Comment se peut-il… Un astrolabe?
Roland ne reprit ses esprits qu’après un certain temps.
Contrairement au noyau d’un Déchu, l’astrolabe ne se trouvait que dans les monstres de faille ou dans ces créatures magiques qui se donnaient le nom d’Émissaires et qu’aucun artiste martial ordinaire ne pouvait affronter.
Roland était persuadé que l’Association Martialiste ne pourrait vaincre un tel ennemi qu’en concentrant ses forces et en préparant un plan méticuleux, mais elle ne donnerait jamais l’astrolabe ensuite de son plein gré. L’envoi de l’astrolabe par la poste était un acte qui risquait de contaminer facilement toute personne se trouvant non loin du colis.
Mais si elle n’a pas été envoyée par l’Association, qui l’a envoyée?
Roland vérifia l’adresse et le numéro de téléphone de l’expéditeur et découvrit qu’ils étaient faux. Le seul point crédible était l’adresse postale utilisée qui indiquait qu’elle venait de la même ville. De toute évidence, l’expéditeur voulait rester anonyme.
Le fait était que les actions de l’autre partie n’étaient pas aussi brillantes. La société de livraison n’exigeait pas la véritable identité de ses clients pour réduire les coûts; autrement, il aurait été facile de suivre la livraison. Mais créer une fausse adresse dans l’espoir de se cacher? C’était une tâche presque impossible dans la société moderne, car vérifier les caméras ou demander aux employés étaient généralement des moyens de retrouver rapidement l’expéditeur.
Roland hésitait à utiliser le pouvoir de l’Association pour enquêter sur ce dernier.
À première vue, il était évident que l’expéditeur connaissait Roland et avait de bonnes intentions envers lui ; autrement, il n’aurait jamais envoyé un objet aussi problématique à l’appartement.
Quoi qu’il en soit, une personne qui l’aidait à atténuer l’érosion se tenait probablement du même côté que lui. Roland décida de ne pas s’en préoccuper en sachant que son interlocuteur ne souhaitait pas se révéler.
Roland essuya son front et décida de repousser le problème pour plus tard.
Plus important encore, il devait s’occuper de l’astrolabe devant lui.
Il reporta son attention sur la boîte.
Si l’astrolabe venait d’un monstre de faille, je pourrais directement fusionner avec et m’en débarrasser. Mais si cela venait d’un Émissaire, cela ne signifierait-il pas…
Non, comment est-ce possible? Roland ne put s’empêcher de rire. Pouvoir tuer un monstre de Faille était déjà une tâche presque impossible pour les habitants de ce monde, et ce l’était encore plus pour un Émissaire. Même Fei Yuhan n’avait pas pu lutter contre un seul, je ne devrais pas me leurrer dans un tel fantasme.
Il plaça sa main sur l’astrolabe.
L’astrolabe revint à la vie fixe alors que des taches bleues et blanches se mirent à tourner. Le centre devint de plus en plus brillant jusqu’à ce qu’un rayon de lumière resplendissant jaillisse. À ce stade, tout se passa très normalement, comme lorsqu’il avait vu les scènes.
Mais dans la seconde qui suivit, le monde plongea soudainement dans les ténèbres. Une grande présence se manifesta dans son esprit en lui apportant une douleur insupportable!
Roland faillit perdre connaissance alors que cela se produisait. Après avoir stabilisé son état mental avec beaucoup de difficulté, il attendit que la douleur se réduise. Il ouvrit les yeux et se retrouva dans le vide. Les flocons de neige étaient présents comme dans ses expériences précédentes, mais après l’avoir traversé trois fois, son esprit était capable de filtrer à travers eux sans efforts.
… Ça vient vraiment d’un Émissaire.
On dirait que je vais finalement devoir enquêter sur l’identité de cette personne.
Roland plissa les lèvres et regarda autour de lui.
La vision utilise-t-elle toujours l’univers comme toile de fond?
Roland était incertain en raison de l’espace et du vide de la vision. Comparé à ses expériences précédentes, ce voyage était évidemment plus sombre, comme si les étoiles avaient été cachées.
Après avoir passé un peu de temps, Roland trouva finalement un point lumineux à partir des flocons de neige clairsemés. La faible lumière ressemblait à une source sur le point de s’éteindre et était de la taille d’une aiguille noyée dans l’obscurité.
Suite à cela, il trouva plus de lumières.
En voyant cela, il devint encore plus incertain quant à son emplacement.
Les lumières étaient disposées de manière égale avec la même distance entre elles, ce qui était différent d’un corps céleste naturel.
«Laissez-moi vous demander : Qu’est-ce que la gravité? »
Une voix sortit soudainement de derrière lui qui fit se lever tous les poils de son dos et lui fit lever des yeux écarquillés.
