Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 43 – 13h45 – Résidences des fonctionnaires, Parc Central des Affaires , Bay City, Parañaque, Metro Manila
Lorsque le sénateur Estrada avait prononcé ces mots, toutes les personnes présentes dans la salle l’avaient regardé en silence. L’expression et l’aura que dégageait le sénateur suffisaient amplement à les faire frémir. Derrière le sénateur, il y avait également son garde du corps qui dégageait continuellement une forte odeur de sang. Même s’ils étaient tous ici pour former une alliance, ils pouvaient toujours sentir que ces deux personnes étaient les plus dangereuses de cette colonie.
Raver ne semblait pas d’accord avec ces mots, mais il ne pouvait pas exprimer sa volonté pour l’instant. Il était totalement fasciné par la fille nommée Mei Xiao. Non seulement elle était belle et douée, mais elle était aussi la princesse de la célèbre industrie Xiao. Le seul problème était que sa famille semblait la négliger et n’en faire qu’une monnaie d’échange. Même avant l’épidémie, il l’avait déjà connue lors d’événements professionnels et de fêtes, mais même s’il était un prodige des affaires, il était encore loin des yeux du président de Xiao Industries. Il n’avait aucun moyen de la poursuivre.
Aujourd’hui, il avait toutes les chances de son côté et l’avait rencontrée à plusieurs reprises. Pour se faire rejeter. Il avait toute son influence et même des gens, mais son existence n’entrait même pas dans ses yeux. Elle ne l’avait même pas regardée en face, pas une seule fois.
« Qu’allez-vous faire des Industries Xiao ? Cette “Fée Sniper” est leur princesse. Tout le monde le sait. »
Le député Escobar prit la parole.
« Ce n’est pas la peine de s’occuper d’eux. Ils ont peut-être des forces privées, mais ils ne peuvent rien faire si nous agissons. D’ailleurs, leur famille se déplace surtout à l’intérieur de la colonie, ils ne font pas beaucoup de mouvements à l’extérieur. Ils ne participent même pas aux missions militaires commandées. Ce n’est qu’une bande de lâches. Il y a aussi le fait que leur princesse ne veut plus rien avoir à faire avec eux. La quantité de choses qu’ils pourraient faire pour interférer est très minime. »
Le sénateur Estrada avait parlé avec un sourire digne d’un intrigant. Il avait même les bras repliés sur la table et les doigts croisés sur ses deux mains.
« Des mouvements à l’extérieur… Vous êtes peut-être… »
Le sénateur Asucena se rendit compte de la situation.
« Il y aura une mission dans quelques jours. Bien sûr, l’armée ne l’a pas encore annoncée. Un autre nid infecté a été trouvé à l’aéroport NAIA. Comme vous le savez tous, ce n’est pas très loin d’ici. »
Le sénateur Estrada avait parlé avec assurance.
Il avait ensuite révélé des informations que personne d’autre ne connaissait, à l’exception des hauts gradés de l’armée. C’était une démonstration évidente de la profondeur de ses liens avec l’armée, malgré les échauffourées entre les représentants du gouvernement et les militaires qui avaient déjà commencé à être révélées au public.
« Vous êtes sûr de vous ? »
L’un des hommes qui s’était tu jusqu’à présent prit la parole. C’est un homme maigre au regard sévère. Il s’agissait du sénateur à la retraite Osmeña.
« Vous n’avez pas à vous inquiéter. Dans un jour ou deux, l’affaire sera rendue publique. Avec les informations dont nous disposons, nous pouvons nous préparer et tirer profit de la situation.
– Attendez, vous êtes tous sûrs de vous. Il y a une rumeur selon laquelle ce groupe est lié à un Évolué dont les prouesses sont comparables à celles de l’Inconnu. »
L’autre personne silencieuse prit la parole. C’était le député Montesoro. De toutes les personnes présentes, c’est lui qui était connu pour sa prudence.
À ces mots, le sénateur Estrada fronça les sourcils.
« Comme vous l’avez dit, ce ne sont que des rumeurs. Selon ces rumeurs, la personne dont vous parlez serait un vengeur. Pourtant, rien n’est arrivé à ceux qui ont harcelé leur groupe jusqu’à présent. Réfléchissez-y. Ces rumeurs sans fondement pourraient être délibérément répandues par les militaires pour éloigner les gens de ce groupe. »
Le député Montesoro se tut. Certes, les rumeurs existaient, mais il y avait aussi le fait que rien n’était arrivé à ceux qui étaient censés souffrir de la vengeance de cette personne. En fait, on n’avait pas vu l’ombre de cette personne pendant tout le mois qu’avait duré le séjour du groupe.
