Livre 17 : La Préfecture Indigo – Chapitre 53 – Forhan suspecté
Que va faire exactement le Seigneur Beirut ? Linley était perplexe. Que le clan ait ou non un traître du nom de Forhan… il n’y avait aucune preuve. Pourquoi le Seigneur Beirut posait-il tant de questions ?
Alors que Linley s’interrogeait, Beirut claqua sa coupe contre la longue table devant lui. Le bruit que cela occasionna attira l’attention de tous. « Hum ! » Beirut renâcla froidement.
Immédiatement, tout le monde se tut et comprit que le Seigneur Préfet semblait plutôt contrarié par quelque chose. Il ne fallait surtout pas offenser le protecteur du clan.
– « Seigneur Préfet, quelque chose ne va pas ? » Gislason rit jaune.
Beirut regarda sur les côtés, puis autour, le regard clair et féroce.
– « Le groupe de Linley a été attaqué par huit Aînés ennemis. Il en a tué plusieurs ; il a rendu des services, et il a donc été récompensé. Je dois féliciter votre clan pour la façon dont vous avez géré cette partie… mais, est-ce que vous enquêtez sur la façon dont cette affaire d’attaque simultanée est survenue ?! D’après ce que je sais, quand ces huit Aînés ont attaqué, trois d’entre eux ont utilisé la Puissance du Souverain ! Il est clair qu’ils voulaient la mort de Linley ! Et les ondes de choc de la bataille ont même touché mon petit-fils, Bébé. Heureusement que je lui avais forgé un artefact divin protecteur de l’âme il y a longtemps, grâce à cela il a pu résister à ces points de lumière verte. Sinon, il aurait fini comme Delia ! C’est une affaire si importante, mais votre clan n’enquête pas ? Hein ? » Dit Beirut, en colère.
Une fois ces mots prononcés, tous les Aînés présents dans la salle commencèrent à se parler secrètement par le biais du sens divin. Même les quatre chefs de clan furent de la partie… Ils pouvaient aisément comprendre que le fait que son petit-fils ait été mis en danger l’avait bouleversé !
– « Seigneur Préfet ». La Matriarche du Clan Oiseau Vermillon prit l’initiative de s’exprimer pour tous. « Nous aussi, nous pensons qu’il doit y avoir eu un complot derrière l’attaque des huit Aînés. Sinon, comment auraient-ils pu apparaître soudainement dès le départ du groupe de Linley de la Cité de Meer ? Mais… il n’y a aucun moyen d’enquêter ! »
– « Vous dites ? » Dit calmement Beirut. « C’est simple. Il y a un traître dans votre clan. »
– « Un traître ? » Toute l’assistance s’agita.
Forhan fut si choqué que ses poils se hérissèrent, et que son cœur se serra fort… mais il se calma immédiatement. « Ça va. Pas de quoi s’alarmer. À part moi, personne ne sait que j’ai prévenu les huit clans. Si je ne l’admets pas, qui le saurait ? Même si Linley me suspecte, a-t-il des preuves ? » Mais comme le dit le proverbe, un voleur reste toujours nerveux.
– « Père, penses-tu qu’il y a vraiment un traître ? » Demanda Emmanuel.
– « Qui sait. Peut-être qu’il y a un traître. Toutefois, il est également possible que les Huit Grands Clans disposent vraiment d’un moyen de localiser clairement l’endroit où se trouve Linley. »
La salle était dans un état de chaos. Les Aînés n’arrêtaient pas d’émettre des hypothèses.
Le Seigneur Beirut est peut-être un peu trop… Linley ne savait pas quoi dire.
– « Linley, y a-t-il vraiment un traître ? » Demanda Delia, à côté de lui, par le biais du sens divin.
– « Il y en a probablement un. »
– « Qui ? Ce Forhan ? » Elle jeta un coup d’œil furtif. Ce fut ce nom qui lui vint immédiatement à l’esprit.
– « S’il y a vraiment un traître, c’est presque certainement lui. »
– « Seigneur Préfet, vous dites qu’il y a un traître. Avez-vous des preuves ? »
– « Bien sûr que j’en ai ! »
Aussitôt, le chaos éclata une fois de plus. Même Linley n’en revint pas.
– « Il a une preuve ? » Se demanda Linley.
