Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 45 – Evasion
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Poker-face bougea si vite que je n’eus que le temps de crier. Nous étions tous encore debout au milieu de la pièce, complètement exposés, et nous allions certainement souffrir si la bombe explosait vraiment.

Au moment où je pensai le prévenir, il était déjà trop tard. Je vis une lumière blanche flasher devant mes yeux, puis Gros-lard me jeta au sol. Il y eut un grand bruit, rapidement suivi d’une violente secousse dans toute la tombe et d’une vague d’air chaud qui nous souleva. Le souffle fut si puissant que je tournai six ou sept fois dans les airs avant de percuter un mur à dix mètres de là.

Ce fut douloureux, mais heureusement, la bonbonne m’avait projeté à terre, sans quoi mon cou se serait définitivement brisé. Je perdis brièvement conscience au moment de l’impact, me sentant mourir alors que ma vision s’éteignait et que seul un bourdonnement parvenait à mes oreilles. Un moment plus tard, une lumière apparut devant mes yeux. En les rouvrant doucement, je fus accueilli par la vue du ciel et de la terre qui tournaient de façon vertigineuse, tandis qu’un nuage de poussière jaune et grise remplissait mon champ de vision. Je me sentais tellement désorienté que j’avais envie de vomir.

Beaucoup de sons chaotiques me submergeaient alors que je luttais pour me relever, incapabler de les distinguer clairement. Tout ce que je savais, c’est qu’il y avait beaucoup de bruit et que j’avais désormais un mal de tête intense. Au milieu de tout ce désordre, Poker-face sortit de la fumée en toussant:

― Ça va ? Demanda-t-il.

N’arrivant pas à trouver les mots, je lui fis un signe de la main pour lui indiquer que ça allait. Ensuite, nous nous couvrîmes la bouche et partîmes à la recherche du gros. Celui-ci n’était à quelques pas, assis sur le sol, un petit morceau de chair manquant sur son épaule, probablement arraché par une brique projetée lors de l’explosion. Dès qu’il vit Poker-face, il se mit en colère :

― Merde, tu vas trop vite ! Attends au moins qu’on ait fait quelques pas en arrière ! Si je m’étais tenu juste deux centimètres sur le côté, je serais amputé d’une main !

Poker-face tendit la main pour que nous puissions voir le pied du miroir auquel il se tenait encore :

― Vous vous trompez, ce n’était pas moi à l’instant.

― Hein ? Ce n’était pas toi ? Nous étions tous les deux sous le choc.

Cette force ressentie, cette précision… cela venait sans aucun doute d’une personne très compétente. Mais si ce n’était pas lui, qui d’autre ? Le gros était à côté de moi et je savais, rien qu’en le regardant, qu’il ne visait pas très bien. Je n’étais évidemment pas capable de faire une telle chose, ce qui signifiait qu’il ne restait qu’une seule personne. Inspiré, je me retournai en toute hâte pour localiser A Ning.

Le gros pensa à la même chose et nous courûmes tous les deux vers le coin pour voir si elle était toujours là. Cependant, une fois arrivés, il n’y avait pas la moindre trace d’elle.

― Cette salope ! Elle faisait vraiment semblant, putain ! Dis Gros-lard.

Initialement si sûr de lui, Poker-face semblait ne pas pouvoir admettre s’être trompé. J’allais moi-même devoir réévaluer tout ce que je pensais savoir de cette femme.

― Elle est vraiment étonnante, J’ai vu des gars rusés dans ce métier, mais je n’ai jamais vu quelqu’un qui puisse manifester une telle folie.

― Je ne pense pas qu’elle soit juste astucieuse, dit le gros, elle mérite un putain d’Oscar. La prochaine fois si je l’attrape, je ne lui laisserai aucune chance. Sur ce, il prit un objet en guise d’arme et commença à la chercher, mais Poker-face l’attrapa immédiatement :

― On n’a pas le temps, oublie ça.

― Ne te laisse pas distraire, lui dis-je, La chose la plus importante pour nous en ce moment est de voir si le plafond a explosé ou non ! Si tu ne peux pas te défaire de ta colère, alors attends qu’on sorte d’ici. J’entendis ensuite un son très étiré et lugubre venant d’en haut, comme si quelque chose se brisait lentement. Ce n’était pas très fort, mais c’était suffisant pour que mon cœur bondisse dans ma gorge. Ce n’est pas possible, me dis-je. Tu es prêt à t’effondrer après une seule explosion ?

Patapouf n’était pas disposé à laisser tomber au début, mais quand il entendit ce bruit, son visage pâlit et il me demanda :

― Mais c’est quoi ce bruit ? Jeune Wu, il semble que le trou de l’explosion soit plus grave que prévu.

