Lueur dans la nuit profonde | 长夜余火
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Chapitre 32 – Critique
Chapitre 31 – Il était une fois Menu Chapitre 33 – Premier arrêt

Auteur : Cuttlefish That Loves Diving

Traduction : Moonkissed

Au cœur de la nuit, les vents étaient froids et la pluie était violente. La ville entière semblait avoir été engloutie par les ténèbres, avec seulement quelques lumières éparses.

La clameur, le bruit et toutes sortes d’odeurs disparurent rapidement, permettant à Shang Jianyao de ressentir un silence qui lui donnait l’impression d’être isolé du monde.

Alors qu’il pleuvait autour de la cabane en bois, quelques gardes municipaux patrouillaient dans les zones abritées. Les autres portaient des imperméables sombres et de grands sacs tissés qu’ils avaient préparés à l’avance, et marchaient de long en large sur la structure en bois du mur.

Sous l’éclairage des ampoules, les gouttes de pluie ressemblaient à des rangs de perles déconnectés les uns des autres. Elles étaient très denses et arrivaient en masse.

« À l’origine, il y avait deux générateurs diesel, mais l’un d’eux est tombé en panne et n’a pas pu être réparé, malgré tous nos efforts. Pour des colonies en pleine nature, le manque d’électricité n’est pas trop grave. La nourriture, les vêtements, les armes et l’eau potable sont les ressources les plus importantes », dit Bai Chen avec désinvolture.

Jiang Baimian sourit et ajouta : « Peux-tu parler plus fort ? Oui, la nourriture et l’eau potable déterminent si vous pouvez survivre. Les vêtements déterminent si vous mourrez de froid ou si vous tombez malade, tandis que les armes déterminent si les autres vous laisseront de la nourriture, des vêtements et de l’eau potable. »

Elle regarda autour d’elle et vit la pluie tomber abondamment. Elle frappa dans ses mains et dit : « Nous réparerons la jeep demain matin. Nous aurons notre premier cours d’entraînement sur le terrain ce soir. Nous devons revoir notre bataille d’aujourd’hui et résumer notre expérience et nos leçons. Chacun doit se mettre en avant et décrire ses choix et ses expériences à l’époque. Bai Chen, tu commences. »

En tant que nomade n’ayant pas rejoint Biologie Pangu depuis longtemps et n’ayant jamais participé à un entraînement de terrain sauvage comme celui-ci, Bai Chen n’avait jamais imaginé qu’il y aurait une revue après action. Elle hésita un instant, n’étant clairement pas préparée. Cependant, elle ne s’y opposa pas. Si elle avait pu errer dans la nature pendant tant d’années et continuer à bien vivre, ce n’était pas seulement grâce à l’aide qu’elle avait reçue, mais aussi parce qu’elle avait souvent réfléchi à ses erreurs.

Après avoir organisé ses paroles, elle commença à passer en revue tous les détails dont elle se souvenait depuis le moment où elle avait rencontré les Chasseurs de Ruines, qui étaient des bandits à temps partiel.

Elle fut suivie par Shang Jianyao, puis Long Yuehong et enfin Jiang Baimian.

Une fois que Jiang Baimian eut terminé, elle regarda Shang Jianyao et dit : « Ton choix de prendre l’initiative de tirer sur les deux motos était très décisif, mais aussi très imprudent. Sinon… » Elle marqua une pause et ajouta : « Sans ta chance, tu aurais eu de grandes chances de mourir. »

En disant cela, elle sourit légèrement. « Cependant, la chance est aussi considérée comme un type de force. Tu dois équilibrer les deux et faire de ton mieux pour augmenter tes chances. »

Shang Jianyao fut d’abord un peu confus, mais il hocha pensivement la tête pour indiquer qu’il approuvait les paroles de son chef d’équipe.

