Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 47 – 10h59 – Route circonférentielle 5, San Dionisio, Parañaque, Metro Manila
Le long de la route C-5, outre les bruits de nombreux véhicules, on entendait également des coups de feu, qui prenaient le dessus sur les premiers. Le grand convoi de la colonie de Bay City roulait à une vitesse constante sur la route.
Cela faisait déjà près de quatre heures qu’ils avaient quitté Bay City pour la mission et ils n’avaient pas encore parcouru la moitié de la distance à parcourir le long de la route C-5. Bien qu’ils voyageaient à vitesse constante, cela ne signifiait pas qu’ils allaient vite. Au contraire, ils étaient déjà en retard sur le programme prévu.
La route C-5 était l’une des routes empruntées par un grand nombre d’automobilistes avant l’épidémie. De ce fait, ils s’attendaient à rencontrer des barrages routiers dus aux voitures abandonnées par les victimes de la première vague d’infectés. En fait, l’armée avait envoyé un drone pour voir l’état de la route C-5 plusieurs jours auparavant, alors qu’elle planifiait l’itinéraire à suivre pour cette mission.
Les militaires connaissaient les barrages routiers et avaient donc préparé une douzaine de véhicules lourds. Neuf d’entre eux étaient des camions-bennes à dix roues et trois des pelleteuses. Les camions étaient équipés de trois types de béliers à l’avant et de pare-chocs en forme de bouclier à l’arrière. Il y avait trois camions avec chaque type de bélier. Le premier type était un bélier en forme de V, le deuxième était un bélier incliné à l’avant et le dernier était un bélier plat. Chaque type de bélier avait un usage différent, mais tous avaient pour but d’éliminer les véhicules qui bloquaient la route C-5. Bien sûr, les véhicules lourds étaient bruyants, en particulier les pelleteuses, mais ils étaient tous nécessaires à cette mission, non seulement pour dégager le chemin, mais aussi pour transporter le matériel et l’équipement nécessaires à la mission.
Comme les barrages routiers faisaient partie des calculs de l’armée, ce n’était pas la raison pour laquelle ils étaient en retard, c’était à cause des infectés.
Pour dégager le chemin sur le tronçon normal de la route, il suffisait de laisser les camions munis de béliers en forme de V mener le convoi et pousser les véhicules de part et d’autre de la route tout en continuant à avancer. Cependant, aux intersections bloquées, où les véhicules étaient enchevêtrés les uns dans les autres et, dans le pire des cas, s’étaient écrasés dans des angles difficiles, le convoi devait s’arrêter pendant que la route était dégagée.
Pendant ce temps, les soldats devaient dégager le périmètre des personnes infectées. C’est là que les problèmes étaient apparus. Il y avait plus d’infectés que ce que les éclaireurs avaient rapporté auparavant. Le nombre n’était pas écrasant et pouvait être géré avec une planification adéquate, mais la situation entravait toujours la progression du nettoyage.
Cela s’était produit plusieurs fois à des endroits où les véhicules qui bloquaient la route étaient plutôt difficiles à enlever. La situation était étrange, mais comme les infectés se promenaient et que leurs véhicules et leurs armes étaient suffisamment bruyants pour alerter les infectés dans les environs, personne n’y avait prêté trop d’attention.
Bien sûr, tous les participants à cette mission avaient trouvé la situation gênante, mais il n’y avait rien d’autre à faire que de s’occuper des infectés et de passer à autre chose. Il y avait aussi beaucoup d’infectés mutants dans le mélange, qui étaient plus difficiles à éliminer, mais avec le nombre écrasant de personnes dans le convoi, ils étaient plus que suffisants pour tuer les infectés mutants et cela ne demandait que plus d’efforts.
Ou pas…
À l’heure actuelle, l’ensemble du convoi était arrêté en formation défensive à l’entrée de l’autoroute de l’extension de l’avenue Carlos P. Garcia. Le convoi était censé passer par là, mais le blocage des véhicules à l’entrée était plus important que les précédents. Les véhicules lourds, en particulier les pelleteuses, avaient déjà commencé à enlever les véhicules bloqués, mais cela prendrait du temps.
Passer par les routes inférieures n’était pas une option plausible pour eux. Non seulement elles étaient reliées à un carrefour proche qui les éloignait de leur destination, mais ce carrefour comportait des barrages bien plus importants de véhicules d’utilité publique et de véhicules privés.
Pourtant, l’équipe de déblayage était très pressée. Cet endroit n’était pas une zone résidentielle, mais il y avait deux centres commerciaux de part et d’autre de l’autoroute. En ce moment même, le convoi subissait une attaque de la part des infectés des deux centres commerciaux.
***
« Ici Stalker. Au rapport, Monsieur… »
Cette voix rauque pouvait être entendue alors que le même homme encapuchonné qui s’était transformé en un oiseau hideux observait la situation du convoi au sommet de l’un des centres commerciaux.
