Un silence mortel emplit la salle.
Excepté Fei Yuhan, tout le monde le regardait avec des émotions mélangées. Cela surprit Roland. Sans qu’il s’en rende compte, l’Association avait déjà atteint un certain degré de compréhension envers le fait qu’il était un Créateur de ce monde et à propos de l’autre monde.
Il fallut un long moment à Rock pour dire : «Le Monde des Rêves… Son nom sous-entend que notre monde peut disparaître à tout moment, comme un rêve? »
«Non, c’est un nom auquel je me suis habitué car ce n’est qu’en dormant que je peux entrer dans ce monde», répondit Roland. « Au début, je pensais que tout n’était qu’une hallucination, comme un rêve. Mais après avoir vécu tout ici, j’ai changé d’avis à ce sujet. Vous pouvez tous supposer que mon monde est un rêve, et considérer celui-ci comme une réalité Je crois qu’une fois que mes recherches des deux côtés sur le pouvoir magique progresseront, les connexions entre les deux mondes augmenteront à un tout nouveau niveau. »
Du coin de l’œil, il vit Fei Yuhan sourire.
Il n’avait plus besoin de continuer, car tout le monde comprenait ses paroles.
La barrière entre les mondes se dissiperait lentement.
Bientôt, tout le monde pourrait voyager entre les deux mondes.
«Mais cela doit être réalisé avant que nous puissions progresser davantage. » Un vieil homme fronça les sourcils et dit: « Le problème maintenant, c’est que nous n’avons aucun moyen de vérifier vos paroles. Tout semble trop scandaleux, alors pardonnez-moi de ne pas pouvoir vous croire! »
Très vite, les gens commencèrent à faire écho à ses sentiments. «Monsieur Roland, je n’ai aucune intention de vous confronter, mais votre compréhension de la situation vient de l’Émissaire qui a trahi les Dieux. Qui sait si nous pouvons lui faire confiance ? L’accent devrait être mis sur les informations concernant l’essence des Dieux, mais il se trouve que les informations dont nous disposons ont pu être altérées parce que l’Émissaire traître avait peur de se faire prendre par les Dieux. Nous ne pouvons y croire aveuglément. »
«Découvrir le pouvoir des Dieux n’est-il pas le plus important ? Si des existences possèdent un pouvoir capable de détruire le monde, pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Qui sait, ce sont peut-être nos actes irréfléchis qui les incitent à la destruction de notre monde. »
Au moment où un doute fut émis, d’autres questions apparurent en succession rapide.
« Je pense que toute la situation est dans une impasse. Selon l’Émissaire, si nous restons là et ne faisons rien, le monde sera détruit. Mais si nous combattons les Dieux et que nous perdons, cela entraînera aussi notre destruction. Voici la question, Monsieur Roland, pensez-vous avoir une chance de vaincre les Dieux? »
« Tout a été établi par lui. Se pourrait-il que toute cette histoire ait été fabriquée par ce chasseur afin d’obtenir un statut plus élevé? Sans aucun doute, le groupe des conservateurs n’est pas sans taches non plus. »
«Qu’essayez-vous de dire? N’oubliez pas que votre célébrité est la seule chose qui vous a fait entrer dans cette assemblée! »
La discussion devenait peu à peu hostile, tandis que Roland resta silencieux et s’appuya contre le banc, une tasse de thé à la main en observant la dispute.
Il avait longtemps anticipé ce résultat.
En toute honnêteté, il aurait réagi de la même manière si quelqu’un d’autre lui avait rapporté une telle chose. Même les soupçons qu’ils avaient sur lui avaient de bonnes raisons, par exemple : la fiabilité de l’Émissaire qui avait trahi les Dieux qui ne lui avait donné que des indices plutôt que des réponses directes, ou la possibilité de changer leur destin face aux Dieux. Roland n’avait aucune réponse à ces questions, et craignait qu’il n’ait jamais les réponses même après avoir rencontré les Dieux.
C’était pour cette raison qu’il avait intentionnellement caché la nouvelle que Lan était l’Émissaire traître.
De cette façon, la dispute ne se dirigerait pas sur le maître de Garcia et celle-ci ne se retrouverait pas mêlée malgré elle à cette dispute.
Roland n’attendait pas grand-chose du résultat final de cette réunion.
Les gens comme Fei Yuhan, qui étaient fermement déterminés et faisaient tout leur possible pour prendre une décision, étaient extrêmement rares.
Il avait déjà accompli ce qu’il voulait faire: révéler la crise au Monde des Rêves.
Après avoir avalé le thé en une gorgée, Roland se retourna et était sur le point d’informer Fei Yuhan qu’il allait partir, mais vit qu’elle avait levé sa main droite.
Une lumière argentée éblouissante jaillit de ses doigts.
«Hé…»
Avant que Roland n’ait eu l’opportunité de la dissuader, la lumière coupa la table en deux!
La tasse de thé coupée en deux tomba au sol et se brisa avec un bruit cristallin.
Tous les regards se tournèrent aussitôt vers elle.
«Avez-vous tous oublié la raison pour laquelle l’Association Martialiste a été créée ? »
Sa voix n’était pas forte, mais révélait sans aucun doute son agacement.
