Auteur : Brother Ling

Traductrice : Moonkissed

Quand elle rentrait le soir à la villa, Qiao Nian devait encore veiller tard pour revoir à plusieurs reprises les vidéos expérimentales enregistrées durant la journée. Elle devait ensuite utiliser le laboratoire de simulation que Ye Wangchuan avait préparé pour elle afin de les reproduire elle-même.

Qiao Nian était incroyablement occupée et n’avait presque plus de temps pour autre chose.

Sous le même toit, Qin Si, lui, était beaucoup trop libre.

Depuis le retour de Gu San de Pékin, il n’avait plus besoin de s’occuper des mille et une petites choses de la villa. La qualité de la nourriture était passée de l’état misérable qu’elle connaissait quand Gu San n’était pas là, à des repas composés de poisson, de viande et de diverses délicatesses.

Il avait désormais plus de deux choix pour le petit-déjeuner. Il n’avait plus à se contenter d’une tranche de pain avalée à la hâte chaque matin pour remplir son estomac.

Ces satisfactions matérielles bien réelles laissaient pourtant Qin Si le cœur vide depuis quelques jours. Qiao Nian était tellement absorbée qu’elle n’avait plus le temps de jouer avec lui.

Ye Wangchuan ne jouait pas avec lui non plus.

Seul Gu San acceptait de faire quelques parties de temps en temps, quand il était libre.

—

Ce jour-là.

Comme à son habitude, Qin Si était affalé sur le canapé. Il attrapa son téléphone et lança un appel dans le groupe, prêt à recruter du monde pour jouer.

Il venait à peine d’entrer dans l’interface du jeu que Zhang Yang prit la parole sur le tchat vocal :
« Jeune Maître Qin, est-ce que Mademoiselle Qiao est toujours chez ses proches à la ville de Rao ? »

« Hein ? » Qin Si occupait paresseusement tout le grand canapé. Les jambes étendues sur la table basse, il avait l’air négligent.
« Ah, oui, elle est encore à la ville de Rao. Pourquoi ? »

Zhang Yang semblait vouloir dire quelque chose mais hésitait.
« J’ai entendu dire… »

« Si tu as quelque chose à dire, dis-le clairement. Arrête de tourner autour du pot comme une gonzesse. » Qin Si, impatient, laissa transparaître son mécontentement face à ses hésitations.

« Ce n’est pas que je ne veuille pas le dire, c’est surtout que je n’ai entendu qu’une rumeur et je n’ai pas pu la confirmer, » expliqua Zhang Yang à la hâte en voyant qu’il s’agaçait.

Il n’osa plus traîner et lâcha enfin :
« J’ai entendu dire qu’Oncle Jiang a failli avoir un accident de voiture hier. »

Qin Si avait déjà recruté assez de joueurs et le système lançait la recherche de partie.

À ces mots, ses mains se figèrent. Son expression devint sérieuse d’un coup. Il se redressa, le visage changé :
« Tu as entendu ça de qui ?! L’Oncle Jiang dont tu parles, c’est bien… »

La famille Jiang avait deux fils.

L’un était Jiang Zongjin, l’autre Jiang Zongnan.

Il ne savait pas encore de qui il était question.

« … Je parle du père de Mademoiselle Qiao, l’Oncle Jiang, » précisa vaguement Zhang Yang. « J’ai entendu ça d’un parent éloigné de ma mère qui est policier dans la circulation. Il a dit avoir été affecté pour rédiger le rapport. Mais je ne connais pas les détails.

J’ai essayé de me renseigner ensuite, mais l’affaire était tellement couverte que je n’ai rien pu apprendre de plus. »

Zhang Yang était malin.

Si ce n’était qu’un simple ragot venant de son parent, il aurait pu en tirer plus d’informations.

Le fait que tout soit si soigneusement dissimulé prouvait justement qu’il y avait probablement du vrai.

C’est seulement alors qu’il en parla.

« Jeune Maître Qin, tu sais combien de temps Mademoiselle Qiao doit rester chez ses proches à la ville de Rao ? Quand est-ce qu’elle revient ? » demanda encore Zhang Yang.

« Je n’en sais rien. » Qin Si n’avait plus la tête à lui répondre. « Je ne te parle plus, je file. »

Il quitta le jeu et se leva précipitamment, décidé à prévenir Ye Wangchuan de l’accident de Jiang Zongjin.

Mais à peine eut-il atteint la porte que Ye Wangchuan et Gu San rentraient ensemble.

« Maître Wang, j’ai quelque chose à te dire. » Qin Si se précipita vers lui, prêt à tout raconter.

Sauf qu’avant qu’il n’ait pu ouvrir la bouche…

Ye Wangchuan traversa directement le salon et ordonna à Gu San :
« Rappelle Mo Dong et Mo Xi. »