Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Wen-Jin, je me souvenais de son écriture soignée dans le carnet de notes que j’avais trouvé dans le tombeau sous-marin. Était-elle l’expéditrice des cassettes vidéo qui m’avaient amené ici? Je l’avais considérée comme morte pendant si longtemps qu’il était choquant de la voir réapparaître. Pourquoi m’avait-elle amené dans cet endroit et pourquoi m’avait-elle apporté encore plus de questions maudites ? Quelles étaient les trois personnes à qui cette lettre s’adressait ? De quoi s’agissait-il ? Qui était ce « nous » ? Quelles recherches ? Quel secret ? D’innombrables pensées défilaient dans mon esprit et je n’avais pas le temps d’y réfléchir. Me ressaisissant, je tournai les pages du carnet et commençai à lire. 

Au début il y avait un petit dessin précis et délicat, composé de sept traits seulement, six lignes courbes et un cercle irrégulier. C’était le motif du livre de soie que l’oncle San m’avait dessiné récemment. Comment Wen-Jin était-elle au courant ? 

Cependant, dans ce motif-ci il figurait un point noir sur chacune des six lignes courbes, et à côté de quatre d’entre eux étaient imprimés des mots minuscules :

Montagne Changbai—-Palais dans les nuages Temple des Graines—-Palais Lu des Sept Etoiles 

Crête du Bouddha couché—-Vue Aérienne Pagode du Temple Récif de Shatou—-Tombeau sous-marin

En étudiant attentivement les lignes courbes, je constatai qu’elles formaient l’image d’une tête de dragon, de sa queue et de ses quatre membres, un peu comme le motif que Chen Pi m’avait montré dans le salon de thé de mon oncle quelques mois auparavant. Chaque ligne représentait une chaîne de montagnes, et chaque point noir était le site du trésor sur cette chaîne. Ce motif ne représentait pas uniquement une ancienne carte des étoiles – soit Jude Kao se trompait complètement, soit il avait menti à mon oncle. 

Ensuite, j’observai les deux lignes sans aucun mot écrit à côté. Elles comportaient également des points et étaient toutes deux marquées d’un point d’interrogation. Cela faisait évidemment partie du dragon, mais l’emplacement de ces sites n’était pas clair. Je remarquai ensuite qu’au-delà des six lignes courbes, il y avait un autre point noir, tout seul. À côté, il y avait écrit de la main soignée de Wen-Jin : « Tamu-Tuo ».

Ce nom était souligné par plusieurs lignes très profondes et quelques autres points d’interrogation. De toute évidence, il s’agissait du point le plus important de la carte. 

Tamu-Tuo ? Serait-ce aussi le site d’un ancien tombeau ? Pourquoi ce point était-il en dehors des lignes ? Je poursuivais ma lecture et j’y trouvai du texte et des images. Au fur et à mesure que je lisais, je me sentais de plus en plus perplexe et profondément déçu. Lorsque j’eu terminé ma lecture, je restai assis, immobile, figé et confus. 

Le carnet de notes était un journal de travail écrit sous la forme d’un journal intime, composé de trois parties distinctes. La première partie se lisait comme suit :

 

2 avril 1990 

Nous avons numéroté la plupart des porcelaines de la tombe sous-marine, dessiné presque toutes les pièces et les avons comparées aux peintures murales dans l’espoir d’en apprendre davantage sur la vie de Wang Canghai. Cette comparaison nous a permis de découvrir un certain nombre de schémas réguliers. Les peintures murales décrivaient les expériences de sa vie et les peintures sur porcelaine documentaient ses projets de construction, à l’exception de la dernière peinture murale, qui rompait ce schéma. Celle-ci représentait un noble disant au revoir à quelqu’un, avec un immense palais à l’arrière-plan. Le palais était vraiment grandiose, mais n’apparaissait sur aucune des pièces de porcelaine, ce qui nous a semblé curieux. Un lieu aussi somptueux aurait dû avoir une peinture sur porcelaine correspondante. 

Plus tard, en étudiant la vie de Wang Canghai, nous avons découvert que ses dernières années étaient entourées de mystère. Aucune donnée historique n’a été laissée derrière lui, comme si la fin de sa vie était complètement vide. Pourquoi ? Cette question s’est imposée à nous. 

Le 6 décembre 1990 

Nous avons enquêté sur les allées et venues de Wang Canghai au cours des dernières années de sa vie, et nous avons finalement trouvé un indice. Nous avons découvert qu’après avoir achevé son dernier projet connu, il s’est rendu avec l’empereur dans les montagnes Changbai pour une cérémonie de culte. À partir de ce moment-là, il n’a plus laissé de traces écrites. 

Le 7 décembre 1990

Nous avons modifié nos recherches pour nous concentrer sur l’empereur, où nous avons trouvé des traces de missions diplomatiques et de grandes cérémonies. Nous avons découvert que sept grandes cérémonies ont eu lieu au cours des deux années précédant la mort de l’empereur. Six de ces cérémonies étaient normales, mais l’une d’entre elles était très étrange. Le compte-rendu était très simple, sans aucune note marginale : 

« Quarante-six gardes, douze soldats, cent vingt-six chevaux, dix décalitres de perles, trente catties d’or, et l’envoyé envoyé à Tamu-Tuo ». 

Une grande cérémonie et une mission, c’est peut-être ce que nous recherchons, mais qui est l’envoyé et où est Tamu-Tuo ? S’agit-il d’un pays ? Il n’y a pas d’archives historiques officielles, mais c’est très plausible. Il y avait de nombreux petits royaumes en Asie du Sud-Est et dans les territoires occidentaux sous la dynastie Ming. Il pourrait s’agir de l’un d’entre eux. Mais il semblait un peu bizarre que Wang Canghai serve d’envoyé dans un petit pays. Pourquoi un homme de son âge ferait-il un voyage aussi long et difficile ? 

