Livre 17 : La Préfecture Indigo – Chapitre 55 – L’Astuce de Beirut
– « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit vraiment lui ! » Le long soupir de Gislason se répandit dans la salle principale.
Linley regardait le Grand Aîné. Elle a exécuté son propre fils sans hésitation !
– « Frère aîné, Forhan a été puni selon les règles du clan ! Cette affaire est close. Je vais vous laisser. » Dit le Grand Aîné d’une voix calme et froide.
– « Oui. Tu peux partir te reposer. » Gislason comprit que sa sœur se sentait très mal.
– « Attendez un instant. » Dit Beirut.
– « Seigneur Préfet, avez-vous besoin d’autre chose ? »
Bien que sa voix fût très calme, Linley pouvait sentir la colère qui se cachait derrière !
– « Selon les règles du Clan des Quatre Bêtes Divines, les traitres doivent avoir leur corps et leurs clones détruits, n’est-ce pas ? » Demanda Beirut.
– « C’est exact. Seigneur Préfet, pourquoi demandez-vous cela ? »
– « Combien de clones Forhan avait-il ? »
– « Y compris son corps d’origine, trois clones au total. Cependant, le corps originel de mon fils était encore au niveau Saint. Par conséquent, quand je l’ai tué, seules deux étincelles divines sont sorties. Seigneur Préfet, est-ce que ma réponse vous satisfait ? »
– « Petite sœur. » Gislason la réprimanda en silence. Les paroles et l’attitude du Grand Aîné étaient clairement hostiles.
– « Tout va bien. Elle vient de tuer son propre fils de ses propres mains. Je peux comprendre qu’elle soit de mauvaise humeur. Mais…Gaia [Gai’ya], j’espère que vous vous souviendrez que votre fils était un traître. Il méritait sa mort ! » Dit Beirut sans pitié ni remords.
Le corps du Grand Aîné trembla une fois de plus.
– « Très bien. » Beirut se leva. « Cette affaire est terminée ! Dunnington, Phusro, Linley, venez, rentrons. »
Beirut passa près du corps. « Dépêchez-vous de vous débarrasser du corps. Il est malsain de le voir ! »
Le Grand Aîné fit simplement un signe de la main, et le cadavre au sol se transforma en poussière.
– « Allons-y. Allons-y. Je ne m’attendais pas à ce que Forhan soit un traître. » Les Aînés partirent, tous dépités.
Le Grand Aîné se tenait au centre de la salle, ne bougeant pas du tout.
– « Petite sœur, Forhan était un traître. Il méritait de mourir ! » Gislason s’avança, posant sa main sur l’épaule de sa sœur. Lorsqu’une personne était reconnue traître du clan, les autres membres la méprisaient. Même si Forhan était mort, personne n’eut de pitié pour lui.
– « Je sais, mais je me sens malheureuse. Très bien, Frère aîné. Je vais y aller maintenant. »
Linley et son groupe amorcèrent leur descente, entrant dans leur gorge.
– « Haha, génial, génial ! » Bébé riait fort. « Je n’ai jamais aimé ce duo père-fils. Ils convoitaient l’anneau depuis le début, et je les soupçonnais depuis longtemps aussi. Donc c’était vraiment eux. Une excellente mort ! Une excellente mort ! »
Linley rit également.
Beyrouth, Dunnington, Phusro et Linley s’assirent dans la résidence de ce dernier, autour de la table de pierre. Linley hésita un moment, mais finit par exprimer son étonnement. « Seigneur Beirut, comment pouviez-vous être si certain que Forhan était le traître ? »
– « C’est toi qui m’as dit que c’était lui ! » Beirut prit un ton satyrique.
– « Je vous ai dit que je n’avais aucune preuve, juste des soupçons. »
– « Haha… » Dunnington se mit à rire fortement.
Linley se sentit perdu. Qu’y avait-il de si drôle ?
– « Grand-père, se peut-il que tu aies vraiment appris cela bien avant, par un souverain ? » Dit Bébé.
– « Comment aurais-je pu le savoir bien avant ? » Beirut rit. « Si je l’avais su plus tôt, j’aurais envoyé quelqu’un pour avertir Linley. En vérité, avant aujourd’hui, je n’étais pas non plus complètement certain. »
Pas complètement sûr ? Se dit Linley.
– « Mais Seigneur Beirut, vous avez même invité Dunnington, puis vous avez fait une hypnose forcée. Si Forhan n’avait pas été le traître, cela n’aurait-il pas été embarrassant ? » Demanda Linley.
– « Haha… » Dunnington se remit à rire bruyamment en regardant Beirut. « Beirut, arrête de taquiner intentionnellement Linley. Je vais lui dire ! »
Dunnington expliqua tout à Linley. « Votre Seigneur Beirut ne savait pas du tout que Forhan était le traître. C’est pourquoi il m’a invité à venir. Après l’avoir hypnotisé, j’ai d’abord fait une rapide revue de ses souvenirs ! Et après cela, j’ai su qu’il était le traître ! »
– « Mais s’il ne l’était pas ? » Demanda Bébé.
– « Et s’il ne l’était pas ? » Répondit Dunnington. « Alors j’aurais immédiatement permis à Forhan de reprendre conscience. Ensuite, j’aurai dit des mots élogieux du genre, le Clan Dragon Azur est vraiment à la hauteur de son nom. Même moi, je suis incapable de l’hypnotiser de force ! »
Les propos de Dunnington sidérèrent complètement Linley, Delia et Bébé.
