Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 1199 : Un royaume en émoi
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– « Quel temps de chien! » Marmonna le Baron Jean Bate en regardant par la fenêtre. « Il pleut encore! »

En effet, il pleuvait beaucoup sur la Baie des Sédiments, surtout l’été et en automne où parfois, alors que rien ne le laissait présager, survenaient des tempêtes. La ville était donc équipée d’un système de drainage particulièrement développé de manière à ce que la pluie n’affecte pas le transport des marchandises, contrairement au Château de la Dent Brisée ou à la Cité de la Pierre Grise où les routes étaient impraticables par mauvais temps.

Si Jean était aussi préoccupé, c’était plus à son propre sujet qu’en raison du temps et une fois l’averse passé et le ciel redevenu clair, il resterait sombre.

– « Avez-vous réfléchi, Monsieur, au moyen de répliquer ? » Demanda prudemment Zum, son secrétaire.

– « Répliquer ? Comment réagiriez-vous si vous aviez à choisir entre la potence et le bûcher ? »

– « Heu… »

– « Si vous n’avez rien à proposer vous non plus, faisons-les attendre. »

– « Mais… »

Zum s’efforçait de trouver quelque chose d’approprié à répondre.

Jean Bate savait pertinemment que gagner du temps n’était qu’une solution temporaire, un peu comme la tempête : que les marchands le veuillent ou non, elle finirait par arriver. Bon gré mal gré, il allait devoir résoudre ce problème.

Tout avait commencé avec la guerre contre l’Église.

La capitale étant tombée, des dizaines de Seigneurs avaient surgi tout à coup, clamant haut et fort qu’ils étaient des enfants illégitimes du Roi de Wolfheart et formant des clans et des factions en vue de s’accaparer le trône. À l’issue de nombreuses et furieuses batailles, le royaume s’était retrouvé divisé en trois, la famille Token régnant sur le territoire du Nord-Ouest, la famille Porte de Pierre Rouge sur le sud et la famille Tusk sur la région montagneuse à l’Est.

Les Token étant relativement éloignés de la baie, ils ne dérangeaient jamais le Baron. Mais il n’en allait pas de même des autres familles qui faisaient tout leur possible pour le rallier à leur cause afin d’étendre leur territoire.

Durant la guerre, Jean était toujours resté neutre et son désintérêt pour les gains politiques avait rapidement apporté à la ville des bénéfices conséquents. Les deux ducs ayant besoin du port pour transporter de la nourriture et de l’argent, et étant, d’un autre côté, occupés à conquérir les villes et village environnants, ils n’avaient pas encore étendu leur pouvoir sur la Baie des Sédiments.

Cependant, à mesure qu’elles s’étendaient, les familles Tusk et Porte de Pierre Rouge devenant les candidats les plus compétitifs quant au trône, elles lorgnaient à présent sur la Baie des Sédiments, domaine du Baron. Et ce d’autant que les Token avaient désormais la mainmise sur le Mont Cage.

Jean savait exactement ce qu’ils visaient : s’emparer de la baie et interdire les échanges commerciaux de leurs adversaires afin de prendre le dessus. À cette fin, les deux Ducs avaient envoyé leurs ambassadeurs accompagnés de dizaines de chevaliers et de mercenaires dans une tentative évidente de faire pression sur lui.

Le port n’était gardé que par une troupe de patrouilleurs et quelques hommes de la garde personnelle du Baron, capables de faire face à des pirates mais certainement pas à des chevaliers armés jusqu’aux dents. Jean Bate, qui n’avait aucunement l’intention de résister, était prêt à prêter allégeance à quiconque monterait sur le trône, qu’il soit de sang royal ou non.

Malheureusement, les familles Porte de Pierre Rouge et Tusk étaient aussi puissantes l’une que l’autre.

Dans de telles circonstances, il ne pouvait pas conclure d’alliance car quel que soit le camp qu’il choisirait, il subirait des représailles de la part de l’adversaire.

Quel que soit le camp qu’il choisissait, il subirait une vengeance virulente de la part de l’autre partie. En perdant ce droit au commerce, le perdant serait contraint de pourvoir à ses propres besoins en nourriture et autres fournitures militaires tandis que le gagnant disposerait d’un approvisionnement permanent. Aucune des deux familles ne souhaitant se mettre dans une telle situation, la guerre était inévitable.

Comme il n’y avait ni fortifications ni douves pour protéger la ville, Jean allait pourtant devoir choisir un camp pour se défendre contre l’invasion.

Restait à savoir si les deux familles étaient prêtes à le soutenir.

Le Baron n’osait prendre le risque.

Malins comme l’étaient les deux Ducs, qui se souciaient uniquement des terres et non du peuple, ils sacrifieraient certainement les sujets de la Baie des Sédiments afin de minimiser le nombre de victimes parmi leurs chevaliers, puis, une fois l’ennemi entré dans la ville, couperaient tout moyen de battre en retraite.

