Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 42 – Le Fossé entre le Ciel et la Terre
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Chapitre 42 – Le Fossé entre le Ciel et la Terre

Bien qu’une foule de singes se soit jetée sur mon corps et ait arraché des couches de ma peau, j’étais déterminé à me battre jusqu’à perdre mes forces. Je savais qu’il n’y avait plus d’espoir pour le Gros et moi, mais au moins nous allions tuer autant d’attaquants que possible.

Le sol se mit à trembler sous nos pieds alors que les singes nous y lâchèrent pour se précipiter vers la sortie de notre abri. Nous levâmes la tête pour voir ce qui se passait à l’extérieur. Les singes remontèrent tous dans la bouche des oiseaux, les oiseaux prirent leur envol et ils disparurent dans le ciel, comme si quelque chose avait ordonné leur départ.

Le Gros rechargea son fusil tandis que je sortais prudemment la tête. Nous étions seuls au milieu d’un silence total qui était presque plus effrayant que notre expérience de mort imminente. Nous retournâmes dans le monde :

― De quoi avaient-ils peur ? demandai-je, Pourrait-il y avoir quelque chose de plus mortel que ces démons ?

Gros-lard déglutit et tenta de parler, mais ses lèvres ne produisirent aucun son. Il pointa frénétiquement du doigt et je me retournai pour voir ce qu’il essayait de me montrer. La porte de bronze s’était ouverte.

Ma propre voix s’éteignit dans ma gorge. Comment cela s’était-il produit ? Qu’est-ce qui avait pu ouvrir la porte ? Qui était à l’intérieur ?

Le tremblement de terre doit avoir été provoqué par l’ouverture de la porte , pensai-je dans un élan d’hystérie silencieuse, un démon de l’enfer est-il en train de sortir pour promener son chien ? Cela vaut-il la peine de fuir ou de rester pour voir ce qui se passe ?

Mais rien ne sortait, et la porte ne s’ouvrait pas davantage :

― Devrions-nous aller jeter un coup d’œil ? demanda le Gros.

Je pensai au mystère enfermé derrière cette porte. Wang Canghai l’avait vu de ses propres yeux, et il en était ressorti fou, mais indemne, ce qui montrait qu’il n’y avait pas de danger direct et mortel au-delà. Toutes nos questions pourraient trouver une réponse si nous ne faisions que quelques pas supplémentaires. Seulement, que se passerait-il si nous entrions et que la porte se refermait, nous enfermant à jamais ?

Après mûre réflexion, je décidais qu’il fallait que j’aille voir. Le Gros acquiesça d’un signe de tête.

La porte était si grande que le petit espace que nous avions vu de loin suffirait à contenir un camion. Je sentis une odeur étrange s’échapper de l’espace, ce qui révéla en moi un sentiment d’excitation mêlé de terreur.

Le Gros pointa sa lampe de poche vers l’intérieur, mais la lumière du faisceau se noya dans l’obscurité. À quoi bon entrer si on ne voit rien , me demandai-je en silence.

Puis quelques lumières apparurent soudain dans l’obscurité, comme si quelqu’un sortait. Le Gros m’éloigna de la porte. Un filet de brume bleu clair commença à émerger des rochers de la vallée, formant un nuage, et il s’éleva à une vitesse électrique. Presque instantanément, cela voila notre vue.

Le son des trompettes résonna de l’autre côté de la vallée et une rangée d’ombres apparut faiblement à l’horizon. Gros-lard devint gris de peur :

― Les soldats des morts, murmura-t-il. Il m’entraîna avec lui pour se cacher derrière un énorme rocher.

Les soldats avançaient en formation de quatre, de manière coordonnée et fluide, presque aérienne. Intrigué, je regardai vers le haut et retins un cri de stupeur. Leurs visages étaient étrangement allongés, deux fois plus longs qu’un visage normal, uniformes et pâles, sans émotion, comme s’ils étaient des marionnettes. Leurs armures étaient celles portées par les guerriers de la dynastie Shang.

Le cortège passa devant nous à l’instar de fantômes, nous ignorant tandis qu’ils traversaient l’entrebâillement de la porte de bronze.

