Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 5 – 21h40 – Bâtiment de deuxième année, école primaire Queens Row, Zone A Queens Row, Ville de Bacoor, Cavite
Odelina était sous le choc de ce qu’elle venait de voir. Après l’apocalypse, des personnes dotées de capacités surhumaines étaient apparues à cause des effets de la source de l’épidémie, le Mutagène. Lorsque le soldat que son maître appelait Alderick avait disparu devant eux, elle avait pensé qu’il s’agissait d’une capacité d’un autre Mutateur. Mais elle savait maintenant qu’elle s’était trompée. Elle s’était également trompée sur la capacité que son maître utilisait lorsqu’il traitait des mutateurs ratés comme elle.
Les deux hommes en face d’elle étaient en fait des êtres qu’on appelait Espers.
Même dans les temps anciens, il existait des sujets, des rumeurs et des informations sur les Espers. Cependant, pour diverses raisons, ces rumeurs n’étaient que des spéculations et des absurdités aux yeux de la population.
Les Espers étaient des personnes dotées de capacités surnaturelles qui tournaient autour de la perception extrasensorielle. La télépathie, la clairvoyance, la psychokinèse et la précognition étaient les quatre types de perception extrasensorielle et se ramifiaient en une multitude de capacités allant de la pyrokinésie à la psychométrie.
Cependant, les connaissances d’Odelina sur ce genre de choses étaient trop limitées et elle ne savait pas comment s’appelaient les capacités de son Maître et d’Alderick. Après tout, son maître ne lui en avait pas parlé.
Comme leur ennemi était déjà pris, Odelina s’approcha sans oser retirer son armure sans l’ordre de son Maître. Même si les jambes d’Alderick étaient blessées et qu’il ne pouvait plus se tenir debout, qui savait s’il pouvait faire autre chose avec ses capacités.
Cependant, il semblait que ses inquiétudes n’étaient pas fondées. Elle pouvait voir qu’Alderick ne pouvait rien faire d’autre que de se serrer la tête tandis que ses yeux et son nez continuaient de saigner.
« Veux-tu répondre à mes questions maintenant ? »
Odelina entendit son Maître s’adresser à Alderick tout en éloignant d’un coup de pied le fusil d’assaut et le couteau de combat du soldat. Il enleva également le pistolet que le soldat portait à la taille.
Cependant, en réponse à la question de son Maître, Alderick afficha soudain un regard de remord pendant un court instant avant de mordre quelque chose caché dans sa bouche. Le sang gicla sur sa bouche et il resta immobile sur le trottoir en béton derrière ce bâtiment de classe de deux étages.
***
Mark fronça les sourcils en regardant le cadavre devant lui. En fait, même s’il y avait une grande chance que ce qu’il avait déduit soit vrai, il y avait toujours une possibilité que ce soit une erreur. Cependant, comme Alderick avait décidé de se tuer avec du poison caché dans sa bouche, cela montrait qu’il n’y avait plus aucun doute sur ses suppositions. Il ne s’attendait cependant pas à ce qu’Alderick se suicide.
Cependant, il y avait certaines choses qui le dérangeaient.
« Odel, emmène ce type dans la pièce où j’ai soigné le fils du capitaine Dela Rosa. Attends que le capitaine revienne. Je vais chercher quelque chose dans la voiture. Je reviens tout de suite. »
Mark ordonna à Odelina tout en réfléchissant.
« Oui, Maître. »
Odelina répondit, ramassa le cadavre et retourna dans la pièce isolée.
Mark, quant à lui, quitta les lieux et retourna précipitamment à leur véhicule.
L’endroit n’était pas trop éloigné du parking par rapport au bâtiment que les militaires utilisaient comme caserne. Il ne mit donc pas longtemps à arriver.
La scène autour du parking, de la place de l’école, de la zone inoccupée autour du bureau du directeur et de la cour couverte de l’école était différente de ce qu’elle était à leur arrivée ce matin. Un grand nombre de véhicules remplissent la place, des véhicules utilitaires publics comme les fourgonnettes, les jeepneys et les taxis polyvalents aux véhicules plus grands comme les fourgonnettes-congélateurs, les camions militaires et même les camions-bennes.
Il y avait aussi beaucoup de soldats qui faisaient les cent pas tandis qu’un certain nombre de personnes qui semblaient être habillées avec des vêtements de travail travaillaient à modifier certains des véhicules.
