Si Tiezhu n’a pas été choisi, voyons comment le deuxième frère s’en sortira. » 

Il s’efforça néanmoins de masquer ses pensées, éclata d’un grand rire et trinqua avec des parents venus le féliciter pour son propre enfant.

L’ambiance était effervescente, le bruit et les rires emplissaient la cour. Soudain, un trait lumineux fendit le ciel et atterrit dans la cour. Quatre silhouettes apparurent.

Le silence tomba instantanément. Tous les membres du clan Wang retinrent leur souffle, figés de respect et d’appréhension.

Le jeune disciple de la secte Hengyue balaya l’assemblée du regard, alors qu’un soupçon de nostalgie traversait ses pensées. « Quand j’ai été accepté dans la secte Hengyue, ma famille avait célébré ça de la même façon. » Il tourna les yeux vers Wang Lin et les laissa s’attarder. « Ce jeune va devoir affronter une épreuve que même des adultes ne pourraient supporter. »  

— Le chemin vers la voie immortelle est impitoyable… murmura-t-il pour lui-même avant de s’élever dans les airs, porté par un rayon lumineux.  

Sa voix résonna au loin :  

— Les cultivateurs ne peuvent se permettre d’être attachés aux affaires du monde. Réglez vos affaires. Dans trois jours, je viendrai vous chercher.

À peine l’immortel disparu, l’aîné de la famille Wang s’élança vers son fils, les yeux débordants d’émotion.  

— Wang Zhuo, l’immortel Dao Xu t’a-t-il accepté comme disciple ? demanda-t-il avec empressement.

Wang Zhuo afficha une expression de fierté absolue et répondit :  

— Bien sûr ! Mon maître m’a dit que dans dix ans, je serai l’un des disciples les plus éminents de la secte Hengyue.

Le père éclata de rire et donna une tape vigoureuse sur l’épaule de son fils.  

— Excellent ! Wang Zhuo, tu es maintenant un immortel. Notre clan Wang compte un immortel parmi les siens, hahahaha !  

Non loin de là, le père de Wang Hao, visiblement anxieux, regardait son fils fixement. Alors qu’il s’apprêtait à poser une question, Wang Hao bâilla, l’air désinvolte, et déclara :  

— Pas besoin de demander, père. Ton fils est déjà disciple de la secte Hengyue.

Le père de Wang Hao, transporté de joie, leva son verre et avala une gorgée d’un seul trait. À ses côtés, Wang Zhuo jeta un regard dédaigneux et, d’un ton moqueur, lança :

— Troisième oncle, vous avez vraiment un fils remarquable. Avec ses flatteries à l’immortel devant tout le monde et un cadeau dans les bras, il a réussi à se faire accepter comme simple apprenti dans la salle des potions. Vous avez vraiment fait honneur à notre famille Wang.

Les sourcils de Wang Hao se froncèrent, et il répliqua avec ironie :

— Ça me convient parfaitement. On verra bien, à l’avenir, qui maîtrisera le mieux les arts immortels et qui fera honte à la famille Wang.

Pendant ce temps, le père de Tiezhu fixait son fils, les traits tendus. Il perçut une ombre de déception sur le visage de Tiezhu, et une mauvaise intuition s’éveilla en lui, comme un pressentiment.

— Tiezhu… Tu… comment ça s’est passé ? demanda la mère de Tiezhu, pleine d’espoir, le regard rivé sur son fils.