Je levai les yeux pour voir le trou laissé par l’explosion et je restai sans voix. La bombe dans l’estomac de cette momie avait été si puissante qu’elle dépassait de loin mes attentes. Les barres de fer du plafond avaient été soufflées, créant un trou de presque 50 cm de diamètre, et la couche étanche hermétiquement scellée au-dessus avait été rompue, ce qui signifiait que l’eau se déversait alors dans la tombe comme une petite cascade. Le bruit étrange que je venais d’entendre était celui de la cascade qui grossissait à vue d’œil. Je réalisai qu’il ne restait que peu de temps avant que le trou ne s’effondre complètement.

Le pilier nanmu doré sur le côté avait également souffert de l’explosion. Une énorme fissure s’étendait de haut en bas, et menaçait de s’effondrer. Ce précieux pilier n’était plus que du bois de rebut. L’une des poutres transversales, fissurée et soutenue par ce pilier, menaçait elle aussi de s’effondrer.

― Ca va aller, j’essayai de réconforter le gros, Ne t’inquiète pas. Cette tombe est beaucoup plus forte que les tombes ordinaires. Tant qu’il n’y a pas de tremblement de terre, elle ne s’effondrera pas.

Ensuite, le sol sous nos pieds se mit à trembler. J’avais prévu depuis longtemps que la structure étanche de cette tombe soit détruite par l’explosion et que l’eau de mer commence à remonter, mais je ne m’attendais pas à ce que cela se produise si rapidement. Ma nervosité commençait à me donner des vertiges.

L’intensité croissante des secousses était terrifiante, mais je me concentrais davantage sur une autre peur réelle et consciente : si la situation continuait à évoluer à cette vitesse, le sol sur lequel nous nous tenions pourrait s’effondrer avant le plafond. Le gros était si effrayé qu’il se mit à crier :

― Que se passe-t-il ? ! Pourquoi le sol tremble-t-il autant ? C’est vraiment un tremblement de terre ? Jeune Wu, qu’est-ce qu’on a fait sauter exactement à l’instant ?

Je lui expliquai :

― Tout va bien, c’est parfaitement normal. Mais prépare-toi. De l’eau pourrait jaillir de toutes les fissures d’ici peu. Tu dois faire attention car la pression est si intense que tu aurais l’impression d’avoir reçu un coup de poing, et tu pourrais même tomber. Nous entendîmes alors un bruit étrange, celui que fit la dalle rocheuse qui recouvrait le tunnel des pilleurs de tombes en étant projeté en l’air par un courant d’eau rapide, s’élevant à environ sept ou huit mètres de haut comme une fontaine. Et avant que je puisse réagir, je vis une autre chose sortir en volant du tunnel, frapper le plafond, puis retomber sur la plate-forme de pierre au milieu de la pièce. J’ignorai ce que c’était, car tout se déroula très vite, mais il n’y avait rien d’autre dans le tunnel que la Femme interdite.

Ce serait un problème mineur s’il s’agissait vraiment d’elle, mais d’un autre côté, ce pourrait être un problème majeur puisqu’il n’y avait aucun moyen de l’enflammer dans l’eau. De plus, nous serions vraiment dans la merde si nous nous emmêlions à nouveau dans ses cheveux.

Malheureusement, je n’avais pas le temps de penser à elle pour le moment. Tout le sol autour du tunnel était en expansion, comme si la lave d’une éruption volcanique continuait de monter, remplissant d’eau la pièce à un rythme effréné. Son niveau montait si vite, en fait, que nous montâmes à environ cinq ou six mètres au-dessus du sol presque instantanément.

La fumée de l’explosion s’était presque dissipée. Je cherchai autour de moi la présence de A Ning, mais ne la vis pas. Je supposai qu’elle se cachait derrière l’un des piliers. Le gros n’était pas un très bon nageur et luttait pour flotter, donc il n’avait plus le temps de s’occuper d’elle, et il n’y avait qu’une seule sortie. Peu importe ce qui se passait, nous allions certainement nous croiser dans les minutes suivantes. Gros-lard me fit un clin d’œil, pour me faire comprendre de m’occuper d’elle, mais je savais que je ne pourrais pas me résoudre à frapper une femme, alors je l’ignorai tout bonnement.

Nous flottâmes pendant quelques minutes encore, jusqu’à ce que nos têtes atteignent enfin le plafond, puis le gros se mit à nager sur le côté. Je ne savais pas ce qu’il essayait de faire :

― Tout sera fini si tu ne te dépêches pas de revenir ici ! Qu’est-ce que tu fais ? Tu ne veux plus vivre ?

Il nagea jusqu’à l’une des perles lumineuses, la fit tomber avec l’objet qu’il tenait encore, puis la fourra dans son slip avant de revenir vers nous :

― Je ne voulais qu’un petit quelque chose pour me dédommager du préjudice mental que j’ai subi, Qui sait, je pourrais en tirer un bon profit.

J’étais presque décidé à l’étrangler, mais je n’avais pas le temps, l’eau avait déjà atteint mes yeux. Je levai le nez pour respirer avidement l’air qu’il nous restait. Après quelques secondes, mes oreilles étaient froides et tout mon corps était immergé dans l’eau.