– « Formidable. » Dit Linley.
– « C’était vraiment une excellente idée. » Dit Bébé.
– « Excellente ? Mon œil. » Dunnington caressa sa barbe. « Si Forhan n’avait pas été le traître, ma réputation en aurait souffert. »
– « Arrête de t’inquiéter. Ta réputation n’aurait souffert de rien. Même si tu avais reconnu publiquement que tu n’étais pas capable d’hypnotiser Forhan, d’autres auraient pensé simplement que cette capacité innée du Clan Dragon Azur était incroyable. Ils n’auraient pas pensé que tu étais faible. » Dit Beirut.
Son pouvoir était reconnu publiquement. Qui oserait le rabaisser ?
– « Linley, Bébé. Après cette affaire, et le mécontentement de la mère de Forhan, je pense que vous feriez mieux de quitter les montagnes Céleste et de venir chez moi. » Dit Beirut.
Quitter les montagnes Céleste ? Linley se tourna vers Delia.
– « Excellent ! » Dit Bébé en jubilant. « Les montagnes Célestes sont plutôt ennuyeuses. Je ne suis même pas allé à la Préfecture Manoir de grand-père. Je veux y aller m’amuser un peu. »
– « Delia, qu’est-ce que tu en penses ? »
Delia regarda Wade, blottie dans ses bras, puis répondit à Linley par le sens divin. « Wade est encore jeune. Il est préférable de ne pas le fatiguer en courant partout. Quand il pourra prendre soin de lui, nous pourrons à nouveau sortir nous promener. ».
– « Tu as raison. » Linley avait pris sa décision.
– « Patron, vous voulez y aller ? » Demanda Bébé par le sens divin.
– « Seigneur Préfet, Bébé, je n’irai pas pour l’instant. Wade est encore jeune… et avec Delia et moi vivant dans la gorge avec les autres membres de la branche de Yulan, la vie est encore assez confortable. Quant à ce que le Grand Aîné fera… je n’irai pas à la Gorge du Bain de Sang. Même si elle n’est pas contente, que peut-elle faire ? »
– « Bien, alors je ne te forcerai pas à venir. » Beirut acquiesça calmement.
– « Hélas. Patron, vous accompagnez Delia et votre fils, alors, j’irai moi. »
Linley ne pouvait dire que du bien de Bébé, étant toujours resté avec lui. Mais son cœur était ailleurs. « Très probablement que Ninny manque toujours à Bébé. Cependant, Nisse est sur le continent flottant de Jade. »
Cette même nuit, Beirut, Dunnington, Phusro et Bébé quittèrent les montagnes Célestes. Les quatre chefs du Clan des Quatre Bêtes Divines ainsi qu’un groupe important d’Aînés vinrent leur dire au revoir. Par la suite, la vie de Linley retrouva une tranquillité rare.
Il passa les journées à accompagner sa femme, son fils et à s’entraîner.
En un temps record, trois ans passèrent…
Linley se trouvait dans sa chambre, en train de lire un livre, tandis que ses quatre clones divins s’entrainaient.
– « Père, la neige est si épaisse. Vite, viens voir ! »
Linley sourit et se leva pour rejoindre le jeune garçon à l’air tendre, qui jouait dehors avec sa mère.
– « Père, regarde. C’est le bonhomme de neige que j’ai fait. » Wade, voyant son père sortir, le rejoignit en bondissant pour l’étreindre. « Père, le bonhomme de neige est là-bas. Regarde. »
Linley aimait beaucoup son fils et regrettait le temps qu’il n’avait pas passé avec Sasha et Taylor, du fait de l’entrainement assidu qu’il pratiquait à l’époque.
– « Oh, Wade. C’est le bonhomme de neige que tu as fait ? » Le bonhomme de neige consistait en fait en une paire de boules de neige, une grande, une petite, avec quelques pierres précieuses servant d’yeux et de nez. Il y avait au total 3 bonshommes de neige. Deux grands et un petit.
– « Oui… » Wade hocha solennellement la tête, comme s’il s’agissait d’une affaire importante. « Père, regarde. Celui-là, c’est toi. Celui-là, c’est maman. Et celui-là, c’est moi. »
Linley se mit à rire.
– « Wade, arrête de t’accrocher à ton père. Descends. » Dit Delia.
– « Oh. » Wade lâcha docilement Linley et tomba. Il se releva, mais glissa. Sa mère l’aida alors à se remettre sur ses deux pieds.
Linley ricana, puis, avec désinvolture, commença à avancer tranquillement sur le sol enneigé. À chaque pas qu’il faisait, il laissait une empreinte. La neige avait arrêté de tomber depuis longtemps, mais son manteau au sol était assez épais. Tout autour régnait un blanc argenté.
– « Père, Père. » Dit Wade.
Linley se retourna et vit de l’herbe apparaître dans l’empreinte qu’il avait laissée… Et quand il entendit son fils l’appeler… le film de son esprit retraça les différents événements de ces années passées, du mal de Delia, qui menaçait sa vie, à son propre désespoir, puis à l’issue de ce désespoir, suivi de ces dernières années de vie calme et heureuse.
BOUM !
Un point de lumière verte surgit dans l’esprit de Linley, et l’instant d’après, il se transforma en un soleil vert, illuminant toute la mer de sa conscience.