Auteur : Brother Ling

Traductrice : Moonkissed

« Le petit-déjeuner ne prendra pas trop de temps… » Voyant qu’elle n’avait vraiment pas envie de manger, Gu San s’arrêta une seconde, puis se tourna vers l’homme qui venait également de se lever. « Maître Wang, Mlle Qiao veut se rendre sur le lieu de la compétition plus tôt. »

Ye Wangchuan leva les yeux vers la jeune fille avec un regard profond.

« Tu ne veux pas de petit déjeuner ? »

« … »

Qiao Nian était bloquée par son regard. Ces derniers temps, elle avait l’illusion d’être observée par lui, et elle n’arrivait pas à avoir l’esprit tranquille. Elle n’était même pas en train d’étudier le contenu des livres de médecine que lisait la voix féminine dans l’écouteur, tandis qu’elle descendait les escaliers, l’autre écouteur à la main. Ses doigts étaient clairs, osseux et aussi beaux qu’une œuvre d’art.

Qiao Nian resta silencieuse un moment. Voyant que le regard de quelqu’un était toujours posé sur elle, elle releva la tête, impuissante, et le regarda de ses yeux sombres. « Ce n’est pas que je ne veuille pas manger. »

« Je suis pressée. »

Elle n’aimait pas s’expliquer. Expliquer, c’était toujours gênant. « Je n’ai pas fini de lire les sept livres que M. Huang m’a envoyés. Il ne me manque qu’une dizaine de pages. C’est pourquoi je veux y aller plus tôt et finir de lire le reste au stade. »

« Je ne peux pas dire que je ne serai pas à la dernière place et revenir avec l’avant-dernière place, n’est-ce pas ? » Qiao Nian détourna la tête. Ses sourcils étaient très fermes. Les traits de son visage étaient exquis, mais ils n’affectaient pas le sentiment héroïque et vaillant qu’elle dégageait. Une grande partie de ce sentiment était dû au fait que ses contours étaient lisses. Comparé à la douceur de Qiao Chen, qui était évidemment mesquine, les yeux de Qiao Nian dégageaient de la froideur et de l’acuité. C’est aussi pour cette raison qu’autrefois, lorsque Shen Qiongzhi était en colère, elle aimait la réprimander parce qu’elle la regardait toujours avec un visage rigide, presque comme un louveteau.

En fait, ce n’était pas ça. Qiao Nian était juste un peu indifférente parce que ses yeux étaient sombres et froids quand elle regardait les gens.

Cependant, Ye Wangchuan ne se souciait pas de la froideur qui recouvrait son apparence. Chaque fois qu’il la voyait, il pouvait voir la douceur cachée au fond de ses yeux.

Il prit les clés de sa voiture et dit : « Je vais t’y conduire. »

Qiao Nian vit qu’il venait de se lever. Son pull-over fin était vaguement drapé sur son corps, révélant une partie de ses clavicules. Ses cheveux n’étaient pas peignés non plus, et la frange qui reposait sur son front était enroulée. Il avait l’air paresseux et décontracté. Elle haussa les sourcils et dit : « Je peux me débrouiller toute seule. Si tu veux venir, tu peux toujours le faire après avoir mangé. »

Ye Wangchuan fourra ses mains dans ses poches et plissa les yeux. Il s’approcha d’elle d’un pas décontracté et dit : « Je n’ai pas l’habitude de laisser ma petite amie héler un taxi. Allons-y. Il y a un marchand de brioches tout près qui vend de très bonnes brioches. Autrefois, je passais devant cet endroit tous les matins quand j’étais au collège. Il est encore ouvert aujourd’hui. Je t’en achèterai un quand je passerai plus tard. Mange-le dans la voiture. Tu ne perdras pas de temps. »

« Alors, tu as l’habitude d’offrir des brioches à ta petite amie ? » Qiao Nian leva le menton et révéla son beau visage sous le bord de son chapeau. Ses yeux étaient vifs, mais les coins de ses lèvres étaient retroussés. Elle était clairement de bonne humeur et plaisantait avec lui.

Maître Wang lui offrait un petit pain. Tsk, il était très frais.

Elle pensait qu’avec son statut, il devait être une personne d’un autre monde depuis son plus jeune âge. Elle ne s’attendait pas à ce que son expérience de croissance ressemble à celle d’une personne ordinaire.

Ye Wangchuan regarda les lèvres humides de la jeune fille, et son regard se figea pendant une seconde. Il lui pinça les doigts et détourna le regard en fredonnant paresseusement et en flirtant. « Je n’ai pas le choix. Ma petite amie n’est pas difficile. C’est facile de s’occuper d’elle. »

Les doigts de Qiao Nian lui démangeaient à nouveau. Elle plissa ses yeux sombres et profonds, détourna le regard et acquiesça tacitement. « …Elle n’est pas aussi facile à élever que tu le penses. C’est assez coûteux. »