Les Chroniques d'un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 18 – Des cheveux en abondance
Chapitre 17 – Des cheveux Menu Chapitre 19 – Une grande jarre en porcelaine

Quelques mèches de cheveux dans une tombe sous-marine et qui bougeaient encore ? La plupart des gens auraient aussitôt pensé à un fantôme. Heureusement qu’il y avait entre nous cette dalle de pierre car si jamais il en avait un, il ne pourrait pas passer.

Le gros ne semblait pas vouloir abandonner. N’ayant pu attraper les mèches de cheveux, il pointa sa lampe dans l’interstice pour tenter de voir ce qu’il y avait derrière. Comme je n’étais pas aussi courageux que lui – j’avais vu suffisamment de films d’horreur impliquant des cheveux – je m’éloignai de la dalle tout en gardant un œil sur lui.

On aurait dit qu’il avait bien vu quelque chose car il se pencha pour y regarder de près. Puis, confus, il marqua une pause, se reprit et se pencha à nouveau. Cette fois, sa réaction fut beaucoup plus vive : il recula, nagea sur plusieurs mètres comme pour échapper à un danger, puis se retourna vers nous en serrant désespérément le poing. Je crus d’abord qu’il allait me frapper avant de me rappeler ce que cela signifiait. Merde ! Me dis-je, C’est le signe du sauve-qui-peut !

Mais rien, apparemment, ne se produisit. Par réflexe, je regardai en arrière et vis que la dalle de pierre qui bloquait notre chemin se soulevait, cédant passage à une masse noire. Je reculai aussitôt, pensant avoir affaire à une sorte d’eau empoisonnée, mais en y prêtant plus d’attention, je sentis ma mâchoire se crisper d’effroi. Cette masse noire était en fait des cheveux humains !

Gros-lard, qui nous trouvait très lents à réagir, nagea vers nous pour nous secouer. Retrouvant alors nos esprits, nous nous mîmes à nager pour sauver notre peau. Mais comme nous étions sous l’eau, plus nous étions nerveux, plus nous consommions d’énergie et moins nous progressions. J’étais si paniqué que je n’arrivais pas à synchroniser mes mouvements, aussi me contentai-je de suivre la méthode du gros et d’utiliser le mur comme tremplin. Même si ce n’était pas très élégant, c’était beaucoup plus rapide et je trouvais plaisant d’avoir quelque chose de solide sous mes pieds.

Nous fîmes cela une vingtaine de fois avant d’arriver au premier tournant du passage. Gros-lard nous attrapa et nous pressa de nous cacher derrière le coin afin d’évaluer la situation.

Haletants, nous nous retournâmes précipitamment. Mon Dieu ! Le passage y était rempli de cheveux qui se déplaçaient en un enchevêtrement sombre et massif. Je sentis ma gorge se serrer. Depuis combien d’années poussaient-ils pour être aussi longs?! Le gros prit le fusil à harpon, visa le centre de la masse et tira. Sans doute pensait-il que le projectile la transpercerait, mais lorsqu’il la vit voler sur six ou sept mètres avant de ralentir et de s’emmêler, son visage pâlit.

Mais le harpon n’avait pas été totalement inutile. Les cheveux, qui semblaient réagir, reculèrent avant de surgir à nouveau et de s’agiter.  On  aurait dit que quelque chose allait en sortir. Gros-lard, toujours en alerte, chargea un autre harpon. Il s’apprêtait à tirer une seconde fois lorsque les cheveux parurent se rétracter puis revinrent, laissant apparaître le cadavre d’un homme.

Celui-ci portant une combinaison de plongée identique à la nôtre, je me dis qu’il s’agissait peut-être d’un de nos trois disparus. Jetant un coup d’œil furtif, je constatai que son nez et sa bouche étaient pleins de cheveux et qu’il en sortait aussi de ses deux globes oculaires. De toute évidence, il était mort étouffé et le spectacle qu’il nous offrait avec son corps gonflé par l’eau était affreux.

Je sentis des fourmillements dans mon cuir chevelu. Ces cheveux étaient manifestement très étranges et je devais m’en éloigner au plus vite. Je fis un mouvement pour tirer le gros, mais en levant les yeux, je constatai qu’il avait disparu. Choqué, je regardai autour de moi et l’aperçus, au loin, qui agitait son poing vers nous.

Je croyais rêver: comment oses-tu filer vers un endroit sûr et nous en avertir ensuite ! Je fis aussitôt signe à Zhang le Chauve et à A Ning de me suivre, et me lançai à sa poursuite. Comme il continuait à se plaindre de notre lenteur à réagir, je lui flanquai mon pied au cul. N’appréciant guère le traitement que je lui infligeais, il voulut se battre avec moi, mais A Ning s’interposa, montrant du doigt le passage derrière nous. Je compris alors que le plus urgent, pour l’heure, était de fuir mais une fois tirés d’affaire, je ne manquerais pas de régler les choses avec lui.

Au même moment, le capteur d’oxygène dans ma main se mit à vibrer. Je baissai les yeux et constatai que les choses n’allaient pas pour le mieux. Cela faisait presque une demi-heure que nous étions descendus et notre respiration était trop rapide. Nous avions consommé plusieurs fois la quantité d’oxygène normalement prévue. Je calculai le temps qui nous restait et compris que nous étions en mauvaise posture.  Si nous ne progressions pas, nous allions devoir repartir par où nous étions venus, faute de quoi nous serions tous à court d’oxygène. Mais je ne voulais pas partir comme ça, sans avoir seulement trouvé la chambre auriculaire dont avait parlé Oncle San.

