«Hé, Roland. »
«Roland, qu’est-ce que vous m’entendez? »
«Mon oncle, venez la sauver, je vous en supplie! »
Deux voix retentirent tout à tour, ramenant Roland à la réalité. Il cligna des yeux à quelques reprises. Le pilier de lumière et les flocons de neige avaient disparu sans laisser de trace et la route en désordre apparut à nouveau devant lui.
Cléo et Valkries étaient dans les ruines de la route et essayaient de dégager quelque chose. D’après leurs expressions, tout n’était pas encore tout à fait terminé.
C’est vrai. Il se souvint soudainement que la personne qui l’avait appelée, l’artiste martial de génie Fei Yuhan, aurait dû être présente. Où était-elle?
Se pouvait-il que celle dont parlait Cléo soit…
L’expression de Roland redevint normale.
À ce moment, ses pensées étaient enfin de retour sur le moment présent.
Il cessa de penser à sa vision et se précipita vers les deux femmes. La vue devant lui le choqua!
Dans une fosse peu profonde se trouvait Fei Yuhan, gravement mutilée. Mis à part son bras gauche, tous ses autres membres étaient complètement pulvérisés au point que ses os sortaient de sa chair. Son corps était couvert de blessures, ses vêtements complètement trempés de sang, et la moitié de sa colonne vertébrale était tordue et perçait sa peau.
C’était un spectacle que personne ne voudrait jamais voir, même sur un champ de bataille.
Et de ce qui restait de son visage, Roland la reconnut comme étant Fei Yuhan.
Elle était toujours en vie, à peine.
«Comment est-ce que…? »
Roland s’agenouilla, complètement perdu. Cléo lui demandait de la sauver… Mais comment? Même avec des bandages, il était impossible de replacer ses organes internes à leur place et encore moins d’espérer arrêter le saignement. Il n’y avait aucun endroit indemne sur tout son corps. Ses fonctions corporelles avaient complètement cessé de fonctionner et elle comptait uniquement sur la Force de la Nature pour rester consciente.
Mais le peu de pouvoir qui lui restait était comme le dernier morceau de cire d’une bougie; elle était complètement épuisée.
En fait, être capable de rester consciente dans une telle situation nécessitait une volonté extrêmement puissante. Même parmi les artistes martiaux, très peu auraient été capables d’y parvenir.
«Mon Maître est devenu ainsi parce qu’elle m’a protégé…», sanglota Cléo.
«Elle est sur le point de mourir. », continua Valkries. «Même un Grand Seigneur avec de telles blessures ne pourrait que retarder l’inévitable dans le Bassin à Brume Rouge. De plus, le niveau des traitements médicaux ici n’est même pas comparable à celui du Bassin à Brume Rouge. Elle est toujours vivante uniquement parce qu’elle est une vraie guerrière. »
«Vous… êtes enfin… ici. » Fei Yuhan semblait les avoir entendues et ouvrit lentement les yeux. «Dois-je vous appeler… Maître Créateur? »
Son ton était humoristique, et l’expression qu’elle avait donnait l’impression qu’elle n’était pas dans une situation périlleuse.
Roland parut stupéfait. «Vous…»
«Je suis désolé… J’ai écouté vos conversations. » Elle fit un clin d’œil à Valkries. La seule action qu’elle était encore capable de faire. «Mais si je pouvais tout recommencer, je le ferais encore… Cléo… Est-ce qu’elle va bien? »
Ces quelques phrases semblaient lui faire mal. Sa voix était si basse qu’ils devaient retenir leur souffle et se rapprocher d’elle pour écouter ses paroles.
«Maître, je… je vais bien…» gémit Cléo.
«Ce monde… va bien, n’est-ce pas? » Fei Yuhan soupira. «D’une certaine manière, je peux considérer cela comme étant ma responsabilité de le protéger. »
«Vous savez donc que ce monde est un Monde de Rêve», répondit Valkries.