« Alors, que voulez-vous faire ?
– C’est comme ça… »
Leur réunion dura plus d’une heure avant de se terminer. Tous les autres étaient sortis de la pièce avant le sénateur Estrada, puisque c’était sa résidence.
« Êtes-vous vraiment sûr de vouloir faire équipe avec ces gens inutiles ? »
L’homme qui se tenait derrière le sénateur Estrada prit la parole. Sa voix était grave et faisait froid dans le dos. Elle aurait pu effrayer n’importe quelle personne au cœur fragile. Bien que son apparence soit similaire à celle des videurs que l’on pouvait voir dans les boîtes de nuit clichées, la faible soif de sang qu’il dégageait était trop forte. Même ceux qui n’avaient aucune expérience dans ce domaine pouvaient deviner qu’il avait déjà tué de nombreuses personnes.
Cet homme n’était pas un simple garde du corps engagé par le sénateur Estrada. C’était un mercenaire d’une organisation criminelle internationale.
« Devon, même s’ils ont l’air inutiles, ils ont encore une utilité.
– J’aime beaucoup votre façon de penser. »
Devon sourit. Le sénateur et lui travaillaient ensemble depuis longtemps. Le mercenaire savait que ces idiots inutiles deviendraient des boucs émissaires si les choses tournaient mal. Pourtant, ces six idiots ne semblaient pas avoir la moindre idée, non, il semblait y en avoir deux qui étaient capables de se rattraper dans une certaine mesure.
« Qu’allez-vous faire de ces deux-là ? Ils risquent de vous mordre à leur tour. »
demanda Devon. Il parlait de Raver et du député Montesoro.
« À quoi servent tes hommes s’ils le peuvent ? »
Le sénateur Estrada répondit avec un sourire en coin.
À ces mots, Devon fit un geste de la main en guise de signal. Là, six personnes apparurent comme si elles sortaient des ombres de la pièce. Il ne s’agissait certainement pas de personnes normales.
« Vous six, allez observer ces personnes. »
Sur les mots de Devon, les six personnes se fondirent à nouveau dans les ombres et disparurent.
« Tes hommes sont vraiment pratiques. Personne n’aurait pensé que de telles personnes existent dans le monde moderne. Mais es-tu sûr qu’ils n’échoueront pas comme cet Alderick ?
– Vous n’avez pas à vous en inquiéter. Alderick n’était qu’un débutant et quelqu’un qui avait été ramassé sur le bord de la route. Ces six-là sont différents. Ce sont des assassins entraînés par l’organisation. Nous avons toutes sortes de personnes ici, de vraies sorcières à de vrais cryptides. »
***
Jour 43 – 14h12 – Murs Est , Parc Central des Affaires , Bay City, Parañaque, Metro Manila
« Nous avons des images de la horde et nous demandons la permission de tirer ! »
La voix du capitaine des soldats qui s’étaient positionnés sur les bâtiments à l’extérieur des murs se faisait entendre à la radio.
Pendant que la réunion des comploteurs se poursuivait, les soldats et les autres groupes de survivants attendaient l’arrivée de la horde d’infectés.
« Attendez les ordres. Il est encore possible que cette horde soit capable de voler. Nous ne pouvons pas remuer le nid pour nous faire piquer par les abeilles. »
L’officier répondit calmement à la radio. Comme la situation n’était pas encore urgente, ils pouvaient encore communiquer avec des mots détournés. Bien sûr, tous ceux qui l’entendirent comprirent ce qu’il voulait dire. Si ces infectés étaient vraiment capables de voler, il valait mieux les balayer d’un coup plutôt que de les laisser s’éparpiller comme des mouches.
Bientôt, tous ceux qui se trouvaient sur les murs purent voir la horde d’infectés.
La horde était petite, plus ou moins une centaine d’individus. Ils ressemblaient tous à des infectés normaux. Cependant, chacun des membres de la horde avait une particularité qui lui était propre. Sur leur dos, des ailes semblables à celles des chauves-souris étaient présentes. Comme la horde avait été vue en train de traverser la route à pied, ils n’avaient pas encore confirmé si ces ailes étaient juste pour la décoration ou non.
Tandis que la horde avançait vers les murs à son propre rythme, les soldats et les survivants attendaient sur leurs positions, le cœur battant.
Cent mètres, cinquante mètres, vingt mètres…
La horde se rapprochait du point d’embuscade.