– « Une preuve ? » Forhan avala son vin de travers. « Impossible. Absolument impossible. Mon clone divin a envoyé le message après avoir changé d’apparence. Il n’y a certainement personne qui est au courant ! »
– « Quelle est la preuve ? S’il y a vraiment un traître qui a trahi le clan… Seigneur Préfet, ne vous inquiétez pas. Peu importe qui est cette personne, notre Clan des Quatre Bêtes Divines détruira tous ses corps, sans lui en laisser un seul ! » Les mots de Gislason furent fermes et résolus.
– « Oui, la personne doit être exécutée ! » Dit le Patriarche du Clan Tigre Blanc avec férocité.
– « Seigneur Préfet, quelles sont les preuves ? » Demanda la Matriarche. Tout le monde dans la salle se retourna pour regarder Beirut, tandis que Linley et Forhan le fixaient…
– « Je ne peux pas le dire, je ne peux pas le dire ! »
– « Seigneur Préfet, qu’est-ce que vous… » Gislason et l’assistance furent très étonnés, et Linley plissa le front.
– « Ça ne sert à rien que je le dise. Seules deux personnes sont au courant. Moi, et le tout puissant Souverain ! Pensez-vous qu’un Souverain viendra témoigner sur une telle affaire ? Quant aux détails… il s’agit de certains des secrets du Souverain. Je ne peux oser les révéler. »
Tout le monde garda la bouche grande ouverte.
– « Seigneur Préfet, dites-vous que vous êtes incapable de fournir des preuves ? » La voix du Grand Aîné retentit.
– « Oui. Je ne peux fournir aucune preuve. »
– « Seigneur Préfet, si vous ne fournissez aucune preuve, alors il n’y a aucun moyen de régler cette affaire. Il n’est pas certain qu’il y ait un traître ou non ! Dans une situation où il n’y a pas de preuve, il est préférable de ne pas inquiéter tout le monde ! »
Beirut fixa le Grand Aîné. « Quoi, me prenez-vous pour un menteur ? »
Le Grand Aîné resta sans voix.
– « Petite sœur. Ce Seigneur Préfet veut clairement aller jusqu’au bout de cette affaire. Qu’il la poursuive s’il le souhaite. S’il veut trouver un traître, au final, il devra quand même nous fournir des preuves convaincantes. S’il se contente de désigner quelqu’un au hasard, notre Clan des Quatre Bêtes Divines ne l’acceptera pas ! Il est préférable de ne pas l’irriter pour l’instant. » Dit Gislason par le sens divin. « Seigneur Préfet, oserais-je demander, savez-vous qui est le traître ? »
Le silence total régna de nouveau.
Beirut étendit sa main droite, pointant vers Forhan. « Le traître de votre clan, c’est lui ! Forhan !!! »
– « Forhan !!! » Lorsque Beirut cria ce nom, il résonna dans toute la salle, et le visage de Forhan devint extrêmement disgracieux.
Linley se sentit étonné et surpris. « Seigneur Beirut, qu’est-ce que vous… ? »
– « Ne t’inquiète pas. J’ai mes propres plans. Tout ce que tu as à faire, c’est de regarder. »
Tous les Aînés présents dans la salle se tournèrent vers Forhan, qui se leva, l’air furieux. « Seigneur Préfet, moi, Forhan, je suis un membre de la troisième génération du clan. Au cours des dix mille ans écoulés, j’ai tué 2 ennemis 7 étoiles! Mon fils a perdu son clone divin le plus puissant alors qu’il combattait également l’ennemi. Et vous dites que je suis un traître ? Haha… »
Les paroles de Forhan convainquirent quelques Aînés. Après tout, s’il s’agissait d’un jeune membre du clan, ou d’un membre ayant rejoint le clan tout récemment, les Aînés pourraient le croire. Mais c’était Forhan. Le fils du Grand Aîné !