«Peut-être que pour vous, il y a beaucoup de mondes. Mais à mes yeux… c’est le seul. Et c’est le devoir d’un artiste martial de protéger ce monde. » Elle marqua une pause puis continua. «Permettez-moi de dire ceci… Maître Créateur, puisque vous avez créé ce monde, vous devriez avoir confiance en tous ses habitants, n’est-ce pas? »
«Avoir confiance… en tous ses habitants? »
«Je sais que ça va paraître… ridicule, mais tant que vous apportez des preuves, les hauts dirigeants de l’Association… ne sont pas aussi obstinés que vous le pensez. Nous ne sommes pas complètement inutiles… Même si nous ne pouvons pas vaincre les Émissaires, au moins, nous pouvons au moins alléger votre fardeau. Cela vous aidera sûrement… à sauver notre monde. »
Alléger son fardeau.…
Une idée vint dans la tête du Roi.
C’est vrai, il était le Créateur de ce monde. Cependant il n’était pas un Dieu omnipotent. Il ne pouvait pas faire certaines choses. Mais toute ses failles pourrait être comblée par les habitants de ce monde. Si tout le monde travaillait ensemble, qui sait quel miracle ils pouvons accomplir.
«La dernière chose que je veux dire est… merci. »La voix de Fei Yuhan vacillait. «Merci d’avoir créé ce monde, même si ce n’est qu’un rêve pour vous…»
«Non, ce n’est pas un Monde de Rêve ». Roland l’interrompit: «C’est un monde qui existe dans le Domaine de l’Esprit et qui continuera d’exister. »
«Je savais… que vous diriez cela. » Fei Yuhan ferma les yeux et poussa un sourire satisfait.
« De plus, même si je suis capable de produire des preuves, cela ne suffira pas à convaincre le monde que je suis un dieu ou un créateur. Mais si l’Artiste Martial de génie se tient à mes côtés, peut-être que l’effet sera différent. »
Elle bougea faiblement les lèvres. « Êtes-vous… en train de me vouloir me rassurer? »
«Je ne cherche pas à vous rassurer, j’affirme un fait en tant que Créateur. » Roland se leva puis continua. « Écoutez bien, ce n’est pas le moment pour vous d’abandonner! Puisque vous avez parlé de confiance, faites-moi confiance, ce n’est pas une situation irréversible! »
«Parce que je suis un Créateur…»
Se déconnectant du Monde des Rêves, Roland se redressa brusquement.
Il était midi alors que des flocons de neige flottaient doucement par la fenêtre. «Pourquoi vous êtes-vous réveillé si tôt? » demanda Rossignol calmement
C’était la première fois qu’il entrait dans le Monde des Rêves deux jours après avoir perdu connaissance. Normalement, il dormait de une heure à quatre heures de l’après-midi, mais il était clair qu’il s’était réveillé en avance.
«Détendez-vous, je vais bien. » répondit Roland: «Demandez à Sophia et Honey de venir au château immédiatement, j’ai une tâche importante pour eux. »
Rossignol inspecta attentivement sa température et son pouls. Après avoir vérifié qu’il allait bien, elle hocha la tête. «Ce sera fait. »
Après l’avoir vue disparaître dans la brume, Roland retourna à son bureau, sortit un stylo et du papier et commença à écrire.
Il aurait besoin du pouvoir combiné des deux mondes pour sauver Fei Yuhan.
En quittant le Monde des Rêves, le temps s’arrêtait, ce qui était sans aucun doute ce qui leur donnerait le plus de chances de la sauver. Tant qu’il n’entrait pas dans le Monde des Rêves, elle ne pousserait pas son dernier souffle.
Le moyen de la sauver reposait principalement sur la nouvelle capacité de Naela. Sa capacité à enchanter des objets afin qu’ils soignent graduellement des blessures. Tant qu’ils en avaient assez, ils pourraient réprimer l’effondrement de son corps.
Ils auraient aussi besoin du territoire de Sophia. Roland lui-même ne pouvait pas transférer d’objets dans le Monde des Rêves mais les archives de Sophia étaient capables de le faire. Considérant que les capacités des sorcières s’étendaient au Monde des Rêves, les objets magiques de Naela devraient également fonctionner.
Bien sûr, ces deux facteurs n’étaient pas suffisants.
Premièrement, ils devaient transporter les objets magiques des archives à la route le plus rapidement possible.
Ensuite, la gaze qui contenait de la magie ne pourrait que stabiliser l’état de Fei Yuhan, mais ses membres brisés nécessiteraient un traitement professionnel, ils auraient donc besoin de l’aide d’un chirurgien du Monde des Rêves.
Ce n’est qu’en rassemblant la force des deux mondes qu’ils pourraient créer un miracle.