Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 43 – 14h27 – Murs Est , Parc Central des Affaires , Bay City, Parañaque, Metro Manila
Les membres restants de la horde s’envolèrent et s’éparpillèrent comme des mouches. C’était le pire des scénarios lors d’attaques d’infectés capables de voler. Mais cette fois-ci, c’était encore pire. Contrairement aux attaques précédentes où les attaquants étaient des mouches, des moustiques ou des oiseaux, cette fois-ci, il s’agissait d’humanoïdes. Ils étaient plus grands mais étonnamment plus rapides. Sans compter qu’ils se comportaient tous de manière anormale.
Il semblait que la horde ait trouvé que les gens qui se trouvaient sur les murs étaient les plus dangereux, mais aussi les plus faciles à cibler. Après tout, ils n’avaient aucun moyen de se cacher là-haut. Les militaires planifiaient déjà un projet de création de bunkers au sommet des murs, mais les matériaux recueillis n’étaient pas encore suffisants pour tout construire. La plupart des matériaux qu’ils avaient réussi à collecter avaient été utilisés pour les murs, les autres structures de défense et les logements pour la population. La construction des bunkers était déjà en cours, mais les bunkers terminés étaient loin de la zone où se déroulait l’attaque actuelle.
Normalement, les infectés volants attaquaient la colonie depuis le ciel. C’était la première fois qu’ils se rapprochaient du sol avant d’attaquer.
Une pléthore de coups de feu résonnait dans la colonie depuis le lieu de la bataille. Au sommet des murs, les forces de défense formèrent des groupes qui se tournaient le dos pour former un cercle. C’était pour s’assurer qu’il n’y aurait pas d’angles morts et qu’ils ne seraient pas attaqués par surprise. La tactique était assez efficace. Bien qu’il y ait encore des victimes, il était plus difficile pour les infectés de les ramasser.
« Nous avons les cordes et le harnais ! »
Plusieurs soldats remontèrent les murs depuis les escaliers tandis que d’autres soldats les protégeaient. Ils apportaient des cordes et des harnais que l’un des survivants avait pensé à utiliser lorsqu’il avait vu les victimes se faire ramasser sur les murs et les autres bâtiments.
« Tout le monde s’attache ! Dépêchez-vous ! »
Le groupe de soldats portant les cordes et les harnais traversa le mur en courant et distribua les objets à tout le monde. Ceux qui recevaient les objets s’attachaient la taille aux rambardes du mur. Ainsi, les infectés auraient du mal à les ramasser. De plus, les infectés qui essaieraient d’arracher leurs victimes seraient sans défense, ce qui permettrait aux autres de leur tirer dessus.
Malgré ces contre-mesures, il était difficile de tuer tous les infectés. Certains tirs chanceux en avaient fait tomber un bon nombre. Cependant, les infectés apprenaient et devenaient de plus en plus rusés. Voyant leurs camarades se faire tuer après avoir essayé de tirer ceux qui attachaient leurs corps au mur, les infectés s’étaient concentrés sur ceux qui ne l’avaient pas encore fait. Même les soldats qui distribuaient les objets devinrent des cibles.
« UWAAA ! »
L’un des soldats qui ne s’était pas encore attaché à la rambarde cria lorsqu’il sentit deux bras l’attraper par les épaules et s’apprêter à le soulever.
BANG !
La tête de l’infecté éclata comme une pastèque et son corps tomba sur le dos du soldat, teintant ses vêtements de sang.
BANG ! BANG ! BANG ! BANG !
Quatre coups de feu consécutifs furent entendus après cela et quatre infectés tombèrent du ciel.
Les gens sur les murs furent surpris par ce développement soudain. Ils essayèrent tant bien que mal de tuer les infectés, mais ne purent les abattre un par un d’un seul coup de feu. Certains ne purent s’empêcher d’être distraits en essayant de voir d’où venaient les tirs. Ils avaient alors vu la source et n’avaient pu s’empêcher de se réjouir.
Il s’agissait de la MB-Sprinter familière qui était garée sur la route, non loin du mur. À côté du véhicule se trouvaient plusieurs personnes qui avaient déjà établi un périmètre de défense pour protéger leur tireur d’élite. Tout le monde reconnut le véhicule et les personnes. Il s’agissait de la populaire “Équipe Fée”, l’as actuel de l’armée en termes de combat anti-aérien.
Mei, Odelina, Abbygale et Iola avaient mis en place une formation de défense avec Mei au centre. Iola était aux côtés de Mei pour créer la barrière tandis qu’Abbygale et Odelina s’occupaient des infectés qui tombaient au sol mais ne mouraient pas.