– « Seigneur Préfet ». Le Grand Aîné se leva, furieuse. « Ce Forhan est mon fils. Je le connais très bien depuis d’innombrables années ! J’ose garantir qu’il n’est absolument pas un traître ! Et il ne peut pas être le traître ! »
Un sourire calme se dessinait toujours sur le visage de Beirut. « Oh, vous ne l’admettez pas ? » Il regarda de côté en direction de Forhan. « Forhan, vous pensez que puisque vous avez agi en douce et secrètement, tant que vous ne l’admettez pas, personne ne le découvrira, n’est-ce pas ? Mais vous avez omis quelque chose. Vous ne pouvez pas savoir quand un Souverain s’intéresse à vous ! »
Le cœur de Forhan trembla. « Se peut-il qu’un Souverain soit au courant de tout ce que j’ai fait ? Impossible, impossible ! Comment peut-il y avoir une telle coïncidence, qu’un Souverain ait remarqué ce que je faisais ? »
Mais en apparence, Forhan gardait l’air fier. « Seigneur Préfet, moi, Forhan, j’ose proclamer que je n’ai jamais trahi le clan. Jamais ! »
– « Je ne gaspillerai pas mes mots. Vous vous croyez innocent, n’est-ce pas ? »
Forhan leva la tête. « Bien sûr ! »
– « Très bien, alors. Si vous êtes vraiment innocent, laissez-vous faire. Je vais utiliser une technique hypnotique contre vous. Pendant l’opération, vous direz la vérité à tout le monde. »
Linley comprit finalement le plan de Beirut. Forhan est un démon 7 étoiles, et même parmi les Ainés, il est classé dans les plus puissants. Et il est aussi membre du Clan Dragon Azur, avec cette lueur azurée innée qui protège son âme. Il est très probable que même le Seigneur Beirut ne soit pas capable de l’hypnotiser contre sa volonté.
– « M’hypnotiser ? Seigneur Préfet, je ne suis pas un traître ! Vous voulez que je subisse une hypnose. Bien que vous soyez un personnage haut et puissant, Seigneur Préfet, j’ose dire que vous allez trop loin ! »
– « Impudence ! » Cria Gislason.
Forhan fit un grand pas en avant et tomba à genoux. Bang ! « Patriarche ! Vu la situation, je n’ai rien à dire pour ma défense. Le Seigneur Préfet me souillant est une chose, mais il veut même m’hypnotiser et ne veut pas que je résiste. Moi, Forhan, je suis un Aîné du puissant Clan des Quatre Bêtes Divines ! Je suis aussi un démon 7 Étoiles ! Je n’accepterai pas une telle insulte ! »
« Patriarche, si vous avez peur de la puissance et de l’autorité du Seigneur Préfet, alors aujourd’hui, moi, Forhan, j’exaucerai le souhait du Seigneur Préfet et j’accepterai la mort ! Le Seigneur Préfet peut faire ce qu’il veut de moi et m’exécuter s’il le souhaite ! Mais vous, Beirut… bien que vous soyez le Seigneur Préfet, bien que vous ayez montré une grande bienveillance envers le clan, je refuse que vous m’insultiez davantage ! Même si vous me tuez, je ne vous laisserai pas me souiller ! »
Forhan ferma les yeux. « Si vous voulez me tuer, alors faites-le ! »
Aussitôt, tous les Aînés de la salle se mirent à parler par le sens divin.
– « Forhan, accepte l’hypnose. Et le Seigneur Préfet saura naturellement que tu es innocent. » Dit Gislason.
– « J’ai déjà subi assez d’insultes. Subir l’hypnose sans résister ? » Les larmes de Forhan se mirent à couler. « Patriarche… du temps de l’ancêtre, qui aurait osé traiter un Aîné de notre clan de cette façon ? »
– « Haha ! » Beirut rit et se leva. Son rire résonna dans toute la salle.
– « Si vous voulez me tuer, alors tuez-moi. » Forhan ferma les yeux, à genoux, la rage et le chagrin au visage.
– « Seigneur Préfet. » Dit Gislason.
– « Petit, tes talents d’acteur ne sont pas mauvais. Très bien. Aujourd’hui, je ne te forcerai pas à mourir. Tu dis que je souille ta réputation ? Alors je vais te permettre de vivre encore quelques mois… et passé ce délai, je verrai ce que tu as d’autre à dire pour ta défense ! »
Après avoir fini de parler, Beirut, d’un tourbillon de sa veste, se retira.
– « Moi, Forhan, je ne suis pas un traître. Dans plusieurs mois, je ne serai toujours pas un traître ! » Forhan, à genoux, gardait la tête haute…