Traductrice : Moonkissed

Auteur : Exallion

Jour 41 – 21h40 – Barangay Gumian, Infanta, Quezon

Au bord de la route principale, la route Famy-Real-Infanta, qui reliait plusieurs municipalités de la province de Quezon, se trouvaient les trois complexes du campus Infanta de l’Université du Sud de Luzon, du lycée national Tohongin et de l’hôpital Mémorial Claro M. Recto. Avant l’apocalypse, cette zone était très peuplée, notamment par des lycéens, des étudiants et les familles des patients hospitalisés. Lorsque l’épidémie s’était déclarée, elle était devenue l’une des zones les plus dangereuses de la province.

Heureusement, la situation avait pu être maîtrisée car la route principale était fréquemment empruntée par les militaires. Ainsi, la zone avait été en grande partie débarrassée du danger, bien que les animaux infectés et évolués continuent d’y errer de temps à autre. Auparavant, cet endroit servait de point d’embuscade aux hors-la-loi, mais après leur défaite il y a quelques jours, l’endroit était redevenu une zone vide et délabrée.

Aujourd’hui, presque toutes les pièces des bâtiments des trois complexes étaient occupées par des gens, et celles qui ne l’étaient pas étaient utilisées pour d’autres choses importantes. Les installations des bâtiments des trois complexes n’étant même pas suffisantes, des tentes et des habitations temporaires avaient été construites sur le terrain.

Des soldats de l’armée patrouillaient constamment dans les enceintes ouvertes pour assurer la sécurité et la protection. Et ce, malgré le mauvais temps et l’heure. La température était froide et le sol boueux, mais cela n’avait pas empêché les soldats de s’acquitter de leurs tâches.

C’est dans ces trois enceintes, au bord de la route principale et près de l’entrée de l’autoroute Marcos, que les habitants de la Colonie du Port de l’Est avaient été évacués en raison de la menace d’une tempête. Cet endroit se trouvait à environ six kilomètres de la colonie et était plus éloigné de la mer. Bien que l’endroit se trouve toujours dans la zone touchée par la tempête, les habitants étaient à l’abri de la menace de l’onde de tempête et des créatures marines émergentes.

Les habitants de la Colonie du Port de l’Est s’étaient temporairement installés dans l’enceinte du campus Infanta de l’université du Sud de Luzon. Pourtant, la plupart d’entre eux étaient encore désorientés par les hauts et les bas qu’ils avaient subis et les événements étranges qu’ils avaient vécus. Après tout, ils avaient failli être capturés par les habitants de la Vallée de la Mort et avaient été entourés d’un très grand nombre d’infectés. Et pourtant, ils étaient toujours en vie et intacts. Ils avaient même réussi à atteindre cet endroit et à se reposer.

Ils avaient combattu les habitants de la Vallée de la mort et même Karlene et Alana avaient rejoint la mêlée après avoir mis en sécurité Miracle et les [Enfants de sang]. Cependant, lorsqu’ils préparèrent le combat sanglant contre les infectés après que les hommes de la colonie de la Vallée de la mort eurent commencé à battre en retraite, un spectacle miraculeux les attendit. Les infectés les avaient ignorés et s’étaient lancés à la poursuite des criminels en fuite, les laissant tous bouche bée.

Après cet événement, il y eut de plus en plus de blessés et la marche devint plus difficile. Karlene tenta alors de contacter son père pour lui demander de l’aide et parvint heureusement à entrer en contact avec lui, malgré la difficulté de la communication. Bientôt, les véhicules militaires étaient arrivés et avaient transporté les blessés, les enfants, les femmes et les personnes âgées en premier, tandis que les autres avaient continué à marcher le reste du chemin, mais avec l’aide des soldats qui étaient restés en arrière pour les aider.

À l’intérieur du bâtiment principal du campus universitaire, Karlene passait du temps avec son père qu’elle n’avait pas vu depuis qu’elle était partie avec Mark il y a quelques jours. Ils étaient accompagnés d’Alana et de son oncle qui la harcelait pour savoir ce qu’elle avait trouvé lorsque les deux filles avaient passé les derniers jours avec Mark. Bien sûr, les deux filles n’avaient rien dit d’inutile. Même si elles voulaient parler, il n’y avait rien à dire. Après tout, Mark ne leur avait pas révélé ses secrets vitaux et les deux filles n’étaient pas au courant non plus.

