Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 47 – 11h23 – Avenue Imelda, Parañaque, Metro Manila
Le changement soudain de la situation avait totalement bouleversé le bon sens des soldats et des survivants. Depuis le début de l’apocalypse, tout le monde savait que, quelle que soit la force ou la taille de l’infecté, tout était fini une fois que sa tête, son cerveau ou même simplement son tronc cérébral était suffisamment endommagé.
Et pourtant, l’infecté qui avait soudainement muté sous leurs yeux était devenu une exception totale à cette règle.
« C’est quoi que ce putain de putain de truc ?!!
– Hé, fais gaffe à ce que tu dis ! »
Joseph, toujours aussi grossier et impudique, ne pouvait s’empêcher de parler alors qu’il était aux prises avec des infectés apparemment immortels. Comme ces infectés ne mouraient pas même après qu’on leur ait coupé la tête, il commença à les attraper malgré l’aspect dégoûtant de leur corps et les poussa hors du pont aérien. L’endurance anormale de son corps et sa peau épaisse en tant qu’évolué s’appliquaient vraiment dans cette situation. Les évolués normaux, même les types de force, ne seraient pas capables de s’occuper d’infectés sans peau comme lui en un clin d’œil. Il était trop énervé par ce qui se passait qu’il ne se souciait plus de savoir s’ils avaient l’air dégoûtants ou non.
Arvie réprimanda Joseph pour ses jurons, mais il était peu probable que la bouche de ce dernier s’arrête bientôt. Après tout, au lieu de diminuer, les infectés apparemment immortels augmentaient.
À côté d’eux, Jason et les autres membres de l’équipe s’efforçaient également de faire face aux infectés qui avaient déjà escaladé le pont aérien.
D’un autre côté, les équipes de Rollan et de Nikky étaient également aux prises avec le même type d’adversaires.
« Dhie, ça se présente mal, n’est-ce pas ? »
dit Nikky à Rollan avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
« Ce n’est pas seulement une mauvaise nouvelle, Nhie. C’est déjà mauvais. »
répondit Rollan en repoussant d’un coup de pied l’infecté qui se trouvait devant lui. Le son grinçant et la sensation douce mais dégoûtante qu’il produisit en frappant la chair exposée de l’infecté firent se dresser les poils de ses bras.
Alors qu’il répondait, il remarqua que Joseph attrapait un autre infecté par les épaules et essayait de le pousser hors du pont aérien. Il vit alors le bras et les jambes de l’infecté s’agiter.
« Joseph ! Ne le lance pas tout de suite ! »
cria Rollan en saisissant le couteau de boucher qu’il portait à la taille.
« Quoi ? »
Joseph fut surpris par cet appel soudain et perdit prise sur l’infecté glissant. Celui-ci essaya immédiatement de le mordre.
« Oh merde ! »
Joseph poussa un juron et s’empressa d’attraper l’infecté par le cou tandis qu’il était poussé au sol.
À ce moment-là, Rollan était déjà arrivé et, d’un large coup de poing, il avait démembré le bras droit de l’infecté. Il se mit ensuite à démembrer les membres restants à partir des articulations, provoquant une éclaboussure de sang.
« Putain ! Tu ne peux pas m’effrayer comme ça et si tu veux faire quelque chose comme ça, enlève-moi d’abord cette merde ! »
Joseph jura en repoussant l’infecté boiteux qui ne pouvait plus bouger.
« Mais tu peux te débrouiller avec ça, non ? Je ne pense pas que ces infectés puissent mordre à travers ta peau épaisse. »
dit Rollan en observant les alentours.
« Va te faire foutre ! » Joseph ne pouvait plus s’empêcher de dire ce qu’il pensait. Cependant, son humeur semblait s’être éclaircie lorsqu’il regarda l’infecté qui essayait toujours de l’atteindre, mais sans y parvenir. « Ce que tu as fait est vraiment efficace mais vraiment, je préfèrerais avoir une femme infectée sur moi que ce type là. »
« Tu es malade. Vraiment… Dans la tête. »
Rollan dit les yeux mi-clos et s’enfuit pour s’occuper des autres infectés. Voyant Rollan s’éloigner, il se dépêcha d’attraper l’infecté mâle par le cou, le brisa et le jeta par-dessus la balustrade de l’autopont.