Je fis signe à Patapouf de monter en premier puisqu’il était le plus mauvais nageur, seulement il secoua la tête et montra son ventre, indiquant qu’il était trop gros. S’il restait coincé dans le trou, alors nous serions tous perdus. J’hochai la tête et je nageai dans le trou en premier, découvrant qu’il était large au fond et étroit en haut. Dès que j’atteignis le sommet, je tombai sur une couche de sable meuble aussi épaisse que dix-sept ou dix-huit paumes de main. Elle s’effondra dans le trou, formant une brume blanche dans l’eau qui m’empêcha d’ouvrir les yeux. Je battis alors des pieds furieusement et je finis par sortir du trou.

Nous avions parfaitement éstimé le temps nécessaire et la profondeur de l’eau à ce moment était encore très faible, mais j’avais atteint ma limite et ne pouvais plus retenir ma respiration. J’avais l’impression que j’allais m’évanouir en nageant frénétiquement, néanmoins ma tête fit rapidement surface et j’aspirai une grande quantité d’air.

Après quelques secondes, le gros et Poker-face émergèrent presque simultanément. Gros-lard commença à s’étouffer, à tousser et à rire en même temps :

― Putain ! Je n’aurais jamais cru que ça allait marcher ! Le gros Wang s’en est finalement sorti ! Haha !

Je me calmai et regardai notre environnement, constatant que le soleil était déjà en train de se coucher. Les nuages pourpres à l’horizon se reflétaient sur la surface de l’eau et nous ravissaient d’un spectacle particulièrement enchanteur. Le soleil lui-même était d’un rouge profond et sa faible lumière enveloppait tout d’une douce lueur brumeuse. La scène était d’une beauté et d’une sérénité exceptionnelles.

J’avais vu plusieurs couchers de soleil sur notre chemin, mais jamais d’aussi beau. J’étais submergé par l’émotion, mais des crampes à la jambe me sortirent de cet état second. J’observai autour à la hâte pour chercher notre bateau et je fus soulagé de l’apercevoir, ancré sur un récif non loin de là. Grâce à lui, je pouvais sortir de cette mer de souffrance et passer une bonne nuit de repos.

Ses esprits repris, le gros sembla se souvenir de quelque chose et replongea dans l’eau. Je le suivis et constatai que A Ning était coincée dans le trou. Elle se débattait désespérément et ne parvenait pas à sortir.

C’était bizarre. Cette femme était beaucoup plus maigre que le gros, et pourtant ce dernier avait réussi à en sortir sans problème. Cela n’avait aucun sens.

Il était évident qu’elle était pratiquement à court d’air. Puis, sa gorge se resserra, un grand flux de bulles sortit de sa bouche, et ses yeux se révulsèrent. Le gros et moi plongeâmes et chacun attrapa un de ses bras pour la tirer vers le haut.

Ce ne fut qu’à ce moment-là que je réalisai qu’une force la tirait vers le fond du trou, mais notre force combinée avait fini par l’emporter. Après un seul tour de lutte acharnée, A Ning fut finalement tirée hors du trou. Elle avait une grande touffe de cheveux autour d’elle, et je compris immédiatement ce qui se passait.

Le trou était recouvert de poils noirs, ce qui signifiait que la Femme Interdite allait probablement bientôt sortir en rampant. Il était préférable de ne pas rester dans l’eau plus longtemps. Une fois à la surface, le gros vérifia si A Ning était toujours en vie. Son corps était tout mou, comme si elle avait perdu toutes ses forces, mais elle respirait encore. Nous nageâmes tous les trois jusqu’au bateau et nous la remontâmes à bord. On pouvait dire qu’elle n’allait pas très bien parce qu’elle n’arrêtait pas de cracher de l’eau et que ses yeux se révulsaient.

Je ne savais pas grand-chose sur la réanimation d’une personne noyée :

― Capitaine ! Quelqu’un s’est étouffé dans l’eau ! Venez l’aider ! Criai-je.

Je criai deux fois mais je fus surpris de ne pas avoir de réponse. Je demandai au gros de garder un œil sur A Ning, puis j’entrai dans la cabine du bateau pour avoir une vision périphérique, et après avoir effectué un tour complet, je remarquai qu’il n’y avait personne. J’eu soudain un sentiment étrange et je me dis c’est impossible. Nous sommes loin en mer, alors comment tout le monde sur le bateau aurait-il pu disparaître ? S’ils sont allés nager, ils auraient dû laisser au moins quelques personnes derrière eux pour surveiller le bateau.

Je criai encore, mais le gros fut le seul à répondre. Quand il arriva en courant et me demanda ce que je faisais, je désignai la cabine vide :

― On a un problème. Il n’y a personne à bord !

Le gros se figea pendant une seconde, puis regarda autour de lui. Quand il comprit que je ne plaisantais pas, il se gratta la tête :

― Il n’y a vraiment personne ici. Mais les poissons dans la cale sont encore vivants, ce qui signifie qu’ils étaient encore en train de pêcher il y a une demi-heure. Où ont-ils pu aller en si peu de temps ?



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