Livre 21 : Apogée – Chapitre 038 – Mensonges

– « Haha… »

Des rires puissants, excités et jubilatoires résonnaient dans le Couloir Stellaire.

– « Victoire ! »

– « C’est terminé ! »

Les Émissaires survivants, y compris le groupe de six de Bresle, et les soldats du Royaume Infernal affichaient tous de la satisfaction. Ils étaient excités, non pas parce qu’ils avaient fait match nul, mais parce qu’ils étaient encore de ce monde ! Ils avaient réussi à survivre à cette terrifiante Guerre Planaire. Sur les trois cents experts sept étoiles, seuls une quarantaine étaient encore en vie.

A des centaines de milliers de kilomètres de là, au sommet de la montagne, les Souverains discutaient entre eux avec verve. « Orloff, cette fois, tu as perdu ! » Dit Wodred.

Orloff gloussa. « Haha… Wodred, puisque nous nous sommes battus jusqu’à un match nul, on peut dire que j’ai perdu ce round. Cependant, la raison principale de la victoire de votre Royaume Infernal est due à ces six émissaires qui ont mis en place une formation. Quel est le Souverain qui les contrôle ? » Orloff ne semblait pas du tout découragé par la défaite. Il souriait, et était toujours aussi joyeux.

– « Ce sont les six Émissaires sous le commandement de Linley ! » Dit le Chef Souverain de la Destruction.

– « Oh ? » Orloff regarda Linley.

Tous les Souverains présents se tournèrent vers Linley.

– « Linley, vous avez énormément aidé Wodred, cette fois. » Dit Orloff.

– « Je n’ai fourni que six Émissaires. Si vous, Seigneur Orloff, aviez pu localiser un Dieu Supérieur Paragon, il aurait pu tuer facilement une ou deux centaines d’Anges à douze ailes, en y mettant le paquet. Un Paragon aurait également été capable de changer les résultats de la bataille. » Dit Linley.

– « Un Paragon Dieu Supérieur ? Combien de ces Paragon seraient prêts à risquer leur vie et à participer à cette guerre planaire ? S’il n’y avait aucun danger en jeu, ils pourraient être prêts à aider. » Dit Orloff. Pour les Paragon, même les artefacts du Souverain n’étaient pas si importants. « Linley, je suis assez curieux. Lequel des Émissaires sous votre contrôle a pu développer cette formation de combat ? »

– « Cette formation de combat est connue sous le nom de Formation Samsara. L’Émissaire qui l’a développé a passé d’innombrables années à la rechercher. »

– « Formation de combat Samsara… Samsara… Samsara ! » Orloff murmura ces mots plusieurs fois. « Cet Émissaire sous votre commandement est, sans aucun doute, un maître suprême dans le développement de formations magiques. Il a été capable de développer un mariage aussi étrange gaspillant si peu d’énergie. Même moi, je dois admettre que j’éprouve de l’admiration pour lui ! »

– « Hé, Orloff, comment se fait-il que vous soyez si heureux, même après avoir perdu ? » Demanda le Chef Souverain de la Mort.

– « Victoire, défaite ? Gagner, perdre… ce ne sont que des concepts. On ne peut pas juger de la victoire ou de la défaite en se basant sur la surface des événements, haha… » Orloff rit joyeusement. « Vous tous, je ne vais pas rester ici plus longtemps. Je retourne au Royaume Céleste de ce pas. Bien, Linley…quand vous serez libre, venez dans mes jardins. Je vous ai déjà invité plusieurs fois. »

– « Certainement, certainement. » Dit Linley. Et ainsi, Orloff ouvrit une brèche et s’y engouffra avec les Souverains du Royaume Céleste.

– « Orloff… » Linley soupira. Ces derniers jours, il avait interagi avec le Chef Souverain du Destin, à de nombreuses reprises. Il commençait à admirer cet Orloff. « Qu’il gagne ou qu’il perde, il semble si calme et posé, comme si rien au monde ne pouvait l’enrager. » Cette sorte d’équanimité mentale était quelque chose qu’aucun des autres souverains ne pouvait égaler.

Royaume Infernal. Les Montagnes du Rite Céleste…

Six mois s’étaient écoulés depuis la fin de la Guerre Planaire. La résidence de Linley était aussi paisible que jamais.

