Traductrice : Moonkissed

Auteur : Exallion

Jour 25 – 9h20 – Portes sud, Parc Central des Affaires , Bay City

Vingt-cinq jours après le début de l’épidémie. La vie à Bay City n’était pas aussi luxueuse que par le passé, mais si l’on comparait la vie à l’intérieur et à l’extérieur de la colonie, les survivants n’avaient rien à envier aux autres. Même les plus faibles, s’ils ne pouvaient pas travailler, recevaient au moins un bol de porridge deux fois par jour, un le matin et un le soir. Pour ceux qui étaient capables, il y avait mieux. S’ils travaillaient le plus possible dans la colonie, ils pouvaient échanger leurs efforts contre de la nourriture de meilleure qualité qu’ils pouvaient partager avec leurs amis et leurs familles.

Quant aux soldats et aux personnes envoyées à l’extérieur pour s’occuper de missions, ils étaient mieux traités. Leurs vies étaient toujours à un pied de leur tombe à chaque fois qu’ils s’embarquaient pour une mission, et presque chaque mission leur coûtait une ou plusieurs vies pour être menée à bien. Dans le pire des cas, leur échec coûtait la vie à tout le groupe.

Les nouveaux survivants qui arrivaient dans la colonie, soit par leurs propres moyens, soit en étant secourus par les soldats et les groupes de volontaires, n’avaient toujours pas cessé, bien qu’ils aient considérablement diminué en quantité. Ces personnes étaient celles qui avaient eu la chance de survivre ou celles qui en étaient capables. Beaucoup d’entre eux étaient des Évolués, tandis que d’autres étaient des Mutateurs. L’existence de ces personnes renforçait lentement la défense de la colonie.

Malheureusement, beaucoup de ces personnes capables étaient incitées à rejoindre les rangs des factions gouvernementales plutôt que ceux de l’armée. Bien que toutes ces factions aient la même responsabilité de défendre la colonie, les factions gouvernementales travaillaient plus à leur avantage qu’à celui de la colonie dans son ensemble, ce qui allait à l’encontre des intentions de l’armée.

Des attaques constantes de hordes infectées se produisaient encore de temps en temps, mais aucune n’était aussi importante que la vague qui s’était produite sept jours après le début de l’apocalypse. Le seul problème auquel l’armée était confrontée était que la recherche de remèdes ne se déroulait pas sans heurts et que les infectés devenaient de plus en plus forts chaque jour qui passait.

Heureusement, les recherches sur les plantes mutées menées par le professeur Chervil Sandoval avaient fait une percée et il avait réussi à découvrir une variante de céréales comestibles améliorée par le mutagène. Elle était similaire au riz, mais avait une couleur grisâtre et un goût de maïs par rapport au riz normal. Le plus intéressant, cependant, c’est que la nouvelle variante de grain comestible pouvait être cultivée plus rapidement que le riz normal, qui mettait quatre à cinq mois à pousser et à être récolté, alors que le nouveau grain était estimé mûrir complètement en deux mois seulement. En outre, elle pouvait fournir plus de nutriments et d’énergie aux gens que les anciennes variantes de céréales étudiées en laboratoire. Cette caractéristique du nouveau grain signifiait qu’une petite portion de celui-ci équivallait à plus d’un repas pour les personnes normales.

La nouvelle céréale avait été baptisée E-rice ou riz énergétique.

Suite à la découverte de cette céréale, plusieurs serres et plantations internes avaient été construites. Ils espéraient vivement que cette nouvelle variante de céréale viendrait renforcer leurs réserves alimentaires qui s’amenuiseraient dans les deux ou trois mois à venir.

En dehors de ces événements, la vie dans la colonie était plutôt banale et ennuyeuse. Dans le passé, les Philippines avaient été surnommées la capitale mondiale des médias sociaux, car la majorité de la population philippine utilisait les médias sociaux et l’internet pour passer le temps. Mais aujourd’hui, il n’y avait plus d’internet, ni même d’autres formes de divertissement. Les gens se contentaient de survivre et d’attendre dans la peur la prochaine attaque des infectés.

Oui, la vie était vraiment ennuyeuse et la plupart des choses à l’intérieur de la colonie étaient répétitives.

Ce matin, cependant, environ deux cents personnes composées de plusieurs escouades militaires, d’une partie du “personnel privé” des représentants du gouvernement et de certains groupes de survivants à l’intérieur de la colonie s’étaient rassemblées aux portes sud du parc central des affaires. Parmi ces personnes et leurs véhicules, un luxueux MB Sprinter garé à l’écart attirait l’attention des personnes rassemblées autour du véhicule.