Long Yuehong pensait que les derniers mots de Jiang Baimian étaient une blague. Il n’y pensa pas trop et souleva ses plus grands doutes en fronçant les sourcils. « Chef d’équipe, vous venez de dire que le chef des bandits en costume exosquelette a été tué par nous parce qu’il a fait une erreur de jugement et n’a pas été assez prudent. »

« Alors comment devrions-nous traiter avec une personne portant un exosquelette qui ne fait pas d’aussi grosses erreurs ? »

Jiang Baimian regarda Long Yuehong. « Pourquoi penses-tu qu’il y a une solution ? Le fait de ne pas faire d’erreurs majeures signifie que la personne portant l’exosquelette est relativement expérimentée. Sa condition physique n’est pas non plus un problème. Lorsqu’une telle personne est associée à un exosquelette, elle devient une machine à tuer, même sur les vrais champs de bataille. Ils seront les meilleurs des meilleurs. »

« Comment pouvons-nous vaincre un tel ennemi alors que nous ne sommes pas assez nombreux et que nous n’avons pas d’armes lourdes ? Nous n’avions qu’un lance-grenades, que nous n’avons pas eu l’occasion d’utiliser. Ne penses-tu pas que tu sous-estimes un exosquelette de qualité militaire ? »

« Alors, ça ne veut pas dire… » Long Yuehong réalisa qu’il avait vraiment marché au bord de l’enfer.

Jiang Baimian regarda autour d’elle et dit : « Le meilleur moment pour affronter un tel ennemi est avant qu’il ne porte l’exosquelette. Si vous ne saisissez pas cette opportunité, fuyez avant qu’ils ne réduisent la distance. Un exosquelette militaire n’est pas beaucoup plus rapide qu’une jeep. Certains modèles sont même un peu plus lents, et leur endurance est moins bonne. »

« Malheureusement, nous avons rencontré un terrain anormal et combattu un serpent de fer du Marais Noir. Nous n’avons bénéficié d’aucun avantage. Franchement, la situation était désespérée. Il ne pouvait manifestement pas supporter de gaspiller trop d’énergie ou de détruire son butin de guerre. Il était aussi trop calculateur. C’est ce qui l’a fait hésiter. Sinon, la moitié d’entre nous serait morte lors de la première série d’attaques, voire plus. »

Le visage de Long Yuehong devint pâle en entendant cela, et il comprit mieux le danger que représentaient les Terres de Cendres. Shang Jianyao et Bai Chen écoutaient attentivement, sentant clairement que Jiang Baimian n’avait pas fini.

Jiang Baimian reconnut brièvement quelque chose. « Avant que Shang Jianyao ne tue le motocycliste et n’agite ce type, j’avais deux plans. Le premier consistait à me rendre immédiatement pour réduire la distance. J’aurais eu plus tard les moyens de contre-attaquer tant que j’entrais dans un certain rayon d’action, même si je finissais gravement blessée et incapable de bouger. »

Après avoir dit cela, elle sourit. « Le plus gros problème de ce plan est que Bai Chen et moi avons de grandes chances de survivre et de devenir des captifs. Au minimum, nous serons des captifs temporaires. Quant à vous deux… il était très probable que vous soyez tous deux directement abattus, à moins que l’un d’entre eux ne préfère les hommes. »

Les expressions de Shang Jianyao et de Long Yuehong devinrent instantanément compliquées.

En voyant leurs réactions, Jiang Baimian dit de bonne humeur : « Le second plan était d’utiliser l’attitude trop craintive de ce type pour concevoir un piège afin qu’il ne puisse pas s’esquiver à l’avance. Tant qu’il n’esquive pas à l’avance, j’ai de grandes chances de toucher ses points vitaux non protégés. »

« Quel genre de piège ? » Long Yuehong posa une question à brûle-pourpoint.

Jiang Baimian le regarda deux secondes avant de hausser les épaules. « Je n’y ai pas encore pensé. »

« … » Les muscles faciaux de Long Yuehong et de Shang Jianyao tressaillirent légèrement.