Tout ce dont ils pouvaient parler, c’était de l’incroyable base de Mark. Bien que Mark ait interdit aux autres de parler de la base, cela n’incluait pas Alana et Karlene. C’était sans compter le fait que les militaires devaient déjà se douter que Mark avait quelque chose à se mettre sous la dent, une base bien à lui. Tant qu’il ne s’agissait pas de choses qui pourraient potentiellement nuire à la base, ils pouvaient en parler.

Pourtant, les visages des deux hommes semblaient anxieux. Ils n’étaient pas les seuls à avoir vu cet énorme éclair, la majorité des personnes présentes sur le site d’évacuation l’avaient vu. La luminosité qui avait bouleversé le jour et la nuit en moins d’une seconde était vraiment mauvaise pour les âmes sensibles. Sans parler du grondement assourdissant des cieux qui suivit l’éclair.

TOC ! TOC !

On frappa à la porte.

« Entrez. »

Le major Bautista laissa entrer la personne qui se trouvait derrière la porte. Il s’agissait d’un soldat qui avait l’air pressé. Cette expression rendait l’atmosphère à l’intérieur de la pièce plutôt tendue. Ils ne savaient pas s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle.

« Major. Le général vous demande. »

Le soldat salua et raconta son affaire.

En entendant cela, le major Bautista était confus. Le major avait été occupé à courir partout à cause de l’évacuation et avait finalement pu se reposer avec la permission du général. Pourtant, le général l’appelait pendant son temps libre. Cela ne pouvait arriver que si quelque chose de très urgent se produisait.

« Le général Faustino t’a dit pourquoi ?

– Oui… »

Le soldat semblait hésiter.

« Dis-le. »

Le major Bautista le pressa.

« En fait, Monsieur, cela peut paraître incroyable, mais nous venons de recevoir un rapport. Le soldat respira profondément. La colonie de la Vallée de la Mort est détruite. Apparemment, la personne qui accompagnait Mlle Bautista et Mlle Garces, Sir Mark, y est apparue et a probablement participé à sa destruction. Cette nouvelle nous a été communiquée par nos espions sur place.

– HAH ! »

En entendant cela, les quatre personnes présentes dans la pièce se levèrent en même temps avec des expressions incrédules.

***

Jour 41 – 21h44 – École primaire centrale, General Nakar, Barangay Poblacion, Infanta, Quezon

Dans le bâtiment principal de l’école, les esclaves recueillis par Mark étaient restés. Il n’y avait que vingt personnes avant le départ de Mark, mais maintenant, il y avait une centaine d’esclaves rassemblés à l’intérieur du bâtiment.

Après que Mark ait laissé les esclaves sous la protection de Chaflar, plusieurs criminels étaient entrés dans le bâtiment. En voyant les esclaves échappés, ils voulaient évidemment jouer avec eux ou les ramener en captivité. Cependant, Chaflar avait transformé tous ces imbéciles en cadavres carbonisés qui avaient été laissés à l’extérieur du bâtiment. Voyant que les vingt esclaves étaient protégés, les autres esclaves qui avaient réussi à profiter de la situation et à échapper à leurs maîtres, mais qui n’étaient pas en mesure de se protéger, se réfugièrent ici. Ils voulaient s’enfuir le plus vite possible, mais leurs corps affaiblis ne pourraient pas résister à la tempête. Ils risquaient de mourir de froid, ce qui contredisait la raison pour laquelle ils voulaient s’enfuir, à savoir vivre une vie libre. Bien qu’il soit impossible de revenir à la vie qu’ils avaient avant l’épidémie, ils voulaient au moins une vie exempte de tourments et de souffrances de la part de ceux qui se considéraient comme supérieurs. Ils se nourrissaient déjà de leur vie sans la moindre estime de soi.

À leur grand désarroi, le dragon qui leur servait de protecteur s’était soudain envolé quelques minutes après l’énorme coup de foudre. De plus, un grand groupe d’hommes armés était apparu à l’extérieur du bâtiment, ce qui les avait encore plus déçus et leur a fait regretter de ne pas s’être échappés plus tôt.

Personne n’avait remarqué que, pendant que tout cela se passait, un cristal lumineux passait au-dessus du village en ruines.