11 février. 1991

L’enquête se poursuit. Nous avons comparé les objets apportés lors de la mission Tamu-Tuo et avons constaté, d’après le type de cadeaux, qu’il s’agissait probablement d’un pays situé dans les Territoires de l’Ouest. Le nombre de cadeaux semble très faible. Cependant, il y avait beaucoup de chevaux, ce qui suggère qu’il pourrait s’agir d’une caravane commerciale plutôt que d’une équipe d’ambassadeurs. 

6 mars 1991 

Nous n’avons trouvé aucun indice, aucune avancée. Nos recherches sont au point mort et personne n’est de bonne humeur. La section suivante fait un bond de deux ans en avant. 

19 janvier 1993 

Il semble que le voyage de Wang Canhai à Tamu-Tuo ait été lié d’une manière ou d’une autre à la visite cérémonielle de l’empereur dans les monts Changbai. Il était probablement retourné au Palais dans les Nuages, puis était parti pour Tamu-Tuo. Cette mission à Tamu-Tuo devait avoir un rapport avec la situation dans les monts Changbai. 

Le 18 avril 1993

Nous avons décidé de nous rendre dans les monts Changbai pour vérifier notre théorie. Le temps est exécrable, nous avons perdu le contact avec les autres et nous avançons seuls tous les deux. 

17 juin 1993 

Nous avons atteint le palais et la situation est épouvantable. Les autres sont probablement morts. Nous n’avons pas le temps d’hésiter, nous allons franchir les portes de bronze et voir ce qu’il y a derrière. 

18 juin 1993 

Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? J’ai vu l’Ultime ! 

Février 81 1995 

Nous avons l’intention de retrouver Tamu-Tuo. Je dois découvrir de quoi il s’agit. 

« J’ai vu l’Ultime ! » Je me senti malade en lisant cela. Que voulait dire Wen-Jin ? Pourquoi n’avait-elle rien écrit d’autre pendant plus d’un an ? Elle était si méticuleuse que cela ne lui ressemblait pas du tout. Avait-elle, comme Wang Canghai avant elle, vu quelque chose au-delà des portes de bronze trop choquant pour être compris ou décrit ? 

Mon sentiment le plus fort était que Tamu-Tuo avait un lien puissant avec les portes de bronze. Ce n’est qu’après que Wen-Jin ait franchi le portail que l’idée de chercher Tamu-Tuo domina son attention. 

Puis vint la troisième partie du carnet de notes : 

10 février. 1995 

D’après la carte de la Voie du Dragon, nous avons confirmé l’emplacement de Tamu-Tuo. Nous allons mener une exploration et espérons trouver la réponse à une série d’énigmes. Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de choses derrière tout ça. Si ce que j’ai vu derrière les portes de bronze était bien réel, alors toute cette histoire est incroyablement horrifiante. 

Elle décrit ensuite le voyage jusqu’à Tamu-Tuo, qui semble être une oasis dans le désert de Gobi. Au début de l’année 1995, Wen-Jin lança une expédition dans les profondeurs du bassin de Qaidam. 

Ils furent conduits dans le désert de Gobi par une guide nommée Dingzhu-Zhuoma. Sur une colline rocheuse, ils se séparèrent et le groupe entra seul dans Tamu-Tuo. À partir de ce moment-là, le voyage parut très dangereux et beaucoup de personnes moururent en cours de route. Des notes sur la carte routière indiquaient de nombreux signes de danger. Ils atteignirent finalement Tamu-Tuo, où Wen-Jin se disputa avec l’un des membres de son groupe. Finalement, elle revint sans avoir fait de découvertes significatives. 

Je parcourus cette partie très rapidement. Il y avait beaucoup de détails que j’ai sautés, des cartes routières, des descriptions de pannes d’équipement et des récits de mauvais temps. Ce que je voulais n’était pas là. 

Il n’y avait rien sur leur enquête ou sur la façon dont ils avaient trouvé les informations dans le journal. Celui-ci ne mentionnait pas la disparition de Xisha ni cette maison de retraite. Ce qui m’inquiéta le plus, c’est qu’il y avait des vides entre les trois parties, me suggérant que le journal avait été relié par quelqu’un d’autre que Wen-Jin, ou qu’il s’agissait d’une copie de son carnet de notes original. 

Toutefois, lorsque j’essayai de trouver une trace de reliure ou de pages déchirées, le journal semblait complet. En d’autres termes, il s’agissait d’un carnet de notes copié par Wen-Jin. Il n’incluait que le contenu concernant Tamu-Tuo dans cette affaire. 

Pourquoi avait-elle fait cela ? Pourquoi ce groupe de personnes devait-il être si secret ? Pourrait-il y avoir quelque chose dans le reste du journal qu’elle ne voulait pas que les autres sachent ? 

En lisant ce carnet, j’eus le sentiment très clair qu’elle essayait de me dire que Tamu-Tuo était très important. C’était comme si elle voulait m’y conduire. 

Je me frottai les tempes, repartis à la première page et je me préparai à relire attentivement, à m’y acharner encore une fois et à voir si je pouvais trouver des réponses. Mais mon briquet était presque vide et j’allais bientôt me retrouver dans le noir. Pensant faire un petit feu de joie avec le bois du tiroir du bureau, je me levai et m’étirai.

 

C’est alors que je su que quelque chose n’allait pas. Je levai le briquet. Il y avait une forme assise de l’autre côté du bureau, qui se regardait dans le miroir et se peignait les cheveux.



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