Jiang Baimian réagit immédiatement. « C’est arrivé si soudainement, alors comment aurais-je pu penser à un plan aussi rapidement ? Les choses ont également changé pendant que je réfléchissais encore. Il n’était pas nécessaire que je gaspille davantage mes facultés cérébrales ! »

Elle tourna ensuite la tête pour regarder Bai Chen, qui écoutait tranquillement. « Qu’as-tu à ajouter ? »

Bai Chen réfléchit un instant avant de dire : « La plupart des bandits dans les régions sauvages ont pour but de piller les provisions, pas de tuer des gens. S’il n’y avait vraiment pas d’autre choix, j’envisagerais d’abandonner la jeep et les provisions qu’elle contient. Par exemple, je ferai en sorte que le véhicule sans pilote se précipite dans le marais. De cette façon, je pourrais détourner leur attention. J’en profiterai pour me cacher ailleurs dans le marais. »

« Dans de nombreux endroits du Grand Marais, les humains peuvent à peine le traverser. Cependant, ceux qui portent des exosquelettes n’y parviendront pas à cause de leur poids excessif. »

Jiang Baimian hocha la tête de satisfaction après avoir entendu ça. « C’est exact. C’est la différence de perspective entre les nomades des régions sauvages et les gens des grandes factions lorsqu’il s’agit de traiter le même sujet. Avez-vous appris quelque chose ? »

Clap ! Clap ! Clap !

Shang Jianyao ne manqua pas l’occasion d’applaudir. Même Long Yuehong applaudit inconsciemment.

Qu’est-ce que je fais… Long Yuehong réagit rapidement et répondit maladroitement : « J’ai appris quelque chose, mais je dois encore le digérer et l’absorber lentement. »

Après avoir passé en revue la bataille de la journée, les quatre se divisèrent en équipes comme hier. Par équipe de deux, ils se relayèrent pour garder la zone.

Comme il venait de pleuvoir, le temps était beaucoup plus froid que la nuit précédente. Le charbon de bois fourni gratuitement par Tian Erhe était également limité. Ils sortirent du coffre d’épais manteaux de coton et s’en enveloppèrent.

La pluie tombait à verse, emportant tout dans l’obscurité. Elle ne s’arrêta que lorsque le ciel s’éclaira peu à peu.

La ville des douves disposait d’un système de drainage efficace. Il n’y avait pas d’inondation, mais le sol restait humide. Une partie du sol était même devenue boueuse.

Bai Chen but un peu d’eau et termina les biscuits compressés. Elle commença ensuite à échanger les pièces de la jeep et effectua une réparation relativement simple.

À ce moment-là, Tian Erhe s’approcha dans le brouillard matinal et demanda en souriant : « Bai, peux-tu la réparer ? Si tu peux le réparer, nous prendrons la mitrailleuse légère et la moto. »

Bai Chen ne se retourna pas et leva la main en signe d’affirmation. « Bien sûr. »

Tian Erhe appela immédiatement les gardes de la ville autour de lui. « Venez, déplacez cette mitrailleuse. Aiyah, j’ai l’impression que vous m’avez trop donné. Pourquoi ne pas vous offrir une tente ? »

« Bien sûr. » Jiang Baimian n’avait aucune objection.

Tian Erhe ne vit que la peau extérieure du Serpent de Fer du Marais Noir sur le toit de la jeep à ce moment. « Ceci… » Ses yeux s’écarquillèrent. » Vous l’avez tué ? «

Lorsque la jeep était arrivée hier, il faisait déjà sombre à cause des nuages. Ils ne virent pas clairement ce qui était attaché au sommet du véhicule et pensèrent qu’il s’agissait d’une tente noire.

Suivant le regard de Tian Erhe, les gardes de la ville environnants virent la peau de serpent qui leur imposait une pression oppressante.

« Serpent de Fer du Marais Noir… » Quelqu’un marmonna ce nom cauchemardesque.

Jiang Baimian gloussa. « Ce type était trop gros. On a seulement pu l’écorcher. »

Les habitants se turent, au point que Jiang Baimian se sentit un peu gênée. Comme elle n’avait rien à faire, elle regarda la ville – qui commençait à s’animer – et demanda : « Monsieur le Maire, pouvons-nous nous promener et jeter un coup d’œil ? »

« Soyez nos invités. Où voulez-vous aller ? Je vous y conduirai. » Tian Erhe ajusta son chapeau sur sa tête. « Pourquoi ne pas visiter la salle de classe ? Vous n’étiez pas intéressés par nos cours ? »

Sous la lumière vive du matin, les rides de son visage devenaient de plus en plus frappantes et profondes.

« Bien sûr. » Jiang Baimian se tourna vers Shang Jianyao et dit : « Suis-moi. Long Yuehong, aide Bai Chen à surveiller les alentours. »

Shang Jianyao ne refusa pas. Il suivit Jiang Baimian et Tian Erhe jusqu’aux trois bâtiments.