Le Gros et moi étions figés dans un silence horrifié, priant pour que ces apparitions se volatilisent. Soudain, la main que le Gros avait posée sur ma bouche commença à trembler. Qilin était apparu, marchant au milieu des rangs, vêtu de la même armure que ses compagnons.

Un cri fut sur le point de sortir de ma bouche. Était-il mort ? Son âme avait-elle été capturée par les Soldats des Morts ?

Je jetai un second coup d’œil. Poker-Face marchait comme s’il se déplaçait de son propre chef, d’une manière totalement différente de la démarche robotisée des Soldats. Il est toujours en vie. Qu’est-ce qu’il fait ? Oh merde, il se faufile par cette porte, il a perdu la tête ? Mon pouls s’emballa et j’hyperventilai. J’essayai de me lever pour tenter de l’arrêter, mais le Gros me serra contre lui pour me maintenir immobile.

Je vis les yeux de Qilin capter nos mouvements. Il nous sourit et bougea ses lèvres en silence pour dire « Au revoir ».

Puis il franchit la gigantesque porte et disparut, ainsi que toute la procession. Le sol trembla sous nos pieds et la porte se referma après le passage du dernier homme.

Nous n’eûmes pas le temps de réfléchir à ce que nous venions de voir. La brume se dissipait et nous pouvions entendre le cri des oiseaux qui s’amplifiait de seconde en seconde.

― Dépêchez-vous ! Ces oiseaux reviennent encore, cria le Gros, Nous n’aurons pas autant de chance la prochaine fois qu’ils attaqueront.

Son avertissement fut comme un seau d’eau glacée versé sur ma tête et je sortis de mon hébétude. Nous commençâmes à courir vers l’autre bout de la vallée, là où Grande-Gueule et d’autres étaient partis.

Les rochers de la vallée étaient comme des collines extrêmement difficiles à escalader. Nous n’étions pas loin quand les cris des oiseaux se rapprochèrent. Je me surpris à prier en silence. Il serait trop cruel que nous mourions dans cet endroit après avoir échappé de justesse à ces maudites choses.

Nos blessures étaient passées de douloureuses à insensibles. Je sentais à peine mes jambes et je n’arrivais pas à courir plus vite, malgré mes efforts. Le Gros et moi nous nous encourageâmes mutuellement. Si nous nous arrêtions ne serait-ce qu’une seconde, nous n’aurions jamais la force de bouger à nouveau. En griffant et en escaladant les rochers, nous courûmes à l’aveuglette en direction du fond de la vallée.

Là, dans la falaise devant nous, se trouvaient trois énormes fissures. Que faire maintenant ? Laquelle devons-nous prendre ? Où est Grande-Gueule ?

― Regarde, s’exclama le Gros. Sur la paroi de la falaise, il y avait une image grossière d’une flèche pointant vers l’une des fissures, Quel fainéant tu fais, Grande-Gueule, tu ne pourrais pas tailler une flèche plus belle que celle-là, railla-t-il.

― On s’en fout de l’œuvre d’art. Allez, haletai-je en courant dans l’ouverture que la flèche désignait.

Bientôt, nous vîmes les faisceaux des lampes de poche devant nous et je su que nous étions à nouveau dans le pétrin.

― Ils devraient s’être enfoncer bien plus profondément que ça maintenant, dis-je au Gros, Ça n’a pas l’air bon.

Quelques pas plus loin, nous aperçûmes Grande-Gueule et quelques membres du groupe de Ning. Lorsqu’il nous vit à son tour, il afficha un grand sourire qui se transforma en inquiétude :

― Vous n’êtes que tous les deux ? Et les autres ?

― Laisse tomber. C’est une histoire tragique, lui dis-je, Nous devons nous dépêcher, ces oiseaux sont à nos trousses. Écoute, tu les entends ?

― Grande-Gueule nous fit signe de le suivre et nous pénétrâmes dans la crevasse. Les cris des oiseaux s’estompèrent. Apparemment, ils avaient décidé que nous poursuivre était trop compliqué. Pour la première fois depuis des jours, j’eu l’impression que nous allions peut-être nous en sortir vivants.



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