Mais…
La horde s’arrêta dix mètres avant le point d’embuscade.
Au point d’embuscade, des explosifs avaient été installés pour infliger des dégâts massifs à la horde et les gens n’avaient plus qu’à s’occuper des infectés restants. La horde s’étant arrêtée plus de dix mètres avant le point d’embuscade, les pièges étaient devenus inutiles.
Pourtant, l’autorisation de tirer n’avait pas été donnée. Il était encore possible que la horde continue. Mais ce n’était qu’un vœu pieux.
« TIREZ ! VITE ! TIREZ ! »
L’un des survivants beugla et son groupe tira avant que tous les autres ne puissent le faire. C’est parce que le mutateur capable de voir loin avait été témoin d’un spectacle horrible.
L’infecté mâle qui menait le groupe…
Il souriait.
Au même moment, tous les infectés avaient ouvert leurs ailes et s’étaient envolés. Le groupe qui avait tiré en premier avait pu en toucher quelques-uns, mais les autres s’étaient envolés à une vitesse telle qu’il était difficile de les voir à l’œil nu.
Les militaires firent également feu lorsqu’ils virent les mouvements d’ailes des infectés, mais ils n’en touchèrent que quelques uns.
« Merde ! Ils sont rapides ! »
dit un survivant les yeux écarquillés. Il essayait de tirer sur les infectés, mais il ne parvenait pas à viser. La façon dont ces infectés volaient était similaire à celle des mouches qui étaient dérangées de leur nourriture. Ils étaient difficiles à voir et il était difficile de prédire dans quelle direction ils allaient voler.
« WAAAHHH !!! »
Un soldat positionné au sommet d’un des bâtiments à l’extérieur fut attrapé et arraché du bâtiment. En raison de la situation soudaine, le fusil de sniper qu’il avait était resté sur le bâtiment. Le soldat était expérimenté et n’avait crié que sous l’effet de la surprise. Alors qu’il était suspendu dans les airs, il attendit de voir un endroit où il pourrait atterrir et utilisa son pistolet avec beaucoup de difficulté pour tirer sur l’infecté qui l’avait attrapé.
BANG ! BANG ! BANG !
Trois coups de feu furent tirés et l’infecté commença à tomber. Le soldat tenta de s’accrocher à la rambarde d’une des fenêtres du bâtiment, laissant l’infecté tomber de lui-même. Cependant, il fut attrapé par un autre infecté. Il essaya la même tactique et ses épaules furent saisies par des mains puissantes, mais avant qu’il n’y parvienne, il sentit une sensation de tiraillement au niveau de sa taille.
L’instant d’après, il ressentit de la douleur alors que son corps était déchiré. Il était encore en vie et vit la moitié inférieure de son corps, à partir de sa taille, emportée par un autre infecté qui s’envola dans une autre direction.
Il était la première victime de cet affrontement.
En raison de cette situation soudaine et sans précédent, les personnes censées éliminer la horde tombèrent dans le désarroi. Bien qu’ils aient fait de leur mieux pour tirer sur les infectés volants, c’était plus facile à dire qu’à faire. Les mouvements de vol des infectés étaient trop erratiques. Même s’ils étaient moins d’une centaine, c’était plus difficile que de combattre un millier d’infectés normaux et mutants sur la terre ferme.
Il y avait aussi une autre chose. Ces infectés ne se comportaient pas comme d’habitude. Contrairement à ceux qui fonçaient sur leur proie, ces infectés semblaient les appâter et les attaquer sous des angles inattendus. Ils faisaient preuve d’un grand esprit d’équipe.
En raison de la tournure soudaine des événements, le général Perez et les officiers qui se trouvaient initialement parmi les personnes au sommet des murs avaient été invités à se mettre à l’abri. La situation était dangereuse et les personnes qui géraient la colonie ne devaient pas tomber ici.
Même si le général Perez ne voulait pas abandonner ses hommes seuls dans ce combat, il était aussi de son devoir de rester en vie. Il ne pouvait donc que suivre avec son entourage.
Les alarmes continuaient de retentir et les annonces à l’intérieur de Bay City pour que tout le monde se mette à l’abri étaient diffusées. De ce fait, les gens couraient frénétiquement vers n’importe quelle structure où ils pouvaient se cacher. Après tout, les infectés volants attaquaient surtout à vue et ceux qui étaient repérés à l’extérieur avaient plus de chances d’être attaqués. Ils l’avaient tous appris à leurs dépens.