Les bruits causés par les générateurs électriques à gaz et les outils électriques couvraient les bruits des coups de feu qui résonnaient aux frontières de la colonie.
Mark avait remarqué que les soldats et les ouvriers travaillant sur les véhicules avaient des fluctuations inhabituelles. Lorsqu’il s’était promené dans la colonie ce matin, il s’était notamment familiarisé avec les fluctuations des personnes à l’intérieur de la colonie. Il se rendit finalement compte de la raison pour laquelle il semblait que la 11ème escouade avait été planifiée pour se joindre à eux. Il était probable que cette escouade ait été chargée de rechercher des travailleurs survivants, peut-être des ouvriers de la construction et de la sidérurgie des zones industrielles voisines.
Ainsi, non seulement les soldats pourraient pallier leur manque d’effectifs, mais ils pourraient aussi modifier les véhicules qui serviraient à transporter les réfugiés.
Ignorant l’agitation ambiante, Mark se dirigea vers leur véhicule. Le soldat chargé de garder les véhicules sous les ordres du capitaine Dela Rosa le salua. Mark ne s’était pas attardé dans le MB Sprinter et était reparti en direction de la zone où Odelina l’attendait.
Quelque chose le tracassait depuis qu’il avait senti l’énergie d’Alderick lorsqu’il avait activé sa capacité. D’après ce que Mark savait, la capacité d’Alderick devait être la Photokinésie. Il s’agit de la capacité de contrôler la lumière autour de l’utilisateur selon sa volonté. En contrôlant l’éloignement de la lumière de son corps, Alderick était capable d’effacer son corps de la reconnaissance du sens de la vue de ses ennemis. Mark ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine familiarité avec l’énergie qu’Alderick utilisait pour contrôler la lumière autour de lui.
Lorsque Mark pénétra à nouveau dans la pièce faiblement éclairée, le capitaine Dela Rosa l’attendait déjà. Lorsque Mark remarqua qu’Alderick les espionnait, il demanda au capitaine Dela Rosa de revenir ici immédiatement après avoir escorté son fils avant de feindre de partir. Étonnamment, il semblait que le capitaine de l’escouade n’était pas préoccupé par la mort d’Alderick, qui était censé être l’un de ses hommes.
« Vous avez déjà entendu parler de ce qui s’est passé ? »
demanda Mark au chef d’escadron après qu’il eut refermé la porte.
« Je l’ai appris. Et je pense que j’avais raison. »
Le capitaine Dela Rosa répondit.
« Vous vous en doutiez déjà ? »
Mark demanda encore une fois et le capitaine acquiesça.
« Alderick ne fait pas vraiment partie de mon escouade mais était censé être stationné à Bay City comme l’une des troupes de garde. De plus, il faisait partie d’une autre faction militaire qui s’oppose au général Perez. De plus, Alderick semblait avoir des relations avec les hauts gradés, ce qui aurait contribué à sa soudaine montée en grade. Curieusement, il a été transféré dans notre équipe à la dernière minute, après que nous ayons reçu l’ordre de mission de rechercher et d’escorter le professeur Chervil Sandoval en toute sécurité jusqu’à Bay City.
– Donc, il est probable qu’il travaille pour l’un des officiels du sénat ou même plus haut, n’est-ce pas ?
– Oui, malheureusement, personne ne savait pour qui il travaillait. Et dire qu’il est allé jusqu’à faire la cour à Irène, alors qu’il travaillait contre nous. Il est probable qu’il s’en soit servi comme excuse pour obtenir des informations. »
Le capitaine Dela Rosa était mécontent.
« Vous avez tort. »
Mark s’interposa, ce qui attira l’attention des deux autres personnes présentes dans la pièce.
« Qu’est-ce que vous voulez dire ?
– Ce type était vraiment tombé amoureux d’Irène, alors il regrette d’avoir dû se tuer pour ne pas vendre la mèche. Pourtant, je suis pris au dépourvu. Je ne pensais pas qu’il avait vraiment du poison dans la bouche comme je l’ai lu sur les espions dans les romans.
– C’est vrai ? Quoi qu’il en soit, je n’aimait pas qu’il harcèlait Irène. Elle est comme une fille pour moi et il est évident qu’elle avait des sentiments pour mon fils. C’est juste que Keene est aussi dense qu’un rocher. »
Le capitaine Dela Rosa se moqua.
