Livre 17 : La Préfecture Indigo – Chapitre 52 – Deux gouttes de puissance du souverain
Phusro, Gislason, et le reste de l’assistance restèrent momentanément sans voix.
– « Grand-père ! »
– « Je sais pourquoi ils sont perplexes. C’est parce que tout le monde dit… que selon la légende, seul un dieu supérieur devenu Paragon est capable de contrôler parfaitement la Puissance du Souverain. » Dit Bébé, très heureux.
Beirut regarda les gens dans la salle. « La légende… vous savez tous que ce n’est qu’une légende, n’est-ce pas ? Les dieux Paragon sont capables de le faire, mais cela signifie-t-il nécessairement qu’aucun autre dieu ne peut en faire autant ? Vous pensez tous de façon trop rigide ! »
– « Beirut… admirable, admirable. Pas étonnant que votre Souverain tout-puissant vous estime autant. » Dit Phusro. En général, les émissaires n’étaient que des subordonnés de leur Souverain. La mort d’un Émissaire signifiait simplement que le Souverain pouvait aller en trouver un autre. Mais certains Émissaires étaient extrêmement appréciés et tenus en haute estime par leur Souverain.
– « Oubliez les choses me concernant ; votre Souverain vous estime aussi beaucoup. » Dit Beirut.
Cette dernière remarque fit rire Phusro. Ce Souverain de type feu l’avait personnellement affronté, en commençant par des attaques matérielles et des attaques spirituelles, puis en passant à d’autres aspects. Ce n’est qu’à la toute fin qu’il lui avait révélé son identité. Pour qu’un Souverain s’abaisse à s’entraîner avec Phusro… c’est que naturellement, il ne le considérait pas ou ne le traitait pas comme une pièce d’échecs ordinaire.
Pendant que Phusro et Beirut discutaient, les quatre Patriarches et les Aînés se tenaient simplement là à écouter, n’osant pas intervenir.
Beirut se tourna vers Linley, puis donna des instructions à Gislason et aux autres. « Assez. Tout le monde, pas besoin de continuer à s’entasser autour de nos deux amis. Linley et sa femme ont sans doute besoin de se retrouver. Pourriez-vous sortir, je vous prie ? »
L’assistance reprit ses esprits et acquiesça.
– « Seigneur Préfet, vous avez guéri la femme de Linley. Ce soir, notre clan des Quatre Bêtes Divines organisera un banquet de célébration pour sa guérison et votre arrivée. Qu’en dites-vous ? » Dit Gislason.
– « Très bien alors. Vous pouvez envoyer quelqu’un ce soir. Pour le moment, il me faut m’entretenir avec Bébé. » Beirut frotta la tête de Bébé.
– « Seigneur Préfet ! Il y a quelque chose que je veux vous demander. » Demanda le Grand Aîné.
– « Petite sœur. » Gislason utilisa son sens divin. « Dépêchons-nous de partir. » N’était-il pas imprudent pour elle de faire s’impatienter Beirut ?
– « Seigneur Préfet, plusieurs autres personnes, à part la femme de Linley, se sont également évanouies, et leur situation est la même que la sienne ! Je me demande, Seigneur Préfet, si vous seriez prêt à aider… »
– « Hein ? » Beirut laissa échapper un grognement glacé. Ses épais sourcils noirs se raidirent, et son regard se refroidit.
– « Petite sœur ! »
– « C’est une plaisanterie ? » Le regard de Beirut fixa le Grand Aîné. « Sauver une personne, c’est épuiser la Puissance du Souverain ! Cela utilise ma propre énergie ! Il est facile pour vous de demander… et qui plus est, qu’a la vie de votre peuple à voir avec moi ? Selon votre raisonnement… chaque fois que quelqu’un dans le Royaume Infernal est blessé ou en danger, moi, Beirut, je devrais apparaître et le sauver ? »
En voyant Beirut en colère, les chefs de clan et les Aînés du Clan des Quatre Bêtes Divines furent choqués.
Bonté divine. La seule raison pour laquelle leur Clan des Quatre Bêtes Divines avait pu survivre, dans les montagnes Célestes, était grâce à lui. S’il arrêtait simplement de les aider, le clan tout entier, sous les attaques combinées de leurs ennemis, serait fini.
– « Seigneur Préfet, je m’excuse. Ma petite sœur est juste inquiète au sujet des membres de son clan. » Dit Gislason, qui fit partir tout le monde.
– « Beirut, quand vous avez perdu votre sang-froid, vous avez tellement effrayé cette femme qu’elle n’a pas osé dire un mot de plus. Bon sang, Beirut. Vous auriez pu simplement dire non. Pourquoi perdre votre sang-froid ? » Phusro rit. Le visage de Beirut avait retrouvé son expression souriante normale et agréable.