***

Jour 41 – 21h45 – Rivière Agos, Barangay Pamplona, General Nakar, Quezon

Dans le ciel, au nord-est de la colonie de la Vallée de la Mort, Mark chevauchait le dos de Chaflar alors qu’ils poursuivaient le cristal qui s’était envolé. On ne savait pas pourquoi le cristal qui aurait dû tomber au sol après avoir absorbé la capacité psychique de la baleine s’était soudainement envolé. Cependant, la façon dont il s’était envolé rappelait à Mark le cristal contenant Freed qui s’était envolé vers lui il y a six ans. Mais c’était parce que Freed l’avait choisi. Quant à ce cristal, il était impossible qu’une âme sensible le contrôle. Même si la conscience de la baleine avait survécu et avait été accidentellement absorbée par le cristal, elle n’en serait certainement pas capable.

Lorsque le cristal s’était soudainement envolé, Mark avait essayé de le rattraper immédiatement, mais il en avait été empêché par un [Cristal mental] qui avait soudainement surgi du [PsyCrystal] sur son bras. Après tout, l’épaisse énergie psychique présente dans l’air était toujours là et était absorbée en permanence. En fait, c’était déjà le vingt-et-unième cristal depuis le début de la tempête. Pendant que Mark s’affairait à tuer les mutateurs et à détruire la colonie, le [PsyCrystal] continuait d’absorber l’énergie psychique présente dans l’air.

Après avoir stocké le nouveau cristal, Mark s’élança à sa poursuite, mais le cristal qu’il appelait [Cristal mental de l’orage] volait trop vite et il dut même faire appel à Chaflar pour pouvoir maintenir la distance. Bien que son [Mouvement de brume d’ombre] soit rapide, il ralentissait progressivement dans les airs à cause du manque de force de propulsion et ne pouvait pas maintenir la distance avec le cristal en fuite.

Heureusement, le cristal brillait en permanence, ce qui empêchait Mark de le perdre à cause du ciel noir. Cependant, cela lui donnait aussi l’impression que le cristal le menait quelque part plutôt qu’il ne le fuyait.

Après plusieurs minutes de vol, ils atteignirent l’estuaire qui reliait la rivière Agos à la mer. Là, le cristal qui volait à la même altitude depuis tout ce temps commença à descendre.

L’estuaire en contrebas était assez grand et plusieurs îles étaient visibles, la plus grande mesurant plus ou moins quatre cents mètres de long. Cependant, à cause de la pluie qui avait fait déborder le fleuve, les îles visibles étaient moins nombreuses et plus petites que d’habitude.

Mark vit le cristal descendre sur la plus grande île au milieu de l’estuaire. C’était assez dangereux, car la pluie avait rendu la rivière assez sauvage. Si le cristal tombait soudainement dans l’eau, tout ce qu’il avait fait n’aurait servi à rien. Heureusement, il semblait que le cristal se dirigeait vers l’île et pas ailleurs.

Mark remarqua alors quelque chose. Une silhouette se trouvait légèrement près du centre de l’île. Cette silhouette semblait être humaine…

…pour être précis, humaine… du moins, la partie supérieure du corps.

C’était une femme, allongée sur le dos sans bouger. Alors que le cristal se rapprochait d’elle, Mark n’eut d’autre choix que de se précipiter vers le bas. Grâce à la descente soudaine, Mark et Chaflar parvinrent à se rattraper dans une certaine mesure. Après s’être rapproché, Mark se détacha du corps de Chaflar et disparut dans la brume noire. Juste avant que le cristal ne touche le corps de la femme, Mark l’avait déjà saisi.

Le cristal ne se débattit pas et ne s’enfuit pas, mais se posa sur sa main comme s’il avait déjà rempli sa mission. D’une certaine manière, Mark pouvait sentir que le cristal demandait quelque chose.

Mark regarda la femme dont le haut du corps était littéralement nu. Son visage, les proportions de son corps et ses cheveux étaient magnifiques. Elle avait même un air enchanteur. Les ornements de ses cheveux, faits de coquillages et de pierres colorées, rehaussaient encore sa beauté. Cependant, son corps présentait de nombreuses blessures et elle respirait faiblement.

Tempête, Baleine, cette femme…

Tout se mit en place et Mark comprit ce qui s’était passé et où la baleine Mutateur avait volé sa capacité à déclencher une forte tempête.

Un mythe voulait que si l’on attrapait une baleine de cette race, le roi de la mer déclencherait une tempête sans fin jusqu’à ce que la captive soit relâchée dans la mer. Il était très probable que leur royaume sous la mer ait déjà été détruit et il ne serait pas surprenant que la baleine soit la coupable. Il était également possible que cette femme soit le dernier membre de leur royaume.

Pourtant, Mark n’aurait pas pensé rencontrer quelqu’un comme elle cette fois-ci.

Après tout, les sirènes étaient des créatures très insaisissables.