Il se retourna immédiatement et remarqua une ombre grise et floue qui flottait de façon erratique, comme si elle était incorporelle.
Les mots n’avaient pas été prononcés dans une langue qu’il connaissait, il n’était même pas sûr de si c’était une langue. Bien qu’il ne comprenait pas la raison, il savait que le contenu avait été simplifié après avoir été injecté dans son esprit. C’était comme si l’ombre avait produit des ondes électromagnétiques complexes qui passaient à travers un filtre, filtrant la plus grande partie du message, ne laissant que le contenu qu’il était capable de comprendre.
«Est-ce que… vous me le demandez? » demanda Roland avec prudence.
« La gravité est la force la plus méritante de ce monde. » Une autre voix se fit entendre dans sa conscience donnant cette réponse, et cette voix lui semblait extrêmement familière.
Roland roula des yeux.
D’abord, la question soudaine l’avait effrayé, suivi par la réponse qui venait de nulle part. Roland pensa qu’il avait atterri dans un fragment de mémoire et qu’il n’était qu’un simple spectateur.
«C’est vrai, c’est une force universelle, stable, et plus elle est imposante, plus elle devient puissante…»
«Elle dilate le temps et donne une forme au néant. C’est ainsi que la vie peut prendre racine, et que la civilisation peut exister. »
La voix se raffermit progressivement en cadence, comme si elle prêchait d’une voix forte.
« Et la première force reconnue par toutes les races est la gravité. C’est un berceau et une chaîne. Dans l’histoire d’une civilisation et de son évolution, ils luttent pour être libres de la gravité. »
«Fuir le sol et voler dans un endroit lointain, n’est-ce pas? »
«Maintenant, nous avons une nouvelle barrière devant nous, notre dernière barrière. »
«Les risques sont imprévisibles, je ne suggère pas la mise en œuvre du Plan du Portail. »
«Chaque pas en avant a ses risques, tu devrais le savoir. »
« Je comprends. Ma suggestion depuis le début n’a pas changé. »
«Mais tu m’aides quand même. » La silhouette grise vacilla deux fois. «Pour compléter ce plan, j’ai attendu plusieurs millénaires, il est temps de l’activer. »
Attendez une minute, quel est ce Plan du Portail? Qu’est-ce que cela signifie pour que ce soit la dernière barrière? Roland avait l’impression qu’il lui manquait une information extrêmement cruciale. Mais peu importe s’il tentait de parler ou de transmettre ses pensées, il était incapable de recevoir des réponses. Les interlocuteurs ne répondirent jamais à ses cris.
«… Je comprends. »
«Buzz…»
À la fin de la conversation, les flocons de neige augmentèrent en quantité.
Selon son expérience des dernières visions, lorsque l’épisode était terminé, le temps s’écoulait plus vite. Mais sans aucune référence, il était incapable de porter un jugement précis.
Roland regarda les lumières converger vers le centre. Mais au lieu de voir le centre devenir plus lumineux, celui-ci devint plus sombre. Les lumières restantes volèrent vers l’obscurité comme des papillons attirés par une flamme sans s’arrêter. Roland ne savait pas combien avaient convergé dans les ténèbres, car tout ce qui s’était passé était ressenti comme un instant et en même temps, sans fin…
Finalement, comme si une limite avait été dépassée, une lumière rouge éblouissante jaillit des ténèbres et balaya le monde entier en un instant!
Elle voyageait plus vite que la vitesse de la lumière, complétant son balayage au moment où Roland réagissait, ramenant tout à son état d’origine.
Mais Roland savait que le monde était complètement différent. Un grand changement avait eu lieu!
L’ombre grise se dispersa comme une brume sous la lumière rouge.
Après cela, il y eut des morts tout autour. À chaque coin de l’obscurité, la mort et la destruction se répétaient continuellement, Roland était incapable de voir les scènes avec ses yeux, mais tout se reflétait dans son esprit: les villes brûlantes au loin, l’effondrement de l’orbite d’une planète, les poissons flottaient sur le ventre dans les ruisseaux, et les vers pourrissaient dans les grottes…
Même son corps qui flottait dans le vide commença à se détériorer.
Toute vie se désagrégeait, que ce soit les formes de vie supérieures et inférieures.
À ce moment, les flocons de neige occupèrent toute sa vision.
Peu après, la vue de sa chambre apparut à nouveau devant lui. Roland endura un fort sentiment d’inconfort et se déplaça vers la fenêtre avec les dents serrées. La chaleur du soleil de l’après-midi lui couvrit le corps, et la vue des rues débordantes de vie lui permirent de pousser un soupir de soulagement.
À ce moment, il sentit quelque chose de mouillé sur sa joue.
Il s’essuya avec un doigt et découvrit qu’il s’agissait d’une larme.