« En ce qui concerne les espions qui transportent du poison, c’est une pratique courante, même de nos jours. C’est l’une des raisons pour lesquelles traiter avec ce genre de personnes est la chose la plus pénible à faire pour nous, soldats.
– Mais pourquoi voudraient-ils qu’un espion aille infiltrer votre escouade ? »
demanda Odelina en se plaçant sur le côté, ce qui fit que les deux hommes la regardèrent.
« Il peut y avoir beaucoup de raisons mais cette fois, c’est sûrement à cause de Chervil. »
Mark répondit, ce qui fit hocher la tête du capitaine.
« En ce moment, les représentants du gouvernement ont perdu la plupart de leurs pouvoirs à cause de la loi martiale et de l’instabilité de leurs positions actuelles. C’est pourquoi les hauts gradés cherchent des moyens de conserver ou d’acquérir plus d’autorité, voire de soutenir des groupes militants.
En ce moment, non seulement les gens, mais aussi les infectés et les animaux sont en train de changer. Même les plantes sont affectées par le mutagène. C’est pourquoi un botaniste comme le professeur Chervil est essentiel pour l’agriculture future et d’autres domaines qui utilisent les plantes. S’ils parviennent à prendre le professeur sous leur aile, ils obtiendront le monopole dans ce domaine et renforceront leur position à Bay City. Sans compter que plusieurs plantes ont déjà montré des signes de mutation ces derniers jours.
Malheureusement, Bay City manque d’experts dans ce domaine puisqu’ils ont donné la priorité aux épidémiologistes, microbiologistes et autres scientifiques dans des domaines similaires dans l’espoir de trouver un remède et c’est la raison pour laquelle l’étude sur les plantes mutantes a été trop lente. C’est aussi probablement la raison pour laquelle celui qui est derrière Alderick l’a envoyé. »
Les propos du capitaine Dela Rosa donnaient des informations cruciales sur l’état actuel des choses à Bay City. C’était vraiment une bonne chose qu’il ait réussi à gagner les faveurs du général Perez et à obtenir l’allégeance du capitaine Dela Rosa. À l’heure actuelle, la faction la plus puissante, non seulement à Bay City mais aussi dans les autres colonies établies par le gouvernement, était l’armée. Comme ils avaient le soutien de l’armée, ils risquaient moins d’être dérangés par les autres factions.
« Qu’allez-vous faire de ce type ? »
demanda Mark en désignant le cadavre devant eux.
« Ne vous inquiétez pas pour lui. J’enverrai quelques-uns de mes hommes jeter son corps plus tard. Si mes subordonnés apprennent que ce type est un espion, ils seront ravis de le faire. Nous pouvons partir à tout moment. »
Le capitaine Dela Rosa répondit d’une voix pleine de mépris pour Alderick.
« Dans ce cas, vous pouvez partir en premier. Je veux vérifier quelque chose avec le corps. Envoyez vos hommes pour nettoyer plus tard. Nettoyez aussi le sang derrière le bâtiment de la deuxième année au cas où quelqu’un pourrait le voir demain. »
Mark dit en faisant signe de la main au capitaine Dela Rosa de partir.
« D’accord. Avant que je n’oublie, voici. »
Le capitaine Dela Rosa semblait vouloir demander ce que Mark voulait faire, mais il décida de ne pas le faire. Au lieu de cela, il tendit à Mark un petit étui métallique de la taille d’une carte à jouer et aussi épais qu’un livre de poche.
« En rassemblant de l’essence et des véhicules, mes subordonnés ont tué des centaines d’infectés mutants, mais ils n’ont trouvé que ceux-là. Bon, je m’en vais. Je suis sûr que le Keene et Irène m’attendent. »
Le capitaine Dela Rosa s’en alla sans attendre que Mark ouvre la mallette. Lorsque Mark l’ouvrit, il vit sept cailloux de la taille d’un ongle qui dégageaient une énergie étrange qui lui fit briller les yeux. Si le ratio était fixe et que deux de ces cailloux pouvaient créer un seul cristal violet pâle, alors il pourrait en créer trois avec un seul caillou en plus. Cependant, ce n’était pas le bon moment pour penser à ces cailloux.
Odelina, confuse, observait les raisons pour lesquelles son maître voulait rester, mais ne posa aucune question.
Mark, quant à lui, rangea l’étui métallique dans la poche de sa veste avant de sortir un mouchoir plié. En ouvrant le mouchoir, il découvrit un cristal de la taille d’une bille, d’un violet profond, qui émettait une faible lumière à sa surface.