– « Phusro, il n’est pas nécessaire de recevoir des étrangers comme eux avec un sourire en permanence. Sinon, certaines personnes iront de plus en plus loin. ».
Beirut n’était pas du genre tendre. Dans les batailles du continent Yulan, peu importait le nombre de morts, il ne s’en souciait pas du tout. Pour lui, la vie et la mort faisaient toutes deux parties des lois de la nature. Chaque personne finissait par mourir.
Les divinités avaient théoriquement une durée de vie illimitée, c’est vrai. Mais dans tout le Royaume Infernal, d’innombrables déités mouraient chaque jour au combat.
– « Grand-père, rentrons. » Insista Bébé.
– « Tu as raison. Nous dérangeons Linley et Delia. »
– « Seigneur Beirut, merci, vraiment. » Linley tenait la main de Delia. Beirut avait sauvé cette dernière, mais Linley ne pouvait rien faire pour lui rendre la pareille.
– « Haha… Très bien. Je ne vous dérangerai pas plus longtemps. »
Beirut, Phusro et Bébé quittèrent la pièce.
Linley commença à expliquer lentement à Delia ce qui s’était passé ces derniers jours. Elle resta assise à l’écouter. Bien que Linley était très calme, elle pouvait ressentir combien il avait éprouvé de terreur et de désespoir, ainsi que l’excitation avec l’intervention de Beirut.
– « Delia, si le Seigneur Beirut ne t’avait pas sauvée… je ne peux même pas imaginer ce qu’aurait été l’avenir, après ta mort. M’entrainer ? Pour quoi faire ? Même devenir puissant n’aurait plus voulu rien dire sans toi ! »
En entendant ses mots, Delia eut les yeux humides. Elle étendit les bras pour l’étreindre tendrement. « Linley, n’en dis pas plus. Je suis guérie maintenant. Je vais bien ! »
– « Oui. Tu vas bien ! »
Il caressa son visage. « Delia, je n’ai jamais été aussi excité, aussi heureux, aussi énergique que depuis que tu t’es réveillée ! Quand je t’ai vu ouvrir les yeux, quand j’ai vu les couleurs qui s’y reflétaient… j’ai eu l’impression que mon corps tout entier reprenait vie ! Pour ton bien, pour le bien de notre enfant, je continuerai à m’efforcer de m’améliorer, de devenir puissant ! Avec toi à mes côtés, je n’ai peur de rien ! »
Les larmes coulèrent sur le visage de Delia, mais son sourire rayonnant de bonheur demeurait.
– « Delia ! » Linley tendit la main et une goutte de Puissance du Souverain de type eau apparut. « C’est de la Puissance du Souverain de type eau. Cette fois, je te la donne. Si tu l’avais eu, tu n’aurais pas été en danger. Heureusement, tu vas bien maintenant, mais je ne veux pas que ce genre d’événement se reproduise. Prends cette goutte ! »
– « Linley, non… »
– « Prends-la ! Delia, après cet événement, j’ai compris qu’il y aura des moments où je ne pourrai pas te protéger. En ayant cette goutte, tu seras capable de préserver ta propre vie au moment critique. Cette Puissance du Souverain est très efficace tant pour la défense de l’âme que pour la défense physique. Ne la refuse pas ! »
– « Bien. Je vais la prendre. »
Il étendit le bras, rapprocha Delia, qui se nicha dans son étreinte. « Lorsque ce à quoi tu tiens le plus est menacé de disparaître, tu comprends l’essentiel de la vie, et tu ne veux pas que cela se reproduise ! »
– « Ça ne se reproduira plus. Je te le promets. »
– « J’en suis sûr ! »
Pendant un moment, les deux se turent, appuyés l’un contre l’autre, sentant la respiration de l’autre, profitant de cette chaleur, de cette paix…
Cette même nuit dans les montagnes Célestes…
Les quatre chefs du Clan des Quatre Bêtes Divines, un grand groupe d’Aînés, et même ceux ayant leurs corps les plus puissants, étaient réunis pour le banquet. Après tout, l’invité d’honneur était le sauveur de leur clan, le Seigneur Préfet de la Préfecture Indigo !
Échangeant des toasts et célébrant joyeusement, tous s’enivraient avec liesse.
– « Aîné Linley ! » Dit Gislason, assis sur le trône, d’une voix forte. « Vous avez lutté contre huit Aînés. Bien que vous ayez épuisé une goutte de la Puissance du Souverain, vous avez aussi tué cinq des ennemis 7 étoiles.