Un groupe de femmes et d’enfants, et pourtant, personne ne les rabaissait à cause de leurs exploits. Cette fois-ci, c’est sûr, ils domineraient encore la bataille.
Un rugissement retentit dans les airs. Tout le monde vit l’infecté mâle qui menait la horde en poussant ce rugissement. Les soldats tirèrent immédiatement sur l’infecté, mais avant que les balles ne l’atteignent, l’infecté s’était déjà éloigné de sa position initiale. Suite à ce rugissement, les infectés volant dans toutes les directions changèrent de cible. Il semblait qu’ils avaient jugé que « L’équipe Fée » était la plus dangereuse parmi les gens et qu’ils l’attaquaient en priorité.
Il n’y avait aucun doute à ce sujet. La horde entière se mit à voler de manière erratique, mais tous se rapprochaient manifestement de “L’Équipe Fée” qui se trouvait au sol.
Les soldats et les survivants au sommet des murs essayaient de tirer sur les infectés qui passaient à côté d’eux, mais comme “L’équipe Fée” se trouvait à l’intérieur des murs et qu’il y avait une différence d’altitude, les attaques qu’ils pouvaient faire étaient limitées. S’ils insistaient pour tirer délibérément sur les infectés en faisant face à la direction intérieure de la colonie, non seulement ils risquaient d’endommager les structures et de tuer des civils avec des balles perdues, mais il y avait aussi la possibilité de tirer accidentellement sur “L’équipe Fée” au sol.
Néanmoins, ils n’avaient pas besoin de tirer.
« Jeune fille, combien sont-ils ? »
demanda Odelina alors que ses bras et ses poings commençaient à se couvrir de son armure d’os. Derrière elle, les yeux de Mei se déplaçaient rapidement pour compter les infectés au ralenti.
« Difficile à compter. Environ soixante-deux. »
Mei répondit en tirant continuellement et en vidant le chargeur de son fusil de précision.
Sur les dix balles consommées, elle réussit à en toucher six. Ce n’était pas un mauvais ratio comparé aux gens qui se trouvaient près des murs. Cependant, tout cela était dû à sa capacité à ralentir tout ce qui se trouvait dans son champ de vision. Beaucoup appellaient cette capacité le [Temps des balles], mais en science, on l’appellait la [Tachypsychie].
La [Tachypsychie] était une maladie neurologique dans laquelle le cerveau déformait la perception du temps. Pour la personne affectée, le temps perçu s’allongeait, ce qui donnait l’impression que les choses ralentissaient ou, parfois, que les choses étaient plus rapides et floues. Dans le cas de Mei, c’était le premier cas et c’était l’une des deux capacités que Mark lui avait données et qu’elle était capable de contrôler à volonté.
C’est quelque chose qui avait changé sa vie.
BANG !
Après avoir changé de chargeur, Mei recommença à tirer. Malheureusement, elle ne pouvait manipuler que des chargeurs de dix balles, et tout chargeur plus grand gênerait quelque peu ses mouvements. Mais cela devrait suffire, elle n’était pas seule.
Les infectés commencèrent à tomber les uns après les autres. Bien sûr, tous n’avaient pas été frappés à la tête et étaient morts. Ceux qui avaient été touchés au corps se tordaient de douleur en tombant, tandis que d’autres avaient été touchés aux ailes, ce qui les empêchait de voler.
Au sol, Odelina et Abbygale se déplaçaient.
À chaque coup de poing et de pied, Odelina ouvrait la tête d’un infecté. Abbygale, quant à elle, se transformait et s’occupait des infectés tombés au sol avec ses coups de pied, petits mais redoutables.
Comme elles étaient à découvert, elles subissaient également les attaques des infectés. Cependant, ceux qui s’en prenaient à Odelina étaient écrasés sur le béton et tués. Ceux qui s’approchaient d’Abbygale ne faisaient que prendre l’air, car la petite fille se déplaçait plus vite qu’eux.
BAM ! TSSSSS !
BANG !
Bien sûr, certains parvinrent à se rapprocher de Mei et Iola. Cependant, à chaque fois qu’ils y parvenaient, une barrière invisible apparaissait devant eux, non seulement pour stopper leur attaque, mais aussi pour les brûler au moment où ils entraient en contact.
Pendant que les infectés réagissaient à la barrière, ils tombaient au sol avec un trou dans la tête.
La horde fut tuée un par un et Odelina parvint à maintenir en vie deux des infectés. C’était une demande du laboratoire et de l’armée et c’est pour cela qu’ils étaient arrivés en retard. Même si ce n’était pas obligatoire, ils pouvaient obtenir plus de récompenses pour les infectés vivants capturés.