Brusquement, Zhang le Chauve, qui couvrait l’arrière, attrapa, tel un crabe, nos ceintures et se précipita vers l’avant. Alors qu’il rattrapait le gros et l’agrippait pour l’arrêter, je remarquai que ses yeux sortaient pratiquement de leur orbite. Cet homme en sait plus que moi sur la structure des tombes anciennes, me dis-je, aurait-il trouvé un indice ?

Comme on pouvait s’y attendre, il nous fit signe de le suivre. Gros-lard protesta aussitôt mais il s’était si mal comporté que nous l’ignorâmes. N’ayant pas d’autre choix, il se mit dans le rang derrière nous.

Zhang revint quelques mètres en arrière et nous montra un mur de la tombe quelque peu enfoncé. Le gros l’ayant utilisé comme tremplin à l’instant, il commençait un peu à s’effondrer.

Je fus fou de joie en le voyant. Après l’avoir observé de long en large, j’eus la certitude qu’il marquait la fin d’un long passage. Le mécanisme dont avait parlé mon oncle était probablement là et sitôt qu’on le déclenchait, l’eau, telle un tsunami, traversait le mur. Oncle San portant un casque, tout s’était bien passé pour lui. Mais nous, nous ne portions que des lunettes de plongée. Une fois pris dans le tourbillon, nous n’aurions aucune garantie de ne pas nous fracasser la tête contre le mur du tombeau.

Je regardai en arrière et, voyant que les cheveux ne nous avaient pas encore rattrapés, je décidai de prévenir d’abord les autres. Mais au même moment, Zhang, ignorant le danger, appuya sur une partie du mur. Je n’eus même pas le temps de réagir qu’un tas de bulles jaillit brusquement.

Je compris alors que nous étions en difficulté. Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce que la capacité de Zhang à s’attirer des ennuis fût encore pire que celle de Gros-lard. Je n’eus même pas le temps de lancer un avertissement. Une force énorme me frappa dans le dos, puis me poussa dans le trou du mur. L’eau tournoyait et je compris ce dont voulait parler Oncle San. Tous mes organes semblaient projetés sur le côté et j’avais l’impression de me retrouver dans le tambour d’une machine à laver. Après avoir tourné plusieurs fois sur moi-même, je fus tellement étourdi que je ne voyais plus rien.

Combien de temps cela dura-t-il ? Je ne saurais le dire, mais lorsque je revins à moi, j’eus le sentiment d’être en morceaux. J’avais surtout très mal au cou. Par chance, il ne s’était pas brisé avec tout ce tournoiement et mon respirateur était toujours dans ma bouche. Je scrutai de plus près ce qui m’entourait et constatai qu’il faisait nuit noire. Les autres étaient en dessous de moi et semblaient tout aussi étourdis, surtout le gros, qui tournait toujours à l’instar d’un danseur de ballet.

Je regardai la paroi du puits dans lequel nous avions été entraînés et vis qu’elle était toute de jade blanc Han haut de gamme. Étant donné la qualité des matériaux utilisés, nous devions avoir atteint l’intérieur de la tombe. Peut-être même étions-nous dans le bassin que mon oncle avait dit avoir vu au centre de la chambre auriculaire. D’une impulsion du pied, je nageai jusqu’à ce que ma tête ressente la chaleur de l’eau à la surface.

Tout autour, c’était le noir total. Le faisceau de ma lampe frontale étant si concentré qu’il n’éclairait qu’un seul point, je l’éteignis et pris ma lampe de poche. En examinant de plus près la chambre funéraire, je remarquai sa forme rectangulaire, avec des bords et des angles aigus. À l’exception d’une carte peinte au plafond qui représentait cinquante étoiles  et de quelques corniches sculptées, tout le reste semblait simple et sans ornement.

L’absence de lit funéraire ou de cercueil laissait à penser que nous étions probablement dans l’une des chambres auriculaires. Je regardai autour de moi mais je ne vis pas d’autre sortie, uniquement une porte en pierre sur la gauche qui donnait sur un couloir extérieur.

Les murs de la chambre étaient faits d’argile blanche très bon marché. À l’origine, on y avait peint des fresques colorées, mais celles-ci étaient si corrodées par l’humidité qu’il m’était impossible de savoir si elles représentaient ou non des Femmes Interdites.

Sur le sol de la chambre, on pouvait voir une centaine de pièces de céramique ensevelies avec le défunt, parmi lesquelles plusieurs jarres en porcelaine bleue et blanche Yunlong de grande valeur. Je remarquai alors des empreintes de pas qui semblaient avoir été laissées par des pieds mouillés marchant sur le sol poussiéreux. Elles étaient relativement fraîches, aussi ne pouvaient-elles pas appartenir à l’oncle San.

Je jaugeai la qualité de l’air avant de donner le feu vert aux autres qui sortirent de l’eau un par un. La première chose qui attira l’attention de A Ning fut ces empreintes.

― Ont-elles été laissées par des pilleurs de tombes ? Demanda-t-elle.

Je plissai le front, incapable de lui répondre car je venais d’apercevoir une empreinte de pieds nus très voyante. Le plus étrange était sa petitesse, comme si elle avait été laissée par un enfant qui n’aurait pas plus de trois ans.

N’ayant jamais entendu parler de pilleurs de tombes qui emmènent avec eux de jeunes enfants, je demandai à Gros-lard de venir jeter un coup d’œil. Il avait beaucoup d’expérience, aussi saurait peut-être de quoi il retournait.

Un peu perplexe, il me dit :

― Ne vous inquiétez pas de sa taille. L’empreinte elle-même est anormale. Regardez de plus près.

Je l’examinai à nouveau et vis qu’elle était recouverte d’une substance jaune semblable à de la cire. Je la raclai avec un couteau, la reniflai et en restai stupéfait :

― C’est de la cire de cadavre… !



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