« Stalker, quelle est la situation ? »
La voix lugubre répondit depuis la radio de l’homme encapuchonné.
« Nous sommes au point 5. Les cibles sont toujours hors de vue. Il semble que le major Lopez les garde en réserve avec les soldats d’élite. La phase 1 se déroule cependant sans encombre. D’après leurs mouvements, aucun d’entre eux ne semble se douter de ce qui se passe.
– C’est bien. L’Ombre 3 et l’Ombre 4 devraient se trouver dans cette zone. Dites-leur de se rendre au point 6 pour le prochain leurre. Continuez à observer les cibles. Quand elles auront passé le point 6, commencez la phase 2.
– Oui, Monsieur… »
L’homme cagoulé posa sa radio et regarda les soldats se débattre avec amusement.
Phase 1, le premier plan de la stratégie de ces gens.
Sur la route C-5, tous les barrages étaient naturels et n’avaient pas été touchés depuis le début de l’épidémie. Le nombre d’infectés, lui, ne l’était pas. Même dans ces deux centres commerciaux, le nombre d’infectés ne devrait pas être aussi élevé plus d’un mois après le début de l’épidémie. De nombreux infectés avaient déjà disparu, tandis que la plupart d’entre eux avaient poursuivi les survivants dès le premier jour.
Le nombre actuel d’infectés avait été attiré par leur groupe qui était tapi dans l’ombre bien avant que le convoi n’atteigne cette zone. L’objectif de l’étape 1 était d’inciter les participants à la mission à gaspiller autant de ressources que possible avant le début de la partie principale de leur mission.
« C’est quand même malheureux. » L’homme encapuchonné sortit une photo des cibles. « De si belles personnes. C’est sûr qu’ils auront bon goût, mais c’est dommage que je ne puisse pas les goûter, heh. Il reste encore les autres, je suppose, Monsieur ferait mieux de m’en donner une. »
L’homme encapuchonné se lécha les lèvres en regardant les images. Il ne les regardait pas avec lascivité, mais comme une bête affamée qui avait soif de viande et d’entrailles.
***
Avec beaucoup de difficultés, l’entrée fut dégagée et le convoi se mit en route, laissant les infectés qui n’avaient pas cessé d’affluer vers eux. Comme les infectés continuaient à les poursuivre pendant qu’ils roulaient sur le reste de la route, les troupes en fin de convoi ne pouvaient que leur tirer dessus et en tuer autant qu’ils le pouvaient jusqu’à ce que les infectés abandonnent. Bien sûr, les infectés n’avaient pas abandonné et le convoi avait fini par laisser des centaines de cadavres le long de la route.
Le convoi avait encore franchi deux barrages, mais pour une raison ou une autre, le dernier était moins infecté. Tout le monde l’avait remarqué, mais au lieu de se méfier, ils n’avaient pu que soupirer de soulagement, car ils étaient déjà épuisés par les précédents affrontements.
Quelques minutes après midi, le convoi atteignit enfin le coin sud-ouest de l’aéroport. Comme ce qui séparait les environs de l’aéroport des routes environnantes n’était qu’une clôture en fil de fer soudé, tout le monde pouvait voir ce qui se passait à l’intérieur de l’aérodrome.
Beaucoup avaient senti leur corps trembler. C’était l’enfer. Bien que tout le monde ait déjà vu les images prises par les drones lors du briefing, le fait de voir personnellement la scène infernale avait eu plus d’effet sur leur état psychologique.
La quasi-totalité de l’aérodrome était recouverte d’une pellicule de chair dégoûtante et de toiles d’araignée qui atteignaient même les clôtures en fil de fer. Près du coin où ils se trouvaient, on pouvait voir un véhicule de la police de l’aéroport couvert de la même matière dégoûtante.
Malgré la peur et le dégoût qui montaient à l’esprit de chacun, ils avaient déjà atteint ce point et ne pouvaient plus reculer. Ils avaient déjà atteint le point de départ de la mission. Le mieux qu’ils pouvaient faire était de respirer profondément et de calmer leurs esprits et leurs cœurs.
C’est dans cette atmosphère que la partie principale de la mission avait enfin commencé.
Le convoi s’était divisé en trois groupes, l’un avait tourné à droite de l’intersection et avait suivi la route qui était l’avenue multinationale à l’ouest de l’aéroport, tandis que l’autre avait roulé tout droit le long du reste de la route C-5 qui se trouvait au sud. Le dernier groupe, le plus petit, était resté en arrière, se cachant des infectés à l’intérieur de l’aéroport.