Après tout, c’était la première fois que la plupart des gens voyaient la [Sniper des fées] qui accompagnait la [Petite démone]. Mei était dehors en train de parler avec Paula. Elle était accompagnée d’Odelina, d’Abbygale et même d’Iola. Parmi les personnes qui les entouraient, il y avait le groupe de Nikky, à l’exception de Rollan et Daniel, et le groupe de Jason, à l’exception d’Arvie. Tous étaient des Mutateurs et des Évolués liés à Mark.

Quelque chose d’horrible avait été repéré au nord de Bay City et tout le monde avait été appelé à participer à l’attaque. Au cours de la semaine écoulée, on avait remarqué que la colonie était attaquée par des hordes de créatures infectées qui n’avaient pas du tout l’air humaines, mais qui ressemblaient plutôt à des morceaux de chair avec des bras et des jambes éparpillés dans un seul corps. Chaque horde était dirigée par une créature sans peau, aux muscles purs et à la force monstrueuse.

Les attaques venaient toutes du nord, ce qui alarma les plus hauts responsables qui envoyèrent des hommes enquêter sur leur territoire. De façon inattendue, cela les mena non loin, mais à environ trois kilomètres au nord de Bay City. L’endroit était l’un des hôpitaux les plus connus des Philippines, l‘hôpital général des Philippines, plus connu sous le nom de HGP.

L’hôpital n’était plus le même qu’avant, car c’était l’un des endroits les plus dévastés par l’épidémie. En tant qu’hôpital, de nombreux patients infectés et blessés avaient été amenés ici lorsque l’épidémie avait commencé. De ce fait, les patients infectés par des mutations et les mutateurs défaillants avaient presque détruit l’endroit. Cependant, les plus grandes victimes avaient été les patients normaux admis à l’hôpital à ce moment-là.

D’après les rapports de l’équipe d’enquêteurs, composée d’Évolués et de Mutateurs spécialisés dans la furtivité et la rapidité, l’hôpital était devenu un véritable vivier. Lorsque les photos, les illustrations, les vidéos et les témoignages de l’équipe d’enquête avaient été publiés, les scientifiques avaient déclaré que plus qu’un simple lieu de reproduction, il s’agissait plutôt d’une [Ruche de mutation].

Sur les photos, l’hôpital était recouvert d’une membrane de chair semblable à une toile et de protubérances ressemblant à des gousses sur les murs. Une vidéo avait même montré l’explosion d’une de ces nacelles et la sortie d’un monstre infecté avec des tumeurs dégoûtantes remplies de pus sur le corps. Un bactériologiste du laboratoire avait même déclaré que le monstre mutant aurait pu être un patient atteint de SARM (staphylocoque doré résistant à la méthicilline) en raison de son apparence.

Face à la menace que la [Ruche de mutation] pouvait faire peser sur la colonie, les gens rassemblés à la porte sud avaient pour mission de s’en occuper. Bien sûr, cela n’était pas sans prix. Ceux qui n’appartenaient pas à l’armée ou au gouvernement se virent promettre une compensation, que la mission soit un succès ou non. Après tout, il n’y avait pas de quoi plaisanter avec la menace qui pesait sur l’hôpital.

Les personnes présentes allaient partir à dix heures et demie, mais elles étaient réunies ici pour le briefing final de la mission. Les chefs de groupe furent appelés dans une salle où le général Miguel Perez et d’autres officiers militaires étaient assis sur des chaises sur le côté. Une femme soldat, qui était l’une des secrétaires du général Perez, se tenait à l’avant, tandis que tous les autres s’asseyaient sur les rangées de chaises au milieu de la pièce. Devant, il y avait un projecteur sur lequel étaient projetés les plans, les illustrations et les photos de la mission.

« C’est un bref résumé du plan, dit la secrétaire, le 1er lieutenant Zanna Dela Cruz. Y a-t-il des questions ?

– Le HGP est au nord, n’est-ce pas ? Pourquoi sortir par la porte sud ? »

L’un des chefs des survivants avait demandé quand il avait été appelé après avoir levé la main.

