Eleanor avait dit que la Divinité des Cieux n’allait pas pouvoir durer plus longtemps. Ce fut en fait pas très court.
Le dernier mouvement de la Divinité des Cieux prit près de deux jours complets pour la descente. Roland envoya la Première Armée dans la zone côtière du port Vendemer et effectua un balayage complet afin de s’assurer que l’amerrissage de l’île ne nuirait à personne.
À la nuit tombée, deux jours plus tard, le fond de l’île flottante toucha la surface de l’océan.
De loin, il semblait qu’un corps inversé et géant se tenait seul à l’horizon de l’océan, et ce fut la dernière fois que l’île flottante était entièrement exposée.
Suite à sa lente descente dans la Mer Tourbillonnante, la surface de l’eau s’éleva rapidement, faisant disparaître les côtes sablonneuses du port à une vitesse visible à l’œil nu.
Les embruns traversèrent les digues côtières et pénétrèrent dans de nombreux entrepôts du quai.
Les bateaux abandonnés qui avaient été laissés au port se balançaient violemment sous les vagues violentes et furent finalement engloutis.
Les grondements continuels produits par les vagues qui s’écrasaient sur la terre étaient si forts que même ceux qui se tenaient à quelques kilomètres de là étaient capables de les entendre.
Roland resta en sécurité sur les hauteurs et assista à tout le processus.
Après tout, un spectacle aussi impressionnant n’allait probablement plus jamais arriver.
Son seul regret était de ne pas pouvoir réciter de la poésie.
Selon l’histoire, de tels moments étaient parfaits pour réciter de la poésie. Indépendamment de ses standards poétiques, cette scène avec son arrière-plan resterait à jamais dans l’histoire.
Finalement, les rayons du soleil couchant apparurent à nouveau derrière la Divinité des Cieux, se reflétant sur l’eau claire et cristalline et produisirent une bande de lumière depuis la nouvelle terre jusqu’aux basses terres du port Vendemer, comme si les deux étaient une seule entité.
Bien que la Divinité des Cieux soit gigantesque, elle n’était rien comparée à la Mer Tourbillonnante. Au moment où l’île volante toucha le lit de l’océan et se transforma en une véritable île, la marée qui avait inondé les quais avait déjà reculé.
L’écart entre l’île et le continent formait une nouvelle voie navigable. En même temps, c’était une nouvelle escale entre Graycastle et les Fjords. À partir de là, Roland pouvait prévoir qu’elle deviendrait une île commerciale florissante.
«Je n’aurais jamais pensé que l’arme ultime des Diables deviendrait une nouvelle terre pour le royaume. » À ses côtés, Rossignol parla avec émotion.
«On dirait qu’il va falloir redessiner la carte de Graycastle. »
«Comparé à cela, je suis plus préoccupé par ce que les Diables sur l’île vont faire. » D’un autre côté, Phyllis prêtait plus d’attention aux problèmes réels.
«S’ils n’ont pas de point de ravitaillement en cours de route, il leur sera difficile de retourner sur la crête du continent. »
«Nous pouvons en parler avec eux lors de réunions. Pour cette première étape, je considère ce résultat comme passable. »
Pour une raison quelconque, Roland pensa au Monde des Rêves.
Là-bas, les Diables venaient d’une péninsule lointaine, et c’était quelque peu similaire à ce qu’il voyait devant lui.
«Quant à cette nouvelle terre, appelons-la Péninsule de Cargarde. »
…
L’assemblée suivante avec les trois chambres de commerce n’eut pas beaucoup de rebondissements.
Après avoir pris connaissance des transformations que Masque avait faites sur les corps porteurs qui donnaient la vie à tous les Diables, et que son Roi l’avait laissé agir, Hackzord était clairement distrait, laissant Serakkas agir en son nom pour répondre à quelques questions.
Roland pouvait deviner ce qu’il ressentait.
Quoi qu’il en soit, le Seigneur du Ciel ne voulait pas se brouiller avec son Roi avant d’obtenir des preuves concrètes. Mais après être tombé sur des preuves irréfutables, c’était comme s’il n’avait aucune voie de retraite.
Pour le Hackzord minutieux et prudent, cela le forçait à s’inquiéter de ses gains et pertes personnels.
Comparé à lui, Désastre Silencieux était beaucoup plus calme, comme si rien ne lui importait tant que Valkries était en sécurité.
Les plans pour les Diables restants à l’intérieur de la Divinité des Cieux furent rapidement résolus.