« Pendant des siècles, les Éveillés se sont rassemblés pour résister à l’érosion, pour protéger ce monde afin qu’il ne soit pas dévoré par les Déchus! Et quelle est la réalité actuelle? Des ennemis encore plus puissants sont sortis de l’érosion, et la Cité du Prisme a été renversée en un clin d’œil. Même avec les Éveillés qui s’y trouvaient en nombre, nous n’avons même pas eu la moindre chance. Mais face à cette crise, vous discutez tous pour savoir s’il faut ou non croire en un autre monde. Ne trouvez-vous pas cela risible? »
«Mademoiselle Fei Yuhan, n’oubliez pas votre place! » Un vieil homme cria de rage.
Rock fit taire le vieil homme puis dit :«Ce n’est pas important? »
Fei Yuhan répondit sans hésitation: « Ce ne l’est pas. Je ne vois qu’un seul point important: les artistes martiaux sont incapables de vaincre les Émissaires, mais Roland le peut. S’il vous plaît, ne vous méprenez pas, son explication concernant le pouvoir magique et l’autre monde était simplement pour satisfaire votre curiosité et pas une excuse pour que quiconque d’entre vous puisse poser des questions! »
«En d’autres termes, même si Roland est un homme ordinaire et qu’il a tout inventé sur cet autre monde, aussi longtemps qu’il est capable de tuer les Émissaires que nous, les artistes martiaux, sommes impuissants, l’Association devrait faire de son mieux pour le soutenir et lui accorder une l’importance d’une personne pouvant sauver le monde. Cela devrait être l’objectif de cette rencontre… Autrement, comment pourrions-nous continuer à nous proclamer les protecteurs de ce monde? »
« Et c’est parce que les Dieux sont difficiles à vaincre que nous aurons besoin de la collaboration des deux mondes. Craindre l’avenir et renoncer à aller de l’avant est simplement une mentalité de lâche ! Même si nous savons que la défaite est ce qui nous attend, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour que notre monde ait une chance! »
«Je peux comprendre que certains d’entre vous pensent que lorsque nous disons que les artistes martiaux sont incapables de tuer un Émissaire est faux. Après tout, seuls Cléo et moi étions présents sur les lieux à ce moment-là. Si vous voulez essayer, ne vous gênez pas. » À ce moment, la lumière argentée recouvrait tout le corps de Fei Yuhan, et son ton était beaucoup plus tranchant. «Tant que quelqu’un d’entre vous est capable de me blesser au même degré en un contre un, je me rétracte. Voulez-vous essayer ? »
Son regard balaya tous les anciens, des yeux aussi durs que l’acier. Tous les anciens, qui étaient supérieurs en termes d’ancienneté, d’âge ou de position à Fei Yuhan, furent incapables de répliquer.
«Comme on pouvait s’y attendre de l’élite de la nouvelle génération …» Rock se mit à rire en frappant dans ses mains. «En effet, je ne devrais pas être trop hésitant sur les choses superflues et oublier la raison pour laquelle existe l’Association. Vous avez raison, peu importe d’où vient Roland, il n’y a aucun doute quant à sa contribution à l’Association… Que ce soit en tant que modèle comme nouvel arrivant dans l’Association ou dans sa capacité à chasser les Déchus, il est certainement un grand ajout à la reconstruction de l’Association. »
Le Défenseur les regarda, sa voix emplie de regrets. «Depuis que la Cité du Prisme est tombée, je me demandais si l’humanité pouvait continuer à survivre face à l’Érosion. Peut-être que la situation est bien pire que ce à quoi je m’attendais, mais je pense que tout le monde peut voir quel est notre objectif. Quant à l’autre monde, nous pourrons y penser une fois que nous aurons résolu cette crise. Qu’en pensez-vous ? »
«C’est… peut-être le moyen le plus approprié pour gérer le problème. »
«C’est vrai, nous devrions accorder la priorité à la défaite des ennemis issus de l’Érosion. »
«Je suis d’accord. »
Les approbations étouffèrent peu à peu les doutes.
Après tout, éliminer l’Érosion était la priorité absolue des artistes martiaux. Et pour renverser ce verdict, il faudrait d’abord affronter Fei Yuhan.
Quiconque comprenait la brutalité et le désespoir dans l’embuscade sur le pont savait clairement que ce n’était pas le choix le plus judicieux de se dresser contre elle à ce moment.
Même s’ils auraient gagné, cela ne prouverait pas qu’ils pourraient blesser un Émissaire.
Même l’aîné qui avait haussé le ton face à elle n’avait pas d’autre choix que de se taire.
Fei Yuhan relâcha sa Force de la Nature et retourna à son siège. Elle sourit à Roland. «Vous voyez, j’ai accompli ce que j’avais promis. »
Roland ne put s’empêcher de se couvrir le visage. Ses méthodes étaient trop brutales. Bien qu’elle ait pu obtenir temporairement un accord unanime, cela avait inévitablement provoqué du mécontentement. Roland savait qu’elle comprenait ce point; pourtant, elle se comportait comme si elle s’en fichait. «Pourquoi aller si loin? »
«Parce que…» Fei Yuhan regarda ses mains couvertes de bandages avec une expression triste. «C’est le seul domaine dans lequel je peux encore aider. »