Les deux équipes avaient commencé à mettre en œuvre la méthode imaginée par Rollan. Ils démembrèrent les membres des infectés immortels avant de les jeter par-dessus le pont. Voyant leurs méthodes, les autres survivants et soldats commencèrent à les imiter. Le processus était plus fastidieux, mais au moins, ceux qui étaient jetés de cette façon ne pouvaient pas remonter. Heureusement, les membres démembrés des infectés, bien qu’ils aient bougé et se soient agités violemment pendant quelques secondes comme une queue de lézard détachée, avaient cessé de bouger. Si ce n’était pas le cas, ce serait vraiment horrible.
De l’autre côté, les tireurs d’élite avaient eu plus de facilité après le changement. Les infectés volants se déplaçaient de façon moins erratique et essayaient de foncer comme des bêtes enragées. Il était plus facile de prévoir leurs mouvements et les tireurs d’élite réussissaient à faire plus de coups que de ratés.
Mei réussit également à toucher le [Type Leader] avec ses ailes de chauve-souris en plein front. Les infectés s’écrasèrent sur le sol dans un grand élan après être tombés d’une centaine de mètres dans les airs. À cause de la mer d’infectés au sol, elle n’avait pas pu assister à sa fin, mais à cette hauteur, son destin était déjà tout tracé.
Elle se mit à tirer sur les autres infectés volants tout en étant protégée par Odelina et ses filles. Cependant, elle ne put s’empêcher de remarquer quelque chose d’étrange. Pas le ciel qui s’était assombri, ni le changement soudain des infectés. Mais…
« Maman ! »
cria Iola en levant les mains vers l’avant et en créant une barrière sur le côté.
BAM ! SIZZLE !
Un infecté mutant sans peau s’écrasa contre la barrière.
BAM ! CRACK !
Abbygale, qui s’était déjà transformée en chat blanc, donna un coup de pied dévastateur à l’infecté.
Mais ce n’était pas le seul.
BAM ! BAM ! BAM ! GRÉSILLEMENT !
Iola fut obligée de créer une plus grande barrière alors que plusieurs autres infectés fonçaient en direction des trois.
« Jeune fille… »
Odelina recula à côté de Mei, Abbygale et Iola tout en haletant. Même si cela ne se voyait pas, Odelina avait couru dans tous les sens pour s’occuper des infectés grimpant juste dans cette zone de l’aérodrome.
« Odel, ces infectés nous visent, n’est-ce pas ? »
dit Mei en fronçant les sourcils. Elle avait remarqué qu’il y avait plus d’infectés qui venaient vers eux que vers les autres. S’il ne s’agissait que d’Iola, ils ne trouveraient pas cela étrange puisque ce ne serait pas la première fois, mais non, même Abbygale, Odelina et elle étaient attaquées sans relâche. Les attaques étaient trop persistantes pour que les équipes d’Arvie et de Rollan se déplacent autour de leur position pour s’occuper des infectés tandis que Mei et les tireurs d’élite s’occupaient des infectés volants.
« ATTENTION ! »
Un soldat cria et Mei se sentit soudain en danger. Par réflexe, elle tourna la tête vers la source du danger et vit plusieurs infectés volants à la chair exposée et aux yeux rouges luisants se diriger vers elle. La vitesse était telle que personne ne put réagir.
Puis, tout se ralentit à sa vue. Son [Temps de balle] s’activa au dernier moment. L’infecté le plus proche apparut clairement dans ses yeux, et il s’agissait du même infecté qu’elle venait d’abattre. En fait, à part le coup de feu sur son front, son crâne était lourdement fracassé et il aurait déjà dû s’arrêter de bouger.
Elle fit un pas sur le côté gauche, laissant le premier infecté passer devant elle, tandis qu’elle attrapait de sa main gauche le couteau de combat militaire qu’elle portait à la ceinture. C’est alors que…
Elle aperçut de la fumée noire près de la nuque de l’infecté qui passait devant elle. Comme les environs étaient déjà sombres depuis que les nuages noirs couvraient le ciel, la fumée noire était très difficile à voir. Si elle n’avait pas été trop près et si la scène n’avait pas été ralentie, elle ne l’aurait pas vue.
Comme elle ne savait pas si elle hallucinait, elle lâcha son fusil de sniper, le laissant pendre sur son corps, et sa main droite se dirigea vers la fumée noire, la touchant. Au moment où sa main et la fumée entrèrent en contact, la fumée disparut comme une illusion.
Mais…
L’hybride mutant sans peau s’écrasa sur la route et s’arrêta de bouger.
Elle fut surprise mais n’eut pas le temps de s’étourdir, l’autre infecté volant était déjà proche.
