Le groupe d’Olivier dénombrait 12 personnes au total. Après leur recherche à la mine, ils entrèrent dans un restaurant, trouvèrent un coin et occupèrent trois tables.

– « Capitaine, vous avez trouvé une améthyste. Ne soyez pas avare. » Dit quelqu’un.

– « Les bonnes vieilles règles ! » Le leader, capitaine à grande barbe, éclata de rire. « Pour chaque personne, une bouteille de Norcha [Nuo’si’sha]. Si vous voulez consommer davantage, vous n’avez qu’à l’acheter vous-même. Hé, dépêchez-vous ! Douze bouteilles de Norcha ! » Une bouteille de Norcha était un assez bon vin et comptait dix pierres d’encres. Généralement, celui qui était chanceux offrait la tournée aux autres. 

Saisissant la bouteille de vin, Olivier plissait le front et but une gorgée. « Presque trente ans déjà et je n’ai jamais trouvé une seule améthyste ! » Olivier était très ennuyé. Relevant la tête, il prit une autre grande gorgée.

Après son arrivée dans le Royaume Infernal, sa chance avait été plutôt bonne. Ayant atteint le niveau Divin, il avait réussi à amasser dix mille pierres d’encre pour passer les épreuves Démon, et était devenu Démon une étoile. Mais qui aurait pensé qu’il échouerait lors de sa toute première mission et ne gagnerait aucun argent ? Son unique fortune n’était que de quelques centaines de pierres d’encre.

Utiliser ces dernières pour retourner dans une cité ? Impossible ! Heureusement que sa mission avait été assez proche des Montagnes d’Améthyste dont il avait entendu parler. Il y passa donc des décennies à s’y faufiler furtivement tout en sachant qu’il lui fallait payer 3 améthystes afin de pouvoir quitter les lieux étant donné qu’il n’avait pas payé son droit d’entrée !

– « Je n’en ai même pas trouvé une. Cela fait presque trente ans. » Plus Olivier y réfléchissait, plus il déprimait. Il reprit une autre grande gorgée de vin, vidant à moitié la bouteille. « Ce fichu endroit … il n’y a aucun moyen de prendre des missions ici non plus. »

– « Olivier, hé. Vous n’êtes pas le seul à être malchanceux, vous savez. Ne vous découragez pas. La dernière fois, n’avons-nous pas rencontré cette personne qui depuis 10 000 ans n’en a pas encore trouvé une ? » Dit quelqu’un à proximité.

Forcé de sourire, Olivier se devait de rester en bons termes avec les gens qui l’entouraient. Récolter des améthystes n’était pas une affaire exempte de danger, ce n’était pas une cité, après tout ! Tuer pour s’accaparer les richesses d’une personne plus chanceuse était courant. Les dieux constituaient alors des équipes pour pouvoir faire front le cas échéant. 

À des dizaines de milliers de kilomètres d’Olivier, Linley, Delia, Bébé et Jenkin traversaient les limites de la mer de brouillard. 

– « Jenkin, vous n’avez pas à nous suivre. Vous pouvez aller récolter vos améthystes. Nous allons nous promener un peu dans les montagnes. Dans un jour ou deux, nous partirons probablement. » Dit Linley  au jeune homme.

– « Monsieur Linley, vous avez fait montre d’une telle bienveillance envers moi. Je ne sais vraiment pas comment vous rembourser. Si vous partez, qui sait combien de temps il nous faudra pour nous revoir ? Extraire des améthystes n’est qu’une question de chance. Peut-être qu’en restant à vos côtés, M. Linley, je pourrai en trouver quelques-unes. »

– « Bien dit gamin. Tu es un ami fidèle. » Bébé tapota l’épaule de Jenkin, se donnant un air de grand frère.

Linley rit. « Très bien. Nous allons vous aider à extraire des améthystes. Je suis curieux de voir si dans un jour ou deux, nous aurons eu la chance d’en obtenir une. »

– « Allons-y. Rentrons dans le brouillard blanc. N’oubliez pas de garder les yeux ouverts sur l’extérieur. Assurez-vous de pouvoir toujours voir l’extérieur. » Les quatre entrèrent dans le brouillard.

– « Cette brume blanche est tellement fraîche et rafraîchissante. » La température y était si basse que le groupe eut l’impression d’entrer dans une mer de glaçons. 

– « Patron, dépêchez-vous. » Bébé avait les yeux rivés sur l’extérieur. « Je peux encore voir l’extérieur. Continuez à entrer … » Bébé volait en tête et ses compagnons le suivaient tranquillement.

Après avoir volé à peine quatre-vingts mètres, ils s’arrêtèrent instinctivement.

– « Oh ? Comme c’est étrange ! » Linley fronça les sourcils. Il pouvait entendre un léger vent qui cherchait à l’étourdir. Aussi, il secoua la tête furieusement pour se forcer à rester lucide.

Delia et Bébé firent de même. Quant à Jenkin, il commença à être désorienté, mais reprit vite ses esprits.

– « Que s’est-il passé ? J’ai cru entendre le vent souffler, puis le monde s’est mis à tourner. » Jenkin était terrifié.

– « Cette mer de brouillard est incroyablement bizarre. » Murmura Bébé.

– « Linley, nous ferions mieux de faire attention. Nous ne sommes pas ici pour récolter des améthystes. Ne laisse rien arriver. » Delia tira sur la main de Linley. Ce dernier lui tint la main et remarqua l’inquiétude dans ses yeux. Après avoir fait l’expérience du bassin de magma doré, il ne voulait plus que Delia risque à nouveau sa vie. « Ne t’inquiète pas, nous n’irons pas plus loin dans ce brouillard. »

– « Hey les amis. » Un homme musclé aux cheveux vert jade les survola en riant. « Faites attention. Ne restez pas coincé à l’intérieur. Vous ne pourrez plus sortir. »

– « Excusez-moi, mon ami. Une chose m’intrigue. Pourquoi resterions-nous prisonniers de la Mer de Brouillard ? Si je laisse mon clone à l’extérieur pendant que je rentre, en sentant son emplacement, il pourra me guider, non ? » Demanda Jenkin.