– « Wade est aussi parti à l’aventure. » Linley marchait sur son grand balcon, fixant les lointains descendants du Clan Baruch qui se trouvaient sur l’herbe. « Ils ont tous un amour pour la bataille. On dirait qu’ils ne resteront pas ici longtemps. Bientôt, ils iront goûter à l’aventure. »

Bébé et Nisse discutaient de quelque chose dans un coin du jardin, et tous deux riaient gaiement.

Linley quitta son balcon et vit son père et sa mère sortir du jardin « Eh ? »

– « Linley. » Hogg souriait.

– « Père. Mère.” Linley s’inclina.

– « Il y a quelque chose dont je veux discuter avec toi. » Dit Hogg. « Ta mère et moi projetons de voyager dans certains plans matériels. Est-ce que toi et Delia aimeriez nous accompagner ? » Il y avait beaucoup trop de plans matériels, aussi divers qu’uniques. En faire le tour était bien plus intéressant que de rester simplement dans le Royaume Infernal.

– « Pas besoin. » Dit Linley en secouant la tête.

– « Ah ce gamin… » Dit Hogg, de façon résignée.

– « Hogg, ne force pas Linley. Il peut y aller quand il en a envie. » Dit Lina, la mère de Linley. Linley avait un clone divin du feu, et pouvait entrer dans n’importe quel plan matériel.

Il fit ses adieux à ses parents, puis partit dans une cour isolée. C’était l’endroit où il s’entraînait en temps ordinaire.

Il se tenait là, dans l’herbe, répandant son sens divin fusionné dans tout le Royaume Infernal. « Dix mille ans… un si long voyage… » Dans l’esprit de Linley, des images de son histoire, depuis son enfance, commencèrent à défiler. « Père. Grand-père Doehring. Bébé. Wharton. Delia. Patron Yale. George. Reynolds… » Tous flottaient dans son esprit et étaient profondément imprimés dans son âme.

– « Mère ! » Pensa Linley. Même si Lina, s’était rapidement rapprochée de Hogg, après le passage d’innombrables années, il y avait toujours une certaine distance entre elles et ses enfants, Linley et Wharton. Lina n’avait pas vraiment d’amour maternel envers eux. Hélas. C’est parce que Mère a perdu tous ses souvenirs d’avant qu’elle ne soit un Ange.

Whoosh ! Une silhouette descendit des cieux. « Seigneur Wodred. » Dit Linley.

– « Linley, les six Émissaires que vous avez envoyés la dernière fois ont été extrêmement efficaces. Je sais que vous avez passé des siècles à les rechercher. Je ne suis jamais venu vous remercier pour ce que vous avez fait… »

– « Seigneur Wodred, il fallait que je m’en trouve de toute façon. » Linley était en excellents termes avec Wodred.

– « Haha. Linley. Je vous dois une faveur. Si vous avez besoin de quelque chose, tant que c’est en mon pouvoir, n’hésitez pas. En fait, même si vous voulez apprendre certains secrets suprêmes, je peux vous les révéler. Mais bien sûr, oubliez mon “Paradoxe spatio-temporel” »

Wodred fut assez direct. Bien que son ‘Paradoxe’ était inférieur à la capacité divine innée fusionnée des Quatre Bêtes Divines, il augmentait tout de même la puissance d’une personne par mille. Même quelqu’un comme Linley, en apprenant cette technique, serait capable de menacer les quatre Chefs Souverains des Édits.

– « Haha, Seigneur Wodred, même si vous ne l’aviez pas dit ouvertement, je ne vous aurais pas demandé de m’enseigner votre technique suprême, simplement parce que je vous ai un peu aidé. Vous avez accompli beaucoup trop d’efforts pour la concevoir. Ah oui. Après la fin de la Guerre Planaire et la défaite du Seigneur Orloff, celui-ci a-t-il eu une réaction particulière ? »

– « Lui ? Quelle sorte de réaction pourrait-il avoir ? Comme d’habitude, il reste dans ses jardins, absorbé par l’entraînement et la recherche. Orloff, ce fou, n’a aucune idée de ce que signifie être ‘fatigué’. Pour être honnête, de tous les Chefs Souverains des Édits, il est le seul à me mettre mal à l’aise. On ne peut jamais savoir quelle sorte de technique suprême il pourrait inventer, car la logique et lui ça fait deux ! »

Linley pouvait sentir une pointe de mécontentement dans le ton de Wodred, En effet, malgré sa technique du Paradoxe, il n’avait pas pu vaincre Orloff. Mais bien sûr, ce dernier disposait d’un artefact de Dieu Suprême.