En chemin, ils passèrent devant un quartier résidentiel construit au hasard. Ils virent des trous dans certains murs, qui ne pouvaient être bouchés que par du bois et de l’herbe sèche. Ils virent des habitants boire une louche d’eau froide avant de se précipiter dans les champs derrière la ville. Ils viret une tente qui était devenue humide à cause de la pluie de la nuit dernière et qui semblait fuir l’eau. Ils virent des gens maigres, atteints de jaunisse et portant des vêtements en lambeaux, courir dans différentes directions.

Après avoir traversé cet endroit, ils arrivèrent sur la place du village, qui était pavée de ciment. Le mât était toujours debout, mais il n’y avait pas de drapeau.

Shang Jianyao et Jiang Baimian continuèrent à avancer avec Tian Erhe. Ils contournèrent le premier bâtiment et entrèrent dans le bâtiment de gauche. Ils montèrent ensuite au troisième étage.

D’un côté, il y avait une allée avec une balustrade, et de l’autre, une petite pièce. Elle était suffisamment lumineuse et bien ventilée.

Après avoir fait quelques pas, Tian Erhe les conduisit tous les deux dans une pièce relativement grande.

À travers la vitre claire et propre, Shang Jianyao et Jiang Baimian virent plus de vingt tables et chaises. Les allées étaient très étroites et les espaces très réduits.

En ce moment, plus de vingt enfants – tous âgés de moins de dix ans – portaient toutes sortes de vêtements sales et en lambeaux. Ils étaient assis derrière des tables et des chaises, regardaient l’estrade et écoutaient attentivement le cours du professeur.

Certains de leurs corps tremblaient légèrement, comme s’ils n’étaient pas encore habitués au froid matinal. Certains d’entre eux avaient leurs jeunes frères et sœurs suspendus à leur poitrine dans des langes. De temps en temps, ils devaient faire pression sur le bébé.

Les enfants étaient des deux sexes et avaient tous un aspect différent. Cependant, leur dos était très droit lorsqu’ils étaient assis.

Shang Jianyao jeta un coup d’œil et vit leur emploi du temps sur le mur. « Exercice du matin… Connaissances générales… Langue… Mathématiques… Histoire… »

« Ce sont les élèves de l’école secondaire », introduisit Tian Erhe à voix basse, comme s’il ne voulait pas déranger les enfants à l’intérieur.

Jiang Baimian fixa la scène pendant quelques secondes avant d’acquiescer laconiquement à ses paroles. « Allons-y. Ne les dérangeons pas. »

Après avoir fait le tour de la ville des douves avec Tian Erhe, ils retournèrent tous les deux à la cabane en bois. Bai Chen avait déjà fini de réparer la jeep.

Comme il n’y avait pas beaucoup de nourriture dans la ville des douves, ni suffisamment de viande, Jiang Baimian n’essaya pas de faire d’autres transactions. Elle dit à Tian Erhe : « Maire, nous devons partir. »

Tian Erhe hocha doucement la tête. « J’espère que nous nous reverrons. »

« Oui. » Jiang Baimian sourit et acquiesça.

« Nous le ferons », répondit Bai Chen en même temps.

Ils préparèrent rapidement leurs affaires et montèrent dans la jeep. C’est Jiang Baimian qui conduisait.

Alors que la jeep se dirigeait lentement vers la porte qui menait aux barbelés, Shang Jianyao et Long Yuehong regardèrent la zone remplie de bâtiments construits au hasard.

Les habitants étaient déjà partis aux champs ou à la chasse, ne laissant que quelques personnes à la maison. La zone apparaissait ainsi de plus en plus décrépie, avec des signes de déclin.

Dans le silence, Shang Jianyao et les autres entendirent soudain une voix jeune et régulière provenant du bâtiment situé dans les profondeurs. « Devant le lit brille le clair de Lune … ou c’est peut-être le givre sur le sol. On lève la tête et regarde luire la Lune. On baisse la tête et pense à son pays natal. (1) »

***

Note 1 : Le poème ci-dessus est tiré de « Pensée d’une nuit calme » de Li Bai.



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