Bien sûr, les infectés à l’intérieur et à l’extérieur de l’aéroport s’étaient réveillés après que des intrus aient été repérés sur leur territoire. Les clôtures étaient suffisantes pour retenir les infectés normaux, mais les soldats et les survivants devaient toujours faire face aux infectés mutants qui sautaient par-dessus. Bien sûr, il y avait des endroits où les clôtures étaient brisées et où les infectés de l’aéroport affluaient, sans parler des infectés plus forts qui étaient capables de briser les clôtures.
Au fur et à mesure que les convois passaient, de plus en plus d’infectés envahissaient les rues. Plus d’un million d’infectés, ce n’était pas rien, et il y en avait peut-être même deux millions ou plus. Heureusement, les trous dans les clôtures étaient trop petits pour permettre à tous les infectés d’inonder les rues d’un seul coup. C’était également un bon début, car l’objectif principal des deux groupes les plus importants était d’attirer les infectés hors de l’aéroport pour que le troisième groupe puisse infiltrer le nid et poser les bombes qui le détruiraient.
Finalement, le groupe de véhicules de l’ouest avait atteint le prochain carrefour où une petite rue bifurquait vers le côté ouest de l’avenue multinationale. Avec plusieurs véhicules militaires en tête, les véhicules en queue de groupe avaient tourné à gauche et s’étaient engagés dans la petite rue. Les infectés qui suivaient le groupe s’étaient alors divisés au même moment. Les plus proches suivirent les véhicules qui s’engageaient dans la rue tandis que la plupart des infectés continuaient à poursuivre le groupe principal.
Au carrefour suivant, la même chose s’était produite et un petit nombre de véhicules s’était séparé, entraînant la séparation d’un grand nombre d’infectés de la majorité. Le même mouvement se répéta à chaque intersection et la horde d’infectés se dispersa davantage.
Cette méthode avait permis d’attirer un grand nombre d’infectés loin de l’aéroport. Du groupe occidental, il ne restait que les véhicules lourds et un grand nombre de véhicules. Ils entrèrent bientôt dans les environs de l’aéroport, où se trouvaient les parkings, et montèrent sur un autre pont qui faisait directement face au parking principal et à l’entrée de l’aéroport.
Au point le plus haut du viaduc, tous les véhicules s’étaient arrêtés.
Les véhicules militaires en queue de peloton avaient tourné sur le côté et bloqué la route, tandis que les soldats étaient immédiatement descendus pour se mettre en formation défensive.
Les soldats du véhicule du centre de commandement étaient également sortis, menés par le major Lopez qui dirigeait le groupe.
« Mettez en place les structures défensives deux fois plus vite ! »
cria le major Lopez tandis que les soldats sortaient immédiatement les matériaux de construction et l’équipement des camions à benne et des autres véhicules.
« Et les C4 ?
– Major, Monsieur ! Les infectés à nos trousses sont plus nombreux que prévu, nous ne pouvons pas les planter immédiatement.
– Alors bougez et éliminez-les ! Utilisez des grenades et des dynamites si nécessaire !
– Oui, Monsieur ! »
Les soldats coururent dans tous les sens en suivant les ordres du commandant Lopez. À l’intérieur du fourgon du centre de commandement, les soldats chargés de la communication gardaient attentivement le contact et échangeaient des informations avec les autres groupes qui s’étaient séparés du groupe principal.
Tandis que les soldats sécurisaient le périmètre du survol et commençaient à construire les structures défensives dont ils avaient besoin, les personnes des trois véhicules qu’ils escortaient en toute sécurité sortirent enfin.
« Major. »
Odelina salua en s’inclinant légèrement. Derrière elle se trouvaient Mei, Iola et Abbygale, toutes prêtes à assumer leur rôle.
Dans les autres véhicules, Rollan, Nikky et les autres membres de l’équipe étaient descendus de leur nouvelle jeep blindée, tandis qu’Arvie, Jason et les membres de leur équipe étaient également sortis du transporteur blindé qui leur était familier.
Après une demi-heure de préparatifs, les bunkers métalliques avaient été installés pendant que les soldats maintenaient leur ligne de défense. C’est alors que le soldat chargé de la communication cria.
« Monsieur, les autres escouades en position ont également terminé leurs préparatifs !
– Alors dites-leur de commencer la mission ! Tout de suite ! »
BOUM !
Une explosion se fit entendre lorsque le major ordonna de commencer. L’entrée de l’aérodrome s’effondra, créant une brèche entre la ligne de défense et les infectés qui arrivaient. Comme les infectés continuaient d’affluer, ceux qui se trouvaient devant tombèrent sur la brèche.
Plusieurs explosions avaient également été entendues dans d’autres directions à l’extérieur de l’aéroport. Il s’agissait certainement de la même méthode pour empêcher les infectés d’arriver, mais aussi pour leur barrer la route depuis la position des autres escouades.
Avec les explosions comme signal, la phase où tout le monde à l’extérieur de l’aéroport devait attirer les infectés à l’intérieur avait finalement commencé.