– « Assez parlé de lui. Tout à l’heure, quand je suis venu, j’ai vu que vous étiez d’assez mauvaise humeur. Vous aviez un air plutôt malheureux sur le visage. Est-ce que quelque chose vous tracasse ? » Dit Wodred.

Les Chefs Souverains avaient eux aussi des émotions et des personnalités. Bien que les quatre Chefs Souverains des Édits soient plutôt arrogants et distants, ils avaient besoin d’amis. Après que Linley leur ait montré sa puissance, leur attitude envers lui avait aussi quelque peu changé. De plus, à cause de la Guerre Planaire, Wodred en était venu à considérer Linley comme le deuxième expert le plus puissant de son camp, après lui bien sûr !

Parce qu’ils étaient désormais en termes plus proches, leurs échanges étaient devenus plus décontractés.

– « Oh ? Il y a en effet quelque chose d’assez troublant. Seulement, ça ne sert à rien de vous le dire. » Linley pensait évidemment aux souvenirs de sa mère. « Il n’y a rien que vous ne pourriez changer à ce sujet. »

– « Pourquoi n’essayez-vous pas ? »

– « Cela a un rapport avec ma mère. Lorsqu’elle se trouvait dans son plan matériel, elle a été saisie par la religion de la Lumière, et son âme fut sacrifiée aux Souverains qui en firent un Ange à douze ailes ! J’ai un jour cherché Augusta et payé un prix très élevé pour qu’il rende sa liberté à ma mère. Elle est libre maintenant, mais… ses souvenirs sont à jamais perdus. »

– « Que dites-vous ? » Wodred fronça les sourcils.

– « Quoi ? Il y a un moyen pour les Anges de retrouver leur mémoire ? » Linley ne put s’empêcher de s’enthousiasmer.

– « Comment aurait-il pu choisir de laisser votre mère retrouver son libre arbitre ? ! » Dit Wodred en fixant solennellement Linley. « Linley, laissez-moi vous dire ceci. Pour libérer un Ange et le laisser retrouver sa liberté, il n’y a que deux méthodes… et j’ose dire qu’Augusta n’a choisi aucune des deux ! »

Linley était abasourdi. « Quoi… qu’est-ce que vous dites ? Mais ce jour-là, Augusta semblait avoir été gravement blessée… son âme… »

– « Ha ha… Une blessure à son âme ? Ce n’était rien d’autre qu’un faux-semblant ! Linley, je peux vous dire une chose : si un ange retrouve vraiment son libre arbitre, alors il retrouve naturellement ses anciens souvenirs ! »

– « Qu’est-ce que vous avez dit ? Ça… comment c’est possible ? »

– « Votre mère n’a pas retrouvé ses souvenirs, ce qui signifie une chose : elle est toujours sous contrôle, et n’a pas du tout retrouvé sa liberté ! Comme je le vois, elle ne fait qu’obéir à ses ordres. Elle fait intentionnellement semblant d’être libre ; de cette façon, sans avoir à payer le moindre prix, Augusta a pu vous faire payer un lourd tribut. Pourquoi passerait-il à côté d’un si bon marché ? »

Le visage de Linley changea radicalement pendant qu’il écoutait.

– « Et, étant donné la médiocrité des relations entre vous et lui, pourquoi aurait-il à s’inquiéter du respect de sa parole envers vous ? »

– « Mais, mais Orloff était aussi… »

– « Orloff ? Orloff avait quelque chose à demander à Augusta, qui l’avait aidé à plusieurs reprises. Il lui devait une faveur. Dites-moi. Orloff préférerait-il l’aider lui, ou vous ? Il ne s’implique pas dans les affaires ou les luttes mondaines, mais cela ne veut pas dire qu’il est cette personne merveilleuse et altruiste. Laissez-moi vous le dire simplement. Vous avez été purement et simplement trompé par Augusta ! »…