Voyant ce combat désavantageux, l’un des infectés s’enfuit immédiatement, plus vite que l’éclair. C’était le chef de la horde.
Lorsque Mei et Odelina virent cet infecté s’échapper, elles ne purent s’empêcher de se souvenir de l’infecté musclé que Mark avait rencontré auparavant, un infecté doté d’un niveau d’intelligence plus élevé.
Il ne fallut pas longtemps pour que la horde soit éliminée. C’était une nouvelle victoire pour la colonie, mais il y avait tout de même un certain nombre de morts. Chaque fois qu’il y avait une attaque, c’était toujours comme ça, ce qui rendait l’humeur trouble. Cette fois-ci, la plupart des morts étaient des soldats et quelques survivants. Heureusement, il n’y avait pas eu de morts parmi les civils à l’intérieur de la colonie. La horde avait été arrêtée juste à côté des murs, après tout.
Une nouvelle victoire pour “L’équipe Fée”…
Mais tout le monde n’était pas content.
***
Jour 43 – 15h15 – Résidences des fonctionnaires , Parc Central des Affaires , Bay City, Parañaque, Metro Manila
« C’est encore eux ? »
Le sénateur Estrada se frotta l’arête du nez en recevant le rapport d’une personne entièrement vêtue devant lui.
« Oui, sénateur.
– Qu’en est-il des groupes qui ont participé à l’opération ?
– Sur les trois groupes, quatre personnes sont mortes. Sept ont été blessées par les griffes des infectés.
– Et l’Équipe Fée ?
– Seuls les quatre membres principaux ont participé cette fois-ci. Il n’y a pas eu de morts ni de blessés. »
En entendant cela, le sénateur Estrada se leva et fit face à la fenêtre avec une expression sévère.
« Ce groupe… Ces quatre-là en particulier sont vraiment forts. Ils ont aussi ces deux bêtes. Malheureusement, ils sont du côté des militaires. C’est pourquoi nous devons nous occuper d’eux, sinon l’influence de l’armée se renforcera encore. Le plan pour s’en occuper ne doit pas échouer. »
Le sénateur regarda par la fenêtre. Il se trouvait au septième étage de l’hôtel, où se trouvaient les chambres les plus luxueuses.
« Retournes-y et continues à observer ce groupe.
– Oui, monsieur. »
Sur ces mots, l’homme tout habillé se fondit dans les ombres et disparut.
« Vous savez, on peut les tuer directement avec mes hommes. »
Devon, qui était assis sur le canapé, prit une gorgée de son verre de vin et parla.
« Nous ne pouvons pas. Ce serait trop évident. Même si je déteste les chiens militaires, je ne veux pas d’une confrontation directe avec eux. Ils ont beaucoup d’utilité et il serait mauvais de réduire sévèrement leurs effectifs. Tout ce que je veux, c’est le pouvoir sur le peuple. Cela ne sert à rien si le peuple est mort. »
Le pouvoir, voilà ce qu’il voulait. De l’argent ? Des relations ? L’influence ? Tout cela était important, mais tout cela ne pouvait être obtenu qu’en ayant du pouvoir.
De nombreux politiciens aspiraient à servir, mais lorsqu’ils découvraient ce que c’était que d’être au sommet, beaucoup s’enivraient de ce pouvoir. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’hommes politiques n’abandonnaient pas facilement leur position.
En étant au sommet, ils pouvaient manipuler la vie de tous les habitants du pays. Ils recevaient le respect, la priorité et les flatteries lorsque les gens essayaient de se rapprocher d’eux. Il y avait beaucoup de choses dont ils pouvaient tirer profit en étant à ce poste.
Mais à cause de l’épidémie, toutes ces choses pour lesquelles ils avaient travaillé dur s’étaient évanouies. Le sénateur Estrada ne pouvait l’accepter. De plus, la gestion du règlement avait été confiée aux militaires en raison des effets de la loi Marshall.
C’était totalement inacceptable.
Pour se hisser à son poste, il avait fait des choses sales. Maintenant que les lois avaient disparu, ses contraintes avaient diminué. Pourtant, il ne le montrerait pas au public. Il devait encore leur montrer une façade. Sinon, personne ne le suivrait.
Voilà pourquoi. Il devait faire passer leur mort pour un accident.
***
Jour 44 – 3h22 – Base dans les montagnes, Mont Malabito, General Nakar, Quezon
Un homme haletait, assis sur son lit. La chemise qu’il portait était trempée de sueur et il se tenait la tête. Sur son bras, le cristal brillait. Et ses yeux brillaient…
…d’une légère couleur violette.
« Vous croyez que je vais vous laisser réussir, bande de salauds ? »
murmura-t-il en laissant échapper un rictus sanguinaire.