« Vous ne le savez peut-être pas, mais la porte nord est actuellement fermée. » Répondit le lieutenant Dela Cruz. « D’après les scientifiques, il est probable qu’ils soient mentalement connectés ou qu’ils aient un moyen de communiquer avec leurs chefs. Si c’est vraiment le cas, il est probable que nous recevrons une forte résistance de la part de ces infectés si nous utilisons la porte nord. Pour cette mission, nous allons essayer d’éviter d’être détectés et nous attaquerons par l’est de l’hôpital, comme je l’ai indiqué plus tôt. »

Les questions et les réponses fusent et la discussion était instructive. Jusqu’à ce que l’un des mutateurs qui dirigeait un groupe et qui faisait partie du “personnel privé” d’un sénateur, demande :

« Je voudrais savoir pourquoi il y a des femmes ici. » L’homme parlait évidemment de Mei, Odelina, Nikky et Paula qui étaient regroupées. « N’est-il pas normal de laisser ce travail à des hommes comme nous et de laisser les femmes s’occuper de la maison ? Elles ont même amené des enfants avec elles. »

Contre toute attente, le groupe de Mei ne réagit pas. Le secrétaire, quant à lui, l’avait ignoré en entendant sa question et avait commencé à appeler une autre personne qui voulait poser une question auparavant. Cela lui fit perdre la face, car il pouvait entendre certains chefs de groupe ricaner derrière lui.

« Hé ! Je pose toujours ma question ! »

souffla-t-il, ce qui amena enfin la secrétaire à le regarder.

Soupirant, Zanna répondit.

« Pour être franche, c’est toi qui n’es pas nécessaire ici. Nous avons déjà évalué tes capacités et même les membres de ton groupe. Non, toutes les personnes qui ont demandé à aider ont déjà été évaluées, ce qui est le cas de tous ceux qui sont ici. En termes d’aptitudes, d’expérience et de capacité de combat, ton groupe est bien inférieur aux “femmes” dont tu parles. Où as-tu trouvé la confiance nécessaire pour poser ta question ? »

La réponse de Zanna était combinée à son regard froid qui affirmait manifestement son mépris pour l’homme.

« Quoi ? Je ne le crois pas. Sur quoi vous basez-vous pour dire ça ?! » cria-t-il. « Et les enfants qu’elles ont amenés ? Nous n’avons pas besoin de bagages dans cette mission, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas ton problème, n’est-ce pas ? » Zanna croisa les bras. Elle commençait à se sentir agacée. « Tu peux aussi amener des enfants si tu le souhaites, mais bien sûr, leur bien-être dans cette mission est de ta responsabilité. »

Zanna recula alors que le général Perez se levait et marchait devant elle. Lorsque le général pénétra au centre de la pièce, les gens devinrent silencieux. Son aura imposante n’était pas quelque chose que l’on pouvait facilement ignorer, même pour les Mutateurs et les Évolués qui n’étaient que des gens ordinaires avant l’épidémie.

« Comme vous le savez tous, nous avons fait appel à vos groupes pour cette mission et tous vos membres étaient concernés, à condition qu’ils puissent se battre et qu’ils en aient la capacité. Il n’y avait pas de restriction d’âge, mais nous avons simplement rappelé qu’il valait mieux que les gens normaux restent en arrière et nous n’avons pas imposé de restrictions. Tant que personne n’entraîne l’échec de la mission, il n’y a pas de problème pour participer à cette mission. Y compris les enfants capables de se battre. »

Le général Perez parcourut tout le monde des yeux avant de s’arrêter sur l’homme qui posait la question, ce qui lui fit avaler sa salive.

« Je confirme ce qu’a dit ma secrétaire. En termes de capacités, ton groupe ne peut pas rivaliser avec le groupe de femmes et d’enfants dont tu parles. En vérité, un seul de ces deux enfants pourrait anéantir tout ton groupe à lui tout seul. » À ce moment-là, le regard du général Perez était devenu sévère. « Je sais que ton groupe est dirigé par la sénatrice Dela Vega. Ne pense pas que nous ne savons pas qu’il a harcelé des membres d’un groupe sous notre protection, ce qui est la même chose que ce que tu fais. Si tu n’y mets pas fin, il est préférable que tu fasses tes bagages avec ton groupe et que vous partiez. Ne participez plus à cette mission. »

Sur ce, l’homme devint aussi silencieux qu’un muet et s’assit. Presque tout le monde autour de lui le regardait maintenant avec mépris en entendant ce que le général avait dit. L’homme voulait déjà partir, mais les mérites de cette mission étaient trop beaux pour être ignorés, et c’était aussi la raison pour laquelle de nombreuses personnes y participaient.

À l’heure prévue, les personnes rassemblées à la porte sud étaient parties pour s’occuper de la menace qui planait sur l’hôpital général des Philippines.