– « Je sais que vous êtes spécialisé dans les lois de la Terre. J’ai eu une réunion avec le Patriarche du Clan Tortue Noire. Tuer cinq Aînés ennemis est un accomplissement majeur. Le clan vous accorde donc deux gouttes de la Puissance du Souverain. Une goutte de type eau, et une goutte de type terre. »
– « Linley, en utilisant cette Puissance du Souverain de type terre avec votre technique de l’espace gravitationnel, votre pouvoir sera bien plus grand. » Dit la voix grave et grondante du Patriarche du Clan Tortue Noire.
Linley se leva pour se rendre au centre de la salle.
Au même moment, la Puissance du Souverain sortit des mains de Gislason, ainsi que de celles du Patriarche. Une goutte bleue et une goutte jaune terre. Linley les accepta immédiatement, et les stocka dans son anneau Panlong.
– « Merci, Patriarches. » Linley s’inclina.
– « Vous l’avez mérité, il faut vous récompenser. C’est la règle du clan. Allez. Reprenez votre place. Tout le monde, continuons à boire. » Dit Gislason.
Phusro et Beirut échangèrent des regards, puis rirent.
Cependant, le modeste Aîné Forhan avait mal au cœur.
– « Père » Dit Emmanuel par le sens divin.
Il s’agissait d’une grande fête, et tant de gens étaient venus. Le clan tenait toujours en grande estime les guerriers qui avaient perdu leurs clones divins les plus puissants au combat et qui, en termes de pouvoir, ne méritaient plus d’être appelés Aînés. Ces personnes avaient toujours un statut assez élevé au sein du clan, et elles étaient également invitées à participer à ce banquet. Emmanuel était l’un d’entre eux.
– « Le Patriarche semble être trop partial. Selon les règles du clan, si un Aîné utilise une goutte de la Puissance du Souverain au combat, en général, il n’en recevra qu’une autre en compensation. Même si l’Aîné a rendu une quantité significative de services, il ne reçoit tout au plus que quelques mots de remerciement. Pourtant le clan n’a plus beaucoup de Puissance du Souverain. » Dit Emmanuel.
– « Tout cela à cause du Seigneur Préfet. Sinon, comment pourraient-ils donner à Linley deux gouttes ? Je ne comprends vraiment pas comment Linley peut avoir autant de chance. Il connait même le Seigneur Préfet ! » Dit Forhan extrêmement malheureux et en colère. Mais cela, il ne le montrait pas. Sur son visage, il maintenait un sourire. Il levait même son verre pour porter un toast. « Aîné Linley, sincères félicitations. Allez, santé ! »
Linley était assis sur le siège d’honneur, assez près de Beirut.
– « Linley, j’ai entendu dire que sur le chemin du retour, tu avais subi une attaque conjointe de huit Aînés ennemis ? » Demanda Beirut via le sens divin.
– « Exact. C’est vraiment louche. Tout d’abord, j’ai changé d’apparence. Deuxièmement, dès que j’ai quitté la Cité de Meer, ils ont attaqué en masse. Et troisièmement, ils ont envoyé huit Aînés ! Ils n’auraient pas fait ça sans une certitude absolue. »
Beirut se tut momentanément, puis renvoya par le sens divin. « Phusro en a discuté avec moi aussi. J’ai soigneusement analysé la situation, et je soupçonne… que quelqu’un dans le clan a probablement divulgué vos informations. »
Linley fut stupéfait.
– « Linley, dis-moi, y a-t-il quelqu’un que tu suspectes ? » Demanda Beirut.
– « Seigneur Beirut, je n’ai aucune preuve. Et il n’y a aucun moyen d’être absolument sûr qu’il y ait ne serait-ce qu’un traître impliqué ! Les soupçons vides de sens sont inutiles à exprimer. »
– « Ne t’inquiète pas de savoir si c’est utile ou non. Dis-moi juste si tu soupçonnes quelqu’un ! Dis-moi qui est la personne que tu suspectes ! »
Linley hésita. « Il y a une personne. Quand je suis monté dans le vaisseau, il m’a vu partir. Au sein du clan, les seules personnes avec lesquelles j’ai un conflit sont lui et son fils. »
– « Qui est-ce ? »
– « Forhan ! »
– « Lequel est-ce ? Est-il dans la salle ? »
– « Oui. C’est le cinquième aligné devant nous. »
Beirut tourna la tête, il vit que Forhan était en train d’échanger des toasts avec un autre Aîné. « La situation du clan se durcit et se détériore. La dernière fois, quand j’ai rencontré un Aîné ennemi, j’ai presque failli y passer ! »
– « Oh, celui aux cheveux d’or ? »
– « Celui-là même ! » …