– « Hé, ne me demandez pas, je ne sais pas. Vous pouvez dire tout ce que vous voulez, mais les faits parlent d’eux-mêmes. Si vous n’avez pas peur, vous pouvez tenter votre théorie et voir ce que cela donne. Mais de tous ceux qui vous ont précédé, aucun n’est ressorti vivant, quelle que soit la méthode utilisée. Bon les amis, je vous souhaite bonne chance. »

– « Hé, c’est … » Un rayon de lumière violette éclata au loin, et Linley s’y rendit immédiatement. Balayant avec sa main, il saisit le rayon. Il s’agissait d’une améthyste, ce qui le fit énormément rire, ne s’attendant pas à être aussi chanceux.

– « Patron, c’est une améthyste ? » Demanda Bébé.

– « Tout à fait. Jenkin, pour vous. Linley, d’un revers de main, lança la pierre au jeune homme. Il avait déjà un grand nombre d’améthystes. Donc, il s’en fichait un peu.

Jenkin savait que Linley était très riche. Comment une personne ordinaire pourrait-elle s’offrir une forme de vie métallique ?

– « M. Linley, votre chance est vraiment excellente. Dès votre arrivée, vous avez acquis une améthyste. J’ai entendu parler de gens qui auraient passé mille ans sans en trouver une. »

– « Ce n’est que pour les malchanceux. Pour ceux qui ont de la chance, ils en trouveront une tous les quelques jours. » Dit Linley.

– « Patron, puisque votre chance est bonne, je refuse de croire que la mienne sera mauvaise. » Les yeux de Bébé brillaient alors qu’il fixait son environnement. « Je vais aussi récolter des améthystes ! » 

– « Je vais aussi tenter ma chance. » Ajouta Delia.

Alors que le groupe de Linley commença à explorer la mer de brouillard, le groupe d’Olivier était quant à lui revenu à son pourtour une fois de plus. Ses douze membres s’étaient séparés, maintenant une distance inférieure à cent mètres. Et tout le monde attendait tranquillement… attendant que les améthystes sortent du brouillard.

– « Ah les améthystes ! Qui sait combien de temps il me faudra avant d’en obtenir une. » Olivier contrôlait son clone divin des ténèbres, en le faisant s’entraîner. Son clone divin de lumière avait déjà atteint le stade Dieu, mais celui des ténèbres était toujours au stade Demi dieu. Il lui fallait donc essayer d’augmenter la puissance de ce dernier.

– « Le niveau actuel de la puissance de mon clone divin de ténèbre est trop faible. Une fois qu’il sera à égalité avec mon niveau lumineux, je pourrais les fusionner. Conséquemment, comment un Dieu ordinaire pourrait-il me surpasser ? » Pensa-t-il.

Le soleil de sang se coucha pour laisser monter la lune violette dans le ciel.

La nuit passa… et un nouveau jour était né.

Pendant toute la journée, le groupe d’Olivier resta dans la même position, ne bougeant pratiquement pas. Ceux qui venaient récolter des améthystes étaient tous extrêmement patients. Il était normal qu’ils attendent jusqu’à cent ou mille ans au même endroit.

– « Oh ? » Olivier regarda avec méfiance un endroit au loin, brillant d’une lumière violette. Puis il y fonça. Ses compagnons étaient plus éloignés que lui. Comment pourraient-ils le devancer ?

– « Est-ce ? » En se rapprochant, il fut stupéfait. Il y avait, non pas une améthyste, mais tout un amas. « Il doit y en avoir au moins dix mille ! » Il n’était pas rare qu’un tas d’améthystes puisse s’envoler. Il y eut même un cas où l’on dénombra un million de ces pierres. Ce qui engendra un massacre massif, vous l’aurez compris.

Pour les dieux, c’était une énorme fortune.

– « Tant d’améthystes ? » D’un geste de la main, Olivier les rassembla dans son anneau interspatial. Il en dénombra exactement dix-huit mille, valant plus de cent millions de pierres d’encre. « J’espère que personne ne m’a remarqué. » Mais il tourna la tête, et vit les membres de son groupe qui le regardaient.

– « Olivier, ta chance n’était pas mauvaise. » Le capitaine pinça les lèvres et sourit. « Je pense qu’il y en a au moins plus de dix mille. Le découvreur obtient une part, mais ne devriez-vous pas partager équitablement le reste entre chacun de nous ? »

Le visage d’Olivier changea. C’était sa trouvaille. « Voilà ce que je vous propose. Chacun de vous peut obtenir huit cents améthystes. Le reste est à moi. »

– « Inutile que vous divisiez. Retirez le lien de sang qui vous unit à votre anneau et nous regarderons de nous-même. » Dirent certains dans le groupe.

– « Supprimer mon lien ? »

– « Très bien, Jenkin. Plus besoin de nous accompagner davantage. Continuez votre récolte. Nous partons maintenant. » Une voix suffisamment proche retentit. Olivier crut la reconnaître.

– « Monsieur. Linley, soyez prudent pendant votre voyage. »

Olivier fut sous le choc. « Linley ? » Il se tourna pour identifier la source de la voix, et dans la brume blanche et brumeuse, il aperçut Linley, Delia et Bébé volant ensemble. 

– « Patron, regardez, cette personne là-bas, hé, ce mec … hé, patron, c’est Olivier !!! »