Peut-être était-il préférable, finalement, d’abandonner la ville aux deux familles… ce qui revenait, ainsi que Jean venait de le dire, à choisir entre la potence et le bûcher.

Il avait donc envoyé les deux délégations d’émissaires au même camp dans l’espoir que leur acrimonie mutuelle lui ferait gagner du temps pour réfléchir à la question. Il espérait que les deux camps se livreraient à une altercation physique et pour les inciter à se battre, il leur avait même envoyé des femmes et de l’alcool fort. Mais mis à part un furieux échange verbal, aucun d’entre eux n’en vint aux armes.

La pluie, finalement, se mit à tomber, enveloppant les jardins du Baron d’un rideau de brume qui flottait entre ciel et terre.

Silencieux, Jean regardait les fleurs se balancer doucement sous l’averse. Il n’était certainement pas avisé de jouer sur le facteur temps, mais il n’avait aucun autre moyen de sortir de ce dilemme. Son grand-père lui avait toujours dit que les nobles avaient tendance à osciller entre intérêts et pouvoir, et qu’il ne serait jamais perdant s’il savait profiter de leur indécision… Peut-être il était temps pour lui d’arrêter de jouer, de réfléchir plus sérieusement et stratégiquement.

Il en était là de ses réflexions lorsqu’un bruit de pas l’interrompit :

– « Mau…mauvaise nouvelle, Monsieur! »

– « Calmez-vous! Quel est le problème ? » Demanda Jean Bate en se tournant vers le garde. « Qu’est-il arrivé ? »

Il avait les yeux rivés sur les lèvres tremblantes de l’homme, espérant entendre quelque chose comme “chevaliers” ou “campement”, ce qui lui laisserait espérer une lutte entre les deux familles.

– « La flotte du roi, le roi de Graycastle a pris le port. Non seulement ils contrôlent les quais, mais ils ont interdit à quiconque de s’approcher de cette zone! »

Jean Bate, qui ne s’y attendait vraiment pas, demeura figé sur place.

– « Qu’avez-vous dit ? Gray… Graycastle ? » Balbutia-t-il. « Sont-ils venus vendre quelque chose ? Mais… une minute! Vous avez bien dit qu’ils avaient fermé les quais ? »

– « Oui! » S’écria le garde, complètement paniqué. « Ils ont chassé les bateaux amarrés au ponton afin que les leurs puissent accoster. Ils prétendent que ce n’est que pour un temps et nous assurent que l’ordre sera bientôt établi. Les patrouilleurs ont bien tenté de les arrêter, mais ils ont aussitôt été désarmés. D’après eux, il y aurait des centaines de navires de Graycastle à l’extérieur du port! »

– « Êtes-vous certain qu’il s’agit bien de la Flotte du roi de Graycastle et non de celle d’un quelconque Seigneur ? »

– « Oui, je les ai vus à travers ma lunette d’observation », répondit péniblement le garde. « Je puis vous assurer que les armoiries figurant sur les drapeaux, qui représentent une tour et des lances, sont bien celles de Graycastle. »

Dieu du ciel, Graycastle avait-il l’intention d’envahir le Royaume de Wolfheart ?

Pourquoi Wimbledon avait-il décidé de s’en prendre à lui et non au pays voisin ?

Même si le Roi de Graycastle voulait étendre son territoire, était-il vraiment nécessaire d’attaquer par la mer ? La famille Token pourrait-elle résister à cette armée qui avait autrefois vaincu l’Église ?

Non, cela n’avait pas de sens…

Durant un moment, les pensées s’entremêlèrent dans l’esprit du Baron qui ne voyait pas d’issue.

C’est alors que Zum s’approcha et lui chuchota quelque chose à l’oreille.

Le regard de Jean s’éclaira brusquement : c’était exactement l’opportunité qu’il attendait!

L’armée de Graycastle avait certainement le pouvoir de le sortir de l’impasse où il se trouvait, pris entre ces deux familles en guerre. Si cette flotte était là pour étendre le territoire du Roi, même réputée invincible, elle aurait besoin de l’aide de nobles locaux. Il leur suffirait de quelques conseils pour conquérir le pays entier. Jean n’avait de préférence pour aucun de ces Seigneurs et le Roi de Graycastle pouvait lui offrir bien plus. S’il faisait serment d’allégeance, peut-être, dans un avenir proche, deviendrait-il gouverneur d’une juridiction!

Et quand bien même Wimbledon échouerait dans sa tentative, le Baron n’aurait rien perdu.

Soudain, un autre garde fit irruption dans la pièce :

– « Monsieur, un ambassadeur demande à vous voir au nom du Roi Roland Wimbledon. »

Jean Bate et son greffier échangèrent un regard :

– « Il est notre invité », répondit-il. « Faites savoir à cet ambassadeur que je vais le recevoir. »

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