Il était impossible pour Roland de s’entendre sur l’établissement d’une ligne de ravitaillement à la périphérie des Quatre Royaumes, tandis que les deux Seigneurs Supérieurs ne se souciaient pas de la vie des Diables Inférieurs.
En tant que tel, les dizaines de milliers de Diables Inférieurs furent laissés à l’intérieur de la nouvelle île pour le dur labeur et la construction continue; des milliers de Diables Fous entrèrent dans un état dormant, réduisant ainsi la consommation de Brume Rouge, et attendant une opportunité appropriée pour pouvoir migrer.
L’obélisque était dans un état de délabrement irréversible, et avec le Lac de Brume Rouge ne pouvant plus fournir qu’une faible quantité de Brume Rouge, il était certain qu’il continuerait à décrépir.
Cette terre devint une île isolée pour les Diables qui dépendaient fortement de la Brume Rouge. Après avoir assisté au transfert du corps porteur, Hackzord ramena Désastre Silencieux à la Cité du Ciel pour prendre le contrôle des forces restantes.
Puisque ses actions étaient déjà connues du Roi, avoir de nombreux guerriers avec lui ne serait pas une mauvaise chose.
Roland ne demanda rien à Hackzord, qui ne voulait manifestement pas s’opposer au Roi. Après tout, s’il aidait mais qu’il tournait subitement sa veste juste avant une bataille, cela pourrait conduire à un désastre.
La dernière chose qui importait était le destin de Masque, Nassaupelle.
Cette fois, même les deux grands seigneurs arrivèrent à un accord unanime: il devait mourir.
Selon Hackzord, malgré son évolution vers un état tout-puissant, cela n’avait rien à voir avec leur race. Il avait choisi le chemin de sa seule existence, et s’il réussissait, il serait le seul de sa race, ou en d’autres termes… il se serait complètement transformé en une autre espèce.
«Le problème est qu’il peut faire migrer son esprit dans autre corps à volonté avec l’utilisation du ‘réseau’, comment pourrons-nous le détruire? » Roland posa la question cruciale.
« S’il réussit son évolution, ce sera en effet extrêmement difficile de le tuer, mais il est encore loin de cet état. » Céline transmettait les paroles d’Eleanor.
«Avant de rompre sa connexion, j’ai senti qu’il y avait des nœuds de forces radicalement différentes, et ceux qui sont comparables au nombre de la Divinité des Cieux ne sont qu’un ou deux. »
«Cette femme… L’ancienne sorcière a raison. » Après avoir été regardé par de nombreuses Sorcières du Châtiment Divin, Hackzord changea rapidement de ton.
«Après tout, Nassaupelle fait toutes ses modifications dans le dos du Roi, et il n’aura pas beaucoup d’opportunités de faire des modifications similaires à chaque corps parent dans chaque ville. De plus, les tours de naissance immobiles de la région des Pierres Noires ont toutes été détruites par le Royaume Ciel-Mer, donc il y a très peu d’endroits où il peut aller. Selon moi, il s’est rendu à la cité du Roi. »
C’est vraiment le style de Hackzord.
Roland réfléchit intérieurement. Pour détruire Nassaupelle, il fallait détruire la Cité du Roi. Et à part Nassaupelle, il y avait aussi le Roi dans cette ville.
Bien qu’il ait fait savoir qu’il ne voulait pas s’opposer au Roi, sa suggestion poussa immédiatement le Roi des Diables au centre de la cible à éliminer.
Mais ce plan rendit Roland méfiant.
Il ne voulait pas que le territoire humain tombe à nouveau dans une autre crise similaire à la chute de la Divinité des Cieux.
Attaquer l’ennemi avant qu’il ne puisse attaquer et frapper la Cité du Roi dans les Plaines Fertiles était sans aucun doute la méthode la moins risquée.
Plus important encore, le retour d’Eleanor avait grandement augmenté la faisabilité du plan.
Avec leur propre île flottante, ils pouvaient réduire le temps de vol des Chevaliers Aériens, ce qui était sans aucun doute significatif pour les bombardiers de gros calibre.
La plus grande difficulté pour le projet était la recherche de nouveaux moteurs à haut rendement. Selon les plans du bureau de conception de Graycastle, ils avaient besoin d’un délai d’environ un an pour assembler et pour tester les bombardiers.
Mais avec une piste de décollage qui pouvait se déplacer, il y avait la possibilité d’utiliser les moteurs à pistons de type 14 qu’utilisait le Phénix, ce qui permettrait aux bombardiers de gros calibre de fonctionner sur de courtes distances.
Avec cela, la création des premiers bombardiers était imminente.