Grâce à l’entraînement qu’Odelina lui avait donné et à la capacité de ses yeux, elle put esquiver les attaques de l’infecté volant. En même temps, elle vit que chacun d’entre eux avait de la fumée noire sur la nuque. Elle réussit à toucher certains des infectés, mais pas tous. La fumée qu’elle avait touchée disparut, mais les infectés ne s’arrêtèrent pas de bouger.
L’un des infectés qui n’avait pas de fumée sur la nuque eut l’une de ses ailes accrochée à une barre d’armature saillante sur l’un des bunkers construits à la hâte. L’aile fut arrachée et l’infecté s’écrasa sur la rambarde sans tomber. Un groupe de soldats s’était empressé de l’immobiliser et de lui couper les membres et les ailes. Ils s’apprêtaient à ramasser le corps sans membres et à le jeter au loin lorsqu’ils remarquèrent qu’il ne bougeait pas du tout. En retournant le corps, ils se rendirent compte qu’il s’était écrasé la tête sur la balustrade à cause de la vitesse de sa charge.
Tout le monde était resté abasourdi par ce qui s’était passé.
***
Jour 47 – 11h39 – Tour de contrôle, aéroport international Ninoy Aquino, Parañaque, Metro Manila
« Hoh ? »
La voix démoniaque de l’être de l’autre côté du portail se fit entendre.
« Il y a quelque chose qui cloche, ô Grand ? »
demanda le chef des silhouettes encapuchonnées en remarquant l’étonnement dans ce ton.
« Le but premier de votre mission ici est une dame au beau visage et les gens qui l’entourent, n’est-ce pas ?
– Oui, ô Grand Dieu. »
Le chef ne comprenait pas pourquoi l’être du portail demandait cela, mais il répondit quand même honnêtement.
« C’est intéressant. Rencontrer un [Corps du néant] parmi les mortels. Sans parler d’une femme détachée du sort et de la destinée du monde. »
En entendant cela, non seulement le chef, mais aussi tous les personnages encapuchonnés furent manifestement sidérés.
« Ô Grand Maître, le [Corps du Néant] et détaché du destin… Le Grand Maître ne se trompe-t-il pas ? »
Stalker ne put s’empêcher de demander. Il sentit alors sa nuque se tendre.
« Toi, insignifiante fourmi, oses-tu me questionner ? »
Le Grand jeta un regard à Stalker qui avait déjà commencé à être soulevé du sol par une force invisible qui continuait d’étouffer son cou.
« Ce modeste serviteur implore Ô Grand de pardonner à mon insolent subordonné. »
Le chef s’agenouilla précipitamment et demanda pardon.
En entendant cette supplique, Stalker retomba sur le sol dans une quinte de toux.
« Tu devrais discipliner davantage tes subordonnés.
– Oui, Ô Grand Dieu. Je m’excuse humblement pour son comportement disgracieux. »
Le chef soupira de soulagement. Même s’il n’appréciait pas totalement Stalker, il s’agissait tout de même d’un atout trop important pour le perdre.
Sur le portail, les yeux se déplacèrent comme s’ils essayaient de voir la scène à l’extérieur, en direction du nord-ouest de la tour de contrôle.
« Le [Corps du néant]. Un corps qui rejette toutes les négativités. Un corps que l’on trouve principalement sur les divinités et les déesses qui représentent la beauté. Cela suffit à faire saliver les dieux et les déesses de moindre importance. En plus d’être détachée du destin, son avenir sera insondable s’il est parfaitement géré. »
Les yeux du Grand se mirent à briller à la fois de désir et de déception.
« Il semble qu’elle ait déjà été souillée, mais cela n’a pas d’importance. »
Les yeux se tournèrent alors vers chacun des personnages encapuchonnés.
« Je la veux. Amenez-la moi. Réussissez et je vous récompenserai tous en échange. »
En entendant l’ordre, et le fait qu’ils seraient récompensés pour avoir enlevé une humble mortelle, les silhouettes encapuchonnées se sentirent exaltées. Entendre le Grand Maître récompenser délibérément quelqu’un était une chose énorme pour eux. De plus, pas seulement l’un d’entre eux, mais tous, il n’y avait plus rien à dire, mais…
Ils s’agenouillèrent tous et baissèrent la tête vers le sol.
« Les paroles du Grand sont notre désir. »
Sur ces mots, cinq des silhouettes encapuchonnées se fondirent dans les ombres, l’une se transforma en un grand oiseau au visage disgracieux, deux se fondirent dans l’environnement tandis que la dernière devint un loup bipède au corps musclé.
Ils s’étaient tous précipités hors de la tour de contrôle en se dirigeaient vers une certaine direction, le survol de l’avenue Imelda, au nord-ouest de l’aéroport international Ninoy Aquino.